On ne devrait pas parler d'énurésie avant six ans.....mais nombre de parents emploient quand-même le terme, si l'enfant recommence à faire pipi de jour dans sa culotte après une période "sèche" significative.

on va alors souvent trouver des événements qui ont été traumatisants pour le petit enfant et notamment la naissance d'un puiné, des changements mal vécus, des inquiétudes diverses.

Par ailleurs, si vous prenez connaissance des situations familiales ci-dessous, lisez aussi l'article cqui expose bien les raisons d'être de l'énurésie, surtout la primaire, ainsi qu'une "philosophie familiale" pour bien l'accompagner.

Et voici maintenant le témoignage des parents concernés

                                   
            Gilles (cinq ans) fait encore pipi au lit

    Pipi au lit à cinq ans et demi  

 L'énurésie primaire de Guillaume (9 ans)


  Enurésie nocturne primaire de Laurent(12 ans)

 

SI VOUS SOUHAITEZ VOUS FAIRE UNE IDEE PLUS GENERALE SUR L’ENURESIE,  CONSULTEZ L'ARTICLE 

l'énurésie et sa prise en charge



 

 

 

Un papa m’écrit:

Bonjour Professeur,

Je suis tombé sur votre site suite à une recherche ciblée, mon épouse et moi-même étant désemparés face au pipi au lit récurrent de notre fils Gilles, qui vient d'avoir 5 ans.

Gilles est le 2e d'une fratrie de 3 (une sœur de 8 ans et un petit frère de 3 ans), qui commence à être régulièrement propre la nuit.

Gilles est d'un tempérament joyeux et très énergique; il n'aime pas trop aller à l'école mais y travaille de bonne grâce; c'est un garçon sportif qui aime bien se dépenser et qui a une bonne carrure.

Gilles a toujours eu des soucis avec le pipi: de façon diurne, assez tardivement, et même encore de temps en temps à la maison (mais jamais à l’école), et surtout la nuit, malgré une amélioration pendant les dernières vacances d’été. Hélas, depuis la rentrée de septembre, c’est la rechute.

Nous avons tout tenté: le faire aller aux WC après le dîner puis juste avant le coucher à 20 h 00, et le prendre dans nos bras vers 23 h 00 pour lui faire faire pipi aux WC, ce qu’il fait, mais cela ne garantit pas des draps propres le lendemain pour autant.

Nous en sommes maintenant à une phase, qui n’est pas bonne, de punitions mais j’ai le sentiment que cela n’amène à rien. Nous lui avons même tenté l’humiliation en lui remettant une couche une nuit la semaine dernière: il n’en avait rien à faire, il était même content, et il l’a tellement remplie qu’elle a débordé et les draps étaient mouillés!!!

Bref, nous ne savons plus trop quoi faire, sachant que je voudrais éviter qu’à la longue, cela finisse par le marquer psychologiquement et qu’il perde confiance en lui.

Merci d’avance pour votre aide. 

Cordialement.

Je lui réponds:

Cher Monsieur,

Vous avez sans doute lu sur mon site l’article de référence "L'énurésie et sa prise en charge   Vous constaterez qu’il s’inspire d’un état d’esprit fait de patience et d’espérance semée. Relisez-le au besoin. En ce qui concerne Gilles, il n’est même pas certain que l’on puisse parler d’énurésie: 15 à 20 % des enfants de son âge sont encore dans son cas! On ne parle pas d’énurésie avant six ans.

Vous avez hélas bloqué les choses, semé la confusion dans ses idées et augmenté son manque de contrôle de soi (par angoisse et désespoir) en vous fâchant et en l’humiliant.

Il est grand temps de vous reprendre, de vous expliquer avec lui en vous excusant, de lui redonner confiance en lui disant que ça viendra tôt ou tard, d’attendre, et d’en parler le moins possible, notamment devant lui!

Cherchez aussi comment avoir le moins d’inconvénient du lit mouillé (pas de pantalon de pyjama?) Dormir sur alèse et drap éponge? Certains enfants aiment avoir une protection d’adulte (lange – mot à bannir) parce qu’ils se sentent plus au sec et donnent moins d’inconvénients à leurs parents. S’il le souhaite, pourquoi pas? Ce n’est pas en soi un outil d’humiliation, C’est une manière de respecter son immaturité du moment et c’est une fausse croyance de penser qu’il y prend goût (apprenez-lui à le mettre et à l’enlever tout seul).

