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N.B. Vous pouvez aussi aller consulter, dans le menu "échanges interactifs de courriel" la rubrique Perversion ; j'y réponds à des préoccupations d'internautes à propos de pratiques sexuelles déviantes.

 

agressif



Pourqui cet essai ? Au fil de ma carrière professionnelle, j'ai rencontré quelques enfants et adolescents porteurs d'une solide perversion sexuelle, en étant confronté aux aléas de leur éducation et des soins à leur apporter. Quelques-uns, une trentaine en quarante ans.
Sommet d'un iceberg ou grande rareté d'une telle structure, du moins sous sa forme chronicisée ? Un des buts de cet essai est d'y réfléchir en ne tranchant d'ailleurs ni par l'angélisme, ni par la dramatisation.
Sur les forums et dans les chats d'Internet, au moins là, les langues des jeunes se délient ; même sans être assez naïfs pour croire que tous ceux qui y annoncent leurs 12 ans les ont vraiment, ni que tout ce qui s'y dit est de l'ordre du réel concret, on ne peut pas non plus faire la politique de l'autruche il y fourmille des milliers de témoignages d'un rapport - breugelhien? impertinent? inquiétant? - que les mineurs d'âges entretiennent avec une sexualité qui est tout sauf politically correct. Mors, comment la gérer quand on en découvre les signes ? Faut-il essayer d'en prévenir quelque chose ? Et si oui, comment?
Beaucoup plus souvent, j'ai été confronté au profond désarroi des parents face à des indices ou à des expériences tout à fait inattendues : que dire à ce jeune de il ans surpris dans un superbe transvestissement? Et à cet autre, dont ils découvrent - par hasard? - qu'un gros dossier de son ordinateur contient des dizaines d'images consacrées au sado-masochisme, à la zoophilie ou aux plaisirs urinaires ? C'est de toutes ces petites et grandes bizarreries dont je voudrais parler ainsi que des conduites à recommander aux parents et aux soignants, sans sourire ni diaboliser!o


Je me centrerai sur la tranche d'âge six-treize ans, chez des mineurs d'âge d'intelligence normale, non autistes, non psychotiques.

 

 

§I : LE CHAMP DE SEXUALITE DANS LEQUEL S'INSCRIT UN FONCTIONNEMENT PERVERS.

 



I - Les enfants ont des activités sexuelles intentionnelles et habituellement assez espacées  dès l'âge de 4-5 ans; leur intensité augmente  au fur et à mesure que s'approche la puberté.
Plus ils grandissent; plus ils s'avèrent capables de les mener avec une discrétion efficace, loin du regardes adultes, tant par prudence que parce qu'ils adhèrent vraiment à une norme culturelle qui le demande.
Une seule catégorie d'activités sexuelles échappe davantage à cette recherche de " privé ", ce sont celles qui sont générées par l'angoisse, qu'elle résulte elle-même d'un traumatisme introjeté, d'un vagabondage de l'imagination ou d'une organisation névrotique : ici, la compulsion à faire des abréactions ou/et vérifications sexuelles conduit régulièrement à une certaine publicité, dans un contexte de tension, voire de violence.
 
II - Les autres activités sexuelles, les discrètes, solitaires ou en compagnie, sont majoritairement des activités sexuelles développementales saines, qui répondent aux critères cliniques décrits dans l'article
 Sexualité des enfants qui vont bien

Plus rarement, elles peuvent s'avérer préoccupantes, en ce sens que la majorité des parents et des cliniciens qui auraient à les connaître les jugeraient pathologiques, ou pathologiques et mauvaises (2) à la fois.

III - Sur un tableau de fréquence décroissante de ces catégories sexuelles préoccupantes, on trouve d'abord, quasi avec la même fréquence, les activités sexuelles générées par l'angoisse, dont j'ai déjà dit qu'elles se manifestaient parfois publiquement et les activités sexuelles des enfants sans retenue sexuelle, précocement hyperérotisés (hyrerreactive children des américains)
Viennent ensuite, déjà beaucoup moins fréquentes, les abus sexuels, dictés par la recherche du pouvoir et les quêtes affectives sexualisées.
Viennent enfin les activités perverses, transitoires le plus souvent ou destinées à se chronifier plus rarement, qui font l'objet de la suite de l'article.


§ II : MECANISMES DE MISE EN PLACE D'UN FONCTIONNEMENT SEXUEL PERVERS



Il en existe trois principaux. Je les décrirai d'abord séparément, puis j'évoquerai leurs combinaisons possibles et les pronostics d'évolution qui en résultent.

I. Par hasard, l'enfant fait la découverte qu'une activité sexuelle particulière lui procure un très grand plaisir : plaisir physique local, réminiscence de plaisirs archaïques, plaisir de vivre que l'on fait une expérience exceptionnelle; etc ...

