"Qui suis-je? Qu'y puis-je?" (Guy Béart)

 

Je m’appelle Jean-Yves Hayez et je suis né en 1946 à Elouges , village minier (à l’époque !) du Borinage en Belgique. (Voir en bas des photos vintage du village) 
 je suis marié depuis 1970 avec Jacqueline Gauthy ; nous avons cinq enfants et quatorze petits-enfants (pour le moment….)
 Je suis psychiatre infanto-juvénile, docteur en psychologie et professeur émérite à la Faculté de médecine de l'Université catholique de Louvain,

Etudes


J’ai fait mes études secondaires au collège Saint-Stanislas à Mons. C’est un collège des pères jésuites et en Belgique l’appellation « collège » concerne l’ensemble des études secondaires. Je les ai terminées en 1963 avec 85% des points.

  A l’université, j’ai fait les candidatures en médecine en juillet 1964, 1965, 1966 aux Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur, terminées avec grande distinction, grande distinction, la plus grande distinction.
Doctorats en médecine en juillet 1967, 1968, 1969, 1970 à l'Université Catholique de Louvain (UCL), terminés avec grande distinction, grande distinction, la plus grande distinction, la plus grande distinction.
Candidature unique en psychologie, première licence, 2ème licence - partie théorique, 2ème licence - présentation du mémoire, en septembre 1967, 1968, 1969, 1970 à l’UCL, terminées avec grande distinction, grande distinction, la plus grande distinction
Stage de spécialisation en neuropsychiatrie avec orientation pédopsychiatrique dans le service du Professeur Pierre Guilmot et du Professeur Pierre Fontaine, aux Cliniques Universitaires de Louvain, aux centres de Guidance de Charleroi et de Woluwé-Saint-Lamberttà l'Institut Salve Mater à Lovenjoel, d'août 1970 à août 1974.

Thèse de doctorat en psychologie «  La guidance des parents »  présentée le 22.12.82 à la Faculté de Psychologie de l'UCL. Le jury, présidé par le Professeur P. Fontaine, lui a attribué 87% des points.

 Fonctions exercées

A partir du 1er septembre 1980, le Professeur Cassiers m'a demandé de prendre la direction de la psychiatrie infanto-juvénile à la Faculté de Médecine de l'UCl.
Administrativement, les mandats qui m’ont permis de remplir cette fonction se sont répartis de la façon suivante : professeur ordinaire à la Faculté de médecine, en date du 01/10/2001 et chef de service aux Cliniques Universitaires Saint-Luc en date du 01/10/2005.

J’ai été titulaire d'une chaire Franqui à la Faculté de médecine des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur en 2005-2006.
Au 01/10/2007, j'ai souhaité prendre ma retraite anticipée, non pour des raisons négatives (conflits, etc. ...), mais pour des raisons positives (mon image de la vie et de mon futur ; ma famille)

Je suis ou j'ai été notamment :

  - Président du conseil d'administration de l'ASBL « Ecole des parents et des éducateurs » (belges francophones) entre 2007 et 2014. 
  - Président du conseil d'administration de l'ASBL BICE - Belgique (BICE = Bureau International Catholique de l'Enfance  jusqu'au 01/02/2014. 
  - Président du CA de l'ASBL L'Atelier du lien à Ottignies.

  - Membre des comités scientifiques internationaux ou des comités de rédaction des revues suivantes : Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, Perspectives psychiatriques, Enfances & Psy et Journal du droit des jeunes. 

  - Professeur invité à l'Universidad Mayor San Marcos à Lima (Pérou)

 Commentaires


 Mon activité clinique officielle s'est déroulée sur près de 40 ans, tant sur le site de l'UCL à Woluwé Saint Lambert qu'à Louvain-la-Neuve. Elle s'est appuyée sur une démarche personnelle, - une psychanalyse - souvent utile à ceux qui essaient d'accompagner d'autres personnes en souffrance morale, par des relations d'aide de longue durée. Je me suis également formé en dynamique de groupe (cinq années de psychodrame dans le groupe « La Verveine »), et à la thérapie familiale.

J'ai orienté mon activité clinique dans deux grandes directions :

- l'une qui est habituelle aux centres de santé mentale et aux consultations privées : problèmes éducatifs, psychopathologie infanto-juvénile se présentant à domicile, troubles intellectuels ou d'apprentissage, etc.
- l'autre qui concerne plus spécifiquement la psychiatrie sociale, que j'ai toujours beaucoup investi, en Belgique et dans les pays d'Amérique latine en émergence, via le réseau d'entraide belgo-latino-américain REBLASAM, que j'ai créé en 1986.

