Une première version de ce texte a été publiée, p. 181-196 dans l'ouvrage collectif Souffrances familiales et résilience, sous la dir. de Roland Coutanceau et Rachid Bennegadi, Paris, Dunod, 2014.
"T’as vu tes points ? Plus d’ordinateur pendant deux mois ! »
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Introduction
Dans cet article, je parle des adolescents « demi-bagnards du système scolaire », celles et ceux qui acceptent en règle générale de rester assis sur les bancs de leur classe, mais avec la tête ailleurs, le travail et le rendement systématiquement défaillants et cela, dans une ambiance permanente de disqualification pesante.
Je ne traite donc pas des décrochages scolaires les plus graves : ici, l’adolescent ne met plus les pieds à l’école ; il glande en rue. Ou encore, il multiplie les absences injustifiées et les comportements difficiles à supporter, est rapidement exclu et passe d’une école à l’autre. Ces situations très lourdes sont prises en charge par des institutions ambulatoires spécialisées et leur méthodologie dépasse le cadre de cet article.
Je ne traite pas non plus de cette minorité de jeunes hauts en couleur dont les éclats de la symptomatologie nous fascinent trop, comme s’ils représentaient à eux seuls le grand peuple des adolescents : depuis les anorexiques et lourds dépressifs jusqu’ aux carrément antisociaux …
Dans une typologie inédite consacrée aux adolescents contemporains[2], j’ai estimé et décrit que la majorité des ados pouvaient être considérés comme « normaux » [3] Pour beaucoup, normalité créative, originale et caractérisée par « l’auto-référencement » et pour le restant, normalité plus conformiste, sereine ou ambivalente : à elles deux, ces dimensions caractérisent probablement 75 à 80 % des ados, avec des hauts et des bas.
Ce sont ces « normaux » que je vais décrire, lorsqu’ils se heurtent stérilement à un problème scolaire qui empoisonne leur vie et leurs relations familiales. En effet, « normalité » n’est pas image d’Epinal, et nombre de ces jeunes peuvent présenter des difficultés scolaires significatives et durables.
Cette centration ne signifie pas que je récuse l’existence de relations entre dysfonctionnements à l’école et psychopathologie. L’enchaînement trouble psychopathologique --> problèmes scolaires --> complications psychopathologiques est certes susceptible d’exister, soit dans l’une de ses deux séquences, soit dans les deux.
Néanmoins, mon expérience de terrain me porte à croire que ces adolescents à la personnalité problématique bénéficient eux aussi du type de prise en charge que je vais décrire à propos des « normaux » Bien sûr, en référence à la psychopathologie liée, il faut y ajouter un autre axe, centré sur des soins spécifiques de qualité, dont je ne parlerai pas ici.
Comment famille et ado « normaux » s’empoisonnent trop souvent la vie autour de l’école
Dans un contexte de difficultés scolaires persistantes, toutes les familles ne s’enlisent pas. Une minorité met au point des stratégies d’accompagnement efficaces. Elles facilitent ainsi un degré d’ «academic achievment » répondant aux capacités réelles de l’ado et obtenu grâce au maintien de ses motivations positives. Dans ces cas, l’école aussi a souvent pu rester intelligemment accueillante.
Hélas, quand l’aridité scolaire s’installe, ces familles qui gardent espoir et continuent à positiver sont minoritaires. Le grand nombre s’enlise dans le sentiment d’échec, les tensions agressives et l’inefficacité. Comment en arrivent-elles là ?
Côté ados :
Chez certains, les problèmes commencent dès l’école primaire. Tel jeune enfant est encore très « jouette » et ressent l’imposition de la discipline et du travail scolaire comme des menaces à son intégrité : si l’on exige de lui qu’il travaille à la maison, le voici extraordinairement dispersé, bon pour la Ritaline. Tel autre est moins doué que ne le rêvent ses parents, la maturation de ses fonctions cognitives est plus lente ou plus dysharmonique et il est porteur d’un problème spécifique d’apprentissage : il ne comprend pas tout ce qu’on lui enseigne, mais n’ose pas le dire pour ne pas paraître plus bête que les autres ou/et parce que l’on s’énerve vite quand il peine. Un autre encore est trop nerveux ou a trop de soucis et ne parvient pas à se concentrer. Un quatrième souffre d’une certaine fragilité narcissique et n’admet pas l’idée de ne pas tout savoir tout de suite : il se renfrogne et se bouche devant l’effort à produire, qu’il vit comme une indignité …
Malheureusement, seule une minorité de ces enfants transitoirement en délicatesse avec l’apprentissage rencontre sur son chemin scolaire des adultes compréhensifs et efficaces. Beaucoup ont très vite à faire à des attitudes négatives, les mêmes que celles que je décrirai par la suite. Ils ont alors toutes chances d’arriver en fin de cycle primaire avec un handicap fonctionnel multi déterminé : lacunes dans les bases de connaissances qui devraient être acquises, altération de l’image de soi, manque de plaisir à travailler, sentiment d’injustice et méfiance vis à vis des supposés transmetteurs de savoir …
Pour d’autres, c’est avec l’entrée à l’école secondaire, souvent couplée à l’avènement de la puberté, de ses remous et de l’indisponibilité qui s’ensuit, que commencent les difficultés d’apprentissage et les mauvais résultats répétés. Pour des motifs en partie semblables et en partie différents de ceux des plus jeunes : lenteurs, dysharmonies ou faiblesses cognitives diffuses ou sectorisées, non déclarées comme telles, pour ne pas se taper la honte face aux copains, ni le mépris ou l’agacement des profs, pas toujours à l’écoute ;; au contraire, enfants très bien doués, qui n’ont jamais du travailler à l’école primaire, et ne parviennent pas à trouver la méthode et l’intensité, le courage maintenant nécessaires ; refus transitoire de quitter les rives de l’enfance, avec des fixations affectives et cognitives ; envahissement de la psyché par des soucis parfois très secrets ou par les images des écrans contemporains et diminution de la concentration ; rébellion contre les règles incluses dans exigences de l’apprentissage, rébellion de principe plus typique des garçons que des filles ; exacerbation de la rébellion lorsque les profs sont eux-mêmes irrespectueux, sans enthousiasme et parfois même détestant l’ado ici concerné ; puis, boule de neige du ras-le-bol plus ou moins avoué devant les mauvais résultats qui s’accumulent et devant l’aridité des tâches scolaires à effectuer.
