Une maman m’écrit:

Je vis depuis plusieurs années un réel enfer avec mon petit garçon Gregor, qui fêtera ses quatre ans en mai. Il souffre de terribles problèmes de constipation depuis l'age de dix-huit mois, période où est née son petit frère. Malgré la prise de laxatifs en continu, nous vivons des périodes de réel psychodrame où il se tortille, hurle et pleure pendant des heures, nous amenant à la limite de la crise de nerfs, jusqu'à ce que finalement il "accouche" d'une selle tout à fait normale et retrouve, comme par magie, le sourire. Ces jours là, il m'est impossible de rester calme et patiente, je ressens une telle tension et un tel énervement que je ne peux m'empêcher de me fâcher, de dire des méchancetés, claquer les portes, parfois même l'enfermer aux toilettes ... Je suis tout à fait consciente que ces réactions sont absolument néfastes pour son développement, mais c'est plus fort que moi. Je ne peux tout simplement plus supporter de le voir comme ça.

J'ai consulté déjà de nombreuses fois pédiatres, gastro-entérologues (car il a développé une hémorroïde il y a deux ans), mais je n'y trouve pas l'aide dont j'ai besoin. Les problèmes de constipation semblent leur paraître d'une banalité ennuyante, et la seule réponse que l'on me donne c'est: Movicol, toujours plus de Movicol ... Un pédiatre m'a proposé de voir une psychologue, mais ne pouvait pas me conseiller une personne en particulier.

Après avoir lu votre article, je pense en effet qu'il souffre d'un trouble de la défécation, plutôt que d'une "simple" constipation. Mais cela semble absolument inconnu de tous ces ceux que j'ai consultés.

J'ai vraiment l'impression que la plupart des pédiatres ne se rendent pas compte à quel point ce problème peut affecter une famille et je n'ai trouvé personne qui soit vraiment à notre écoute. Les forums sur Internet regorgent de témoignages de parents désemparés et désespérés ne trouvant, comme nous, pas l'écoute nécessaire près du corps médical.

Que pouvez-vous me conseiller? Devons-nous envisager une prise en charge par un pédopsychiatre? A quatre ans, n'est-il pas trop jeune pour bénéficier de ce type de prise en charge?

Je vous remercie d'avance de l'attention que vous porterez à cet e-mail et je vous prie de trouver ici, cher Professeur, l'expression de mes sentiments distingués.

Et je réponds:

Bonjour,

Je suis tout à fait persuadé, en effet, que ces problèmes peuvent être vécus comme infernaux, ça emmerde toute la vie familiale, et pas un peu On aurait dû vous conseiller beaucoup plus vite de voir un psy.

Il y a deux objectifs à retrouver:

  1. Le premier, c’est que vous, et son papa gériez dans le calme ce qui est d’abord et avant tout une situation de peur et d’incapacité pour lui ... sans nier l’éventuelle composante d’opposition ... ça ressemble très fort à une opposition dictée par l’anxiété!

    Il est indispensable d’y arriver, bien que je comprenne parfaitement votre exaspération face à ce dysfonctionnement qui vous apparaît quasi inévitablement comme une résistance entachée de mauvaise volonté.

    L’ambiance d’affrontement hostile retarde par deux ou trois le moment d’une meilleure régulation.

    Je ne suis pas sûr que vos gestes doivent changer, mais leur ambiance, oui ... à l’occasion rectifiez d’ailleurs son vécu en lui demandant pardon pour vous être fâchés car vous savez bien qu’il ne le fait pas, justement, pour vous faire ch...

  2. Corollairement, un bon psychothérapeute d’enfants doit aller à la recherche de sources traumatiques et le libérer de fausses croyances: la coïncidence avec la naissance de son frère n’est évidemment pas un hasard: il a peut-être eu très peur de perdre le contenu de son ventre comme vous l’avez perdu, vous, mais pour "faire" un bébé.

    Lui avez-vous déjà expliqué quelques petits mystères du corps: d’où vient le caca? Par où sort-il? Risque-t-on de perdre parfois des morceaux de son corps en faisant caca? Et les bébés, d’où sortent-ils? Ce n’est pas le même trou ... des petits garçons peuvent-ils en avoir? etc ...

La maman me répond:

Bonjour,

Je vous remercie de tout cœur de votre réponse. Je prendrai rendez-vous chez le Dr N dès lundi.

