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Texte écrit en juin 2021 

 

Résumé :  Beaucoup de mineurs d’âge ont été effleurés ou atteints psychiquement par la pandémie de Covid-19. L’auteur, s’appuyant sur son expérience clinique et sur les témoignages lus et reçus, passe en revue ces différentes atteintes, avec une attention particulière pour les tout-petits. Il propose ensuite quelques pistes pour améliorer cet état de fait 

Summary: Many minors have been touched or psychically affected by the Covid-19 pandemic. The author, based on his clinical experience and on the testimonies, he has read and received, reviews these different attacks, with a particular attention to the youngest children. He then suggests some ways to improve this situation

 Introduction.

La maison des humains, en paille ou en briques ?


L’invasion planétaire du coronavirus entraîne la maladie physique et la mort d’un grand nombre de personnes. Elle génère également de grands bouleversements économiques et sociaux qui confirment hélas l’absence de justice sociale et de solidarité entre tous les humains. Tout cela a d’importantes répercussions, le plus souvent négatives, transitoires ou peut-être pas, sur la santé psychique de beaucoup et notamment sur celle des jeunes[2].

La durée de ce désastre est imprévisible, avec des hauts et des bas, des moments de grande dépression, de révolte, de panique et d’autres de quasi-anesthésie sociale illusoire. Elle place les décideurs face à de larges zones d’ignorance et face à des dilemmes très délicats. Pourtant, nous ne manquons jamais de leur reprocher leurs tâtonnements et leurs erreurs, dans le cadre de rivalités de pouvoir at aussi parce nous restons - provisoirement ?- des enfants gâtés sur consommateurs qui ne supportent pas le manque.          
.
J’en arrive au cœur de mon propos : l’impact sur la santé mentale des mineurs d’âge. 
Je ne parlerai néanmoins que de ce grand groupe de mineurs épargné jusqu’à présent par le malheur proche lié au corona, comme la mort d’un proche ou l’appauvrissement sans retour de leur famille.
Je me centrerai sur eux sans viser l’exhaustivité, mais en vous invitant à réfléchir à quelques phénomènes interpellant.       

Deux considérations générales.

Pluri factorialité de la santé

 

Le statut actuel et les variations de la santé psychique relèvent toujours de la combinaison dynamique de plusieurs groupes de facteurs, en sommation, soustraction ou résonance les uns avec les autres. A égalité d’impact de l’agression virale, le jeu de ces facteurs entraîne que le maintien ou la mobilisation de la santé psychique varie d’un individu et d’un groupe à l’autre.


- Il y a d’abord les prédispositions individuelles, constitutionnelles ou acquises, qui orientent la personne ici vers la résilience, voire la témérité, et là vers l’angoisse, le défaitisme, la paresse… Il semble par exemple que les adolescents migrants, mieux préparés au struggle for life, se soient moins laissés aller lors de la corona-crise de 2020.       
- Il y a aussi le contexte de vie socio-économique des familles, financièrement et spatialement à l’aise dans des quartiers arborés, ou dans l’entassement de petits appartements bruyants et surpeuplés, avec en prime de dramatiques pertes de maigres emplois.
- Il y a la qualité quotidienne de la fonction parentale : ici soutenant l’ordre, la créativité, et une bonne qualité de communication et là démissionnaire, tendue,  chaotique, sans plus exercer de fonction de pare-excitation .
- Il y a l’attitude de l’école, engagée et encourageant l’effort ou rigide, chaotique, démissionnaire…  
- Avec tous les coups de boutoir portés à la famille, à l’école et à la société, avec de longues mises entre parenthèses des sports, des mouvements de jeunesse et autres activités communautaires, beaucoup de cadres, de rites, de repères qui balisent la vie des jeunes, notamment des adolescents, se sont effondrés et les ont laissés organiser eux-mêmes leur vie, avec beaucoup moins de sentiers tracés à l’avance.        Beaucoup ont donc tourné en rond, en se laissant aller au plus facile.        
- Et enfin, il y a eu de longues périodes de restrictions dans les contacts incarnés, directs avec les autres du même groupe d’  âge.

 

Chez tous les mineurs d’âge, lors des confinements ,« Ne plus voir mes amis », c’est la plainte qui a été le plus souvent entendue. Et elle n’est pas anodine ! L’être humain est social, et sa socialisation s’enrichit et se régule au contact de ses pairs. Mieux encore: la connaissance et l’estime de soi, comme l’acquisition de bien des compétences personnelles, ont besoin du miroir de l’autre... l’autre, à la fois l’alter ego, le miroir en qui on se reconnaît, et   celui qui est « radicalement différent », qui ouvre à la diversité du réel…le groupe incarné des autres soutient aussi l’avancée de la classe et encourage les apprentissages cognitifs….

