Une maman m’écrit:

Bonjour Monsieur 

Je suis la maman d'un jeune garçon de 11 ans, Nathan, énurétique depuis qu'il a 6 ans suite à un passage anticipé  en 2e année primaire 

Il a eu un maître méchant, humiliant et violent avec toute la classe; il a été choqué par tout ce qu'il a vécu et s'est remis à faire pipi au lit.

Nous avons vu de nombreux psychologues car il est aussi très angoissé et a des relations aux autres conflictuelles : cela n'a rien donné.

Suite à différentes lectures, je lui ai fait passer des tests de QI et il s'avère qu'il est un enfant précoce pourrait-il y avoir une relation précocité-énurésie? Quelles pourraient-être les solutions ? Avez-vous entendu parler de cas  similaires? 

Mon fils a besoin d'aide car il ne supporte plus de "se pisser dessus" comme il dit...   auriez-vous quelques conseils pour nous? 

Je lui réponds:  

Madame, 

Il est difficile et même hasardeux de répondre à votre question, autrement que par quelques hypothèses ! D’abord, il n’existe à ma connaissance aucun groupe d’études étude qui fasse référence à un lien entre un quotient intellectuel élevé et l’énurésie secondaire. 

Il est probable, comme vous en avez l’intuition, que sa deuxième année secondaire, chapeautée par un instituteur violent, ait constitué un traumatisme très important pour lui. Mais vous ne me dites rien de la façon dont son papa et vous, vous l’avez accompagné cette année-là. Peut-être s’est-il senti abandonné de tous, même de vous ? Peut-être – si c’est bien le cas – n’va-t-il pas compris certains de vos messages (tenir le coup, etc. …) Peut-être n’va-t-il osé exprimer de la colère – et n’ose-t-il toujours pas le faire – contre vous, qui ne le sortiez pas de cet enfer à la vitesse que lui indiquait son imagination et ses espoirs d’enfant … 

L’énurésie persistante signe en tout cas qu’un mal-être, probablement lié autour de tous ces vécus pénibles, n’a pas encore été assez dit et nettoyé. C’est comme s’il se sentait toujours tout seul avec l’obligation de se défendre tout seul la nuit contre des agresseurs-fantômes. 

Vous dites que vous avez consulté « des psychologues » Quelle était leur spécialisation ? Etaient-elles (ou ils…) en mesure de faire une psychothérapie assez profonde ? Maintenant que Nathan a l’air exaspéré, ne serait-il pas motivé pour consulter un psychothérapeute compétent et pour essayer de comprendre en lui ce qu’il n’a pas encore trouvé ? Où habitez-vous ? Je pourrais peut-être me renseigner pour vous ! 

Par ailleurs, votre mari et vous, vous pourriez être attentifs à la possible existence d’une déception et d’une colère non-dites à votre égard et d’une culpabilité à ressentir cette colère. Avec beaucoup de délicatesse, vous pourriez lui en toucher un mot, au titre d’une idée peut-être saugrenue qui vous est venue récemment … vous pourriez peut-être aussi lui raconter une histoire où un petit prince n’ose pas se fâcher sur ses parents parce que (inventez alors une situation analogue) 

Soyez attentifs également, votre mari et vous, aux moments actuels où il s’affirme, s’oppose à vous, se met en colère. Sans lui donner raison sur tout, dites-lui que vous vous réjouissez de constater qu’il grandit et s’affirme. 

Cordialement.