Une maman m’écrit:

Bonjour,

Nous sommes complètement désemparés par une situation qui ne peut plus durer.

Noémie, quatre ans et demi, souffre depuis l’âge de deux ans et demi d’énurésie diurne et nocturne ayant vécu une période difficile (déménagement à répétition, changements de gardienne et même une fois d’école maternelle, et enfin l'arrivée de son petit frère) avant cela elle était propre jour et nuit depuis elle dit être incapable de ce retenir et même de ne pas sentir son pipi arriver, il arrive même qu'elle soit étonné quand on lui annonce qu'elle est mouillé!!!

Elle a été suivie par un pédopsychiatre pendant 6 mois ce qui n'a rien donné et est également suivie par un pédiatre qui ne semble pas mesurer la situation me faisant des leçons de morales sur son hygiène quand je lui fait remarquer l’irritation de sa peau!!

J'aurai voulu essayer la programmation neurolinguistique mais personne n'est à même de me renseigner sur un praticien de qualité dans la région.

Nous lui rappelons régulièrement d'aller à la toilette ce qui n’empêche pas de se faire dessus 10 minutes plus tard et la nuit nous avons remis des couches.

Lors d'un incident elle va rester souillé jusqu’à que je lui fasse remarqué là elle va se changer seule et se rhabillé seules car je lui ai expliqué que je ne voulais pas y touché, le matin pour la couche c'est pareille elle l'a gardé jusqu’à que je lui dise de la mettre à la poubelle.

Je suis prête a tout pour l'aider nous avons essayé de se mettre en colère, de la punir, d'y être indifférent...rien n'y fait.

Je vous remercie de l'attention porté à mon mail et attend avec impatience une réponse de votre part.

Merci par avance.

Je lui réponds:

Bonjour,

Il ne faudrait jamais parler d’énurésie avant l’âge de six ans!

Je pense que votre petite Noémie est complètement désespérée/anxieuse parce qu’elle ne trouve plus en elle la compétence pour bien réguler la sortie de son pipi. Elle l’a perdue à cause des événements que vous décrivez, et ensuite très probablement aussi à cause de l’énorme pression anxieuse/désespérée que vous avez vécue en vous et exprimée face à elle pour qu’elle redevienne propre: on dirait que c’est le centre du monde pour vous, un centre du monde bien dramatique, et elle, elle ne trouve plus comment bien faire ... et comble du comble, ça déborde à retardement, dix minutes après, ce qui bien sûr vous exaspère ...

Le seul chemin (lent) d’amélioration que j’entrevois, c’est que vous acceptiez, en vous-même, que pendant un à deux ans, Noémie va rester incapable d’être fonctionnelle, en s’améliorant spontanément et lentement: un peu comme si vous aviez une enfant handicapée à la maison avec, heureusement, un handicap qui va finir par se guérir.

Plus concrètement, vous pourriez:

  1. Lui dire qu’elle est une gentille et adorable petite fille que vous aimez toujours beaucoup, et que, pour le pipi, tous les enfants ne lui commandent pas à la même vitesse, qu’elle commandera un jour, et que vous savez bien que quand elle se mouille, elle ne le fait pas exprès.

  2. Pour la nuit, lui mettre des "protections de grand" (je préfère ce terme à langes) sans faire d’histoires: c’est déjà ce que vous faites si j’ai bien compris ...

  3. Pour la journée, il faut essayer d’avoir la collaboration de l’institutrice pour:
    • lui mettre une "protection de grand" (et en changer une ou deux fois?) sans faire d’histoire.
    • lui donner les soins d’hygiène requis, sans commentaires négatifs, le plus gentiment que vous pouvez.
  1. La mettre quand même sur le pot quatre fois par jour pour une minute maximum, à des moments bien ritualisés, et avec un commentaire très gentil: "On va voir si le pipi veut bien venir. S’il vient, tant mieux pour toi, c’est plus gai pour toi. S’il ne vient pas aujourd’hui, c’est comme ça, essaie de ne pas trop te tracasser, car il viendra un jour ..."

Si vous allez dans ce sens, bons résultats garantis en douze à dix-huit mois.

Si vous continuez la surenchère des reproches et des thérapies, aggravation garantie.

Bien à vous.

La maman me répond:

Monsieur Hayez,

Tout d'abord je vous remercie de votre réponse si rapide et complète à laquelle nous attachons beaucoup d'importance.
Nous allons s'y référer pour que les choses s'arrange après quelques jours de pratique je me suis rendu compte que cela n'était pas si facile de s'y tenir après tant de mauvaises habitudes donc je pense qu'il est d'abord important de faire un travail sur nous parent afin d'adopter de bonne réaction et afin de faire comprendre à Noémie qu'elle ne se fera plus gronder car celle-ci a peur de notre réaction à chaque fuite.
Nous avons commencé à ritualiser les pause pipi et nous avons changé de couche pour matérialiser le changement et afin que cela devienne des protections de grand.
Enfin j'ai fait la demande de rendez-vous avec son institutrice que j'attends, sachant qu'elle ne fait pas souvent à l'école sûrement car il l'a mette plus régulièrement aux toilettes.
Je veux être patiente, et lui prouver qu'elle est normale et assez forte pour y faire face, le plus dur étant de convaincre l'entourage que nous ne sommes pas laxiste mais que c'est pour son bien et son équilibre, et ainsi qu'ils adopte la même réaction dans de tel circonstance.

Je vous remercie encore pour tous ces précieux conseils.

Cordialement.

 

 

Mots-clés:

énurésie, énurésie diurne, énurésie secondaire, estime de soi, énurésie et honte, énurésie et culpabilité, dépression infantile, désespoir d’enfant, régression