3.2.2.7 la fessée: Quand le capitaine Haddock s'en mêle
La fessée vue par Archibald Haddock, capitaine de marine
suivi d'un article publié en 2012 par "les femmes prévoyantes socialistes (de Belgique)"
Petite prise de distance vis-à-vis des adeptes du politically correct contemporain, importé de Suède, et qui prend chez certains la forme d'une pensée unique: ils considèrent que, infliger un toucher désagréable à un enfant (par.ex., une fessée), c’est toujours un acte négatif, le vestige d’une époque ringarde où l’adulte voulait cruellement imposer son autorité; c'est nécessairement contre-productif et ça traumatise psychiquement...Ils poussent alors l’Etat à considérer toute fessée ipso facto comme signe de la violence de l'adulte, un acte de maltraitance et un délit.
Et pourtant.....
J’ai trouvé dans l’album de Hergé, Tintin « Au pays de l’or noir » un dessin plutôt roboratif…On y voit le capitaine Haddock, exaspéré par les impertinences du jeune préado Abdallah, appliquer à celui-ci le précepte romain Pueri reguntur a posteriori (1)(les enfants sont élevés par le…. ) . Je reconnais que, trois planches plus bas, on constate que la mesure a manqué d’efficacité, puisqu’Abdallah, le regard mauvais, récidive dans ses farces et attrapes de mauvais goût…. néanmoins, il n'a pas l'air d'en vouloir à son "bourreau", mais plutôt de désirer s'affronter à lui.
Et dans le film Scout toujours (G.Jugnot, 1985), Gérard Jugnot, Biquet, le grand chef, "flanque une baffe" à un des ados de la patrouille des Impala, son cauchemar, qui l'avait méchamment provoqué.
Même dans la série Fais pas ci, fais pas ça (série Tv française) hyper politically correct-contemporaine, le gentil Elliott reçoit lui aussi une baffe, du pacifique Denis Bouley, une fois où il l'avait violemment insulté.
inéma, cinéma, me direz-vous!! Que nenni! Les humains à l'oeuvre pour créer ces scènes, eux, ont estimé qu'elles apportaient un message significatif sur le fonctionnement de leur société
Non à la fessée comme système
Soyons clairs : je ne défends pas la fessée ( et autres contacts rudes avec la peau de l’enfant ou de l’adolescent) comme base de l’éducation…ce n’est jamais qu’une sanction négative, à côté de tant d’autres attitudes bien plus ressourçantes ( exemple de vie donné, dialogue, valorisation du jeune, etc…).
Par exemple, n’ont aucune efficacité les petites fessées multiples de parents épuisés qui crient, menacent, insultent et promettent mille sanctions qu’ils ne tiennent pas.
Et encore, la fessée appliquée assez systématiquement par des parents (trop) durs: c'est ici de l'abus de pouvoir humiliant si pas sadique. Et c’est vrai alors que l’enfant peut s’y identifier et apprendre à régler ses propres conflits en frappant pour un oui pour un non...
Pas non à la fessée (ou autre affrontement physique) qui marque le coup d'un événement spécial
A défaut de trouver plus dissuasif...
Si on y recourt, ce doit être rarement (une, deux…fois par an tout au plus!) et à bon escient!
De très loin en très loin, un adulte "normalement fort et bon éducateur", mais ici exaspéré, ou scandalisé, peut piquer une sainte colère face à une insolence particulièrement provoquante ou à un vrai et suffisamment important acte antisocial. Il remet alors rudement l’enfant ou l’ado à sa place via une brève (et cuisante) démonstration de force physique, que moi je n'appelle pas "violence"
Je conteste absolument qu'un tel affrontement puisse être traumatisant psychiquement...il crée davantage de prudence intérieure et c'est bien ainsi. La vie sociale fourmille d'ailleurs de témoignages informels d'adultes reconnaissants d'avoir été remis à leur place et d'avoir rencontré un jour sur leur route une vraie et musclée fonction paternelle (écoutons par exemple ce qu’en disent les enfants de Simone Weil...)