 

bizarrerie sexuelle


Il ne s'y attendait pas, mais il va très vite apprendre à reproduire cette inondation de plaisir jusqu'à parfois en devenir dépendant. Il se fixe donc à l'activité, qui devient une conduite addictive.
Par exemple, beaucoup d'enfants qui se travestissent à l'occasion, pour jouer, dans une sorte de carnaval où tout paraît possible, ne deviennent pas pervers; néanmoins, tel d'entre eux a pu éprouver, par hasard, une violente érection à travers des sous-vêtements féminins un peu étroits; par la suite, ce n'est plus se travestir qui l'intéressera mais réexpérimenter ce moment de jouissance exceptionnel; pour y arriver, il peut se mettre à élaborer et à réaliser secrètement un scénario, strict dans la partie la plus centrale du script, et éventuellement de plus en plus compliqué dans ses détails : il passe du travestissement au transvestissement ( Chiland, 1997, 27 et sq. ).
A l'origine de l'expérience princeps, il peut exister un pur hasard : l'ennui, une opportunité externe, l'entraînement par un autre ...
Il peut également exister une motivation affective plus précise, mais qui, en soi, pouvait avoir un effet indéterminé, non nécessairement perversogène. En voici l'un ou l'autre exemple :
 - Par " identification à l'agresseur ", tel enfant, fille ou garçon, lui-même objet de violences, se met à molester des plus petits, physiquement et sexuellement; il peut aussi exercer des cruautés sur un animal, et un malheureux hasard veut qu'il y trouve un plaisir extrême.
 - Pour comprendre et dominer son propre traumatisme sexuel, tel préadolescent se met à cyberdraguer de louches internautes sur des salons de chat du genre " Maître cherche lope " ... et il éprouve beaucoup de plaisir à jouer la lope, au point de passer du virtuel au réel.

Lorsque cette recherche d'un plaisir fort et à tout prix s'amplifie, au moins deux mécanismes de régulation contraires peuvent intervenir :
----- Des Instances Intérieures peuvent essayer de s'y opposer jusqu'à un certain point ( système de valeurs : Idéal du Moi et Image de Soi; Sur- Moi plus archaïque ) : personne n'entre en une fois dans la perversion comme un tout ou rien! Si l'on écoute bien, on voit donc que l'enfant préoccupé, se pose et pose la question : " Suis- je normal? ".
---- Des voix extérieures peuvent encourager le jeune à être lui-même sans se soucier d'autrui. C'est ce qui se passe, par exemple, sur les grands sites Internet de forums et de chats entre jeunes - lieux arrosés, il est vrai, par quelques adultes zélateurs - : les petites perversions, celles qui ne mettent pas en question les Lois Naturelles, sont banalisées et encouragées.

Ainsi, le jeune qui écrit le texte ci-joint : "I sometimes think that I am a freak because for some reason I am very attracted to boys feet. If there is a barefoot boy somewhere, I have to look at his feet and toes. Or even if they are wearing sandals, I have to look. I think boys feet are so cute but don't know why I have this kind of attraction for their feet. Is this normal ? "... reçoit certainement, par forum ou par mail, de plusieurs correspondants de son âge et plus âgés, des réponses dont la synthèse est : " Ce que tu décris, Mike, c'est le fétichisme des pieds; et pourquoi pas? Des tas de jeunes le vivent. Sois toi-même ".

II. L'hypothèse freudienne sur la perversion, centrée sur l'angoisse, son refoulement et son déni, peut par définition s'appliquer précocement, mais il est bien difficile d'en étayer cliniquement l'existence lorsque l'interlocuteur est un enfant.
Quoi qu'il en soit, lors de la petite enfance, entre des phases d'investissement primitif et oedipien des parents, il se lèverait donc des angoisses très fortes autour de la rencontre corporelle, sexuée de l'autre : le corps des parents, surtout de la mère, pourtant désiré, est aussi vécu comme effrayant; la scène primitive également. L'enfant refoule radicalement et ce qu'il s'en représente et ses désirs à lui d'une rencontre intime avec cet autre si étrange.
Son refoulement est intense, stable, et le protège de l'angoisse à l'avenir. Et l'enfant met au point des fantasmes et des comportements dénégateurs-compensateurs où s'exercent surtout des pulsions partielles, et qui sont sources de plaisirs forts.

ILL. Voici la question qu'une maman posait dans le journal des familles "Le Ligueur". Il n'est pas exclu, justement, que le petit garçon dont il est question ici vive une grande envie et une terreur à l'idée - inconsciente - d'une rencontre intime avec sa maman; peut-être, en référence à son éducation, celle-ci a-t-elle induit trop de culpabilité autour de la sensualité oedipienne ...
" Un jour, dans la salle de bain, je surpris mon fils de 6 ans ayant ligoté sa soeur, âgée de 3 ans, à une chaise avec une ceinture. Très excité, il sautait de tous côtés, nu comme un ver, le sexe en érection. Je fus, je l'avoue, assez surprise par cette scène inusitée. Je ne l'ai pas grondé mais je lui enjoignis de ne plus jamais attacher sa soeur de la sorte. A cela, il me répondit : " Mais elle aime ça! ".
Le lendemain, étonnée par un calme inhabituel, cette maman alla jeter un coup d'oeil dans la chambre de Guillaume. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver son enfant dans le même état que la veille, mais cette fois, face à toutes ses peluches ligotées les unes aux autres.
Poursuivant, la mère dit " Je n'ai pas pu m'empêcher d'être très saisie par la scène. Dans mon éducation, tout ce qui touche à la sexualité était tabou. Sans doute Guillaume a-t- il perçu mon trouble car, prestement il cacha ses peluches dans son sac à jeux situé sous le lit. D'un air faussement banal, il me dit : " Laisse-moi maman, je jouais un peu! ".