Je pense en effet qu'il doit y avoir un lien avec cette histoire de bébé dans le ventre, avec en plus une bonne couche de phase d'opposition ou d'affirmation de soi se mélangeant à un refus de grandir. Je crois qu'il souffre pas mal de son petit frère omniprésent et envahissant qui a l'art de toujours lui voler la vedette ...

J'espère qu'avec l'aide du Dr N. on pourra débloquer la situation et que tout cela n'aura pas de conséquences au long terme pour lui ... En tout cas vous m'avez rendu l'espoir, et j'arrive à prendre un peu plus de distance par rapport à tout cela, et mieux maîtriser mes réactions.

Encore une fois je vous remercie pour vos précieux conseils.

Et je lui réponds:

Surtout, débrouillez-vous pour re-gérer la situation avec calme: "Il est nécessaire pour tout le monde de faire caca, c'est à dire de faire sortir du corps des déchets ... c'est pour ça que nous insistons, mais ce n'est pas un combat entre tes parents et moi ... donc nous allons insister de façon neutre".

Et parlez-lui bien à l’occasion des trous et contenus du ventre différents chez l'homme et la femme.

Enfin si le petit frère prend la vedette, arrangez-vous pour qu'il y ait deux vedettes, mais toutes les deux POUR DU POSITIF et que donc, cette "histoire" truc caca n'occupe que très peu l’espace de parole et d'intérêt familial.

Cordialement.

 

 

 

Une maman m’écrit:

Je suis la mère de Roxane, 9 ans et demi, qui souffre depuis toujours d'énurésie diurne, et depuis l'âge de 5 ans et demi d'encoprésie. J'ai été rassurée à la lecture de votre article, de constater que nous avons mis en application un bon nombre de vos conseils, et n'avons pas été, finalement, de si "mauvais parents" que ça. Nous avons essayé, sans jamais réussir à éliminer le symptôme via bien des activités thérapeutiques (Ndla la maman les énumère et les explique, par exemple la psychothérapie pour Roxane (dont la conclusion a été: "ça finira à la pré-adolescence, quand elle le voudra bien"). Nous avons essuyé les foudres du système scolaire et les essuyons toujours quelque peu. Heureusement, les autres enfants sont vraiment sympas et compréhensifs avec elle.

Permettez-moi le plaisir de décrire Roxane: grande pour son âge, de grands yeux verts pleins de gravité et d'intelligence, très vive. Elle a un caractère très prononcé, des résolutions qu'elle tient contre vents et marées, et se rebelle contre les injustices. Elle a du mal à réfréner son désir de toute puissance, ce qui en fait une enfant parfois colérique, avec des enjeux éducatifs forts pour les parents. Nous devons sans cesse cadrer, définir les règles, s'appliquer à les faire respecter... Elle a une grande sœur, Maud, de trois ans son aînée, et un petit frère, Thomas, de 5 ans son cadet. Elle est très agressive avec lui, surtout lorsque sa sœur est là. Plus douce, voire maternante lorsqu'ils sont seuls. Roxane est très imaginative, invente des personnages, lit vite et beaucoup. Elle parle peu, confie peu ses sentiments, et a souffert longtemps de ne pas avoir d'amis à l'école.

En ce qui concerne son énurésie, elle est maintenant complètement propre la nuit, mais se souille régulièrement le jour, par périodes de crises (jusqu'à 6 ou 7 "accidents" par jour), crises qui aboutissent en général à une période d'encoprésie. Il peut lui arriver d'être complètement propre pendant plusieurs semaines. Malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à trouver de facteurs qui déclencheraient ces crises.

En ce qui concerne la réaction parentale en cas de crise, nous avons défini une attitude commune avec mon mari: nous acceptons et compatissons aux accidents, mais restons fermes sur le fait qu'elle doive régler seule les conséquences: douche, vêtements dans le panier de linge sale, rincés en cas d'encoprésie. Malgré cela, il lui arrive de dissimuler des habits souillés, en général sous son lit, et de les oublier sincèrement et complètement, ce qui me fait en général dépasser le seuil de la patience maternelle. ... Et en souffrir, car Roxane est malheureusement la seule de mes enfants à me faire sortir de mes gonds. Nous avons essayé également de faire des choses de manière préférentielle avec elle: cinéma, séjour à deux en période de crise, nous prenons soin de l'extraire de sa fratrie lorsque nous l'amenons à une activité (nous essayons d'avoir un moment seul à seul dans la semaine avec chacun de nos enfants) Jusqu'à présent, rien n'y fait. Roxane est de plus en plus désespérée et angoissée. Elle est profondément malheureuse lorsque nous évoquons le problème.