Les tout-petits par exemple se recherchent, forment des petits clans rapides, pour jouer, entre cohabitants occasionnels du même espace ou groupes stables véritablement amicaux. Ils courent joyeusement l’un derrière l’autre, se cognent, se chamaillent pour rire, se touchent, s’embrassent, voire s’explorent plus intimement. Ils se montrent et comparent leurs petits trésors, construisent ensemble un savoir tâtonnant sur le Réel, se partagent leurs premières compétences...l’opinion de l’ami a beaucoup d’importance, pour confirmer le droit à être soi-même et pour grandir en connaissances…

 Et donc, les faire vivre en groupe, dont l’adulte surveille les débordements occasionnels, est de toute première importance tant pour la construction de l’identité que pour celle de la socialisation de chacun. 

 

La mouvance et la prévisibilité des atteintes.


Les corona-atteintes à la santé mentale sont fluctuantes. Beaucoup sont déjà et seront sans doute transitoires, ou largement transitoires avec quelques séquelles. Un certain nombre se chronicisera vraisemblablement, mais difficile de prédire lesquelles avec suffisamment de crédibilité, alors que nous sommes toujours au cœur du cyclone.        
Ce que je peux affirmer néanmoins c’est que rien d’important dans ces modifications n’était vraiment imprévisible. Notre connaissance du psychisme humain, et notre expérience quant au retentissement d’autres catastrophes naturelles collectives - même de moindre durée - nous ont permis et nous permettent de deviner dans une large mesure ce qui allait se passer dans la tête et le cœur de nos chères têtes blondes. Il s’ensuit d’ailleurs un problème d’économie de la santé sur lequel je reviendrai : à quoi investir l’argent public de la recherche ?
Et j’en arrive ainsi aux phénomènes de santé que je souhaite discuter en détails.

Les  aléas de l’angoisse.

La réponse sociale à l’angoisse.

 

Les questions angoissantes que nous nous posios et que nous nous   posons encore autour du coronavirus n’ont pas été gérées collectivement de façon optimale : les médias, notamment certaines chaînes dites d’information continue, ont trop misé sur le sensationnel catastrophique. On a insuffisamment essayé de mettre de l’ordre dans le chaos informatique - c’était d’ailleurs peut-être partiellement utopique !-. Oui nous étions bien et nous sommes toujours en guerre mais, dans ce champ de bataille, il n’a pas vraiment émergé un Père social rassembleur, rassurant non pas parce qu’il savait et pouvait tout prédire mais rassurant parce qu’il faisait appel à la solidarité, à la force commune, à l’espoir et au courage qui font si souvent vaincre les espèces vivantes lors de l’ adversité. On n’a pas assez pensé, en tout cas pas via une réflexion collective, à protéger les mineurs et d’autres personnes vulnérables contre ce chaos informatif anxiogène. On a confondu leur besoin de savoir, qui se construit lentement à travers l’écoute et le partage d’idées adaptées à leur degré de maturité, avec le devoir de les informer vite fait bien fait . Dès mars avril 2020, les livres « Le Corona expliqué aux enfants » pullulaient.

Résultantes sur l’angoisse des tout-petits[3].

Les tout-petits ont besoin de se sentir vivre dans un environnement suffisamment sécure pour « oser de l’intérieur » grandir, gagner en autonomie dans leurs idées, quitter le nid familial pour se socialiser, partir explorer le monde avec curiosité et créativité.

Or, dans le décours de la pandémie , c’est loin d’être en permanence dans cette ambiance accueillante et encourageante qu’ ils baignent. Souvenons-nous notamment du premier confinement 2020, puis du retour d’abord inattendu des vagues et des pics : les tout-petits ont parfois été explicitement ciblés et constamment été les témoins associés sans ménagement à l’agression et à l’insécurité qui déferlaient sur le monde.