Côté école :
Malheureusement, force est de constater que « l’offre » faite par l’école ne convient suffisamment bien qu’à une petite partie des élèves, les meilleurs et les bons, capables de progresser intellectuellement même dans des contextes peu adaptés à leur psychologie du moment.
Que me pardonnent maintenant cette minorité d’écoles et d’enseignants qui font preuve d’engagement et de créativité pour respecter la personnalité et les capacités de chaque élève, s’adapter à ses besoins, et lui faire donner le meilleur dans une ambiance stimulante.
Ils existent, bien sûr, mais après tant d’années passées à me coltiner avec ces situations de souffrance à l’école, je dois confirmer leur statut de minorité : Rigidité, bureaucratie, inadaptation des programmes aux besoins futurs des jeunes et à leurs capacités d’aujourd’hui, ambiance répressive et disqualifiante sont plus souvent au rendez-vous : de quoi amplifier en résonance négative le stress, la démotivation, le sentiment d’injustice et la rébellion chez beaucoup de jeunes.
Et les parents ?
Et les attitudes de la majorité des parents entretiennent voire aggravent le dysfonctionnement scolaire de l’ado.
-- Pour la majorité de cette majorité, les premiers mauvais résultats provoquent vite un mélange irrationnel d’angoisse, de déception voire de honte et de colère. Angoisse à imaginer le jeune errer dans la vie sans métier valable, voire mal tourner si jamais il décrochait de l’école pour la rue.
Honte, blessure narcissique, parce que ces parents adhèrent à l’adage « Bon enfant = bon élève » : si ça marche mal à l’école c’est donc qu’ils ont raté leur coup, que leur enfant n’est pas aussi valable que celui de leur belle-sœur …
Colère, parce qu’ils ressentent vite les lourdeurs scolaires du jeune comme des actes de paresse ou de mauvaise volonté[4].
Mus par ces vécus pénibles, ils génèrent une ambiance délétère, susceptible d’envahir toute la vie familiale ! Fleurissent donc entre le jeune et eux : Reproches, disqualifications, insultes, comparaisons blessantes («Heureuse- ment qu’avec ta sœur, c’est pas comme ça ! »), alternances non raisonnées (« On te surveille de près et d’ailleurs tu vas revenir travailler en bas » suivi de « C’est ta responsabilité. On va te faire confiance. Organise-toi. Viens seulement nous trouver si tu as besoin d’aide ») Pleuvent aussi menaces et punitions de durée souvent chaotique (« Plus d’ordinateur et autres écrans … plus de sorties … plus de moto ») En résumé, escalade d’un bras de fer …
-- Composante inverse et plus minoritaire de la dysfonctionnalité des parents, c’est l’indisponibilité, le manque d’investissement par eux du domaine scolaire, que le jeune peut vivre comme indifférence, et qui objectivement en est parfois une.
La grande solitude morale : Antoine Doinel, héros du film Les quatre cent coups (F.Truffaut, 1959)
- Indifférence ou indisponibilité globale et partagée par les deux parents. Laissé à lui-même, ni vraiment stimulé, ni vraiment critiqué, le jeune a beaucoup de mal à donner le meilleur dans le champ cognitif : peu cultivé, peu scolarisé, il occupe sa vie comme il peut, souvent en glandant, voire pire.
Rare direz-vous ? Bah … à voir, et pas seulement dans les milieux défavorisés ! Certains parents très matérialistes n’ont aucune vraie sollicitude à accorder à leur jeune, en se gênant pour lui à l’occasion.