 Dans le domaine de l'enseignement, j'ai acquis progressivement une expérience importante : en effet, dans un champ de travail comme la pédopsychiatrie, qui, de façon permanente fait appel aux capacités de réflexion, d'interprétation, d'intuition de ceux qui s'y destinent, j'ai toujours pensé qu'il fallait nécessairement combiner une activité clinique soutenue à des moments de réflexions : réunions de synthèse en petite équipe, participation à des séminaires et enseignement classique officiel.

Quant aux recherches que j'effectue, elles sont la conséquence directe des orientations cliniques que j'ai prises : un certain nombre d'entre elles ont approfondi des questions de méthodologie clinique, ou ont porté sur des études de cas, notamment dans le domaine de la guidance parentale. D'autres se sont centrées sur des questions de psychiatrie sociale.
Un premier livre -  « La guidance parentale » - a consacré une partie de ces recherches. Un second -  « L'éduquer » - l'a suivi en 1982. Ces différentes recherches ont été synthétisées pour former une thèse de doctorat en psychologie qui a été présentée le 22.12.1982.
Trois autres livres sont parus aux éditions Fleurus en avril et octobre 1986 et en 1988. Et puis, les Presses Universitaires de France ont publié dans leur prestigieuse collection, le Fil Rouge, une première partie des résultats de nos recherches dans le champ de la psychosomatique infantile et de la psychiatrie de liaison (« Le psychiatre à l'hôpital d'enfants », le Fil Rouge, 1991) Ce livre a reçu le prix honorifique de la Fondation Mustela en 1993.
Un autre ouvrage a été édité en 1997, en collaboration avec le Docteur E. de Becker, sur la prise en charge des enfants victimes d'abus sexuels. Un huitième ouvrage a été publié en 2001, puis réédité en 2007 aux éditions Dunod sur la destructivité de l'enfant et de l'adolescent et traduit en espagnol ; un 9e, en 2004, chez l'éditeur Odile Jacob, sur la sexualité de l'enfant, traduit en néerlandais.Trois autres encore ont suivi et notamment « Psychothérapies d’enfants et d’adolescents (PUF, 2014) qui est une synthèse clinique de ma méthode de travail et de mes attitudes psychothérapeutiques

Pour terminer, je désire dire ma reconnaissance et ma fierté d'avoir été formé par des cliniciens dont la valeur humaine et la longue expérience m'ont largement influencé. En conservant, bien sûr mes ressources propres, j'espère avoir métabolisé, et pouvoir transmettre à mon tour, un langage qu'ils m'ont laissé et auquel je puise encore.
Je veux citer ici différents membres de l'École belge de Psychanalyse et surtout les Professeurs Antoine Vergote et Jacques Schotte ; des membres de l'École de Psychodrame « La Verveine » ( et surtout Monsieur et Madame Freddy Turner, le Professeur et Madame Pierre Fontaine ); en pédopsychiatrie, le Professeur Pierre Fontaine, le Docteur Denise Desmedt-du Toict, les Docteurs Léon Vaneck et Jacques Delforge ( Centre de Guidance de Charleroi ); en psychiatrie générale, le Professeur Pierre Guilmot et le Professeur Léon Cassiers. Et de grands « maîtres » étrangers pour qui j'ai infiniment de respect, comme Serge Lebovici et surtout Michel Lemay. 

Une ultime précision  : j’ai fait référence dans mon parcours à nombre d’institutions catholiques et je me dois de préciser mon appartenance : j’ai été élevé chrétiennement et je me reconnais toujours dans les principales valeurs de l’Evangile (« Aimez-vous les uns les autres »). Je me sens proche de l’aile gauche, progressiste de l’Eglise : de l’abbé Pierre et de Mgr Gaillot et au pape François. Mais je ne partage pas nombre de positions de l’Eglise en matière de morale familiale : son refus de l’homosexualité, sa grande frilosité face à la contraception, sa demi-discrimination des personnes divorcées, son refus total de l’euthanasie….je regrette aussi vivement que les prêtres doivent être célibataires et de sexe masculin.

Et souhaitez-vous du plus anecdotique ?