Se faire respecter de la sorte, c'est agir à l’instar du Christ qui, un jour dans sa vie, fouetta les marchands du temple (2). A l’instar aussi du lion adulte qui chasse les jeunes lionceaux impertinents d’un coup de patte, sans les blesser vraiment, et en se réconciliant très vite avec eux. Je n'appelle pas ça de la violence, mais de la légitime défense qui recadre le transgresseur.
Il y a quelque temps, dans les villages, le jeune ado, le "grand" qui avait importuné sexuellement un petit recevait un certain nombre de coups de ceinture sur son cul nu....il était puni par où (ou presque) il avait péché , en quelque sorte...peut-on jurer que ce qui se passe aujourd'hui, dans la bureaucratie et la lenteur des institutions, c'est mieux?
Un jour, dans une école secondaire belge, un ado de 14 ans rentre dans sa classe en faisant exprès de marteler avec ses pieds le plancher de bois du local. Il ne s’arrête pas après injonction verbale. Exaspéré, le prof lui « flanque une baffe »…le pauvre homme, mal lui en prit, il fut viré de son école et eut des ennuis judiciaires.
Quelle triste époque ou, à l'inverse de la fessée, les jeunes, eux, peuvent nous montrer leurs fesses, que nous devons embrasser sans protester….Jacques Brel le chantait déjà, me direz-vous, mais à l'époque, les notaires avaient le droit de se défendre...
Une spéculation en guise de conclusion
Dans nos drôles de sociétés contemporaines, nous ne supportons plus bien tout ce qui apparaît comme manque de contrôle de soi, comme échappée transitoire d'une pulsion, feu d'artifice sans lendemain de la vie qui bouillonne en nous.
Nous n'avons aucun mal à admettre ce qui est bien organisé, maîrtisé, dominé: par exemple la violence psychopathique intelligente de nombre de puissants qui s'arrangent en outre pour bien contourner lois et réglements; par exemple encore l'organisation commerciale et non-commerciale intelligente de tout ce qui se rapporte à la sexualité-plaisir...c'est censé être non-traumatisant et non-dégradant pour ses centaines de millions de consommateurs, des adultes à l'intelligence et au contrôle se soi consentants: le moment le plus originaire, le plus primitif de la pulsion, par contre, c’est toujours condamnable, même quand ça ne va pas très loin…
Et pourtant….
----Qu'il existe une bagarre physique entre deux gosses à la cour de récré, non pas dans le cadre d'un harcèlement-longue durée, mais parce qu'ils ne trouvent pas moentanément comment se faire respecter autrement, ça ce n’est pas ipso facto de la violence hautement condamnable...
----Qu’ un adulte ressente du charme, du sourire, dans son corps d'adulte, face au beau corps nu d'un enfant ou d'un ado, ça, n'est pas tout de suite de la pédophilie dégoûtante...par exemple, dans la version initiale de la gueres de boutons (Y; Robert), lors d'une scène célèbre, les gamins jouaient vraiment nus, de fesses, et c’était charmant....dans le remake de la même scène, 20 années plus tard, ils sont en slip et en singlet, car le proc. guette le cinéaste..comme ce politically correct est devenu insipide !.
Notes
(1) Pueri reguntur a posteriori :les enfants sont élevés par leur derrière….
(2) Même le chargé en chef d'affaires du Seigneur sur terre, le bon pape François, se lâche parfois dans l'avion face aux journalistes. En 2016, il leur a dit que, si un malfaisant avait insulté sa mère devant lui, ce quidam aurait reçu dans la figure son poing (pré-papal). Dont acte! Il était plus inspiré ce jour-là que quand il recommanda maladroitement l'aide des psychiatres pour les enfants à tendance homo.
[1] Martinet :petit fouet à lanières multiples et courtes dont on fessait les enfants, certainement dans les milieux populaires belges jusque dans les années 1950. En réponse à leur lettre adressée à Saint Nicolas, des enfants recevaient même, accrochées à un mur de la maison…un martinet !!!!
Echange d'idées
J' ai envoyé ce texte à quelques collèguez, pour recueillir leur avis
--Deux m'ont répondu de façon argumentée qu'ils étaient absolument contre.