- Beaucoup plus fréquente, une inefficacité impressionnante peut résulter de certaines séparations parentales et recompositions familiales. Par exemple, les fortes tensions rémanentes entre ex-conjoints empêchent leur collaboration et une programmation cohérente de la prise en charge scolaire. Ou encore, un des parents a refait sa vie, a de nouveaux enfants jeunes de son second lit et ne demande plus à être encombré par les difficultés scolaires de ceux, souvent adolescents, du premier. Le second parent, lui, n’ose pas se montrer trop ferme, peur que le jeune ne demande à aller vivre chez le premier, qui « lui f. la paix » Résultante : mise à distance des efforts d’accompagnement qu’il faudrait vraiment produire, manque de présence ferme bilatérale, avec en prime quelques coups de gueule, moins lourds et persistants que ce que j’en ai exposé plus haut.
Actions et réactions !
Et les réactions du jeune à ces tempêtes ou démissions des adultes ? En voici les principales, en gardant à l’esprit l’idée de la poule et de l’œuf : actions et réactions en résonance négative, dont il est souvent difficile de désigner le primum movens !
- Le jeune a l’impression que ses tâches scolaires constituent une haute muraille verticale, lisse et froide : il n’a aucun plaisir à se représenter la gravissant, ni à commencer à le faire ; il est démotivé, ne sachant plus « mordre » dans la matière : il la fuit totalement ou est tout au plus velléitaire, avec d’éventuels sursauts d’énergie espacés : à la veille des grands interros ou des examens par exemple, mais en s’y prenant trop tard !
- Même vécu lors des cours : son attention y décroche souvent et il s’occupe comme il peut avec ses potes, son GSM, quelques images porno à regarder à la sauvette, et les vagabondages de son imagination, qui le ramènent à Facebook et à GTA5.
- Stratégies d’économie maximale de pénibilité et d’énergie, de dissimulation ou de « triche » pour s’éviter le travail ou les ennuis : notes non montrées aux parents, mensonges, devoirs copiés sur les autres, copions, oublis multiples de matériel scolaire, etc.
Toutes ces fuites aggravent en boule de neige les lacunes d’acquis nécessaires pour comprendre les cours à venir …
- Récupérations narcissiques : A l’intérieur de l’école, il peut vouloir briller auprès de ses pairs en faisant le clown, en affrontant les profs ou par sa capacité à « guindailler » En dehors, il investit ce qui va lui permettre de briller. Encore heureux si ce sont des éléments de la vie sociale ou sportive ; plus souvent ce sont les écrans ou des exploits pires, en rue ou en soirée !
- Protestations agressives plus ou moins avouées. Face à l’injustice ressentie, il peut encore accroître son inertie et son désinvestissement de l’apprentissage, porteurs alors d’une dimension d’agressivité. Et sa mauvaise humeur peut encore s’exprimer plus clairement, faire tâche d’huile et empoisonner d’autres secteurs de la vie quotidienne.
- Evasions et compensations. Pour se redonner du plaisir, voilà encore une raison d’investir massivement les mondes virtuels et autres réseaux sociaux. Echapper au sentiment d’échec et à la mauvaise image de soi peut prédisposer aussi à d’autres consommations abondantes, jusqu’à l’addiction : tabac, alcool et autres drogues.
Tous les ados enlisés dans leurs difficultés scolaires ne développent pas la panoplie entière d’ajustements que je viens d’exposer. C’est souvent plus frustre et incomplet. Mais ces mauvaises stratégies ne font qu’aggraver les choses en rendant de plus en plus difficile les apprentissages et en amplifiant la colère des adultes et l’escalade des bras de fer.
Renouveler les relations adultes-jeunes autour de la scolarité; Généralités
A l’inverse de ce qui vient d’être décrit des relations adultes-jeunes, centrées sur la bienveillance sont en mesure d’amener d’excellents résultats, toutes proportions réalistes gardées : même renouvelées de la sorte, il est rarissime qu’un jeune ayant accumulé des années de lacunes devienne chercheur en mathématiques dans une université prestigieuse ; néanmoins, il a toutes chances de terminer ses études secondaires, en redoublant éventuellement l’une ou l’autre année, et ceci dans une filière générale ou professionnelle. Et même parfois d’aller un peu plus loin, dans une filière d’enseignement supérieur court et pas trop ardue. Et surtout, surtout, le temps de son adolescence n’est plus gâché par la pression des mauvaises relations familiales qui positionnent indéfiniment lui comme un âne têtu et ses parents comme des maîtres impuissants !
Toutes les familles que j’ai essayé de sensibiliser aux effets positifs de la bienveillance n’ont pas réussi à rompre la chaîne transgénérationnelle stérile où, depuis tellement longtemps, chaque génération gère les problèmes scolaires de sa descendance à coup de bâton. Ah, si Charlemagne avait su !
Avec les parents, il faut souvent un travail psychothérapeutique, à tout le moins de soutien, pour gérer les angoisses et autres émotions négatives et les fausses croyances à propos de ce qu’il convient de dire et faire. Et il faut y mettre beaucoup d’enthousiasme et de conviction : génogrammes et autres évocations du passé scolaire des parents rendent ici bien des services !
Ce travail psychothérapeutique s’adresse parallèlement à l’adolescent même s’il est « normal » car lui aussi doit se convaincre qu’il vaut quelque chose sur les marchés du savoir et de la vie et que sa famille – au moins elle – va lui redonner sa chance de façon durable. Il a entendu trop de fois,: « Allez, maintenant, on te refait confiance. » Et quinze jours après, c’était fini, le bâton était de retour !
