La culpabilité s'installe parfois malgré le côté anodin, normo-développemental des jeux sexuels

    Un jeune adulte culpabilise ses jeux sexuels infantiles bien ordinaires

  Sam (9 ans), ses culpabilités sexuelles et sa peur d’être gay

La culpabilité s'exacerbe encore s'il y a eu quelques jeux sexuels consentis entre frères et soeurs:

Une culpabilité bien ancrée pour quelques "bêtises"

Une immense culpabilité sexuelle liée à des jeux frère-soeur

 Un jeune de 14 ans culpabilise une acivité érotique avec son frère

La culpabilité peut encore être liée à des aspects apparemment déviants des activités:

Culpabilité énorme après quelques expériences zoophiles à 12 ans

Zoophilie entre 7 et 10 ans et culpabilité

Jeux sexuels et fantasmes sadiques

Des fantasmes sexuels archaïques d'un jeune adulte

Enfin, la culpabilité peut être très forte s'il a existé un dérapage et une phase d'abus:

Un jeune adulte culpabilise des attouchements isolés

ado, j'ai abusé de ma cousine de 7 ans

Abus sexuel isolé commis par un grand ado
                                      
                                                

 

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Cet échange illustre bien que le vécu de dérapage est éminemment subjectif et peut exister, même face à des activités sexuelles consenties. Le fait qu’il s’agisse d’une fratrie de jeunes ado ne nous installe cependant pas dans l’inceste, structuralement parlant.

Un jeune ado m’écrit: 

Bonjour, j’habite en Suisse, je m’appelle Arnaud et j'ai 14 ans et mon frère 12 ans. Je culpabilise car nous avons pratiqué des « jeux sexuels » une seule fois il y a 1 mois ou nous avons été jusqu'à la pénétration et je n'arrive pas à penser à autre chose et je regrette d'avoir fait ça ; que faire ? (+ un courriel analogue, que je ne reproduis pas car il menace davantage son anonymat … Arnaud y explique comment son frère l’a « allumé » et qu’ils étaient bien consentants tous les deux … ils se sont pénétrés l’un après l’autre et Arnaud a éjaculé) 

Je lui réponds :

Slt Arnaud, 

Je supposerai que tes deux courriels sont authentiques, et pas une mauvaise blague jouée par un collègue pour me faire parler … 

Voici donc ce que je pense sincèrement : 

- Ton frère et toi, vous avez eu ensemble, au moins une fois, une activité sexuelle de plaisir, bien plus qu’un simple jeu de « touche-pipi », qu’on fait quand on est petits.

- De telles activités se produisent probablement occasionnellement chez 20 à 30 % des jeunes ados, occupés à découvrir leur sexualité et ses plaisirs. Elles ont lieu en famille, comme pour toi, ou avec un partenaire externe. Elles ont lieu entre jeunes du même sexe ou fille-garçon. 

- Ce qui est important, selon moi, et ce qui montre que vous n’êtes pas des horribles déviants, c’est que : 

Ø     Vous étiez consentants (c’est même lui qui t’a allumé, le petit coquin) 

Ø     Il n’y avait pas de différence d’âge importante entre vous (à partir de 4 ou 5 ans plus jeune ou plus vieux, je trouve ça moins normal) 

Ø     Tu es capable de réflexion et de mise en question de toi à propos de la valeur de ce que tu as fait. Super ! 

- Une chose importante dans nos vies, selon moi, c’est de garder le contrôle sur notre sexualité, de ne pas être les esclaves du plaisir ! Un jour, un jeune de 15 ans m’a dit : « C’est moi qui dois commander à ma bite, et pas ma bite qui doit me commander … » J’ai trouvé cette idée super.  Mais là aussi, ton courriel me montre que tu restes le pilote responsable des actes que tu poses, et que tu es capable de te contrôler : tu ne m’as jamais dit que, ton frère et toi, vous vous sentiez obligés de faire des trucs sexuels trois fois par jour ! 

- Donc, d’après moi, vous avez fait une expérience sexuelle qui n’est pas une faute mais comme ça te dérange, toi, vous avez décidé de ne pas recommencer : c’est très bien comme ça, c’est toi qui pilotes … et ton frère aussi doit piloter sa sexualité…  

- Était-ce de l’inceste, parce que c’est ton frère ? Je trouverais cela exagéré si on le prétendait !! Selon moi, il y a inceste entre frères (ou sœurs) si : 

Ø     Il existe sexe et en plus amour passionné, possessif, exclusif de l’un pour l’autre --> ce n’est pas votre cas ! 

