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I. Activité sexuelle érotique, bilatéralement consentie, ayant probablement le statut d’un dérapage, et culpabilisante pour l’aîné.
Cet échange illustre bien que le vécu de dérapage est éminemment subjectif et peut exister, même face à des activités sexuelles consenties. Le fait qu’il s’agisse d’une fratrie de jeunes ado ne nous installe cependant pas dans l’inceste, structuralement parlant.
Un jeune ado m’écrit:
Bonjour, j’habite en Suisse, je m’appelle Arnaud et j'ai 14 ans et mon frère 12 ans. Je culpabilise car nous avons pratiqué des « jeux sexuels » une seule fois il y a 1 mois ou nous avons été jusqu'à la pénétration et je n'arrive pas à penser à autre chose et je regrette d'avoir fait ça ; que faire ? (+ un courriel analogue, que je ne reproduis pas car il menace davantage son anonymat … Arnaud y explique comment son frère l’a « allumé » et qu’ils étaient bien consentants tous les deux … ils se sont pénétrés l’un après l’autre et Arnaud a éjaculé)
Je lui réponds :
Slt Arnaud,
Je supposerai que tes deux courriels sont authentiques, et pas une mauvaise blague jouée par un collègue pour me faire parler …
Voici donc ce que je pense sincèrement :
- Ton frère et toi, vous avez eu ensemble, au moins une fois, une activité sexuelle de plaisir, bien plus qu’un simple jeu de « touche-pipi », qu’on fait quand on est petits.
- De telles activités se produisent probablement occasionnellement chez 20 à 30 % des jeunes ados, occupés à découvrir leur sexualité et ses plaisirs. Elles ont lieu en famille, comme pour toi, ou avec un partenaire externe. Elles ont lieu entre jeunes du même sexe ou fille-garçon.
- Ce qui est important, selon moi, et ce qui montre que vous n’êtes pas des horribles déviants, c’est que :
Ø Vous étiez consentants (c’est même lui qui t’a allumé, le petit coquin)
Ø Il n’y avait pas de différence d’âge importante entre vous (à partir de 4 ou 5 ans plus jeune ou plus vieux, je trouve ça moins normal)
Ø Tu es capable de réflexion et de mise en question de toi à propos de la valeur de ce que tu as fait. Super !
- Une chose importante dans nos vies, selon moi, c’est de garder le contrôle sur notre sexualité, de ne pas être les esclaves du plaisir ! Un jour, un jeune de 15 ans m’a dit : « C’est moi qui dois commander à ma bite, et pas ma bite qui doit me commander … » J’ai trouvé cette idée super. Mais là aussi, ton courriel me montre que tu restes le pilote responsable des actes que tu poses, et que tu es capable de te contrôler : tu ne m’as jamais dit que, ton frère et toi, vous vous sentiez obligés de faire des trucs sexuels trois fois par jour !
- Donc, d’après moi, vous avez fait une expérience sexuelle qui n’est pas une faute mais comme ça te dérange, toi, vous avez décidé de ne pas recommencer : c’est très bien comme ça, c’est toi qui pilotes … et ton frère aussi doit piloter sa sexualité…
- Était-ce de l’inceste, parce que c’est ton frère ? Je trouverais cela exagéré si on le prétendait !! Selon moi, il y a inceste entre frères (ou sœurs) si :
Ø Il existe sexe et en plus amour passionné, possessif, exclusif de l’un pour l’autre --> ce n’est pas votre cas !
Ø Ou s’il existe des relations sexuelles multiples, exclusives, chacun se refermant sur l’autre et ne cherchant pas de partenaire à l’extérieur.
- Et donc, de toutes façons, tu as raison de t’arrêter avec ton frère : La sexualité, c’est aussi fait pour sortir de la famille : va donc draguer à l’extérieur, c’est mieux, et si un jour tu trouves une fille à peu près de ton âge qui a envie de « le faire » avec toi, et toi aussi, occupe-toi bien d’elle, donne-lui du plaisir comme elle t’en donne, et n’oublie pas la contraception
- Enfin, tu me dis que les filles t’intéressent. Super. Tu n’as donc rien de gay. On est gay quand on est amoureux d’un autre garçon et pas parce qu’on s’éclate l’une ou l’autre fois entre garçons comme vous l’avez fait.