 Ils devinent, souvent sans en parler, qu’est apparu un loup mystérieux, invisible, puissant, dont la méchanceté effective est difficile à évaluer… Est-ce la grosse boule avec des picots qu’on montre inlassablement à la télé ?  Et les adultes ont l’air de ne pas bien savoir comment le chasser. Pire encore, sans toujours comprendre de quoi il s’agit, ils se sont parfois entendu dire qu’eux-mêmes peuvent devenir comme le loup –«  Ce sont les enfants les plus contagieux, qui contaminent tout le monde ». Jusqu’à rendre malades, voire tuer leurs grands -parents. C’est  « le Petit Chaperon rouge » à l’envers !         

Dans cette ambiance anxiogène où l’on n’a pas assez pensé à les pro-téger adéquatement, le champ plus spécifique de la communication avec eux a souvent laissé à désirer.

Bien sûr, il existe des familles où la communication avec les jeunes enfants est des plus adéquates. Les parents ne précèdent pas artificiellement et inutilement le besoin de savoir ; ils écoutent leurs enfants, réfléchissent et discutent avec eux et construisent un savoir commun.

Ailleurs et bien trop souvent, la communication pèche soit par défaut, soit par excès. Le modeste chercheur clinicien que je suis a vécu, à l'automne 2021, la très grande joie de constater que les considérations qui vont suivre à ce propos étaient très proches de celles qui figurent dans The Lancet[4]

Parfois, des lacunes dans le dialogue

Une partie des tout-petits ne bénéficie guère d’un temps de dialogue significatif et adapté, ni autour du corona ni de bien d’autres choses de la vie. Les parents n’imaginent pas le travail mental de ces enfants à propos des événements, ni même qu’ils peuvent déjà avoir des préoccupations sérieuses du point de vue de leur subjectivité. Et leurs bambins qui s’entendent trop souvent rétorquer « Tu es trop petit pour… » ont l’art de dissimuler ce qu’ils enregistrent et de ne pas se montrer explicitement curieux.

 Ils ont donc juste été exposés aux messages inquiétants et contradictoires des médias ou des aînés parlant entre eux et ils se sont chargés d’idées confuses, fausses et angoissantes.     

 D’autres fois, une surinformation

Inversement, d’autres tout-petits ont été surinformés, pas tant via les noirs messages des médias que via le zèle de leurs parents. Parents ici « branchés », qui trouvent essentiel le dialogue avec leurs enfants, dès la naissance ; dans leur désir de bien faire, ils en font trop, en leur donnant d’initiative des informations abondantes, compliquées et sans tabou; ils ne mesurent pas combien trop de détails, contradictoires et nécessitant le maniement des probabilités, sont finalement tout aussi confusionnant et anxiogènes que l’absence, dépassant les capacités d’intégration d’un bambin, même bien éveillé !
Justement, celui-ci va continuer à penser, et son imagination le scotchera parfois à de fausses croyances pessimistes : « Une méchante bête est sous mon lit...Je peux apporter la mort...tout le monde est en grand danger…c’est la guerre…

Enfin, les tensions familiales générées par la situation, dont je parlerai plus loin, ont été aussi une source d’angoisse, à côté du cercle vicieux de dysfonctionnements qu’elles ont engendré.

 

L’honnêteté scientifique m’invite toutefois à mettre un bémol à ce tableau.
En dehors des situations où la famille a été durement touchée, les tout-petits n’ont pas vécu dans leur chair que l’imminence du danger annoncé se concrétisait par une vraie et importante agression envers eux ou dans leur environnement proche. Et donc, ce loup qui fait peur, ça reste des mots et des images, comme quand les parents menacent et remenacent d’une fessée qui n’arrive jamais. Du coup, chez beaucoup, les angoisses les plus aiguës, qui ont pu provoquer des paniques lors du premier confinement, ces angoisses donc rétrocèdent, s’émoussent et il devient plus facile de les gérer, dans l’imaginaire, ou en se créant des représentations mentales autour de la force et de la compétence. En voici deux exemples :

 

ILL 1 « Nous sommes en guerre », déclame avec force Gaspard (5ans). Gaspard,  un petit belge smart, imite un homme politique à la TV, dans un jeu de rôle solitaire mais audible par les parents. Nous sommes début mai 2020 et il reprend, deux mois après, les termes du président de la République française dans une célèbre allocution. «La chloroquine, ça ne sert à rien,  il faut boire de l’eau de Javel[5] », ajoute-t-il en agitant un flacon de savon liquide « … les écoles, les crèches et les collèges seront fermés…si une école ne ferme pas, ce sera une amende très cher, très cher très cher…  ». Jeu de rôles, traumatic play tentant d’exorciser son angoisse, chez cet enfant lucide et résilient, qui s’identifie aux discours des puissants de ce monde, parce qu’eux donnent l’apparence de dominer la situation. Son injonction péremptoire repose la question de l’adéquation des locaux et de l’attitude des enseignants - école sanatorium versus école souriante-.