J'ai l'envie profonde de remettre tout à plat, ce mail fait partie de la démarche. J'ai pris rendez-vous avec un service de chirurgie viscérale pédiatrique, qui est le seul à Lausanne à proposer des consultations pour énurésie diurne, un rendez-vous avec un service de gastro-entérologie pédiatrique pour l'encoprésie, un rendez-vous avec un pédopsychiatre (on me dit que Roxane est peut-être dépressive) Je redoute les examens, je redoute de me tromper et de lui faire subir des choses qui l'abîmeront plus encore. Aidez-moi si vous avez des idées, je me demande ce que ma fille gardera comme souvenirs de son enfance, je me demande comment elle pourra aborder l'adolescence dans ces conditions. Merci d'avoir eu la patience de me lire jusqu'au bout. Bonne fin de journée.

Cordialement. Sandra L.

Je lui réponds:

Chère Madame,

Roxane vit par moments des crises "mystérieuses" où elle perd (largement?) de jour le contrôle de ses sphincters. Je ne vois aucune maladie organique qui pourrait expliquer ceci. Sans doute se produit-il des événements de vie parfois perceptibles, parfois "subliminaux" pour les témoins de sa vie et pour elle (!) qui changent son bien-être intérieur à la baisse. Puis très vite, un désespoir même secret d’avoir rechuté, le stress, la honte, le dépit ...aggravent encore les choses, jusqu’à l’arrivée de l’encoprésie que je ressens comme un dernier moment de laisser-aller désespéré. Puis elle arrive à se reprendre.

Vous avez essayé beaucoup de choses pour l’aider. Si j’avais été son psy, je vous aurais probablement dit, moi aussi: "Maintenant il faut s’incliner et attendre." Parce que, en effet, en début d’adolescence (ou d’entrée à l’école secondaire), ces jeunes retrouvent tous la maîtrise de leurs sphincters (renforcement pubertaire du corps + enjeux beaucoup plus forts autour de l’image de soi). Je n’aurais certainement pas ajouté: "quand elle le voudra bien", comme cela vous a été dit, parce que c’est beaucoup plus complexe que "vouloir ou ne pas vouloir" ... ce n’est certainement pas par "mauvaise volonté" qu’il se passe ce qui se passe aujourd’hui!

Votre politique de gestion du quotidien me paraît positive, sauf que vous ne devriez pas sortir de vos gonds quand vous découvrez un slip souillé dissimulé, mais éprouver de la compassion pour la honte et le "ras-le-bol" que Roxane a dû ressentir pour en arriver là, malgré qu’elle sache qu’elle a des parents compréhensifs. Je n’ai jamais connu un enfant encoprétique qui ne faisait pas de dissimulation, malgré toutes les promesses du monde, tant, dans sa solitude, il lui arrive de se sentir malheureux et honteux.

Essayez donc d’intégrer à l’avance que, si elle vous fait une promesse de 100 % d’autogestion, elle ne tiendra le coup que 80 %. Pour le surplus, bah, fermez les yeux, lavez ces slips sans rien dire et donnez-lui un coup de main discret.

Par contre, vos derniers projets de "mise à plat" m’inquiètent et vont contre l’idée de patience émise par vous plus haut dans le texte. J’ai très peur des services médicaux contemporains, qui trouvent toujours des maux secrets parce qu’ils ne supportent pas le non-savoir, qui inventent des manœuvres plus ou moins intrusives à faire et proposent des remédiations acrobatiques qui n’en sont pas: Vous risquez de faire beaucoup pire que bien avec ces pédiatres et urologues spécialisés!! Moi, je n’y mettrais pas les pieds, même pas une fois pour voir ce qu’ils disent.

Et le pédopsychiatre? Je ne sais pas! Qu’en pense vraiment Roxane, qui connaît par cœur la chanson psy? A-t-elle "envie" (ou plutôt trouve-t-elle potentiellement utile) d’encore aller parler une fois, ou en a-t-elle ras le bol et préfère-t-elle attendre que ça parte tout seul, peut-être un peu moins vite? J’y regarderais à deux fois avant de la forcer! Si elle dit non, vous pouvez encore toujours aller voir ce collègue, votre mari et vous, (avec ce texte si vous le souhaitez) et passer en revue vos attitudes quotidiennes! (et vos vécus)

Bien amicalement.