Allez, Arnaud, la vie est belle. Garde confiance en toi !
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II. Ethan (13 ans) et Lisa(9 ans)
Je reprends ici une étude de cas particulièrement paradigmatique qui est déjà exposée dans la partie théorique de ce dyptique. Pendant quelques semaines, Ethan, en plein puberté se déchaîne sur sa sœur jusqu’à la découverte inopinée du « pot-aux-roses ». J’attribue ces abus à une mauvaise passe assumée » chez Ethan
Depuis 3 mois, Ethan (13 ans) importune sexuellement sa sœur Lisa (9ans 1/2).
Environ une dizaine de fois, il y a eu attouchements, masturbations et même fellations. Ethan, costaud pour son âge, dominant et peu nuancé dans ses propos, use de la force physique qui émane potentiellement de lui pour que Lisa ait suffisamment peur, se soumette et n’ose pas en parler.
Un beau jour, dans un bungalow de vacances à l’étranger, les parents les surprennent. Colère ! Scandale ! Dès la fin des vacances , Ethan est envoyé vivre chez ses grands-parents et je suis contacté. Je proposerai très vite que les parents et Lisa se fassent aider par une psychothérapeute en qui j’ai confiance, mais avec qui je n’aurai aucun contact. Moi-même, je me réserve l’accompagnement des parents et de l’auteur, avec beaucoup de pain sur la planche : se mettre d’accord et énoncer des paroles justes à propos de ce qui s’est passé ; énoncer la Loi et définir une sanction appropriée ; aider psychologiquement si nécessaire les uns et les autres : aider Ethan à se faire une représentation juste de la sexualité en général et de la sienne, avec la sociabilité qu’elle doit connoter.
Il a donc existé un panaché de rencontres avec Ethan seul, avec les parents seuls, avec les parents et Ethan; (et parfois en plus Louis, le frère de 15 ans d’Ethan) . Ethan a spontanément et très vite souhaité écrire une lettre d’excuses à sa sœur, et celle-ci, libre de l’accepter ou pas, a bien voulu la lire. Au fil du temps, lentement, ils ont reconstruit à deux une relation courtoise, mais distante Ce qu’il y avait à dire et à commenter sur la sexualité et l’inacceptable de l’abus a été dit. La sanction programmée par les parents a été dure, tout comme leur réorganisation de la famille (un an d’internat scolaire et séjour dans sa chambre les w-e, sauf au moment des repas ; non-participation aux vacances familiales l’année d’après)... et j’ai aidé Ethan à l’accepter. J’ai parlé avec lui de mille choses relatives à l’adolescence et aux relations familiales et sociales. Un des points les plus difficiles a été de réconcilier Ethan et sa maman, de faire se reconstruire une relation au moins raisonnablement positive, car la maman était vraiment choquée par ce qui s’était passé et avait une véritable répulsion pour Ethan
Par ailleurs, j’ai encouragé Ethan à s’introspecter sur le sens de son passage à l’acte sexuel ( entre autres, il se sentait jaloux de la place privilégiée qu’il ressentait pour Lisa dans sa famille). Je l’ai aidé à évaluer la souffrance qu’il avait provoquée. J’ai essayé de surveiller (veiller-sur…), tant que faire se peut, l’évolution de sa sexualité ( e.a. ; la nature de ses fantasmes masturbatoires, sans entrer dans les derniers détails érotiques ; les objets de ses désirs sexuels; son éventuelle attirance pour les enfants). Ce travail a pris deux bonnes années…
Epilogue : Vers ses vingt ans Ethan me recontacte d’initiative…il se sent déprimé, principalement parce que sa copine du moment l’a laissé tomber. Une psychothérapie individuelle se met en place et dure quelques mois ; vers la fin, il va beaucoup mieux, il a une autre copine et il me dira un jour, sans que je le lui demande, qu’il lui arrive de passer avec elle une après-midi entière au lit et qu’il peut l’honorer quatre fois. Comme quoi, le thème de sa capacité virile, hyper poliically correcte cette fois-et sans doute de l’intérêt dont il se représente que je lui attribue- n’a jamais été très loin. Et quelques semaines avant, il m’avait confié : » Vous savez, je pense encore parfois à ce que j’ai fait à ma sœur. Comment ai-je pu lui faire ça ? Je me sens si coupable ! » De quoi travailler la question de la faute et du pardon, à se donner soi-même…
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III. Un abus sexuel de longue durée, fin de l’enfance, début de l’adolescence
Ici, l’auteur entre probablement dans la catégorie de ceux que j’ai jugés préoccupants « dominants-non empathiques-hédonistes ». la sœur était pseudo-soumise, ce qui permettra à l’auteur de dire, des années après, qu’il croyait qu’elle était consentante
ne jeune adulte m’écrit:U
Monsieur,
Je vous écris car, peut-être, en quelques mots, vous pourrez m'éclairer.