Sur cette base, je ne vous promets pas que cela s’arrangera en trois mois, mais je vous promets que l’hyper focalisation et les énervements inverses risquent de retarder les choses de trois ans.

Bien à vous.

Le papa me répond:

Bonjour Professeur,

Un grand merci pour votre réponse et d'y avoir pris le temps.

Les choses ne sont pas aussi bloquées que cela, et si nous avons grondé notre fils, nous avons cependant eu peu d'épisodes d'humiliation, fort heureusement.

Nous avons tenté avant-hier une autre stratégie, en lui montrant le soir un petit paquet de linge avec pyjama de rechange et drap + alèse de rechange, en lui disant que s'il avait un accident, il pouvait tout faire tout seul: se changer (ce qu'il faisait déjà) et surtout changer les draps du lit tout seul, et ce, afin de le responsabiliser. Nous lui avons d'ailleurs mis, au lieu de draps, un petit sac de couchage en polaire que sa marraine lui avait offert et qu'il aime bien: facile à changer et séchage rapide!

Il est encore trop tôt pour dire que c'est une réussite, nous le verrons dans les jours qui viennent, mais nous avons dédramatisé la chose avec lui, en lui en parlant seul à seul. Je vous tiendrai bien entendu informé.

Avec mes remerciements.

Je lui réponds:

Cher Monsieur,

Je ne pense toujours pas que nous sommes sur la même longueur d’ondes! Je vous propose: patience souriante à durée indéterminée, espérance, désinvestir le "problème", s’en occuper le moins possible. Je vous dis que, physiologiquement, 15 % des enfants de son âge sont en développement lent dans ce domaine et vous me répondez:

  1. → Stratégie! C’est à dire une manœuvre par laquelle on veut être plus fort que l’autre, le vaincre ... puis trouver encore et encore de nouvelles stratégies si celle-là n’est pas la bonne.
  2. → qui continue à mettre le pipi au lit "au centre" de la dynamique relationnelle, et pas comme un épiphénomène insignifiant.
  3. → avec l’idée qu’un inconfort (la pénibilité du rite imposé) va convaincre votre fils de mieux commander à ses sphincters, ce qu’il ne peut pas.
  4. → en lui imposant une tâche bien trop lourde pour son âge: faire et défaire son lit. Connaissez-vous beaucoup d’enfants de cinq ans à qui c’est demandé? A cet âge-là, c’est la maman qui fait le lit, en y mettant toute sa tendresse!

Bien à vous.

 

 

Mots-clés:

énurésie, énurésie nocturne, énurésie primaire, vasopressine, deuil, limite, estime de soi, énurésie et honte, énurésie et culpabilité, immaturité vésicale, immaturité de l’appareil urinaire, énurésie bio-psycho-sociale, propreté vésicale nocturne

Une maman m’écrit:

Bonjour Monsieur,
Merci pour les précieuses indications de votre site.
Mon fils a cinq ans et demi et n'a jamais été propre la nuit. Cet été, parce qu'il était très motivé il a souhaité ne plus mettre de couches et nous avons mis en place le système du calendrier. Les très rares nuits pour lesquels nous avons pu ou aurions pu dessiner un soleil ont été celles où nous avons réveillé notre enfant plusieurs fois par nuit. Nous avons cessé de dessiner des pluies au bout d'un mois car cela nous a apparu décourageant et le calendrier censé représenter les progrès semblait perd un peu son sens.
Depuis la rentrée, il a remis des couches et semble plus résigné.
Qu'en pensez-vous?
Merci beaucoup d'avance de vos conseils.

Je lui réponds:

Bonjour,

Si vous vous référez à mon article principal à ce propos " L'énurésie et sa prise en charge " vous pouvez en déduire que votre position est très sage. La capacité et la vitesse d’acquisition de la propreté nocturne sont très différentes d’un enfant à l’autre. A peu près dix pour cent restent énurétiques primaires jusque l’arrivée de la puberté et c’est très souvent la pression émotionnelle, l’énervement des parents et la perte de confiance en soi de l’enfant qui aggravent les choses, en ajoutant une dimension émotionnelle à ce qui n’était qu’un problème de maturation lente.