GUIDOPORTAL, le magazine en ligne des étudiants, publie des interviews de profs que les étudiants choisissent parce su "sympa". en 2006, j'ai eu l'honneur et le plaisir d"être interviewé par lui :

"....Cette année, nous avons décidé de consacrer une interview dans chacun de nos magazines à un prof célèbre d'une université wallonne. Nous sommes donc partis à la rencontre de Jean-Yves Hayez , pédopsychiatre et professeur à l'Université Catholique de Louvain.

 

GUIDO: Quel a été votre parcours universitaire?
Jean-Yves Hayez :Après des études secondaires chez les Jésuites dans le Borinage, j'ai fait mes trois candidatures en médecine aux Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur. Ensuite, je me suis retrouvé à Leuven pour finir mon cursus universitaire. Les Wallons et les Flamands étaient encore mêlés à l'époque, c'étaient les derniers moments durant lesquels il régnait une bonne ambiance entre nous. Je n'ai jamais quitté l'UCL, vu que j'y ai aussi fait mon assistanat, durant l'époque de crise du Walen buiten.

'J'avais en moi le virus de l'enseignement'

GUIDO: Pourquoi vous être dirigé vers une carrière académique? 


Jean-Yves Hayez :Il y a un double axe dans la carrière des médecins: l'axe du travail clinique, ce qui m'a amené progressivement à devenir un chef de service associé. Parallèlement à cela, il y a le côté académique, j'ai donc passé un doctorat en psychologie, ce qui m'a permis d'entreprendre une carrière académique. J'avais en moi le virus de l'enseignement, j'ai même tenté de commencer la philologie classique, mais c'est la médecine qui m'a rattrapé. J'ai toujours apprécié de dialoguer avec les jeunes, transmettre mes connaissances.

GUIDO: Quel souvenir gardez-vous de votre première journée à l'université? 


Jean-Yves Hayez :Je venais d'un petit village du Borinage, je n'étais donc pas du tout un homme de la ville. J'étais en plus très timide et pas très habitué à trop de contacts sociaux. Si je ne devais employer qu'un seul mot, c'est que j'ai été impressionné. Les profs, pour moi, étaient des personnages lointains, auréolés de tout un savoir, je ne pensais donc pas remettre en question la transmission de savoir qu'ils proposaient. Les profs étaient pour moi des gens qui étaient sur une planète inabordable.

'Les cours sont un moment de transmission'

GUIDO: Comment concevez-vous votre façon de donner cours?
Jean-Yves Hayez :J'ai toujours considéré mes cours (que ce soit des cours magistraux ou des séminaires) comme un moment de transmission d'une expérience de vie ou une expérience scientifique. Donc, j'ai toujours pensé que je ne devais pas passer mon temps aux cours à lire ou à résumer mes syllabus. L'essentiel de mon enseignement est de l'ordre du témoignage, je parle de ce que j'ai vécu avec un certain cas plutôt que de développer une théorie sur le sujet. Je pense que c'est cela que les étudiants attendent de ma présence aux cours. Je me focalise donc plus sur une certaine transmission de soi plutôt que sur un résumé d'une quelconque matière. J'aime beaucoup leur proposer de dialoguer avec moi aux cours, échanger des opinions, avoir du return même si c'est difficile devant le plus grand nombre. J'aimerais même que ce soit parfois plus interactif que ce ne l'est déjà.

GUIDO: Quelle est la qualité indispensable d'un bon prof d' unif?


Jean-Yves Hayez : Pour moi, la qualité principale d'un prof d' unif doit être l'authenticité. Cela implique qu'il y a un certain nombre de questions dont on ne connaît pas la réponse, on est parfois dans l'incertitude. Il faut dire cela aux étudiants. On est dans une grande nuance d'idées, il ne faut pas que les étudiants croient que tout est établi.

GUIDO: Quelles sont selon vous les différences entre les méthodes d'apprentissage d'hier et d'aujourd'hui? 


Jean-Yves Hayez :J'ai quand même l'impression qu'on impose encore aux étudiants médecins un savoir théorique de détails, encore plus que lorsque j'étais étudiant. On leur propose aussi une médecine plus technique, plus centrée sur l'ordinateur. Nous avions, nous, des maîtres qui étaient de très grands médecins cliniciens. Ils nous apprenaient vraiment à rencontrer le malade, le toucher, lui parler. On dirait que maintenant on habitue de plus en plus les étudiants à se référer à des examens paracliniques ou à des résultats de laboratoire. Je ne dis pas que l'art de l'examen clinique s'est perdu, mais il est un peu passé au second plan.

GUIDO: Y a-t-il aussi des différences dans le comportement des étudiants? 