J'ai été violée pendant 4 ans (de 8 à 12 ans environs, peut-être même plus mais j'ai fait le maximum pour effacer tout cela de ma mémoire) par mon frère âgé d'un an et demi de plus que moi. Cela a arrêté lorsqu'il a rencontré une première petite amie avec qui il est resté quelques mois.
J'ai aujourd'hui 24 ans et je ne comprends toujours pas. Je me demande s'il était conscient de son acte, si, compte tenu de son âge, l'on peut considérer son acte comme mal et, à proprement dit, comme un "viol".
J'ai suivi deux psychothérapies mais jamais je n'ai réussi à vraiment éclaircir ce qui s'est passé. Il ne s'agit pas là d'un adulte et d'un enfant, mais de deux enfants…
En ce qui concerne nos relations avec mes parents, mon père est un avocat indépendant, et il est vrai que nous avons énormément souffert de son absence causée par son travail, outre sa froideur et son incapacité à extérioriser ses sentiments.
Quant à ma mère, elle a toujours été très présente, mais nous avions une grande capacité pour nous dissimuler, et elle ne s’est doutée de rien.
En ce qui concerne mon frère et la manière dont il obtenait quelque chose de sexuel, il me disait "viens, on va en haut" et je le suivais, tout en sachant ce qui m'attendait. Parfois, si j'étais dans ma chambre, il m'y rejoignait. Je n'ai jamais réussi à dire "non", ce qui a perduré bien des années plus tard. Il procédait à des attouchements, et à d'autres "préliminaires" (peut-on nommer cela comme ça dans cette situation?) avant d'entamer l'acte sexuel en lui-même.
Je sais que je n'aimais pas ça; Je ne sais pas si mon frère était conscient de ses actes. Mais je sais qu'il avait 14 ans dans la dernière année et, qu'à cet âge, j'étais totalement consciente de ce dont il s'agissait.
Quand j'en ai parlé à mes parents 1 ou 2 ans plus tard, il m'a dit qu'il était désolé et pensait que j'étais d'accord.
Pendant longtemps, je lui ai pardonné son geste sans pour autant le comprendre. Mais j'ai l'impression d'en souffrir d'avantage maintenant, je suis beaucoup moins proche de lui, et lui en veux parfois énormément pour ce qu'il a fait. Mes relations sexuelles avec mon copain ne sont pas non plus au top!
Je lui réponds:
Bonjour Anne,
A vous lire, il me vient les hypothèses que voici:
- Un grand frère déluré, hédoniste sur les bords, "gentiment" dominateur – séducteur.
Il ne se pose pas trop de questions sur ce que vous vivez au plus profond de vous-même et se contente de votre acceptation d’avant-plan: ça l’arrange très bien.
Il sait que ce que vous faites est interdit, mais il ne pense pas que c’est mal (il ne veut pas y penser?) puisque vous avez l’air d’accepter et que les considérations sur l’inceste sont à des années-lumière de lui. En plus la précocité ne le dérange pas (l’amuse?) (au fait, à quel âge la première pénétration effective? Vous a-t-il expliqué comment il connaissait déjà ce geste?)
- Vous, de votre côté, silencieuse et passive vous laissant faire par lui, (parfois avec du plaisir au moment même de l’action?) ... vous posant bien plus de questions que lui – sans vous permettre de les exprimer; triste aussi peut-être parce qu’il ne vous devinait pas derrière votre (participation? soumission?) d’avant-plan.