Et à ces séances monogénérationnelles, on peut encore ajouter celles parents-jeune ensemble, où les priorités et consignes s’énoncent face à tout le monde sans être facilement déformables !
Dans ma pratique, j’ai amené 30 à 40 % des familles qui me consultaient pour ce genre de problématiques à renouveler leurs attitudes. Pas nécessairement complètement, mais au moins « suffisamment bien » significativement. Et alors, il en sortait toujours de l’amélioration.
Quant au travail avec l’école, ce n’est pas simple !
- Idéalement, nous voulons unanimement remanier considérablement l’institution scolaire pour qu’elle fasse une offre d’enrichissement du savoir personnalisée, respectueuse de chaque ado, stimulante, en proposant des contenus vraiment intéressants pour la réflexion du jeune sujet humain et son avenir. Mettons donc toute notre énergie à opérationnaliser ce très noble objectif !
- Et quid de chaque école en particulier ? Les réalités du terrain y sont très variables.
Nombre d’écoles restent des citadelles rigides et la culture d’enseignement transmise de génération en génération demeure marquée par le rendement, les bons points, une transmission passive maître-élève, la sélection positive de facto des élèves au moins moyennement bons, et plutôt conformistes et la disqualification de tous les autres ; ici, les rôles sont immuablement distribués et il est inutile de nous y casser les ongles.
Dans d’autres, il existe des ouvertures, c’est à dire des adultes prêts à se mobiliser pour considérer autrement tel jeune en difficulté : alors leur collaboration avec les parents, le jeune en voie de remotivation et les autres professionnels concernés peut s’avérer extrêmement fructueuse. A explorer donc au cas par cas !
. Deux préalables
Veiller à la coopération et à la cohérence des adultes qui accompagnent.
C’est une condition quasi-nécessaire pour la réussite de l’ensemble du processus éducatif, et en particulier pour exercer un soutien efficace de la scolarité.
- Je pense par exemple aux négociations et accords qui devraient s’instaurer lorsque les parents sont séparés. Si l’un reste grincheux ou indifférent alors que l’autre s’engage dans les processus ici décrits, l’efficacité résultante risque d’être nulle : l’ado restera davantage meurtri par le pôle négatif ou séduit par le parent qui n’a pas d’exigences. Soit dit en passant, les rivalités et affrontements entre adultes séparés étant fréquents, c’est ici que mes tentatives de remédiation ont connu leurs échecs les plus cuisants.
- Tant mieux par ailleurs si nous pouvons associer quelques membres de l’équipe de l’école à ce changement de cap : je l’ai dit plus haut. Cependant, même si elle n’obtient aucune collaboration de l’école, une famille qui, à elle seule, a profondément changé de cap peut quand même obtenir des résultats : certes, dans ces conditions, l’école reste plus ou moins et à raison positionnée comme « mauvais objet », mais la famille peut amener l’adolescent à décaler au moins partiellement son travail d’apprentissage, fait pour lui, de l’opinion négative et des rites rigides de son école.
Exercer une « force » éducative de qualité.
Cette fonction paternelle, opérant dès l’enfance, garantit notamment une répartition satisfaisante des investissements de vie réalisés par l’adolescent. Cap qui demande souvent de l’ énergie pour être tenu. En effet, quand le rapport à l’école s’avère négatif, la tentation est grande de s’évader dans toutes sortes de plaisirs compensatoires, dont l’ado devient vite esclave ; il fait le gros dos au moment où il reçoit des coups de bâton, triche pour en écoper d’un minimum, puis part s’éclater dans les plaisirs qu’il s’est choisi : jeux vidéo, alcool, cannabis and co, fêtes avec les potes, vie sentimentale et sexuelle abondante … Quoiqu’en désaccord, certains parents démissionnent de facto face à l’envahissement de ces prises de plaisir. Si c’est le cas, il ne faut espérer aucun redressement scolaire chez l’adolescent devenu à la fois maître et esclave du jeu.
Dès la naissance, les parents ont la responsabilité de se poser en éducateurs … éducateurs, entre autres, du chaos du principe du plaisir. Leurs cadrages et leurs « Non », même s’ils soulèvent parfois des tempêtes de protestations doivent s’opposer clairement au laisser-aller excessif.
Mettre en place une organisation du temps qui soit équilibrée peut se réfléchir et partiellement se négocier ensemble, parents et ado, mais le respect de ce qui a été convenu demande sauvent quelques interventions autoritaires. Il s’en suivra sans doute quelques tromperies et imperfections, mais il revient aux parents de garder un contrôle suffisamment bon sur la gestion du temps de l’ado.
Organisation du temps équilibrée ? Bon dosage entre : moments suffisants de sommeil, moments de travail intellectuel, sublimations au sens psychanalytique du terme ( sports, arts, musique, etc. ), vie sociale formalisée ( mouvements de jeunesse ) ou informelle ( mais suffisamment réelle pour qu’il y ait aération en journée ), amour et amitié et accès aux plaisirs de la vie, mais bien pilotés par la volonté du jeune.