La maman me répond:

Monsieur,

Merci beaucoup pour la rapidité et la longueur de votre réponse. Je suis globalement convaincue par votre argumentaire, et éprouve un certain soulagement à l'idée d'éviter pour ma fille un "marathon médical" J'avais pris le parti déjà ces derniers mois de lui faire confiance et d'attendre, mais une ombre reste, qui m'a donné l'envie de "tout remettre à plat", celle de la dépression. Cette préoccupation est toute récente et a balayé mes convictions: Un ami de mes parents, médecin m'a en effet dit que les symptômes énurétiques avaient cédé chez des dizaines de jeunes patients à la prise d'antidépresseurs. Il a été très sévère avec moi sur le fait que Roxane n'ait jamais vu de médecin psychiatre. Cette idée de dépression m'angoisse fortement, et encore plus l'idée de médicamenter Roxane. Comment reconnaître les symptômes de la dépression chez un enfant? Je vous avoue que je préfèrerais laisser le temps au temps, et amener Roxane faire du cheval plutôt que continuer les thérapies de tout poil. Elle a fait un an d'équitation, sur sa demande, puis sa psychomotricienne nous a recommandé de suspendre cette activité qu'elle adore, pour en faire une condition de sa propreté... ce qui n'a rien changé sur le long terme. Je m'en veux énormément. Si j'étais certaine que Roxane n'est pas dépressive, je pense que j'arrêterais toute thérapie, intégrerais encore plus ces "problèmes" comme une composante ou une limite temporaire, et pourrais me concentrer sur la douceur et le bonheur de vivre ensemble. J'ai envie de lui donner le choix d'une nouvelle thérapie, et de lui demander pardon pour toutes mes erreurs et mes colères. Il faut beaucoup de forces pour résister à la pression sociale et faire le tri des avis et des conseils. Ma conviction profonde de maman aimante et imparfaite est que ma fille est un trésor, d'une sensibilité à fleur de peau, et pour qui les enjeux éducatifs (comprendre le monde, intégrer une éthique, apprendre à se contrôler dans le stress et la colère...) sont peut-être les seuls ressorts vraiment utiles. Reste cette question de la dépression... J'ai l'idée, peut-être fausse, que l'énurésie et l'encoprésie ne sont que des symptômes d'un mal plus profond, symptômes qui se déplaceront à l'adolescence (anorexie, auto-mutilation...), tellement ce qu'elle fait subir à son corps me paraît violent. Je ne suis pourtant pas du tout une mère rigide, accro à la propreté et à l'ordre!

Pouvez-vous répondre à ces questions obsédantes, s'il vous plaît:

  • Pour ce que je vous en ai dit, Roxane présente-t-elle les signes de dépression?
  • son rapport au corps vous paraît-il déviant?
  • l'énurésie et l'encoprésie peuvent-ils dévier vers d'autres symptômes, à la puberté?

Tous avis et suggestion autres seront évidemment les bienvenus.

Merci encore de votre attention, je suis très touchée par votre bienveillance, la simplicité et les positions éthiques qui émanent de votre site. Le monde a vraiment besoin de gens comme vous. Merci.

Cordialement. Sandra L.

Je lui réponds:

Chère Madame,

Vous trouverez mes idées sur la dépression de l’enfant sur mon site ( dossier thématique Dépression)

A lire votre second texte, je vous confirme que, selon moi, tout ce que j’ai écrit dans la première réponse reste valable. En effet:

  • Les crises vécues par Roxane resteront probablement un mystère. Il n’est pas impossible que, lors de certaines d’entre elles, il y ait un vécu dépressif (perte de l’estime de soi; impression que l’on n’est plus aimé ou plus digne de l’être);

  • Toutefois, ce genre de vécu, propre à des enfants sensibles ne se soigne pas via des médicaments (inopérants chez l’enfant au demeurant) mais bien via la sollicitude délicate des parents;

  • Et via aussi peut-être la rencontre de soi et la parole exprimée en psychothérapie: mais à ce propos, vu le passé de Roxane avec les psys, je vous ai suggéré de lui demander ce qu’elle pensait de l’idée et de vous aligner sur son choix.

Bien cordialement.

 

 

 

Une maman m’écrit:

Professeur Hayez,

C'est à propos de notre fils, Victorin qui a 4 ans et demi.

Quand il avait environ deux ans, Victorin a commencé à être régulièrement constipé. Nous avons adapté son alimentation, parfois eu recours à des supo de glycérine et finalement, ça s’est arrangé par une selle tous les jours ou au moins tous les deux jours, mais parfois fort dures. Nous avions donc l'impression que tout était résolu, il a progressivement contrôlé le pipi de jour et de nuit, mais par contre, il n'a jamais fait caca sur le pot! et ne fait que pendant son sommeil (le plus souvent la nuit, quelques fois pendant la sieste).

