Principales formes d’abus sexuels contre les tout petits (0-6 ans)

Pr. Jean-Yves Hayez

N.B. Il existe  des formes de passage entre les colonnes ci-dessous qui constituent des catégories et non des classes.

Nous appellerons A (auteurs) les responsables de ces abus et E (enfants) les petits enfants victimes

 

Caresses furtives[1]

« Jeux sexuels » structurés

Enfants sex-toy

Fréquence

65 à 80%

15 à 25 %

 Autour de 5%

Age préférentiel

Bébé jusque 3, 4ans

3-6 ans

 Bébé jusque 5,6 ans

Lieu

Famille[2] ;baby-sitter ; gardienne ou son conjoint ; (crèche ou école maternelle)

Famille[3] ; (baby-sitter)

Famille [un ou des membre (s)  pervers] ;trafics, réseaux, location ou vente d’enfants

Formes principales

-Caresse, toucher appuyé, bisous sur une partie intime du corps de l’E (devant et derrière).

-Tout début de doigtage  doux » de la vulve ou de l’anus de l’E.

-Exhibition par l’A : pénis, seins, vulve[4] ;

invitation faite à l’E d’y toucher,   d’y faire un bisou.

 

-Contact, à fina

lité  érotique (pour l’A) des parties intimes de l’A et de l’E : pénis,seins, vulve ou/et anus.. caressés, masturbés, léchés ou/et mis en bouche.

-Pas de pénétra tion appuyée, douloureuse,

vaginale ou anale du corps de l’E.

-Intention et actes pervers de l’A.

L’E est la chose qui le fait jouir ; il  n’est ni choyé ni même pas  souvent ménagé,

-Ambiance souvent froide,  glauque, menaçante ; rarement apparemment ludique.

-Effractions dans le corps de l’E, pénétrations…l’A peut cracher, uriner, déféquer, éjaculer dessus, le faire souffrir.

-Issue « snuff » pas impossible

Temporalité

-Bref, furtif.

-Répétition irrégulière ; assez souvent isolé, ou peu fréquent.

-S’arrête souvent quand l’E grandit et peut parler, donc révéler.

Chaque "activité" dure  chaque fois jusqu’à ce que l’E s’en lasse (quelques minutes…un quart d’heure)

-L ’A est +/- addict et en redemande.  Imprudence de sa part  quant aux risques de révélation.

Répétition, jusque la chroni- cité.

 

 

 

 -L ’A est +/- addict et en redemande. Imprudence de sa part quant aux risques de révélation .

Ambiance

Pendant l’abus

Soft,  souriante »

-L’A, assez souvent, n’attire pas l’attention de l’E sur ce qui se passe

Soft,  souriante »

-L’A exploite les besoins de plaisir, ou de jouer, ou de recevoir de l’affection chez l’E

-Il sous-estime la part de soumission de l’E à l’autorité

-Pas de lien affectif authentique.

-L’E est un sex-toy juste un peu ménagé ou acheté

-Parfois même sciemment brutalisé, terrorisé

Ambiance en dehors de l’abus

-L’ A minimise en lui l’impact de ses gestes.

 -Qualité variable du lien A-E

 

L’ A dénie en lui sa part obscure

-Il essaie   d’ »acheter » l’E dans le quoti- dien[5]

 

-Pas de lien affectif authentique

 

Révélation par l’enfant via  son  comportement

-possible, en situ- ation analogue :

(p.ex., attitude « obscène » quand on le change).

-l’E montre souvent un mal-être peu spécifique

-Sollicitations sexuelles  parfois différées et impulsives d’adultes ou d’autres enfants, souvent plus jeunes.

-Si l’E en échappe, il est éteint, cassé, vidé.

-Signes ++ de traumatisme

-Sollicitations sexuelles d’autrui possibles, souvent compulsives, brutales.

Révélation par l’enfant via sa parole

-Rare et balbutiant avant 2, 3 ans

-Possible si l’abus continue après, en situation analogue

 

-Possible, suite à un hasard inducteur, même de façon différée

-L’E ne résiste guère à un interrogatoire délicat

-

- Enfant rescapé très traumatisé, inhibé ; une grande patience  est souvent nécessaire.

Il peut résister  à un interrogatoire, même délicat

 

Atteinte psychique chez l’enfant

Dépend de la réaction sociale après révélation : nulle ou trauma-tisation secondaire[6]

-Traumatisation ou « allumage précoce » durables.

-Rôle ici aussi  de la réaction soci-iale, apaisante ou aggravante.

Soins psychiques et grande patience nécessaires pour lui rendre confiance ou apaiser ses compulsions sexuelles.

- Enfant rescapé très traumatisé, inhibé ; soins psychiques et grande patience nécessaires pour lui rendre confiance ou apaiser ses compulsions sexuelles.

 

 

[1] Il existe même des caresses « furtivissimes » L’une ou l’autre fois un ado touche, avec délicatesse, les parties sexuées du corps d’un tout petit, parfois même d’un bébé. Formellement parlant, c’est là un abus isolé, qui peut même parfois fort culpabiliser l'auteur, mais plus fondamentalement, il s'agit dans son chef d'angoisse, de curiosité et d'une première prise de contact avec le corps sexué de l'autre; la "victime " n'en n'est pas toujours consciente :elle dort ou est observée à son insu ou très furtivement "touchée" Elle n'en ressent nul traumatisme, ce que l'auteur ne voudrait surtout pas. L'article ci-joint traite d'un cas à ce propos : Touchers exploratoires

[2] Lire par ex. l’échange de courriel    Un ado a déshabillé et touché une petite fille de deux ans et demi 

[3] Nous ne traiterons pas dans cet article des abus sexuels commis sur des 3-6 ans par d’autres enfants ou par de tous jeunes adolescents, de la fratrie ou du cousinage. Ces jeunes A baratinent souvent les tout petits pour avoir et garder leur consentement. Il est rare qu’ils se montrent brutaux ou/et commettent des pénétrations. Certains d’entre eux n’ont même pas conscience qu’ils abusent, càd que le tout petit est incapable de donner un consentement éclairé. L’impact sur l’E est le plus souvent moins grave que si l’ A était un adulte ou un grand ado. De là à dire qu’il est inexistant, surtout s’il y a eu brutalité !!!Lire par ex. l’échange de courriel :   Une énurésie secondaire post-traumatique (4 ans) Il n’est pas si rare par contre que l’auteur enfant, devenant lui-même adulte, soit alors envahi par les remords.

[4] Il existe aussi des autrices, mais bien moins fréquentes que les garçons et les hommes.

[5] « Acheter l’enfant » ? Le garder dans de bonnes dispositions pour qu’il accepte de continuer et pour qu’il se taise

[6] Si les faits restent inconnus ou que la réaction sociale à leur révélation est positive, soutenante, l’ atteinte psychique peut être nulle…ou légère angoisse face à l’extraordinaire/incongru et besoin de vérifier. Si la réaction sociale est lourde, négative et enfin impuissante, le traumatisme secondaire peut être important