. Remobilisation des attitudes : A quoi inviter parents et enseignants ?
Se défocaliser de l’obsession du scolaire
(pour tous les parents qui ne pensent qu’à ça) Se souvenir que la fonction d’élève n’occupe qu’une partie de la vie de l’adolescent, partie ici très pesante … pour lui d’ abord.
Les adultes gagnent à relativiser le champ de leurs préoccupations, à se représenter la vie de leur ado dans son ensemble, et à interagir avec lui en s’intéressant à tous les chapitres de celle-ci : Qu’est-ce qui l’intéresse ? Quels talents se reconnaît-il et où et comment souhaite-t-il les investir ? Qu’est-ce qu’il aime et qu’est-ce qu’il déteste ? Quelles qualités (et quels défauts) se reconnaît-il ? Et lui reconnaît-on ? Que pense-t-il pour le moment du fonctionnement familial ? Et de ses relations sociales ? Et de ceci et de cela ? Etc.
En résumé, il importe que le jeune reçoive de ses parents et de son entourage mille preuves verbales et comportementales qu’ils lui reconnaissent de l’importance et qu’il est digne d’intérêt dans son ensemble. Sans nier non plus qu’existe le chapitre scolaire. Cet intérêt plus large peut l’aider à retrouver davantage d’estime de soi, de motivation pour développer certaines ressources, et peut l’encourager mine de rien à « baisser sa garde » quand on se centre aussi sur le scolaire, avec les nuances que je proposerai bientôt.
Une base incontournable : l’empathie face au vécu scolaire du jeune;
la lui exprimer judicieusement, en en évitant les pièges.
- Vécu d’empathie ? Nous efforcer de nous mettre à la place du jeune « Comment vit-il intimement cette scolarité si difficile ? »…l’interroger avec bienveillance à ce propos et spéculer quelque peu ; ré esquisser l’histoire vécue par lui de tant d’échecs, d’embûches, de maladresses et d’injustices qui ont tissé et tissent encore son parcours scolaire. En évoquant aussi les quelques bons moments où ça a bien marché, et en cherchant à comprendre pourquoi.
Nous demander comment nous-mêmes nous aurions vécu la scolarité, si nous avions rencontré toutes les expériences négatives faites par le jeune.
A méditer de la sorte, voici que l’image de l’âne malveillant vole en éclats et est remplacée par d’autres, plus tristes, comme par exemple celle de Sisyphe poussant sans fin son lourd rocher …
- Exprimer cette empathie au jeune ? Sans doute une fois en une synthèse plutôt solennelle, pour lui expliquer notre remise en question et les changements de cap réalistes et interactifs (avec lui) que nous nous proposons. Et puis, dans la suite, renouveler cette expression par petites touches, à l’occasion de nouvelles expériences.
- Quant aux pièges, il en existe de plusieurs ordres :
o Vivre cette démarche d’empathie manifestée comme une recette, qui va faire changer l’ado vite et bien. Eh non ! Au début, il est fréquent qu’il se sente méfiant et sceptique face à une énonciation qu’il ressent comme notre nième ruse-carotte. Par la suite, il peut se convaincre petit à petit de notre sincérité, au moins si notre comportement s’accorde à nos paroles nouvelles : alors il se sent mieux compris, mais ce n’est pas pour autant qu’il trouve facilement des stratégies pour mieux fonctionner. D’autant que, dans nombre de cas, l’école en tant qu’institution, elle, ne change pas : tout au plus avons–nous pu convaincre quelques individualités de participer à cette empathie.
o Confondre empathie et pure victimisation de l’ado. Certes, il a eu et aura encore à traverser des contextes défavorables, qui l’ont blessé et aigri. Mais pour autant nous ne lui avons pas confisqué sa liberté, et lui a mis au point des réactions inefficaces ou aggravantes. Qu’il l’admette. Nous en aurions probablement fait autant à sa place, mais le fonctionnement qu’il s’est choisi comme étant le moins insupportable le met en partie dedans, il en est responsable et mieux vaudrait donc que lui aussi se mobilise.
Instaurer un dialogue non-conflictuel autour de la scolarité.
- Nous enquérir de ce que l’ado en pense. Accueillir sa parole sans le réflexe immédiat de la contester : l’encourager plutôt à déployer ses représentations mentales, quelles qu’elles soient, sans jugement négatif ; l’aider à comprendre les enchaînements actions-réactions qui se mettent en place : ils sont toujours à pôles multiples, en réseau où lui, parents et école sonartie prenante !
- Nous enquérir des petites et grandes solutions qu’il entrevoit peut-être aux problèmes du moment, tant ceux d’apprentissage que ses comportements à l’école. Eviter le réflexe de rejeter tout de suite ce qu’il propose comme si c’était irréaliste ou irresponsable. Procéder à une critique nuancée. Réfléchir avec lui à comment opérationnaliser l’une ou l’autre de ses idées.
- Nous engager, nous : dire ce que nous ressentons intimement, sans jouer le rôle du bon éducateur-ancien combattant ; évoquer notre propre expérience scolaire, qui a souvent connu sa part de déboires ; émettre des suggestions personnelles, susceptibles d’améliorer la situation et y faire réfléchir l’ado.