Ill 2. Et que dire de ce jeune adulte solitaire, très timide avec les filles, et qui décrit la relation avec ses deux parents, et surtout sa mère, comme " glacée ".
Il est très malheureux de ce qu'il appelle la stagnation de sa sexualité. Elle n'est que masturbatoire, et, une bonne partie du temps, consacrée à la masturbation anale avec des objets. " J'ai commencé à 9 ans " dit-il." J'avais trouvé une revue porno où une femme se masturbait le vagin à plusieurs doigts. Peut- être que j'ai voulu l'imiter, mais le lendemain, je m'entrais le goulot d'une bouteille de Coca dans le derrière. Et j'ai toujours continué ".

III. Autre mécanisme possible, c'est le désir de bafouer les lois, depuis les simples normes culturelles et sociales jusqu'aux Lois les plus naturelles.
Dans sa forme la plus radicale, ce désir de bafouer, souvent subtilement exprimé, est sans limites; il inclut donc la destruction morale et parfois même physique de l'autre.

---- Souvent on constate qu'au moins un parent, plus fréquemment la mère, encourage cette manière d'être où la volupté suprême, c'est d'être anarchique.

ILL. Bien que l'illustration soit un peu caricaturale, on se souviendra de la mère et de la soeur de Malagnac, le mettent en contact avec Roger Peyrefitte à l'âge de 12 ans, pour qu'il fasse la connaissance d'un monsieur qui écrivait si bien sur les jeunes adolescents ...

D'autres parents, porteurs de conflits psychiques mal liquidés, peuvent avoir une envie inconsciente de vivre telle ou telle pulsion partielle par la procuration de leurs enfants. Face à une activité déviante, ils lui envoient donc un double message, voire ne les répriment pas du tout.


---- Parfois, c'est plus ciblé et indépendant des encouragements des parents : lors d'une mauvaise passe, lors d'un moment de haine particulièrement fort contre les adultes, lors d'un moment de solitude mal supporté (3), tout enfant peut avoir envie de s'étourdir, de se venger, et peut-être de s'auto-détruire, en faisant l'expérience de ce qu'il sait être le Mal.

---- Mais il y a peut-être plus " banal ", qui a à voir avec l'augmentation de l'hédonisme ( Lazartigues, 2002 ) et des conduites addictives dans l'ensemble de la population (5) , le recul et l'émoussement des normes sociales et familiales, couplé à des incitations omniprésentes à la consommation, font que beaucoup ne se sentent plus contenus par un Père social fort; pour consommer du plaisir, ils se donnent donc le droit de faire n'importe quoi; si l'on retenait les leçons de l'Histoire, on se souviendrait que c'est ainsi qu'ont commencé la décadence puis la mort de bien des civilisations!

Ill Si vous faites entrer le mot-clé « infantilisme » sur un bon moteur de recherche du web, vous verrez que des milliers de personnes vivent une partie de leur temps déguisées en bébés, s'oubliant dans leurs langes, se donnant ou se faisant donner des biberons, avec ou sans tripotages sexuels associés ... ils échangent des considérations sur leur histoire et leurs manies dans des forums spécialisés, constituent des couples symétriques ou complémentaires, hétéro ou homo ... un psychologue infantiliste intellectuellement bien doué leur explique qu'il ne s'agit pas d'une perversion, mais d'un épanouissement génétique et leurs témoignages écrits révèlent que pour une partie des personnes concernées, les premiers vols et poses secrètes de langes ont commencé à partir de 7,8 ans


D. Combinaison de ces facteurs et évolution le l'organisation perverse. 

Le facteur A existe souvent à lui tout seul; c'est probablement alors que le risque de maintien de l'activité perverse est le plus faible. L'enfant est plutôt libre intérieurement et sa créativité lui trouve d'autres sources de plaisir.
Lorsque le facteur B existe, le facteur A vient le plus souvent s'y ajouter secondairement. Le risque de chronification est grand, surtout si des attitudes externes de l'entourage persistent à montrer que la rencontre avec l'autre est effrayante.
Lorsque le facteur C existe, le facteur A s'y surajoute également souvent. Le risque de chronification est surtout lié à la complicité subtile de l'entourage ou à la solitude perdurante et discrètement mal supportée par l'enfant.
Donc, le risque de chronification existe bel et bien. Toutefois, même alors, l'envahissement par le projet pervers est variable:

A la limite inférieure, et sans doute principalement en référence au mécanisme A, on peut dire qu'il y a des composantes perverses mineures, observables dans le discours et le comportement sexuel de chacun et qui se préparent dés l'enfance ( Bokanowski, 1995, p. 1416 ).
A l'autre extrême, le plus touché, le besoin de réaliser l'activité perverse est contraignant, toute autre forme de sexualité est exclue et la vie quotidienne est invalidée par la tyrannie de la perversion.

