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Les jeux vidéo, un divertissement susceptible de se transformer en drogue ?


Cet article vous est proposé par JeuxVideoPC.com en partenariat avec Infos-PC.com, un site entièrement dédié à la vulgarisation informatique, à travers news, articles, forums de discussion ainsi que du téléchargement. (Par Emmanuel, le 3 septembre 2006).



Bonjour Monsieur Hayez. Comment voyez-vous les jeux vidéo ?

 

D'abord, je ne les diabolise pas par principe. Je trouve que c'est une des manières actuelles de se distraire. Au siècle passé, nous avions des jouets en bois. Maintenant, on a de l'électronique. Pour moi, c'est potentiellement aussi sain, créatif et excitant que beaucoup d'autres loisirs. De plus, vouloir se situer pour ou contre serait oublier que les jeux vidéo ne font pas " un " et sont composés d'une multiplicité de genres différents, chacun ayant son type de public.



Ce n'est donc pas particulièrement dangereux ...



Je n'ai pas dit cela. Si un adolescent trouve son plaisir à torturer les gens dans les jeux pervers, cela risque de ne pas faire du bien à son hygiène mentale. Mais cela n'est pas dû au jeu vidéo en soi. C'est parce qu'il aura voulu aller vers des extrêmes pervers que l'on trouverait dans d'autres endroits de la société. La personnalité du joueur et son caractère sont des critères importants dans l'établissement de la relation qu'il aura aux jeux. Et comme partout, cela peut parfois amener à des dépendances.



Comment différencier passion et dépendance ? 



Chez les adolescents, parmi tous les utilisateurs des nouvelles technologies multimédias, on peut estimer à environ 20 % les gros consommateurs, les gourmands. Ce ne sont pas encore pour autant des dépendants. Mais pour la plupart, ce comportement abondant va se dégonfler très spontanément vers 18-19 ans, lorsqu'ils quitteront le monde de l'adolescence et s'ouvriront vers l'extérieur de manière plus franche. Une petite partie de ces 20 %, hélas, deviendront cyberdépendants. Le plus souvent vers le même âge, rarement avant. Concernant les signes marquants de cette addiction, il y a notamment le renfermement sur soi. Par exemple, l'ado invente n'importe quel moyen pour bazarder les copains afin de continuer à jouer encore et encore.



Y a-t-il une prédisposition à cette dépendance ? 



Personne n'est vraiment à l'abri. Il y a des gens sans problèmes psychologiques au départ mais qui vont être tellement excités, qui vont éprouver tellement de plaisir face au jeu qu'ils s'installeront dans une dépendance. Cela dit, pour la majorité, on a constaté des problèmes pré-existants, notamment au niveau relationnel : timidité, manque de confiance en soi ... Mais ce n'est pas nécessaire, ni suffisant. Et le jeu joue le rôle de compensateur face à ce manque. C'est la même chose pour le haschisch ou l'alcool. D'ailleurs, les traitements sont similaires.



Que peuvent faire les parents afin de limiter le risque ? 



Une des missions des parents par rapport aux jeux, et plus largement par rapport à Internet, c'est d'apprendre à leurs enfants, dès les premiers clics de souris, à avoir un contrôle sur le temps. Actuellement, les gamins et les gamines montent sur l'ordinateur vers neuf, dix, onze ans. Idéalement, c'est à ce moment-là qu'il faut discuter en famille de l'utilisation du média. Au début, il faut garder un contrôle strict sur le paramètre " durée d'accès ". Et il est évidemment plus facile d'inculquer de bonnes habitudes à des pré-adolescents qu'à des " vieux " plus enclins à se rebeller contre l'autorité parentale ou à tenter de la contourner. Je ne dis pas pour autant qu'il faut limiter le laps de temps à une demi-heure par semaine, loin de là. Le jeune doit être capable d'estimer le seuil au-delà duquel il n'éprouvera plus particulièrement d'intérêt à continuer de jouer.



Et vous, êtes-vous joueur ? 



Pas régulièrement, mais il m'arrive de jouer avec mes enfants. Ce type de divertissement est arrivé un peu tard dans ma vie. J'ai plus de cinquante ans, ma représentation des jeux est plus classique, même si je m'y intéresse. Je demande alors à mes enfants de m'expliquer et j'essaie de m'initier un peu.
Cependant, comme beaucoup de gens de ma génération, je ne suis pas assez rapide avec les manettes. Je n'ai pas ça dans le sang. Si j'avais eu trente ans, je pense que j'aurais été un bon joueur. Je connais un psychanalyste, Benoît Virole, qui est assez fan des jeux. Il les utilise même en psychothérapie infantile.