Il existe également des pièges liés au dialogue. En voici les principaux :
o Nous décourager ou nous fâcher parce que l’ado ne mord pas tout de suite à cette offre de dialogue (et met parfois très longtemps à le faire) ; il peut rester mutique, découragé, méfiant. Mieux vaut alors tenir bon, continuer à lui montrer que nous nous intéressons à ce qu’il vit et pense et à lui faire l’une ou l’autre proposition réaliste. S’il n’y répond rien, nous pouvons nous sentir autorisés à les mettre en œuvre à l’essai. « Face à ton indécision, on va faire l’expérience de te donner un prof particulier de maths. On verra après deux mois ce que ça donne. »
o Passer subtilement du mode « Bienveillant » au mode « Je t’attends au tournant de ce que tu dis pour y aller de mes reproches.» Si nous nous enquerrons de ce que l’adolescent vit vraiment dans la solitude de sa chambre où il est censé étudier et si tant est qu’il le raconte, c’est pour le comprendre et pas lui sauter dessus parce qu’il a rêvassé ! Après, dans un deuxième temps, nous pouvons chercher avec lui comment rendre la situation plus efficace.
o Maintenir ou renforcer une dépendance stérile : ici, nonobstant le soi-disant dialogue que nous instaurons, c’est nous, les adultes, qui multiplions les propositions et prenons sur nous de les opérationnaliser. Je ne dis pas pour autant qu’il ne faut faire à l’ado aucune suggestion potentiellement efficace. Mais laissons-lui le temps d’assimiler ce qui lui est dit, d’en peser le pour et le contre, de décider ce qui lui convient et comment lui va le mettre…
Réinstaller le jeune dans une position d’acteur positif
A travers un dialogue empathique, nous visons à réinstaller le jeune dans une position d’acteur positif. Gestionnaire responsable de sa scolarité d’aujourd’hui et de demain, au lieu d’une rébellion stérile ou d’une dépendance grincheuse et illusoire.
Acteur dans l’immédiat, en mesure de penser et d’énoncer ce dont il besoin : aller rencontrer tel prof avec lui, « l’aider » à la maison de telle manière, avoir un cours particulier en maths parce qu’il est largué, etc.
S’il est trop tard pour qu’il sauve tous les meubles de son année, acteur capable de planifier ce qu’il va investir et laisser tomber : se centrer sur deux – trois matières et mettre les autres entre parenthèses plutôt que de s’essouffler partout ; écouter vraiment pendant tel ou tel cours ; modifier son comportement en classe (bye le clown, le provocateur, le chahuteur…)
Acteur qui pense le futur et se crée une vision réaliste de son avenir scolaire ou professionnel. Qui se le réapproprie et énonce comment il souhaite son avenir : rester dans la même option ou la même école ou en changer, changer carrément de système … alors, pour où et dans quel but ?
S’il en sort un projet positif original, nous devrions y regarder à deux fois avant de le disqualifier plutôt que de le soutenir. C’est de la vie du jeune dont il s’agit et pas de nos rêves. Et puis si, à quinze ans, il énonce un projet qui paraît quelque peu immature – par exemple, faire du cinéma – pourquoi critiquer ce rêve qui a toute chance d’évoluer tout seul ? Mieux vaudrait l’accepter, en situant de façon réaliste et positive le travail qu’il faut faire dès aujourd’hui pour y arriver !
Prendre de grandes décisions de réorientation ou/et recourir à une aide ambulatoire spécialisée.
Par conséquent et dans certains cas, prendre de grandes décisions de réorientation ou/et recourir à une aide ambulatoire spécialisée.
- En s’appuyant éventuellement sur de nouveaux tests psychopédagogiques, les parents, l’ado, les psychologues scolaires et autres spécialistes consultés doivent parfois réévaluer si les exigences de l’établissement ou de la filière scolaire du moment correspondent suffisamment bien aux capacités, aux bases acquises et au désir profond du jeune.
En référence à quoi et en se concertant avec lui, parents et professionnels peuvent trouver sage de : lui faire redoubler une année ; l’inscrire dans une école plus facile, plus adaptée ou dans une autre filière d’enseignement ; remplacer l’enseignement à l’école par l’apprentissage d’un métier ; inscrire l’adolescent dans un internat scolaire ou dans une école de devoirs, etc.
Ayons le courage de nous poser des questions sans détours autour de ces possibles réorientations. Et s’il s’ensuit un changement d’option, d’y procéder sans résignation ni rage : c’est souvent le chemin pour que l’ado retrouve davantage de bonheur et de confiance en soi, et sa famille davantage de sérénité au quotidien.
- Nous pouvons aussi discuter avec le jeune de remédiations ambulatoires spécialisées (professeur particulier, coach, rééducateur, spécialiste en méthode de travail, etc.) En distinguant son éventuelle indécision d’un profond désintérêt qu’il n’exprimerait pas clairement. Les indécis s’ouvrent parfois à l’aide spécialisée, si nous donnons un petit coup de pouce initial à leur place. Ceux qui n’en veulent vraiment pas ne le font que beaucoup plus rarement, malgré tout l’art du spécialiste, et il est alors inutile de s’obstiner si, pendant des semaines, il ne se passe rien …
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Organiser un cadre fonctionnel pour le travail à domicile.