Ceci dit, même dans une ambiance familiale cool, ce n’est pas très drôle pour un enfant de six, sept ... dix ans de rester énurétique, je l’avoue ...

Alors, comment faire "au mieux"?

  • Lui redire de temps en temps que la capacité de garder sa vessie bien fermée la nuit varie très fort d’un enfant à l’autre, que bien d’autres ont le même problème, et que ça finit toujours par s’arranger mais on ne sait pas bien quand.

  • Continuer à lui proposer des "protections de grand" (évitez les mots couches et langes!) Ne pas lui donner trop de bénéfices secondaires (toilette intime ... il peut jeter sa protection lui-même le matin)

  • Il peut réessayer quand il le sent (mais en laissant passer au minimum trois mois) pour une période d’essai de maximum quinze jours. Mais attention, sans le réveiller la moindre fois (ça passe ou pas) ... Le réveiller, involontairement, c’est lui démontrer que vous n’avez pas vraiment confiance! Pour le soutenir, vous pouvez quand-même pendant la période d’essai utiliser les dessins des petits soleils (ne pas dessiner la pluie, seulement les gommettes vertes!!), voire les assortir d’un cadeau à la fin, parce que vous serez très content pour lui que son corps est devenu suffisamment fort.

  • A six ans et demi, vous pouvez "soutenir" un essai qu’il ferait par une cure de vasopressine Minirin (en lui disant que ça rend le rein plus fort chez une partie des enfants), à diminuer progressivement après deux mois si succès et après 15 jours si inefficacité.

Bien cordialement.

 

 

 

 

c

Je lui réponds:

Bonjour Madame,

Le problème de Laurent est passablement mystérieux, même pour un « vieux » docteur comme moi! Voici comment je raisonne:

  • Si c’est tellement abondant, il est tout à fait possible que Laurent ait un problème rénal pas encore détecté et qui explique en partie ses déluges: les reins ne font pas leur travail de concentration de l’urine la nuit et le traitement hormonal n’a peut-être pas marché parce qu’il n’était pas assez puissant: je vous conseille donc d’abord de revoir un spécialiste des reins, de préférence pédiatre, pour en avoir le cœur net. Vous pouvez lui montrer ce document de ma part.
  • Si ce collègue pense qu’il n’y a rien ou si de nouveaux traitements ne suffisent pas, il est tout aussi possible que d’autres facteurs entretiennent l’énurésie de Laurent.

Je vous propose alors de relire sur mon site l’article: L'énurésie et sa prise en charge   En résumé, le développement de la commande urinaire est parfois fort lent chez certains enfants et on ne devrait rien faire d’autre que attendre avec confiance.

Mais les choses se compliquent chez Laurent parce que son papa s’énerve et qu’il a l’air d’avoir très peur de la colère de son papa. Peut-être même a-t-il vu que vous vous disputiez entre adultes à cause de son problème? Donc de l’angoisse s’ajoute à un développement lent! Et quand un enfant est anxieux, il perd encore plus les pédales; il sait encore moins se commander que quand il est cool: du stress pèse sur sa vessie et contribue à sa décharge compulsive! Si le fantôme de son père qui l’enguirlande pour ça est en lui, cela s’ajoute au reste!

L’idéal, ce serait que votre ex-mari comprenne cela, comprenne que l’enfant n’est pas responsable et se montre plus positif! Si ce n’est pas possible, il faut expliquer à votre fils que ça prendra un peu plus de temps à cause de son état de peur, mais que ça arrivera certainement tôt ou tard.

En attendant, ne serait-ce pas plus confortable pour lui d’accepter de mettre le soir, tout seul, une protection (lange) d’adulte? Beaucoup d’autres jeunes dans son cas acceptent de le faire et s’en trouvent bien!

