8.3.2012
Dépassée, la fessée? (femmes prévoyantes socialistes)
IV. Egalité et liberté Selon Jean-Yves Hayez, psychiatre infanto-juvénile, une loi qui interdirait la moindre fessée à un enfant pourrait se révéler dangereuse socialement parlant. Pour lui, il s’agit d’une loi de classe, portée par des personnes qui laissent l’éducation de leurs enfants à d’autres. Elle ne servirait qu’à creuser un écart entre les personnes aux ressources socio-économiques élevées et plus restreintes (chez qui les recours d’utilisation de punitions corporelles sont plus élevés, voir supra). Il est clair que cette loi ne résoudrait pas tous les problèmes d’éducation et est idéaliste. Le risque est que les parents deviennent apeurés devant la moindre crise enfantine et cèdent alors à tous les caprices, en faisant de l’enfant, un enfant-roi. Nous pourrions également nous poser la question : jusqu’où ira-t-on ? Jusqu’où la loi pourrait-elle imposer le type d’éducation que nous devons donner à nos enfants ? Comment choisir les priorités d’éducation, placées à différents endroits selon chaque parent ? Les détracteurs de la fessée insistent souvent sur le fait que le châtiment corporel est puni par la loi lorsqu’il survient entre deux adultes. Dès lors, pourquoi faire une différence par rapport aux enfants ? Les enfants ne sont-ils pas des êtres humains, tout comme les adultes ? A cela, Jean-Yves Hayez rappelle que les enfants et les adultes ne sont pas totalement égaux. Les adultes possèdent une responsabilité et selon lui, « l’enfant n’a rien d’un bon petit sauvage qui finit toujours par devenir raisonnable » 9 . L’adulte est éducateur et donc décideur principal, il est important de pouvoir montrer une part de force symbolique et de poser des limites, acte d’éducation qui est primordial pour l’enfant. Bien sûr, les droits de l’enfant sont importants, ils restent des êtres faibles et il est donc nécessaire de les protéger. Cependant, il faut aussi veiller à ne pas aller trop loin. Sensibiliser la population et donner la priorité à d’autres méthodes sont des mesures nécessaires mais une loi stricte risque d’augmenter les disparités de classes et de restreindre les choix éducatifs des parents. 9 HAYEZ J-Y., A propos de la communication non-violente, http://www.jeanyveshayez.net/908-comm.htm, consulté le 30 avril 2012.
(......) (Au-delà des pistes à explorer au niveau sociétal, il est également important de sensibiliser les parents à une éducation non-violente sans verser dans la paranoïa. Selon Jean-Yves Hayez, psychiatre infanto-juvénile, une éducation non-violente « ne veut pas dire à la guimauve » 12. Il insiste sur l’importance de prendre le temps et d’avoir la patience d’écouter les besoins des enfants et en cas de punition d’en expliquer la raison. D’être authentique mais aussi de choisir les mots et les informations qui sont donnés dans un soucis de protection de l’enfant. Mais il ne faut pas non plus tomber dans la niaiserie. En tant que parent, J-Y Hayez conseille d’affirmer son autorité. Il semble en tous les cas important qu’un parent puisse s’excuser et reconnaître ses erreurs. Il est également intéressant de privilégier d’autres formes de punition que corporelles comme par exemple l’isolement par rapport aux autres personnes présentes ou la privation d’activités « extra » comme par exemple la télévision, les jeux vidéo…
15 mars 2012 : accident de car à sierre en suisse...30 enafnts belges tués
Forum chatt sur la RTBF
Comment venir en aide aux victimes après cet accident de car en Suisse ? Y a-t-il une procédure particulière à suivre ou faut-il simplement laisser faire le temps ? L'accompagnement pour les jeunes victimes est-il spécifique ? Comment aider leur entourage ? Jean-Yves Hayez, pédopsychiatre, docteur en psychologie et professeur émérite à l’UCL était l’invité de notre chat à 11h30. Il a répondu à vos questions.
"Un enfant gravement traumatisé nécessite : présence forte, amicale et maternante à ses côtés, écoute des besoins qu'il exprime, invitation à parler sans néanmoins lui faire violence et le remettre quand c'est possible en position d'acteur c'est à dire de quelqu'un qui peut contribuer positivement à la vie sociale (le contraire d'une victime)", explique Jean-Yves Hayez.