- Cadre spatio-temporel et matériel destiné à être stable, élaboré en concertation avec l’ado, et en posant néanmoins souvent l’un ou l’autre acte d’autorité dont nous pouvons lui expliquer le bien-fondé. En voici un guide-line :
- Où faire les tâches scolaires après l’école ? Si c’est à la maison : dans le salon, en bas, à proximité des adultes ? Dans le bureau d’un adulte ? Seul, dans sa chambre, porte ouverte ou fermée ? Ce sera peut-être aussi chez ses grands parents ou sa tante, dans un local d’études, voire avec sa meilleure amie, une fille « sérieuse » dont les parents sont d’accord pour une étude à deux.
- A quel moment de la journée ? A ce propos, faire promettre à un ado à la dérive qu’il va travailler seul, avant le retour des parents vers 19h, sans aller glander sur l’ordi, est d’une très grande naïveté ! C’est l’adulte qui devrait en être blâmé, et pas l’ado incapable de tenir sa soi-disant promesse … Si les parents veulent à tout prix qu’il étudie à ce moment-là, qu’il aille chez un grand-parent, dans une école de devoirs, etc. Mais ils peuvent aussi bien instituer qu’il s’amuse d’abord puis qu’il travaille de 20 à 21 h., avec ensuite un petit rabiot d’écrans pour bien finir la journée …
- Combien de temps ? Cela dépend entre autres de l’année d’études, de la concentration et de la vitesse d’exécution du jeune. Par exemple, une heure « one shot » six jours sur sept avec un temps supplémentaire à la veille des grosses interros. Avec de loin en loin une demi-heure qui saute s’il peut vraiment démontrer qu’il n’a rien à faire pour le lendemain. De loin en loin, car nous pouvons l’aider à s’organiser, à préparer le long terme, à consacrer chaque jour un peu de temps aux langues. Pour d’autres, ce peut être deux fois 30 minutes (45’ … 60’) séparées par un temps de distraction, etc.
- Dans quel environnement matériel ? Dans un endroit pauvre en occasions de distractions, dont ont été bannis écrans, portables et autres sources de bruit. Faut-il faire exception pour des moments passés sur Facebook où l’ado s’engage à faire du travail scolaire avec ses potes ? A observer prudemment …
Etre présents.
Montrer que nous avons une sollicitude autre que lointaine pour sa scolarité. Fonctionner comme « un bon génie qui flotte dans l’ambiance… »
ar exemple : « Clin d’œil » pour qu’il s’y mette ; rappel souriant, répété au besoin mais toujours souriant, de l’horaire convenu ; encouragements (« Courage, Alizée, c’est dur, mais c’est pour une bonne cause. ») ; porte à laquelle un parent frappe après une demi-heure pour apporter un jus d’orange, quelques biscuits … et insuffler le fantôme de sa présence ; question bienveillante posée à la fin du temps d’études : (« Comment ça a été ? Tu es content de toi, déçu ? Tu as pu te concentrer ? Pas trop ? Tu as fini ce que tu voulais ? »)
Et encore : Ne pas le laisser trop longtemps seul dans une maison vide pour étudier ; autant si nous sommes là de corps, mais avec trop de choses qui nous absorbent ; si trop d’absences sont inévitables pour des raisons professionnelles, ou de monoparentalité, trouver des alternatives qui assurent de la présence (cf. supra) ; savoir renoncer à de la détente pour rester discrètement à ses côtés (Nos amis peuvent partir en WE sans nous, parce que lundi ce sont ses examens qui commencent)
Autre type de présence : Faire des démarches pour et avec lui et lui faciliter la vie ; le protéger raisonnablement dans ses affrontements avec l’école. Raisonnablement, pas envers et contre tout : il a toujours des comptes à rendre à propos de ses comportements les plus négatifs. Nous pouvons néanmoins faire valoir l’existence de ses vécus les plus pénibles, qui le prédisposent à ne rien faire ou à se faire remarquer, et auxquels il faut arriver à remédier ensemble pour qu’il se mobilise dans la bonne direction. Patience et persévérance font plus que force et que rage !
Soutenir directement le travail scolaire.
Le « bon génie flottant dans l’ambiance » peut-il faire un acte de plus, pour s’asseoir à côté de l’ado au travail ? Les parents peuvent-ils franchir une étape supplémentaire et soutenir, aider au moment même de l’étude ?
Le terrain de ce souhait est glissant puisque nombre d’ados, même en perdition, détestent l’idée d’apparaître comme ayant besoin d’aide ou se méfient des intentions cachées de l’adulte quand il s’assied près d’eux….il leur faut du temps pour assumer qu’ils ne vont pas être enguirlandés, même s’ils sont surpris en flagrant délit d’évasion …
Alors, au contraire de ce qu’exigeait Monsieur Jourdain à propos de la prose et des vers, nous pouvons parfois leur donner un coup de main sans annoncer la couleur, mine de rien, voire en jurant que nous ne le faisons pas « vu qu’ils sont assez grands pour travailler tout seuls »
- Nous pouvons d’abord signaler notre disponibilité : (« Si tu as besoin de moi pour … je suis là, je suis d’accord ») Pour les plus découragés, nous pouvons même faire une partie du travail à leur place : lecture de la moitié d’un livre, sans soupirer ; plan d’un exposé ; quelques exercices vite faits, bien faits … au moins trouvera-t-il en lui davantage d’énergie pour faire le reste.
