Permettez-moi de commencer cet échange de courriel par des considérations théorico-cliniques
ensuite vous pourrez lire deux courriels de parents
Les phobies intenses des tout-petits: considérations d'ensemble
Phobie pour un type précis d’aliments nouveaux (par ex. solides) ; phobie de la visite médicale : phobie d’être changé ; phobie d’aller sur le pot ; crise de panique face à des bruits soudains hors du quotidien, etc...
a). A l’origine d’un changement de comportement souvent brusque du tout-petit, exprimant une peur panique, on découvre le plus souvent le fait traumatique (le plus souvent isolé) qui lui a procuré une peur intense : Il a fait une fausse déglutition... On lui a présenté tel nouvel aliment beaucoup trop chaud, inquiétant, ou au moment où ses dents lui faisaient très mal... Tel médecin inconnu s’est énervé sur lui en salle d’urgences... Parfois le parent doit faire appel à des souvenirs plus lointains, en imaginant ce qui a pu être traumatique pour le bébé : par exemple, au moment d’un change, un bébé d’un an découvre par hasard son propre jet d’urine qui monte dans les airs puis retombe sur lui, et il en a très peur...il ne veut plus qu’on le change !
Le contenu du vécu traumatique qui s’ensuit, constitué d’affects, de l’une ou l’autre image-souvenir, mais de bien peu de pensée, peut être transitoire mais parfois, surtout s’il y a eu répétition involontaire, se chroniciser et rester intense : le bébé reste confusément porteur d’une angoisse de mort imminente, d’anéantissement, lié à ce qui est pour lui une agression intense et brutale, et il ne peut pas élaborer des mots, des pensées, des images cohérentes là autour.
Et par la suite, les parents amplifient encore le traumatisme par leurs mille ruses pour qu’il redevienne conforme, dont il n’est pas toujours dupe !
Guideline général :
b.) Lui faire oublier ce qui s’est passé ; prendre du temps pour cela (au moins quelques semaines). C’est parfois tout à fait possible (p. ex.au niveau alimentaire... en acceptant qu’il n’aille plus sur le pot un certain temps...). En étant trop pressés, bien des parents empêchent la cicatrisation du traumatisme et l’installation de l’oubli.
Parfois, il faut un peu ou moyennement ruser (le changer discrètement, vite fait bien fait, sans lui montrer qu’on le change... faire appel à un nouveau médecin qu’il ne connaît pas, qui vient à la maison, discrètement, en civil, quand c’est indispensable). Parfois, il est impossible qu’il n’existe pas de loin en loin une réévocation voire une réplique de ce qui a été si traumatisant : tant pis, il faut la gérer vite et bien, sans discussion interminable, mais cela fait perdre du temps à la cicatrisation.
c). S’habituer à ne pas étiqueter le bébé via son problème, chez les parents, dans la famille élargie, à la crèche; ne jamais le définir comme « l’enfant qui ne mange pas... qui a peur des docteurs... etc. ». Même lors d’une visite chez le pédiatre, en préparant un peu la visite, on peut ne pas attirer son attention sur le fait que lui, spécifiquement, a telle ou telle difficulté. Les parents peuvent en parler avec le pédiatre hors de sa présence et donc, lui faire oublier telle famille de signifiants angoissants/étiquetant.
Dans le même ordre d’idées, l’ éventuelle consultation chez le (pédo) psy pourrait être contre-productive si elle lieu en présence du tout-petit[1] pour parler surtout de son problème !!! Donc, la préparer avec les parents ; se limiter à les rencontrer, eux, ou alors présenter le psy comme un ami des parents à qui on va dire bonjour ; le pédopsy peut s’intéresser à l’enfant et parler avec lui en présence des parents sans évoquer lourdement son problème. S’il l’aborde quand-même avec délicatesse, il peut s’aligner sur les réactions de l’enfant.
d) Après un temps estimé significatif de non-commentaires et d’abstention totale de toute ruse (de quelques semaines à une bonne année), les parents peuvent revenir, de préférence en douce et sous une forme maquillée, avec une proposition comportementale progressive (un peu de solide sur le côté de l’assiette, proposé mine de rien, au milieu des compotées)….invitation à répéter éventuellement, sans commentaire énervé si le refus persiste…On peut de même l’inviter à une visite aux toilettes :« C’est intéressant d’aller voir comment papa... ou le grand frère, fait caca sur le pot... ». « Tu veux essayer aussi ? » « Non ? d’accord, tu auras sûrement envie quand tu seras plus grand et plus fort ». Dans cette ambiance douce où l’on programme de petits progrès échelonnés, il est très rare que l’enfant ne vise pas davantage d’autonomie ou davantage de force de caractère
e). Rare, mais pas vraiment impossible : certains vont rester d’éternels petits mangeurs, longuement incapables de dormir seuls, toujours terrorisés par les étrangers…et j’ai évoqué plus haut l’importance d’accepter des « normalités différentes »
Notes
[1] Je fais référence ici à des tout-petits enfants, de moins de trois ans en moyenne, qui comprennent peu et communiquent peu verbalement……les thérapies enfant-parent dont j’ai parlé plus haut, me paraissent à risque si elles sont trop précoces et si le petit n’y capte au vol que quelques signifiants qui sont des reminders pour ses peurs
Courrriels des parents
Panique chez un bébé (14 mois) lorsqu'on l'assied
Paniques d’un grand bébé (18 mois) quand on le change
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