--Un s'est rappelé que lors de son enfance, avec son frère, ils s'amusaient à provoquer leur père qui les menaçaient du martinet, et ils faisaient des paris sur l'exécution ou non de la menace....Comme quoi, le traumatisme psychique, ce n'est pas certain! :"...Mon frère Charles et moi aimions rire du martinet de notre père en proclamant notre double devise :1.La fessée mène le monde 2.La fessée viendra plus tard ....Nous aimions aussi rigoler d'un mythe à "facettes multiples", celui d'être les fesseurs de la Reine Victoria...".
--je vous livre en détails la réaction de Mr Jean-Paul Leclercq, psychologue:
Article "Dépassée, la fessée? " publié en 2012 par "les femmes prévoyantes socialistes"
IV. Egalité et liberté Selon Jean-Yves Hayez, psychiatre infanto-juvénile, une loi qui interdirait la moindre fessée à un enfant pourrait se révéler dangereuse socialement parlant. Pour lui, il s’agit d’une loi de classe, portée par des personnes qui laissent l’éducation de leurs enfants à d’autres. Elle ne servirait qu’à creuser un écart entre les personnes aux ressources socio-économiques élevées et plus restreintes (chez qui les recours d’utilisation de punitions corporelles sont plus élevés, voir supra). Il est clair que cette loi ne résoudrait pas tous les problèmes d’éducation et est idéaliste. Le risque est que les parents deviennent apeurés devant la moindre crise enfantine et cèdent alors à tous les caprices, en faisant de l’enfant, un enfant-roi. Nous pourrions également nous poser la question : jusqu’où ira-t-on ? Jusqu’où la loi pourrait-elle imposer le type d’éducation que nous devons donner à nos enfants ? Comment choisir les priorités d’éducation, placées à différents endroits selon chaque parent ? Les détracteurs de la fessée insistent souvent sur le fait que le châtiment corporel est puni par la loi lorsqu’il survient entre deux adultes. Dès lors, pourquoi faire une différence par rapport aux enfants ? Les enfants ne sont-ils pas des êtres humains, tout comme les adultes ? A cela, Jean-Yves Hayez rappelle que les enfants et les adultes ne sont pas totalement égaux. Les adultes possèdent une responsabilité et selon lui, « l’enfant n’a rien d’un bon petit sauvage qui finit toujours par devenir raisonnable » 9 . L’adulte est éducateur et donc décideur principal, il est important de pouvoir montrer une part de force symbolique et de poser des limites, acte d’éducation qui est primordial pour l’enfant. Bien sûr, les droits de l’enfant sont importants, ils restent des êtres faibles et il est donc nécessaire de les protéger. Cependant, il faut aussi veiller à ne pas aller trop loin. Sensibiliser la population et donner la priorité à d’autres méthodes sont des mesures nécessaires mais une loi stricte risque d’augmenter les disparités de classes et de restreindre les choix éducatifs des parents. 9 HAYEZ J-Y., A propos de la communication non-violente, http://www.jeanyveshayez.net/908-comm.htm, consulté le 30 avril 2012.
(......) (Au-delà des pistes à explorer au niveau sociétal, il est également important de sensibiliser les parents à une éducation non-violente sans verser dans la paranoïa. Selon Jean-Yves Hayez, psychiatre infanto-juvénile, une éducation non-violente « ne veut pas dire à la guimauve » 12. Il insiste sur l’importance de prendre le temps et d’avoir la patience d’écouter les besoins des enfants et en cas de punition d’en expliquer la raison. D’être authentique mais aussi de choisir les mots et les informations qui sont donnés dans un soucis de protection de l’enfant. Mais il ne faut pas non plus tomber dans la niaiserie. En tant que parent, J-Y Hayez conseille d’affirmer son autorité. Il semble en tous les cas important qu’un parent puisse s’excuser et reconnaître ses erreurs. Il est également intéressant de privilégier d’autres formes de punition que corporelles comme par exemple l’isolement par rapport aux autres personnes présentes ou la privation d’activités « extra » comme par exemple la télévision, les jeux vidéo…