Aviez-vous l’idée que c’était interdit? Que c’était interdit et peut-être mal?
A la fin, étiez-vous déjà réglée ou proche de l’être, occupée à vous transformer? Si c’était le cas et qu’il n’a pas été arrêté par l’idée de la contraception, ça, j’opterais pour dire que c’est mal (sa jouissance d’abord avant le risque du bébé). - Et au fond, au-delà de mes hypothèses, puisque des thérapies ne vous ont pas assez aidée, qu’est-ce qui continue à vous faire souffrir? Vous faites-vous des reproches?
N.B. Pour ma part, je trouve inévitable que votre relation avec ce grand frère se soit bien "refroidie": poussé par la recherche du plaisir sexuel, il n’a pas pu vous reconnaître dans ce que vous viviez vraiment!
Anne me répond:
Monsieur,
A l'époque, j'avais conscience que c'était interdit, mais pas nécessairement que c'était mal, bien que je n'aimais pas cela.
Au moment même de l'action, je n'ai jamais éprouvé de plaisir.
Je pense qu'il connaissait ces gestes car avec des copains, ils avaient l'habitude de regarder des magasines pornographiques qu'ils se procuraient je ne sais comment.
Je n'ai eu mes premières règles que un ou deux ans plus tard mais, en ce qui me concerne, je n'avais pas cette notion de risque de grossesse. Mon corps était encore proche de l’enfance.
Les thérapies ne m'ont pas suffisamment aidées et je ne sais pas pourquoi ... je ne vois pas tout de suite de reproche que je me ferais, mais aujourd'hui, j'en souffre encore et toujours jusque, au pire, des envies suicidaires, ... Je fais parfois des rêves où cela se produit à nouveau avec ce frère, mes deux autres frères de 18 et 20 ans, ou mon père, durant lesquels l'acte me plait. Je m'en veux donc énormément au réveil et me sens très mal. Merci.
Anne.
Je lui réponds:
Si vous n’éprouviez aucun plaisir perceptible conscient, qu’est-ce qui a pu, en vous, amener que vous lui avez dit oui si longtemps?
Votre première réponse fera sans doute référence à une sorte de passivité anxieuse, que l’on trouve chez beaucoup de victimes, et que vous évoquiez dans votre avant-dernier courriel.
Cependant ... cependant ... vous me dites aussi que vous faites parfois aujourd’hui des rêves d’inceste, avec les hommes de votre famille, et que vous rêvez que vous y avez du plaisir! Peut-être au fond de vous-même, dans des zones inconscientes, existait-t-il quand même alors et encore aujourd’hui un désir autour de l’inceste, pas tant pour le plaisir physique qu’il donne (parfois), que pour d’autres significations par exemple, être l’élue de tous ces hommes ...
Nous ne devrions jamais nous culpabiliser de nos rêves, désirs et fantasmes!! Nous rêvons tous à des choses archaïques, interdites, terribles si elles se réalisaient, autour du sexe ou de la mort donnée. Si, en ce qui vous concerne, l’inceste pour de vrai a bien eu lieu, ça a été "à votre corps défendant", sans que vous osiez vous mettre debout pour protester ... On pourrait tout au plus vous reprocher d’avoir laissé transgresser une sexualité entre enfants "interdite" ... de ne pas avoir porté assistance à vous-même ...
Mais si, comme vous le dites, vous ne saviez pas que c’était mal - seulement interdit ! vous n’avez pas fait le mal! J’avoue d’ailleurs que lorsqu’il s’agit d’un inceste fraternel et pas d’un inceste avec un parent, c’est beaucoup plus difficile ,pour les personnes concernées d’avoir la prescience que c’est mal et pas seulement interdit ( le "mal", ici étant de ne pas souscrire à la dimension exogamique de la sexualité ET peut-être de semer le trouble dans le groupe familial où la sexualité est réservée aux seuls parents)
J’espère donc vivement que vous retrouverez la sérénité et la joie d’une sexualité épanouie avec votre copain.