On ne devrait donc recourir au diagnostic " perversion sexuelle ( effective ) " chez l'enfant que lorsqu'existe une certaine chronification et un envahissement important de son énergie psychique par la déviance. Sinon, même s'il s'agit structuralement d'un fonctionnement pervers momentané ou limité, on protège l'enfant socialement en restant vague dans le diagnostic qu'on porte sur lui.


§ III : INDICATEURS CLINIQUES.


I - La forme de l'activité sexuelle est bizarre, éventuellement archaïque. Elle est " hors attente culturelle ", " hors normalité statistique " de ce que sont le développement et les intérêts sexuels d'un enfant de l'âge concerné. Elle choque l'adulte témoin par son étrangeté.

A - Cette bizarrerie constitue un signal d'alarme souvent valable. En voici l'un ou l'autre exemple, loin d'être exhaustifs :

 - garçons ou filles qui font du sexe avec des animaux, notamment des chiens;
 - certains transvestissements très élaborés, avec port permanent de sous-vêtements de l'autre sexe, strip-tease masturbatoire, introduction de tampons dans l'anus chez les garçons (4) , etc ...;
 - les fétichismes ( avec des objets; portant sur des parties du corps; consistant en collection d'images porno très spécialisées accessibles sur le Net, etc.);
 - le sadisme ( envers les animaux, les plus jeunes );
 - l'entraînement répété de beaucoup plus jeunes dans des activités sexuelles (5)

.-     - l'infantilisme 


B - Néanmoins, il existe des faux positifs : un certain nombre de ces activités bizarres sont motivées par des mécanismes non-pervers comme la curiosité, la réassurance, le besoin d'être aimé ... En outre, il n'est pas facile ni même toujours possible d'attribuer avec certitude une signification développementale ou perverse à certains mécanismes, par exemple autour du défi des normes; nous y reviendrons bientôt.

C - Enfin, il existe aussi des faux négatifs. Des activités sexuelles de forme basalement génitale peuvent résulter des mécanismes d'installation déjà décrites et répondre d'ailleurs à tous les autres critères cliniques que nous allons passer en revue.
Par exemple, certaines masturbations à haute fréquence ne signent pas une compulsion anxieuse, mais s'avèrent plutôt des conduites addictives.
Dans les films Kids ( L. Clarck, 1995 ), le " besoin " du jeune Telly de " tomber " des jeunes vierges les unes après les autres est tout-à-fait pervers.

II - L'ensemble du plaisir vécu lors de la préparation de l'activité, de sa réalisation et des fantasmes qui l'accompagnent et la suivent, est intense. L'acmé se situe bien sûr au moment de la réalisation. C'est principalement un plaisir érotique (§) , vécu dans les zones concernées par l'activité et diffusant dans tout le corps. S'y adjoignent des joies plus " spirituelles ", si j'ose dire, comme celle de faire quelque chose d'exceptionnel, ou même parfois celle de se vautrer dans la boue, de se mettre au coeur du mal, sur laquelle Stoller a tellement insisté.
Inversement, l'enfant ne vit aucune angoisse profonde à propos de son acte ... peut-être, inconstamment, un peu de peur raisonnable d'être attrapé par le gendarme. Il ne ressent non plus aucune culpabilité. Néanmoins, il peut se sentir humilié et honteux s'il est pris.

III - L'acte pervers est vécu comme important par l'enfant, partie significative de son projet sexuel du moment. Il n'est même pas impossible qu'il le positionne au fil du temps comme son constituant le plus important. Il en découle la mise en place d'indicateurs comme :


 - Une contrainte intérieure plus ou moins forte, épisodique ou permanente, à répéter l'acte. Freud parle de la " tyrannie bien organisée d'une pulsion partielle : une des tendances partielles de la sexualité a pris de dessus et se manifeste soit seule, à l'exclusion des autres, soit après avoir subordonné les autres à ses propres intentions ".
Ce sentiment de contrainte est proche de l'état de manque vécu par le toxicomane; ça n'a rien à voir avec le débat intérieur du névrosé, à l'idée de commettre un acte que son Sur-Moi interdit.

 - Une collaboration active de l'intelligence pour asseoir le projet pervers, et par exemple :
* peaufiner le scénario; le sophistiquer de plus en plus autour de son noyau central immuable (7) ;
* tromper les parents et l'entourage; installer un secret bien barricadé; mentir sur la volonté de changer ...

 - Nous avons déjà esquissé l'évolution de ces fonctionnements : beaucoup d'actes pervers ne se répètent que quelques fois avant que l'enfant ne sorte de sa mauvaise passe, tout seul ou avec l'aide des adultes. Une minorité se chronifie.