Jean-Yves Hayez : Comme l'a dit un poète: "Les valeurs de la jeunesse sont éternelles". Il y a beaucoup d'étudiants qui restent idéalistes, qui conçoivent leur métier comme quelque chose qui va donner du sens à leur vie, mais qui va aussi être un service pour la société. C'était ainsi lorsque j'étais étudiant et je crois que fondamentalement ça n'a pas grandement changé. Il y a quand même quelques différences, on était auparavant dans un rôle assez soumis, on ne mettait pas en question le savoir du prof, ce qui est le cas aujourd'hui et tant mieux. Ce n'est pas chez moi que vous entendrez un discours de vieux combattant disant que la jeunesse est en train de perdre son idéal et de sombrer dans le matérialisme.

'Il y a un fou dans l'auditoire!'

GUIDO: Il doit bien y avoir quelques expériences inédites dans la vie d'un prof d' unif… 


Jean-Yves Hayez :En effet, je m'en souviens d'une en particulier. Je donnais un séminaire à une soixantaine d'étudiants en médecine et j'étais dans la cabine technique en train de préparer une vidéo quand un étudiant arrive précipitamment en me disant qu'il y a un fou dans l'auditoire. En effet, au milieu de l'auditoire se trouvait le prophète Philippulus! ( ndlr: pour les amateurs de Tintin, relire 'L' Etoile Mystérieuse') Un type de 40-50 ans, maigre, avec un grand imperméable était occupé à gesticuler comme un fou. J'ai vite remarqué qu'il n'était pas dans son état normal. Il venait en fait régler ses comptes avec les psychiatres qui ont gâché sa vie! Que faire alors avec soixante étudiants, effrayés, mais quand même curieux de voir ma réaction? Je lui ai donc donné la parole devant les étudiants. Il a alors commencé un discours tragi-comique, c'était un vrai schizophrène qui était persuadé que les psychiatres avaient volé son cerveau. Quand il est enfin parti, j'ai ramassé des tas de questions de la part des étudiants qui se demandaient pourquoi on laissait un tel schizophrène se balader librement, etc. Cet événement a donc ensuite donné lieu à l'un des plus beaux débats de ma vie.

GUIDO: Vous êtes également très engagé politiquement? 


Jean-Yves Hayez : Oui, au sens large du terme. Par exemple, je fais partie de l'Observatoire Citoyen qui a suscité beaucoup de réactions au moment de l'affaire Dutroux. On a crée un Observatoire des Droits de l'Enfant, on a des coopérations avec l'Amérique Latine, j'essaie d'entraîner mes étudiants dans ces organisations. Quand il se passe un événement politique qui concerne les enfants, je l'attrape au vol et j'en discute au cours. Je veux que mes cours soient incorporés dans la société et ne soient pas des petites bulles en-dehors de toute réalité. Par exemple, j'ai commencé mon premier cours en psychologie sur les enfants de Meslan. A partir de là, je les fais réfléchir sur les enfants traumatisés par la violence politique en Bolivie. J'essaie aussi de les engager politiquement quand eux aussi sont victimes d'abus, comme par exemple la question du numerus clausus tel qu'il a été conçu. C'est un scandale d'arrêter les gens en dernière année d'études, de faire seulement des tris à ce moment-là

Deux conseils pour réussir l'examen du professeur Hayez

1. S'imprégner de la matière

'Il faut venir au cours, fermer les yeux et s'imprégner de tout ce qui se dit au cours, en prenant quelques notes, mais plus sur la manière dont je résonne ou j'envisage tel ou tel point que sur la matière en elle-même.'

2. Etre soi-même

'A l'examen, les étudiants ont le droit d'être eux-mêmes, mais sans être des farceurs. Je sais quand même repérer un étudiant qui fait une dissertation générale et vide pour meubler du papier et qui n'a jamais mis les pieds à mon cours d'un étudiant qui reprend des choses qu'il a entendues et les discute intelligemment. C'est évidemment le deuxième qui va me plaire.'

Quelques images vintage 

(1) Elouges petit village ex-minier, 5000 habitants, dans le Borinage

 Elouges  église du centre

 

(2) A la fin des études primaires, le certificat tant attendu

 école d'Elouges  

 

(3) le tram 6 Eloges-Dour-Mons ... C'était l'époque (1950-1970) où dix lignes de tram sillonnaient le Borinage, s'entrecroisant avec les petites lignes de train omnibus ou de trains de charbon

 le tram 6