En d'autres termes, "les laisser s'exprimer, les écouter à fond, les aider à donner des détails de ce qu'ils pensent et ne pas vouloir trop vite rectifier le tir de leurs idées. L'enfant attend plus d'être écouté que d'être éduqué par le savoir des adultes".
Attendre qu'il parle mais pas trop longtemps
S'il est bien d'atttendre que l'enfant s'exprime, le pédopsychiatre conseille de ne pas "s'éterniser" non plus. "Si un enfant ne parle pas après 72h, allez vers lui, demandez gentiment ce qu'il pense et ce qu'il vit à propos de ce qui s'est passé (...). Bref amorcer la pompe sans jamais que l'insistance soit violente".
Que faire en cas de silence ?
"Certainement ne pas lui en vouloir pour son silence. L'accueillir en acceptant probablement son mal être (tolérance à des régressions, à de la mauvaise humeur), relancer de temps en temps la question de la parole, notamment en parlant soi-même devant lui. Mais en acceptant fondamentalement qu'une minorité d'enfants considèrera que le silence est la meilleure façon de se rééquilibrer. Comme le disait, une internaute précédemment, c'est peut-être dans dix ans qu'ils parleront", explique notre invité.
"On est chacun soi-même. Le pire serait d'imaginer qu'il y a une aide standard", ajoute-t-il.
Faut-il consulter un psy ?
"La consultation d'un psy n'est pas une obligation dans ces conditions. Toutefois quand le traumatisme est fort, le psy a parfois des idées auxquelles les parents ne pensent pas et des techniques pour aider à se libérer des pensées les plus pénibles. Par exemple, la honte, la culpabilité, une colère irrationnelle contre les parents qui les envoyé dans cet autocar, etc. Plus facile d'en parler à un tiers dont c'est le métier".
Ne pas oublier les frères et soeurs
"N'oublions pas que le vécu traumatique est presque aussi fort chez les frères et soeurs et les amis", insiste Jean-Yves Hayez. "Chez ceux-ci, au chagrin et à l'angoisse se mêle assez souvent la culpabilité parce que les frères et soeurs se reprochent d'être survivants ou d'avoir manqué de gentillesse vis à vis de l'enfant disparu. Bien penser à mettre au jour cette culpabilité".
Et de conseiller à un internaute dont la soeur a survécu à cet accident : "Ayez tous l'oreille bien ouverte pour entendre des questions qu'elle balbutie peut-être parce qu'elle a peur de se le dire tout haut. Mais par ailleurs, en tout cas, pendant 10 à 15 jours, ne précédez pas ses silences. Laissez-lui le temps de penser et de faire davantage de paix en elle. Elle a d'abord besoin de votre présence amicale où vous lui montrerez combien vous l'aimez, combien vous veillez sur elle".
Laisser les enfants continuer leur vie
Si certains parents ont tendance à surprotéger leur enfant après un tel évènement, ce n'est peut-être pas la bonne chose à suivre, explique notre invité. Si cette angoisse est "bien normale et fait du bien à tous, il faut rouvrir le nid et permettre aux enfants de reprendre l'aventure de la vie avec les risques et le hasard inévitable dont elle est porteuse". En d'autres termes, accepter que les enfants "continuent à prendre les petits risques normaux de la vie sociale".
Cela vaut pour tous les parents, victimes ou non de ce drame. Quant aux enfants qui vivent l'évènement de loin et qui pourraient être "traumatisés par procuration". Le mieux est d'extérioriser "nous-mêmes nos idées et nos émotions". "Nous gagnons à partager nos émotions", dit-il, "avoir peur pour eux, c'est aussi leur dire qu'on les aime".
Quelle reconstruction possible ?
"Un enfant ayant vécu un traumatisme majeur finit souvent par se reconstruire, c'est à dire par ce remettre debout dans la vie, surtout s'il a été bien accompagné et sans nier qu'il a des cicatrices spécifiques à porter pour très longtemps, si pas pour toujours", ajoute-t-il. Il est d'ailleurs possible qu'"une partie des enfants ne remontera jamais dans un autocar".
Et de conclure : "Gardez l'espoir dans la reconstruction possible de tous les enfants gravement traumatisés, mais pas à n'importe quel prix. Accueil, patience, tolérance, écoute, invitation à la parole et consultations spécialisées pour les plus perturbés, restent les maîtres-mots".
C. Biourge
Et aussi 3 minutes audio à leur sujet
http://www.jeanyveshayez.net/tele-mp4/2012-sie.mp4
25 mai chatt sur la libre belgique après l'infanticide de la petite Diana
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