IV - Quand un ou des autres sont impliqués dans la réalisation d'un acte pervers, on peut dire que, fondamentalement, ils ne comptent pas comme êtres humains à part entière, mais comme source de jouissance pour l'initiateur. Ces " partenaires " sont susceptibles d'avoir tous les âges de la vie
 Eventuellement, l'initiateur fait violence physique sur eux ou les trompe pour les attirer dans son activité. Il ignore ou leur éventuelle souffrance physique ou morale, ou leur présence accroît encore sa jouissance.
 Lorsqu'il y a consentement, il n'y a néanmoins pas vraie réciprocité. Pas de partage attentionné du plaisir. Chacun joue son scénario et recherche son plaisir pour son propre compte, mais a besoin de l'apport complémentaire instrumental de l'autre, sans considération pour ce que cet autre vit.



§ IV : QUESTIONS DE DIAGNOSTIC ET DE DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL.


I - Il reste malaisé de découvrir les faits et de spéculer sur leur signification. 



L'enfant agit ici le plus souvent en grand secret. Le reste de sa vie, il donne le change par un comportement qui n'a rien de spécifique. Une fois découvert, il jure le plus souvent ses grands dieux de ne pas recommencer, et la majorité des parents ont tendance à gérer le malaise vécu en le croyant sur parole, en minimisant la signification de ce qui s'est passé et en déniant la possibilité de récidive. Donc, ils n'adoptent pas facilement la position de vigilance que je recommanderai par la suite.
Lorsqu'il s'agit de décrire ce qu'il a fait et vécu, l'enfant commence souvent par se bloquer ou par mentir. Cette attitude s'explique par sa prudence, sa honte du moment, les limites réelles de sa capacité à s'introspecter mais aussi, pour les plus pervers d'entre eux, par l'intuition immédiate qu'il faut gérer la situation de manière telle que les adultes en sachent le moins possible et que la récidive soit possible.
Or un discours authentique du sujet est un élément-clé pour un diagnostic précis.



II - Il est souvent malaisé d'affirmer que l'on a bien à faire à une phase de fonctionnement pervers de la sexualité de l'enfant. 



A supposer que l'on spécule raisonnablement sur les mécanismes psychiques qui expliqueraient le comportement de l'enfant, à partir de quel degré d'intensité peut-on vraiment leur attribuer comme qualification qu'ils sont de type pervers? Suffit-il qu'ils produisent un comportement très " hors culture ", comme du sexe avec un animal? ou un comportement très " hors Lois Naturelle " comme la grande cruauté ou l'entraînement d'enfants très jeunes? A partir de quand la volonté de défier les Lois relève-t-elle de la perversion plutôt que d'une conduite pré-adolescentaire encore normale, développementale, d'affirmation de soi? Etc.
Ce ne sont certes pas des questions faciles.
Au fond, beaucoup des mécanismes en jeu ne sont pas très spécifiques, sauf le refoulement massif d'angoisses intenses autour de la vraie rencontre sexuée de l'autre et sauf une volonté stable de défier les Lois les plus fondamentales, pour la volupté que cela procure.
Mais il est impossible d'être sûr que c'est de cela qu'il s'agit chez un enfant, au moins les premières fois qu'on le rencontre!On doit donc faire preuve d'humilité et comme nous le disions précédemment, n'invoquer clairement la perversion sexuelle que lorsqu'il y a extension franche dans le temps et dans l'espace.

En attendant, perversion sûre ou non, on peut déjà être préoccupés et adopter les attitudes que voici 

 

§ V : EDUQUER ET SOIGNER L'ENFANT DONT UNE DIMENSION DE LA SEXUALITE PREOCCUPE, PARCE QU'ELLE EVOQUE LA PERVERSION.

 


Voici cinq catégories d'attitudes susceptibles de favoriser la maturation sexuelle de cet enfant. Elles concernent les parents ( P ). Elles concernent aussi d'autres membres adultes de la communauté de vie de l'enfant en position informelle d'éducation ou en position d'enseignement ( par exemple, grands-parents ) ( A ). Elles concernent enfin les psy dans leur fonction de diagnostic ( D ) ou de psychothérapeutes ( T ).
Eventuellement, pour chaque catégorie, j'indiquerai si elles les concernent en ordre principal ( P+++ ), au même titre que d'autres ( P++ ) ou accessoirement ( P+ ).

I. Observer le comportement de l'enfant avec vigilance et discrétion sans dramatisation, sans paranoïa, mais également sans ingénuité ni effritement ( P+++;A+ (8);D et T++ ).

II. Faire retour sur soi, en tant qu'adultes, et essayer de comprendre le sens de la sexualité pour soi et la nature de certains messages que l'on envoie à l'enfant; essayer de les modifier au besoin ( P+++, avec l'aide de T, D et T++, lors de supervisions ). Il faut vérifier, entre autres, si l'on n'a pas véhiculé une image trop angoissante de la rencontre sexuée, si l'on ne pousse pas l'enfant au défi des lois ou si l'on n'est pas trop ambivalent dans la régulation de ses comportements sexuels.