Ø     Ou s’il existe des relations sexuelles multiples, exclusives, chacun se refermant sur l’autre et ne cherchant pas de partenaire à l’extérieur. 

- Et donc, de toutes façons, tu as raison de t’arrêter avec ton frère : La sexualité, c’est aussi fait pour sortir de la famille : va donc draguer à l’extérieur, c’est mieux, et si un jour tu trouves une fille à peu près de ton âge qui a envie de « le faire » avec toi, et toi aussi, occupe-toi bien d’elle, donne-lui du plaisir comme elle t’en donne, et n’oublie pas  la contraception

- Enfin, tu me dis que les filles t’intéressent. Super. Tu n’as donc rien de gay. On est gay quand on est amoureux d’un autre garçon et pas parce qu’on s’éclate l’une ou l’autre fois entre garçons comme vous l’avez fait.

Allez, Arnaud, la vie est belle. Garde confiance en toi !

 

 

Bonjour monsieur, 

J'ai 20 ans et depuis peu un souvenir me hante.

Il y à environ 6 ans, des amis racontaient un fait divers, il s'agissait de l'histoire d'un jeune qui avait demandé une fellation à sa (très) jeune sœur. Cela m'avait  choqué.

J'avais déjà eu à cette époque quelques rares expériences de fellation avec une fille de mon âge. Cette sensation, elle, était agréable et me manquait donc.

Quelque temps après avoir entendu cette histoire, vers mes 19 ans, je me suis demandé comment retrouver cette sensation et mon inconscient à fait ressurgir le fait divers. J'ai alors imaginé faire cela à ma sœur qui ne devait avoir qu'un an/un an et demi. Ne vous inquiétez pas, je ne l'ai pas fait.

Mais mon problème se trouve dans le fait que j'ai pu me poser la question : "Et après tout si je le faisais?". Je m'étais alors imaginé la scène et dans cette-dernière mes parents me surprenaient à la fin (le jeune du fait divers s'était fait prendre par ses parents). Cette scène s'était déroulée très rapidement dans mon esprit (quelques secondes seulement) et c'est l'arrivée des parents qui m'a fait prendre conscience de l'horreur que ce que j'imaginais représentait. J'avais immédiatement ressenti un sentiment de culpabilité et de dégoût envers moi-même.

Je ne pense que très rarement à cela et lorsque j'y repense je me dis seulement que  c'est une idée saugrenue de ma jeunesse et je me dis aussi "ouf je ne l'ai pas fait!" Je tiens aussi à vous dire que d'imaginer faire cet acte n'était aucunement en lien avec l'envie de faire ça à un enfant mais qu'il s'agissait simplement de retrouver une sensation.

Je voulais donc vous demander pourquoi est ce que c'est seulement l'arrivée de mes parents dans mon imaginaire qui m'a fait prendre conscience de l'horreur de l'action Comment ais-je pu voir en un humain juste un moyen d'obtenir une sensation ?... Je ne pense plus qu'à ça et j'ai l'impression d'être un monstre... 

Bien à vous, au revoir, Valentin

 

 Je lui réponds

Bonjour Valentin,  

  1. Dans nos fantasmes sexuels, nous avons (quasi) tous et toutes besoin, venant de très profond en nous, de mettre occasionnellement en scène des scénarios très déviants et archaïques, parce que précisément ils nous donnent des moments de jouissance très sauvages, archaïques eux-aussi. L’abus (de sexe et de pouvoir) sur un très jeune enfant n’est jamais qu’un de ces fantasmes parmi d’autres (tortures, uro-scato, gang bangs endiablés, etc …) C’est tout le mystère de notre équipement archaïque qui s’exprime dans notre imaginaire, une émanation de notre cerveau rhinencéphale sans doute !

 

  1. Pourquoi est-ce juste cette image-là qui vous saute à l’esprit ? Vous le devinez vous-même en partie !

Une hypothèse que je formule  est donc la suivante : Vers vos quatorze ans vous avez lié mentalement des images de bons  souvenirs ( vos jeux sexuels avec une copine ET une image traumatique ( ce que vos copains vous ont raconté ) Quatre ans après, quand vous recherchez à vous remémorer vos bons souvenirs érotiques et leurs sensations,  seule l’image traumatique resurgit, un peu transformée ( ce n’est pas le même enfant ), et inversée ( elle a maintenant une polarité érotique, vous vous identifiez à l’agresseur : c’est habituel, dans le devenir des images traumatiques ! )

Pourquoi ne sont-ce pas les souvenirs agréables qui viennent vous habiter (vos jeux avec votre copine) ? Vous en sentez-vous coupable ? Pourtant, bien consentants tous les deux, vous ne faisiez rien de mal ! Juste un peu précoces ! 