- Nous pouvons nous asseoir à côté de lui, à sa demande ou d’initiative, et viser à col-laborer : « Ca va, ce raisonnement (ou ce travail) en maths ? Tu veux m’expliquer, pour voir si moi, je vais comprendre ? » « Tu me récites ton vocabulaire ? Tes temps primitifs ? Tes énoncés en science ? » Et s’il n’y arrive pas, attention à ne pas réactiver le réflexe d’une réaction grincheuse/disqualifiante. Qu’il entende plutôt : « Bon, on va en revoir quelques-uns ensemble maintenant » Attention aussi à ce que, du fait de son soutien, l’adulte ne transforme pas 1 h. d’études en 1 h. 30 …
Je sais que nombre d’ados resteront en tout ou en partie réticents à ce que l’adulte s’immisce trop dans leur travail. Il ne s’agit pas de leur faire violence, ni non plus de démissionner en ne leur faisant progressivement plus aucune proposition. Qu’ils entendent plutôt : « OK, tu ne souhaites pas mon aide maintenant. Tu rates peut-être une occasion de mémoriser les choses plus vite et mieux. Mais c’est ta responsabilité. Je continuerai à te proposer mes services à l’avenir. »
Punir, récompenser et veiller au plaisir de vivre.
Je jette ici le plus gros pavé dans la mare des mauvaises habitudes existantes acquises, en proposant :
- Côté punitions (et menaces), je souhaite que les parents n’y recourent qu’exceptionnellement, face à de l’antisocial avéré ! Si la démotivation et les mauvais résultats persistent, qu’ils commentent plutôt : « Comme c’est dommage pour toi! Nous n’avons pas encore trouvé le chemin qui te permet d’exploiter tes ressources au mieux. Continuons à chercher »
Donc, non, non et non à la suppression rageuse des écrans et autres sorties « jusqu’à ce que tu aies des points valables. »
Et si les punitions viennent de l’école ? Les parents peuvent essayer de prévenir celles qui sont liées au manque d’ordre, aux travaux non rendus à temps, etc. en aidant le jeune à mieux s’organiser. Si elles sanctionnent de mauvais résultats, ils peuvent plaider sa cause et tenter de mobiliser l’école vers un changement positif. Si elles sont liées au « mauvais » comportement du jeune en classe, qu’ils essaient de le faire réfléchir à sa part de responsabilité et qu’ils n’en remettent pas à la maison !
- Côté récompenses, je trouverais infantilisant et dangereux d’introduire un fonctionnement basé sur la carotte : « Si tu … alors …» Par contre, s’il est clair que l’ado a changé sa manière de fonctionner ou si, accessoirement, il « sauve » une année ou ramène régulièrement de meilleurs résultats, les parents peuvent certainement lui signifier qu’ils sont contents de lui et pour lui (et qu’ils sont aussi contents d’eux) et, à un moment donné, marquer le coup par une belle récompense imprévue !
- Côté plaisirs de la vie quotidienne je suis résolument hostile au réflexe vengeur qui prive l’ado déjà en difficultés de toutes ses récréations (écrans, sports, sorties …) parce qu’il a mal travaillé et pour que soi-disant il travaille mieux à l’avenir. C’est contre-productif autrement qu’à très court terme !
S ‘il accepte (ou obéit à) la demande de réserver chaque jour un moment pour le travail intellectuel (1 h. – 1 h. 30, cfr supra), laissons-lui la paix le reste du temps et qu’il gère sa vie avec assez bien d’autonomie, comme le fait le bon élève : donc un panachage de petits services rendus à la maison, de présence au souper sans rogner sur le temps, de sport, de vie sociale et, of course, de consommation d’écrans, musique et autres portables …[5]
Notes
[2] ADOS CONTEMPORAINS: PETITE TYPOLOGIE PERSO ET SANS PRETENTION, texte que l’on peut lire sur ce site
[3] Normaux ? Ah, ils seraient mécontents s’ils m’entendaient dire ça, les ados ! Certes, ils n’aiment pas que leurs éclats d’originalité et leurs tempêtes émotionnelles soient lus comme de la psychopathologie. Mais ils détestent tout autant la banalité du terme « normal »
[4] Et c’est vrai que, dans une ambiance négative vécue comme injuste, une dimension de protestation par opposition passive vient s’ajouter au reste chez le jeune.
[5] Simplement faut-il, comme pour ses frères et ses sœurs, veiller à ce qu’il ne devienne pas accro et à ce qu’il conserve un temps raisonnable de sommeil … Voir l’article Quand le jeune est scotché à l'ordinateur: simple gourmandise ou dépendance?