III. Dialoguer avec l'entant à propos de son comportement problématique, de la sexualité de façon générale, et à propos de lui, de ses richesses, questions et problèmes ( P+++; D+++; s'il s'en suit une psychothérapie, T+++ ).

A - Encourager la parole de l'enfant et commencer par accueillir sans critiques ce qu'il dira éventuellement. Ce n'est pas facile, on n'y arrive pas sans un certain art de l'apprivoisement, et rarement en une fois; l'on doit néanmoins s'efforcer qu'il parle de :

 - son activité sexuelle problématique : par exemple, peut-il la raconter brièvement? Comment l'idée lui en est-elle venue ( rôle éventuel d'autres, d'lnternet, etc ... )? L'a-t- il déjà fait auparavant? Si un ou des autres y étai(en}t impliqué(s), quelles interactions y-a- t-il eu avec lui (eux)? Qu'y trouve-t-il de bon pour lui? Qu'en pense-t-il? Etc ...
 - d'autres dimensions éventuelles de sa vie sexuelle, à faire préciser dans le même état d'esprit;
 - d'autres dimensions de sa personne, ses richesses, problèmes, joies, soucis, intérêts, etc ...

B - Lui donner du répondant : témoigner verbalement, donner des informations, nous aussi, à propos de la sexualité : en général, la nôtre, et le sienne. Parler du sens que nous y voyons, de la place du plaisir, de celle de l'autre, de sa place dans toutes les activités de la vie, etc ...

Sur ces terres parfois bien torturées des vécus sexuels de l'enfant et de l'adolescent l'engagement verbal du thérapeute, à la fois précis, sincère et délicat n'est ni facile ni impossible ... il aura d'autant plus de répondant qu'il s'y montre porteur d'idées personnelles, ni « coincé » ni agent d'un prosélytisme ni d'un voyeurisme troubles, et capable de porter des confidences entre son jeune client et lui, sans tout de suite avoir mal au ventre parce que les parents ou le proc. ne sont pas informés!
Alors, souvent l'enfant ou l'ado commencera par des coups de sonde et finira par partager ses vraies préoccupations sexuelles, qui le rongent parfois intensément ...
Et sans le brusquer, on connaîtra alors la joie de le faire réfléchir et de l'amener à décider par lui-même de formes bien sociables de sa vie sexuelle.

 ILL En parlant occasionnellment de sexe avec moi, Julien ( 17 ans ) a fini par se convaincre de ne plus agrémenter ses masturbations grâce à des plaisirs « électriques-basse tension » inspirés par des dizaines de sites web pervers ... un jour, entre deux entretiens, j'ai la joie de recevoir l'e-mail suivant : « Savez-vous que j'ai failli craquer et reprendre mes exp. électro ? Après une journée chiante à la boîte ( NB. son école ) j'avais besoin de sensations fortes ( il explique les déboires et l'ennui de sa journée ) ... et j'ai eu envie d'un petit montage hard ... que je me suis interdit, donc j'ai été me défouler en soulevant de la fonte ... j'ai été à la muscul ! »

Quelle joie pour un thérapeute, ce mail! Julien s'interdit tout seul de s'auto-dégrader; il vise à cultiver positivement son corps plutôt que de mettre ses spermatogonies en péril … et il a trouvé tout seul l'idée de s'épuiser dans la musculation là où certains manuels de sexologie béhavioristes se limitent à proposer une masturbation à toute allure et sans fantasmes pour oublier une envie perverse ...



C - S'efforcer de convenir avec lui d'engagements concrets à propos de sa sexualité à venir ( et d'autres dimensions de sa vie )

D - Si l'on constate une souffrance sexuelle ou une souffrance morale plus générale chez l'enfant, on peut lui proposer de continuer ces entretiens par une psychothérapie : à l'intérieur de celle-ci, on veillera à questionner de temps en temps son évolution sexuelle, sans le réduire à sa sexualité et donc en s'intéressant à lui en général.
S'il n'y a pas souffrance ou/et que l'enfant ne souhaite pas de psychothérapie, on lui demandera de se présenter à des entretiens d'évaluation espacés ( par exemple, tous les deux mois ), un certain temps ( par exemple, deux ans ).

IV - Interdire clairement et sereinement toute récidive de la pratique sexuelle préoccupante.
C'est essentiellement l'affaire des parents ( P+++ et A+ ) si la pratique ne portait que sur une transgression des prescrits culturels : " Chez nous ... on ne réalise pas sa sexualité de cette manière-là; si tu veux faire du sexe, tu peux ... ".

Si, en plus, il y a eu transgression des Lois Naturelles ( par exemple, violence sur autrui; entraînement d'un tout petit ), l'interdiction doit émaner de tous; elle doit se formuler de façon plus radicale (" Un être humain ne fait pas ce que tu as fait là "); elle gagne même à s'accompagner d'une exigence de réparation concrète, ou d'autres sanctions.