Dites-lui de ma part qu’il ne doit pas s’en vouloir: il n’a aucun contrôle sur la vitesse de la nature! Et le pipi au lit n’a jamais empêché un garçon de devenir un homme, c’est-à-dire de plaire aux filles, d’avoir des relations sexuelles avec une femme et d’avoir un jour des enfants. Dites-lui cela, s’il vous plaît, et il peut m’écrire pour me poser ses questions s’il le souhaite, cela restera confidentiel.

Enfin pour le séjour avec les copains, c’est très simple: au moins dix jours à l’avance, il peut s’entraîner à mettre une protection d’adulte, à aller la mettre et l’enlever directement dans les toilettes, et à trouver une planque pour les cacher. Et vous, trouvez-lui un pantalon de pyjama assez large, pour que ses copains ne pensent pas qu’il se balade en permanence avec l’érection du siècle.

Bien cordialement.

 

 

, propreté vésicale nocturne

Des parents m'écrivent:

Notre fils Guillaume de neuf ans fait toujours pipi au lit. Il est né avec de gros problèmes intestinaux et cela a entraîné de nombreux examens très douloureux physiquement et psychologiquement. Suite à cela il a eu de nombreuses terreurs nocturnes qui se sont finalement résolues par une thérapie à l'âge de trois ans.
Guillaume consulte toujours plus ou moins pour l'aider dans ses comportements et sa réticence à accepter l'autorité parentale. Cette année nous avons décidé de l'aider dans sa démarche pour ne plus faire pipi au lit la nuit et somme retournés voir sa psy. Celle-ci lui a expliqué que pour progresser il faut accepter l'autorité et ne plus avoir d'attitude de bébé. Suite à ses conseils notre fils nous aide à refaire son lit, il met les draps au sale tout seul. Il essaye de ne pas boire après 20 h et va faire pipi en allant se coucher ensuite comme à l'habitude je lui lis une page d'un livre de son choix.
Nous sommes partagés à l'idée de lui faire suivre un traitement par médicaments.
Car nous voyons bien que pour lui cela ne va pas assez vite. Pourtant à chaque consultation chez la thérapeute il ne fait pas pendant trois ou quatre nuits à la suite.
Je vous remercie d'accorder un peu de votre temps à nous lire.
Bien cordialement.

Je leur réponds:

Bonjour,

Avez-vous lu, sur mon site, l'article de base intitulé: L'énurésie et sa prise en charge )?

Vous verrez que je décris l'énurésie primaire comme un phénomène bio-psycho-social. Votre petit garçon, Guillaume, a probablement une immaturité dans son corps, de localisation mystérieuse, qui fait que le contrôle mictionnel nocturne, pour le moment, n'est pas facile pour lui.
En plus, ses "émotions", ses "vécus" peuvent venir s'ajouter à cette base fragile. Donc, je trouve que sa psychologue a en partie raison en lui indiquant que, s'il gagne en maturité affective, ça peut aider: vous constatez d'ailleurs que, après ses séances, il a l'air d'aller mieux trois, quatre jours (Parce qu'il a travaillé des émotions importantes? Parce que, au nom de l'espoir, il se parle plus fermement à lui-même pendant quelques nuits? Va savoir!!)

Mais je trouve qu'elle serait trop radicale, trop "psy", si elle ramenait tout aux émotions, et si elle semblait indiquer par exemple que, si Guillaume acceptait mieux l'autorité, ça irait (certainement) mieux. Cet éventuel message pourrait s'avérer plus culpabilisant et plus désespérant que positif, car il sous-estimerait la possible fonction autonome du corps. Le temps va lentement arranger les choses: temps de la maturation psychique et physique. Il faut à la fois rester patients, y inviter Guillaume qui a l'air pressé - On le comprend! - et continuer à espérer et à ne pas se braquer sur le problème en en faisant le centre du monde: ça n'en vaut pas la peine!

Ce que je préconise?

  • La poursuite de sa thérapie, mais pas dans le but de maîtriser le symptôme, dans le but d'être bien avec soi-même.

  • Si vous lisez l'article dont je vous ai parlé, vous verrez que je ne suis pas contre un essai (six semaines - puis stop si pas d’amélioration) avec la vasopressine (Minrin). Sans semer le faux espoir d'une garantie totale.

Puis, patience et faire le nécessaire au quotidien pour que le problème gène le moins possible.

 

 

M