Une maman m’écrit
Bonjour,
Notre fille Nora a eu 4 ans et nous avons toujours connu des hauts et bas avec son alimentation. Bébé nous avons chipoté avec ses biberons, un traitement de reflux, et une suspicion d’allergie au lait mais Nora a refusé le lait proposé. A la maternité, je soulevais déjà la rapidité de prise de ses biberons et j’avais demandé qu’il me donne d’autres tétines mais sans résultats. Ils m’ont par contre mis beaucoup de pression à sa sortie car elle devait reprendre du poids. Nora est née avec un poids de 2kg700 et 4’ cms. Elle était à 2kg 500 à la sortie.
La prise des biberons a parfois été difficile car elle pouvait en refuser et je ne comprenais pas et j’étais inquiète. Elle a eu un peu de Kiné pour sa déglutition. Elle a fait une grosse gastro à 6 mois et à son retour chez sa nounou, elle a dû aller chez une remplaçante et Nora en fut très malheureuse et celle-ci n’était pas adéquate dans les soins.
Elle a souvent diminué son alimentation mais souvent une cause médicale arrivait (léger « muguet » non vu tout de suite par le médecin à ses 1 an, divers maux de gorges, le mal des transports qui la perturbe,…). Aujourd’hui, elle fait toujours le hamster avec les peaux de mandarines ou petits pois mais aussi avec les morceaux.
Elle avait fait des progrès mais depuis 15 jours, c’est la catastrophe. Elle ne mange plus grand chose. Elle s’est étranglée avec un bonbon il y a 3 semaines. Est-ce cela ? Je ne sais plus quoi faire. Elle a vu sa pédiatre qui la rassuré sur sa gorge à sa demande. Il y’a un an un diagnostic d’allergie au lait a été mis mais ce n’est pas trop fort. Finalement, on essaie tout et elle me voit inquiète et triste; Pouvez-vous me donner quelques pistes ? Merci beaucoup.
La maman de Nora.
Je lui réponds
Chère Madame,
Votre petite Nora fait probablement partie d’un groupe d’enfants que nous appelons « les (très) petits mangeurs »
Les raisons d’être de ce très faible appétit, de cette absence de plaisir à manger sont mystérieuses. Et probablement multiples. Leur équipement génétique y est pour quelque chose.
Plus que d’autres enfants, ils « dramatisent » les incidents inévitables liés à l’alimentation (plat trop salé, trop chaud, étranglement …) C’’est probablement ce qui est arrivé à Nora, puisque vous avez repéré vous-même quelques incidents sur son parcours autour de l’alimentation ; Le plus mystérieux et difficile à comprendre pour elle a probablement été l’infection de la bouche qu’elle a faite autour d’un an.
Jusque cinq-six ans ils ne comprennent pas bien pourquoi il faut manger, çàd la varie fonction de l’alimentation, importante pour la vie et la croissance, et même quand ils le comprennent, ce n’est jamais que le minimum indispensable !
En outre, presqu’inévitablement, l’ambiance des repas s’alourdit et leur famille a tendance à les désigner comme « ceux qui ne mangent rien », étiquette qui les inhibe et les plombe encore un peu plus au moment des repas
Il est donc important que l’ambiance des moments d’alimentation ne soit pas faite de gros nuages noirs, mais qu’elle reste ou redevienne la plus sereine possible. Il faut lui faire oublier qu’il y a une préoccupation d’adultes autour d’elle à ce sujet.
De même, attention à la manière dont on parle d’elle, qu’elle entend et qu’elle enregistre ! Inévitablement avec les grands-parents, les amis, on en parle et elle s’entend définir comme la petite fille qui ne mange rien et avec qui on n’en sort pas … Et elle adhère à ce rôle.
En résumé « relativisez » le problème dans votre tête : c’est sa nature et son histoire de fonctionner de la sorte. Il devrait en résulter dans votre chef :
- Infinie patience souriante
- Cadrez et limitez les temps réservés aux repas : par exemple vingt minutes et puis stop. Ajoutez, si ce n’est déjà fait un temps de collation au milieu de la matinée et de l’après-midi. Peut-être en outre un peu de quelque chose qu’elle aime le soir, juste avant d’aller dormir.
- Faites-lui surtout comprendre qu’elle est une gentille petite fille, même autour de ses conduites alimentaires, que chacun a l’appétit qu’il a, et que vous l’aimez, même dans ces moments …
- Que lui donner alors pendant ces vingt minutes ? Ce qu’elle aime … plus une petite nouveauté introduite à l’occasion, en insistant un peu … et en sachant arrêter d’insister sans soupirer … en persistant pourtant pendant quelques jours … puis en passant à autre chose si ça ne fonctionne pas, , en tâtonnant sans vous décourager …
- C’est votre pédiatre qui doit surveiller sa croissance et vous indiquer si lui, est préoccupé en la surveillant 3 à 4 fois par an et en faisant attention, lui aussi aux étiquettes employées lors de ces contrôles
-. Peut-être pouvez-vous aussi demander l’avis d’une bonne diététicienne pour enfant, mais en la consultant, SANS Nora, dont il faut libérer l’esprit.
Cordialement,