3. Si vous n’aimez pas le fantasme du bébé à qui vous faites une fellation, vous pouvez faire de la gestion mentale à son propos. Ce serait même bien car même si comme je vous l’ai dit, il est archaïque et non pas mauvais en soi, inutile néanmoins de s’y fixer et de le cultiver. Vous pouvez donc :

 

- Eviter de vous masturber ou stopper une masturbation à partir de lui.

- Crier « Non » dans votre tête quand il arrive.

- Et vous obliger à penser à autre chose de bien érotique, bien excitant (je pense que vous avez du matos en réserve)

 4.A propos de vos parents imaginaires : Ces parents, cher ami, c’est vous !! Ce n’est jamais qu’une théâtralisation de la mise en route de votre conscience morale ! Donc, c’est bien de l’intérieur que vous vous blâmeriez si jamais vous commettiez un tel acte, et ce n’est pas à partir de parents extérieurs ! Mais bon, vous pourriez aller un peu plus vite avec vous-même en pratiquant la gestion mentale que je viens d’évoquer ! 

Il me répond: 

Bonjour monsieur, 

Tout d'abord merci pour avoir répondu si vite à mes questions.

Mais à la suite de ces dernières il y en a une autre qui est venue me trotter dans la tête: si, comme vous le dites, nous avons en nous très profondément des scénarios déviants qui produisent des jouissances parce qu'ils sont archaïques, cela veut ils dire que nous sommes comme cela dans notre côté obscur? Par exemple je me souviens une fois avoir fantasmé quelques secondes sur le fait de toucher un animal ou encore une autre fois qu'une femme était soumise à un animal. Cela veut-il dire qu'au fond de moi j'ai une déviance zoophile ou un monstre qui me fait apprécier le fait qu'une femme soit soumise à ce point? Parce que désormais et d'ailleurs tout de suite après avoir imaginé cela j'ai  trouvé que c'était sale et l'idée de faire ou de voir cela ne m'a plus du tout plu. Est-ce que, même comme vous me l'avez conseillé, lorsque que l'on fait une gestion mentale et que l'on essaie de ne pas penser à ces choses qui nous dégoûtent, ces-dernières ne risquent t-elles pas de ressurgir au moment où l'on s'y attend le moins parce qu'elles sont ancrées dans notre côté obscur? 

En espérant ne pas trop vous embêtez avec ces questions.

Cordialement, Valentin. 

Je lui réponds:

Cher Monsieur,

Vos intuitions sur nos dimensions archaïques (déviantes, à tout le moins par rapport au politically correct, parfois même plus radicalement par rapport à ce qui est bien ou mal) me paraissent tout à fait pertinentes.

Nous avons tous un côté obscur tapi dans notre vie inconsciente, qui resurgit parfois, sans que nous le voulions, sous formes de fantasmes, voire de désirs concrets qui pourraient s’en suivre (par ex. voir une femme avec un animal).

Chez certains d’entre nous, qui ont voulu le planifier ainsi, il y a même passage plus systématique de l’inconscient au conscient : ceux-ci provoquent sciemment le retour de fantasmes archaïques, voire vont le cultiver sur Internet, voire réalisent pour de vrai des envies archaïques, perverses ou destructives.

Je vous parlais dans un précédent courriel de gestion mentale (voire de psychothérapie, pour mieux se comprendre, si la gestion mentale ne suffit pas : Par rapport aux seuls fantasmes, celle-ci n’est jamais une obligation) A chacun de nous de décider où il veut mettre la limite. Il y a comme un gradient où s’exerce notre volonté de nous moraliser personnellement : 

 

- A un extrême, lutter mentalement contre tout ce qui surgit d’archaïque en nous.

- Position centriste : accepter (et jouir) parfois de vivre personnellement des pensées franchement canailles, comme celles que vous évoquiez dans vos deux courriels.

- A l’autre extrême : cultiver l’archaïque, en provoquer le retour, s’en repaître, et même éventuellement passer à l’acte : ça, ça devient une addiction, comme l’alcoolisme ! 

A chacun donc de choisir ce qu’il veut faire de sa vie ! 

Amicalement,

 

 

 

Mots Clés

 

FANTASMES SEXUELS, vie sexuelle fantasmatique, fantasmes sexuels archaïques, fellation entre ados, fantasmes pédophiliques, jeux sexuels, sexualité des adolescents, sexualité saine, sexualité normo-développementale, développement sexuel de l’adolescent, exploration sexuelle, curiosité sexuelle, initiation sexuelle