Il y a 6 mois, on a commencé à s'inquiéter. On lui disait souvent de s'asseoir sur le pot le soir pour essayer, mais il refusait catégoriquement, j'avais l'impression qu'il avait peur. Nous avons alors vu plusieurs professionnels, kiné, homéopathe et - une psychologue.

Cette dernière nous a conseillé d'essayer pendant un temps du Movicol partant de l'hypothèse que Victorin avait peur de faire caca parce qu'il avait souvent eu l'expérience de douleur en le faisant. Nous avons travaillé également sur les choses importantes pour grandir, les avantages à être grand (par rapport à sa petite soeur d'un an par exemple). Cela a fonctionné pour la tétine, pour s'habiller tout seul, mais pour les selles, toujours refus catégorique de Victorin. Pour lui, je crois que c'est bien comme ça. Il a trouvé quelque chose qui lui convient. C'est à son papa et moi que cela pose problème et on ne sait pas quoi faire. Pour le moment, nous avons décidé de lâcher complètement prise, on ne dit plus rien là-dessus, on ne lui propose même plus le pot le soir, on lui met son lange sans commentaires et même chose le matin pour le changer, mais si dans quelques mois, cela n'évolue toujours pas??

Faut-il laisser faire le temps ou a-t-on raison de s'inquiéter parce que quelque chose s'installe durablement?

Un tout grand merci d'avance pour votre réponse.

Je lui réponds:

Bonjour Madame,

En effet, le refus catégorique et persistant de Victorin repose sur des motivations assez mystérieuses. Par ailleurs, il ne semble pas perturbé émotionnellement et n’a pas de problème physique, et il n’existe aucun enfant en bonne santé mentale susceptible de prolonger cette "aberration" au-delà de l’âge de raison (que la Bible situe autour de sept ans, si je ne m’abuse) Le plus probable est un mélange de motivations:

  • De la peur (la situation-pot, enrobée de votre mauvaise humeur l’espace d’une période/le souvenir de douleurs qui l’ont traumatisé quand il était petit)

  • Une manière de se différencier de vos attentes plus un zeste d’opposition (même un gamin charmant ne peut pas être toujours "dans le plan" de ses parents)

  • Une manière d’attirer l’attention sur lui par un reste de comportement très bébé (comme la petite sœur?)

  • Une habitude prise ... qui sait s’il n’éprouve pas un certain plaisir dans son sommeil (cfr sur mon site, l’article sur les addictions des enfants)

  • Et encore ...?

Je vous encourage donc à persister dans votre indifférence, avec quelques petites nuances:

  • D’abord, il ne doit pas le ressentir comme un désintérêt pour sa personne ... montrez lui bien toutes les dimensions par lesquelles il vous intéresse, mais pour ce problème là, justement, calme plat de votre côté ... par exemple: quand vous le lavez, gazouillez avec lui pour tout son corps ... sauf quand vous lavez son derrière, là, vous ne dites plus rien ...

  • Pouvez-vous le faire collaborer à la gestion de son originalité, dans la mesure de ses forces (par exemple, il pourrait aller chercher sa "protection" dans l’armoire, jeter celle du matin dans la poubelle, après que vous l’avez roulée en boule ...)

  • Ne plus parler de langes mais de "protection de grand"

  • Au moins une fois, sans trop tarder, mettre des mots sur ce que vous pensez qui se passe: "Victorin n’a pas de maladie; il fait un choix original; vous ne voulez pas vous battre tout le temps là-contre, mais vous préféreriez qu’il fasse caca comme tout le monde; décider de grandir, cela comporte aussi déféquer dans les lieux ad hoc; mais peut-être n’est-il pas déjà d’accord pour que tout grandisse chez lui ... vous espérez donc qu’il changera d’avis un jour, quand il le sentira ... (ce sont mes mots ... à adapter par vous, bien sûr)"

  • Le réinterpeller de six semaines en six semaines, brièvement et sur un mode cool.

  • D’ici un an, même type de réinterpellation et lui promettre en plus une très belle récompense quand il aura fait x fois (5?) dans le pot ...
    Une très belle récompense? mais oui, car c’est si difficile d’évoluer par rapport à une vieille habitude ...

 

 

Mots-clés:

encoprésie,  peur de la défécation, refus d’aller sur le pot, opposition, addiction infantile, patience des parents