V - ( P+++; A++ ) Il reste à veiller à ce que :

 - la présence concrète des adultes soit plus " forte " dans la vie de l'enfant;
 - l'attractivité de sa vie soit bien réelle : présence de sources variées de plaisir, de possibilités de réalisation de soi qui l'intéressent ...

 

§V UNE ILLUSTRATION DETAILLEE


      Thibaut relève très probablement d'une combinaison des mécanismes A et C MENTIONNES PLUS HAUT. Sur l'insistance de ses parents, il finit par accepter de me rencontrer à 13 ans 1/2 à cause de difficultés d'endormissement tenaces ( elles le tiennent souvent éveillé jusqu'aux alentours d'une heure du matin ) et qui retentissent sur la qualité de sa vie diurne. Un bilan organique n'a rien mis en évidence.
      Petit à petit patiemment nous parviendrons à nous apprivoiser mutuellement lui et moi. il se mettra alors à parler très personnellement, comme moi face à lui. Et entre autres, il me confiera le mélange de préoccupations, de surinvestissement et d'excitation que lui cause sa vie sexuelle. Parfois, quand c'est trop difficile, il demandera a s'expliquer par e-mail; je marquerai mon accord sous réserve qu'on en reparle de vive voix à une séance suivante.

      Il a tenant presque 16 ans. Souvent il parle avec beaucoup d'intelligence sensible de lui, de sa famille et des autres. Sur le plan affectif et sexuel, il me dit que le grand rêve de sa vie c'est de rencontrer une fille juste un peu plus âgée que lui qu'il ne se ramasse pas un râteau, qu'ils s'aiment et qu'il lui fasse l'amour la première fois en " assurant " la durée d'un morceau des Pink Floyds sur fond duquel " ça " se passerait ( superbe, ce fantasme ... le morceau dure 26' ! ). Il me dit qu'il est un brave type, bon mais timide, et que d'ailleurs son problème avec les filles, c'est qu'il n'ose pas bien les aborder. Il m'ajoute que, même s'il se fait des délires dégueu dans sa tête, jamais, pour du vrai, il ne ferait du mal à une mouche ..main.

      Et pourtant une bonne partie de sa vie sexuelle, il la passe, tel un petit Méphisto, à jongler avec le plaisir et la douleur, à composer et recomposer fantasmes et sensations sadiques pour finalement en demeurer le maître. Voici comment il en parle :
- ( Vers 14 ans ) « Ma première sensation, j'avais 7 ans; on devait descendre d'une corde à la gym; ça me faisait mal quand ça frottait ... euh, où tu sais; et en même temps, je crois que ça me faisait déjà triquer (6) et jouir " ; je crois qu'après, j'ai toujours voulu mélanger les deux : avoir mal et m'exciter ... euh, qu'est-ce que t'en penses, toi? ".

Ce que j'en pense, je ne vous le dirai pas. Il est probable que Thibaut abhorre et chérit à la fois ses souvenirs, fantasmes et expériences actuelles perverses. Il est probable aussi qu'il est ambivalent quand il m'en parle en thérapie : Souhaite-t-il que je l'aide à s'en débarrasser ou que je jouisse avec lui? Je crois qu'il ne le sait pas lui-même, d'un savoir certain! Ce qui lui conviendrait le plus, c'est que je lui dise qu'il est normal, que je lui donne des trucs pour réussir avec les filles, mais que je ne condamne quand même pas définitivement tous ses petits plaisirs raffinés ...

