Et d'abord, un témoignage interpellant : Enurésie occasionnelle chez un jeune adulte 

Nous y joignons celui qui concerne un adolescent de 16 ans: Enurésie secondaire chez un adolescent (16 ans) 

 

SI VOUS SOUHAITEZ VOUS FAIRE UNE IDEE PLUS GENERALE SUR L’ENURESIE,  CONSULTEZ L'ARTICLE 

l'énurésie et sa prise en charge

 

Une jeune dame m’écrit:

Bonjour Dr Hayez,

Je m'appelle Julie et j'ai bientôt 28 ans. Je pense que je souffre d'énurésie secondaire, je peux passer 3 à 9 mois de propreté et d'autres fois je fais pipi au lit 1 à 3 fois par mois. J'ai honte et je suis angoissée. J'aimerais savoir est-ce que cela peut prendre fin un jour? Quel type de médecins dois-je contacter? Y a-t-il des remèdes naturels que je pourrais utiliser?

Normalement, je dois me marier très bientôt, je suis angoissée à l'idée de me coucher dans le même lit que mon mari et qu'il se réveille trempé parce que sa femme a fait pipi au lit. Jusqu’à présent mon fiancé n'est pas au courant de ce problème et je ne compte pas lui en parler. Il n'y a que ma famille qui soit au courant.

Aidez-moi SVP, j'aimerais que cela cesse.

Je lui réponds:

Madame,

Permettez-moi d’être franc avec vous: je pense que ce petit handicap pourrait durer longtemps, peut-être définitivement ... comme il pourrait disparaître un jour sans crier gare et je pense aussi qu’il n’existe aucun moyen médical connu pour y faire face.

C’est un peu comme une personne qui fait des crises d’asthme: elles arrivent de temps en temps, et on ne sait pas toujours pourquoi. Vous, votre appareil urinaire a une fragilité qui se manifeste rarement; mais assez souvent quand-même pour que ça vous attriste beaucoup.

Cela n’enlève rien à votre charme féminin, ni à vos capacités sexuelles, ni à celle d’être maman un jour.

Je pense donc que vous devez en parler à votre fiancé, très simplement. S’il vous aime d’amour, il doit accepter que votre corps aie ses petites imperfections ... le sien en a aussi, j’en suis sûr, et nos caractères aussi sont un mélange de richesses et d’imperfections.

Ensuite, décidez tout simplement avec lui de choisir:

  • Un grand lit conjugal, bien large ... il sera peut-être un peu mouillé toutes les lunes (et pas trempé comme vous le redoutez) mais il aura le plaisir d’avoir sa petite femme chérie près de lui la nuit.

  • Des lits jumeaux: alors, il est toujours sec, mais vous serez un peu plus loin, sauf au moment des gros câlins.

Essayez de vous accepter comme vous êtes et de vous réjouir de toutes les richesses qu’il y a en vous, à commencer par la sensibilité dont témoigne votre lettre.

Cordialement.

 

 

 

 

Un papa m’écrit:

 

Bonjour Pr. 

Je suis médecin interniste en Algérie. Mon fils âgé de 16 ans souffre d'un problème d'énurésie secondaire depuis 8 ans environ depuis qu'il a commencé à jouer avec son oncle paternel à un jeu vidéo pour personnes de plus de 18 ans nommé ''blade runner'' .depuis cette date il fait pipi au lit presque de façon quasi régulière et il avait peur de se réveiller pour aller aux toilettes, je l'avais amené en consultation d'urologie où on lui a prescrit du minirin et du tofranil 25. Son cas s'est amélioré mais dès qu'il arrête le traitement il rechute à chaque fois. Je tiens à vous préciser que son oncle et ses cousins ont souffert de ce problème jusqu'à l'âge de 18 ans environ 

Que faut-il que je fasse de plus pour régler le problème de mon fils et quel professionnel de la santé devrais-je faire appel pour résoudre ce problème, aidez moi

Merci

 

Je lui réponds 

Cher collègue,

 

Vous avez certainement lu dans mon article « L'énurésie et sa prise en charge " que je considérais l’énurésie même secondaire, comme un problème bio-psycho-social. 

Votre grand fils a donc probablement une vulnérabilité somatique qui l’y prédispose, et qui est liée à sa génétique (cf. oncle et cousins) 

Et puis, des sources d’angoisse se sont ajoutées et sont venues peser sur sa compétence vésicale à partir de ses huit ans : 

- Dans le jeu « Balade ruiner », des androïdes massacrent des humains : probablement a-t-il eu peur, plus ou moins inconsciemment, d’être attaqué pour de vrai par eux, notamment le soir en allant aux toilettes. Peur ancrée en lui et qui est toujours quelque peu là ? Des imaginations puériles peuvent travailler pour de longues durées les plus braves et les plus mûrs des ados ! 

- Peur aussi parce que, en jouant à ce jeu, il commettait une transgression (c’est un jeu d’adulte !) Alors, il a peut-être pensé qu’il méritait un châtiment, dans un endroit symbolique de son corps (la zone du sexe), pour avoir voulu faire l’adulte trop vite ! (1) Avez-vous renforcé cette peur en le grondant pour sa transgression ou en lui interdisant trop sévèrement de récidiver dans la pratique de cette catégorie de jeux ? 

Si vous habitiez un endroit où il y a de bons psychothérapeutes d’adolescents, je vous aurais proposé qu’il voie un bon psychothérapeute pour « travailler » sur l’inéluctabilité de petites transgressions dans nos vies….dès que nous quittons le giron de notre mère.

 

Si ce n’est pas le cas, je vous propose de : 

- Faire confiance à la génétique : ça s’est arrêté dans la famille autour de 18 ans ! 

- Le traitement médicamenteux me paraît bon. Si votre fils est d’accord, je proposerais d’essayer tous les quatre mois de le réduire progressivement jusqu’à la suppression en un mois, mais de revenir tout de suite à la dose d’avant s’il y a retour significatif du symptôme, au moins quatre jours consécutifs. Et on refait l’essai quatre mois après 

- Je vous invite aussi à relire, dans l’article susmentionné, le point III (mesures générales), et surtout les propositions 1, 2, 3 et 5. Il faut notamment qu’il se sente le droit d’être « grand », presque’ u adulte ! Or, pour être vraiment grand et autonome, il est utile de transgresser parfois des règles mineures sans pour autant se sentir le plus grand bandit du monde, menacé par les foudres divines et paternelles !

Votre fils vit-il assez cette liberté intérieure ? N’est-il pas trop anxieux ? Vous-mêmes, les parents, êtes-vous « normalement » ou « excessivement » sévères ? Je vous invite à réfléchir à ce point, de sorte qu’il se sente suffisamment « cool » 

- Enfin, lui, comment vit-il son problème d’énurésie ? Indifférent ? Préoccupé et pessimiste ? Honteux ? Il faut viser à ce qu’il admette que c’est un petit problème de santé comme un autre : aucun corps humain n’est parfait ! … que ce problème n’enlève rien à sa valeur d’être humain, ni à son potentiel sexuel, ni à son charme auprès des filles … et enfin, qu’il est très vraisemblable que ce soit comme ses oncles et ses cousins : disparition vers la fin de l’adolescence ! 

Bien cordialement