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IV. Un abus sexuel de longue durée, commençant dès les 4-5 ans de la fillette
Il y a beaucoup de similitudes avec le cas précédent….la révélation à la mère est tardive, et le soutien familial, imparfait. La jeune fille reconnaît avoir parfois cherché et vécu du plaisir, tout en se sentant très mauvaise.
Une jeune fille m’écrit:
Bonsoir,
Je viens de trouver votre site, par le biais d'une recherche internet sur l'inceste ou vous répondiez à une jeune femme qui a vécu presque la même histoire que moi.
Je suis bientôt âgée de 18 ans et lors de mon enfance, j'ai subi des abus sexuels par mon frère aîné de 3 ans. Cela a commencé quand je devais avoir 4 ou 5 ans ... au départ c'était vraiment dans le geste de faire comme "papa-maman" mais il a grandi et a commencé à réclamer des gestes plus dans la sexualité comme le masturber, lui faire des fellations et même des pénétrations plus poussées ... Je crois que j'éprouvais l'envie de faire tout ça certaines fois, jusqu'à me mettre à sa disposition pour lui faire plaisir, mais au fond de moi je me sentais mal, sale. Puis tout ceci s'est arrêté aux alentours de mes douze ans, car j'ai eu mes premiers règles, et lui sa première copine.
Je me sens très mal par rapport à ça encore aujourd'hui ; il y a peu j'ai réussi à la dire à ma mère, mais en lui dévoilant mon fardeau je me suis senti encore plus mal, car elle et mon frère ont une relation fusionnelle: elle n’a plus parlé à mon frère pendant quelque temps puis tout le chemin à repris son cours.
Mon père n'est pas au courant mais je n'aurai pas le courage de lui dire. Je sais qu'au fond il ne me croirait pas et me ferait passer pour folle.
Aujourd'hui j'ai une vie presque normale j'ai un copain qui est au courant de cette situation, mais lorsque nous avons des relations je me bloque car un geste ou un acte me rappelle de mauvaises choses et je suis frustrée pendant plusieurs jours voire des semaines après.
Je suis aussi atteinte d'arthrite dite juvénile, j'ai lu sur internet que l'inceste peut avoir des conséquences sur les articulations cela est-il possible que cela cause mes soucis d'arthrite.
Je ne suis aucune thérapie, je tente en vain de ne pas y penser, mais plus je grandis plus j'y pense car j'ai peur pour mon avenir , d'échouer ma vie sentimentale à cause de ça.
Merci d'avance pour une réponse...
Je lui réponds:
Bonjour Mademoiselle,
Votre lettre m’a beaucoup touché, car vous avez un bien gros poids qui vous reste sur le cœur. Votre frère a vraiment abusé de vous, abusé de son pouvoir et de son besoin de plaisir de grand enfant et de jeune ado. Vous faites partie de ces ex-victimes qui foncièrement ne le voulaient pas, mais qui se reprochent quand-même leur passivité et de brefs moments de plaisir.
En plus, votre mère est loin de vous avoir soutenue aussi fermement qu’elle aurait dû le faire, comme si votre destin était d’être une fille sacrifiée.
Je comprends que tout cela vous attriste beaucoup. Je fais tous mes vœux pour que cette tristesse aille en diminuant et surtout, pour que vous arrêtiez de penser que vous êtes coupable et salie. Votre lettre faisait preuve d’une grande sensibilité ... Je suis sûr que votre corps et votre âme sont magnifiques, sensibles, prêts à s’ouvrir à la rencontre et à l’amour. J’espère de tout cœur que vous avez trouvé un copain gentil, patient face à votre grande blessure qui doit continuer à se cicatriser, et qui vous donne l’espérance.
Pour terminer:
- Il n’est pas obligatoire de le raconter à votre père si vous êtes sûre que ça ne servira à rien.
- Pour l’arthrite, c’est ultra-faux: il n’existe pas de conséquences physiques de l’inceste. Ce sont des blessures de l’âme.
- Si cela dure, pourquoi ne pas suivre une thérapie sérieuse. Si vous me dites où vous habitez, je puis peut-être vous aider à trouver un psychothérapeute valable.
- Habitez-vous encore chez vos parents? Est-ce facile pour vous? Parlez-vous encore à votre frère? Avez-vous pu lui dire votre colère?
Amicalement.
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