 - Un peu plus tard, il me dit: " Chez une vieille, j'avais lu, je devais avoir 10 ou 11 ans, toute une analyse de la Passion ( N.D.A. : du Christ ): on expliquait que les romains avaient des fouets avec des billes de plomb pour faire plus mal; la souffrance sur la croix était détaillée ( etc. ) ... c'est juste après que j'ai vraiment commencé à me branler ...". "Je me souviens aussi d'une grenouille de bénitier qui nous faisait les cours et prenait un malin plaisir à nous décrire les supplices des martyrs ...".
 - A 14 ans et 10 mois, il demande à m'écrire sur e- mail un acte commis à 14 ans 1/2 et dont l'évocation le rend particulièrement honteux : Alors qu'il est seul à la maison, Thibaut feuillette la documentation " Amnesty International " de sa mère, qui y milite (7), à la recherche des secrets de celle-ci et d'un peu d'excitation... Mais ce qu'il trouve le stimule particulièrement : " Tu connais certainement cette photo ... je l'avais vue sur un bouquin de ma mère et j'avais été vraiment impressionné ... d'abord parce que c'est un contact brutal avec la torture : quelqu'un de nu, un sac sur la tête, des sacs de sable sur le dos, sur un chevalet ... simple, donc pourquoi pas essayer ...". ( Il le fait en se mettant nu, à cheval sur un balai horizontal ) " ... Je me suis branlé et l'éjac. a été la plus forte que j'ai jamais connue ...
Or, ce qu'il me déclare le tracasser passablement, c'est que depuis lors son intérêt pour les images et histoires sadiques du web a " explosé " et elles deviennent le stimulant nécessaire de ses masturbations. Et il a peur de ne plus être normal et encore plus de passer à l'acte.
 - Vers 15 ans, il frôle ce passage à l'acte : il a chatté avec un adulte proche de son domicile ( un infirmier! ), adepte du SM et qui l'invite chez lui à une petite " partie de plaisir " jouée à deux. A la dernière minute, la prudence rattrape Thibaut et il ne va pas au rendez-vous fixé. En outre, ajoute-t-il : " Y avait autre chose; j'ai pas envie de pas être normal; mes délires, ça doit être seulement dans ma tête ".
 - Nous discutons longuement de la place et du sens de la sexualité dans la vie; je lui demande d'encore bien réfléchir à ce que lui apportent ses vécus sadiques, et à une possible prise de distance par rapport à eux; nous travaillons autour de la dimension " addiction " et ses dangers; j'attire son attention sur l'importance " d'entraîner " ses fantaisies sexuelles vers plus d'orthodoxie s'il veut réaliser son grand rêve ( souvenez-vous, envoyer une fille au septième ciel dans les volutes musicales des Pink Floyds ... ).
En alternance avec ces séances parlées, il m'envoie plusieurs e-mail dont voici l'un ou l'autre extrait significatif : " Et ça c'est MA conception du SM : un voyage aux frontières floues du plaisir et de la douleur MAIS on reste dans le plaisir ! ... Comment atteindre 7 frontière? " "On peut remarquer aussi que dans le langage populaire, jouir est synonyme de douleur ... qq. qui a eu très mal, dira : j'ai bien joui ... chez le dentiste, par exemple ... je pense aussi que l'orgasme est une association de douleur et de plaisir ...".
 - Alors, " complètement pervers ", Thibaut ? Bien accro, en tout cas; ennuyé quand même à l'idée de ne pas être normal; compartimentant encore sa vie et menant parallèlement des activités scolaires et sportives satisfaisantes ( mais des sports solitaires, type natation et ski ); résistant de toutes ses forces à la tentation de passer à l'acte et pas sans morale quand il s'agit de penser la place de l'autre. C'est donc sur un morceau de discours social que je vais vous laisser, même s'il est exprimé en langage rude. Il achèvera de vous plonger dans l'incertitude à propos de ces formes modernes de perversion où une certaine solitude, Internet, l'émoussement général des normes et le droit que l'on stimule chez chacun pour qu'il se réalise urbi et orbi jouent un rôle aussi important que les mécanismes psychopathologiques classiques déjà décrits.
A 15 ans et 6 mois, il me dit : " J'ai un petit cousin qui a 12 ans; à cet âge-là normalement on commence à se branler ... eh eh ( petit rire entendu ); eh bien je vais pas lui dire qu'il peut faire mumuse comme moi je fais (!); C'est ce qui doit me distinguer d'un pédophile : chacun est libre de faire ce qu'il veut et à l'âge où il le sent ! Mais même si on a un intérêt pour le sexe, on n'a pas forcément envie de faire l'instit du sexe pour les gamins ... ".

Notes



(2). Mauvaises est pris ici en référence au Bien et au Mal, c'est-à-dire au respect ou à la violation des grandes Lois Naturelles.
(3). Eh oui, ces enfants soi-disant mûrs, qu'on laisse trop seuls parce que papa et maman ne sont pas disponibles, qui ne peuvent pas se permettre de protester et qui se vivent vaguement désinvestis ... ils peuvent vivre pas mal d'amertume secrète et de désir de se venger!
(4). A distinguer de la conduite masturbatoire banale qui, à la préadolescence, consiste à s'enfiler les sous-vêtements ou les panties de la soeur aînée, avant masturbation.
(5). Et son inverse : la volupté à transgresser la barrière de l'inceste et, par exemple, à se masturber aux côtés de son père, ou à se laisser séduire par sa mère ...
(6). Les zones traditionnellement érogènes sont donc souvent engagées, mais des plaisirs corporels plus diffus peuvent exister, comme cet étrange plaisir masochique, rare chez l'enfant, mais que l'on voit quand même chez quelques-uns, qui provoquent à cette fin l'humiliation ou l'agression physique portant sur leur personne. 
(7). N'est-ce pas parce qu'il existe une sorte d'accoutumance?
(8). Ceci pose la délicate question de mettre au courant de nouvelles personnes de la préoccupation que l'on a!; décision à prendre au cas par cas ... 

Bibliographie

 

Bokanowski T.,
Les déviations sexuelles et la question des perversions sexuelles, 1413-1436, in Lebovici S., Diatkine R., Soulé M., Traité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, 2e éd., Paris, PUF, 1995.

Chiland C.,
Le sexe mène le monde, Paris, Calmann-Levy, 1999.

Hayez J.-Y.,
Sexualité des enfants en âge d'école primaire, Perspectives psychiatriques, 1999,38-4,289-299.