ILL 2. Et quid de la résilience de Tiago et de Louise, 4 et 5 ans. Ils font de la potion : fleurs sauvages et du jardin , feuilles, quelques cailloux, de la craie écrasée, un peu de terre et de l'eau. Ils mélangent énergiquement et la versent tout autour de la maison. 
Cette potion, expliquent-ils, attire le coronavirus et le tue.         
La potion forme une barrière autour de la maison et ses habitants sont protégés, ils ne seront pas malades!  
Celui qui en veut peut demander la potion, surtout les personnes âgées. 

 

  

 Angoisses dans les autres tranches d’âge

 

Papa, maman , cachons-nous vite. Il est super méga grave. Plus méchant que Godzilla !

L’angoisse a flambé aussi chez nombre de plus âgés, surtout au moment des crises les plus fortes où, par surcroît, on les mettait directement en cause . Certains l’ont gérée personnellement, le plus souvent solitairement, sans se laisser abattre. D’autres se sont ingéniés à la dénier et à protester de leur force, soit en ignorant sans faire de tapage ce qui était imposé, soit via des rassemblements festifs parfois en grand nombre. D’autres encore ont présenté des symptômes de décompensation anxieuse souvent transitoires.

A. J’en donne quelques exemples dans l’article :Anxiété et angoisse chez l'enfant et de l'adolescent: phénoménologie et traitement. 

p.9 et sq. j’y décris la situation de Henri (16 ans), en traitement chez moi depuis 2018 pour son manque de confiance en soi et pour un tempérament très stressé, handicapant ses performances scolaires. Il n’ a pas été loin de la panique suite au corona.

«  Moi-anxieux » qui le persécute pour tout et pour rien, car chez ces grands et perpétuels stressés, la reconstitution de l’histoire infantile avec ses traumatismes et celle des conflits intra psychiques présents est très loin de rendre compte de tout ce qui se passe. Pour reprendre une expression célèbre « ce symptôme est bête » c’est à dire qu’il est largement lié à l’animalité de notre constitution. Et un cognitivisme bien compris, c’est ce qui rend le mieux service pour le combattre, avec le transfert positif et les encouragements du thérapeute et, éventuellement, avec des médicaments tranquillisants.  

B. D’autres adolescents, sensibles et habitués à la réflexion personnelle, ont vécu leurs corona-angoisses en les appliquant à la mort. Leur mort, mais aussi la mort de leurs parents ou la mort qu’ils pouvaient apporter. D’où, des conduites anxiodépressives comme celles de Laura[6] :

 

 

En mai 2020, une collègue médecin m’envoie un courriel pour me faire part de sa préoccupation à propos de Laura, sa petite-fille :    
«…Aujourd'hui ma petite-fille, 16 ans, assez sensible, s'angoisse à l'idée d'attraper le Covid-19. En fait , elle n'a pas peur pour elle mais bien de nous le transmettre. Je l'ai rassurée en disant que vu les précautions que nous prenons (nous ne voyons pas nos enfants et petits-enfants ou alors à distance, etc.), il n'y a pas de risques pour nous. Mais j'aimerais qu'elle puisse voir ses "potes" qui ont beaucoup d'importance pour elle sans s'angoisser ni se culpabiliser. Quand elle se trouve dans une situation où les règles sanitaires ne sont pas suivies, elle se stresse et se culpabilise mais surtout pour nous et pour notre génération . Alors si tout le monde se culpabilise , où va-t-on ?Ma question est: que puis-je dire à ma petite fille pour l'apaiser et la déstresser? »


Quelques pistes pour apaiser. 

           Je me suis limité à échanger des idées en vidéo-consultation avec ma collègue.

 Je lui demande de me présenter Laura et elle me fait le portrait d’une adolescente intelligente,  bien adaptée socialement, sensible et fort liée à sa famille.
Comment ma collègue a-t-elle réagi aux propos anxieux de sa petite-fille? Eh bien, avec la spontanéité un peu (trop) rapide centrée sur le bon sens, comme c’est usuel ! : « Laura ne devrait pas (trop) se préoccuper si elle se montre prudente et évite même de rencontrer ses grands-parents pour le moment ».   J’adhère positivement à cette réaction et je le dis à ma collègue, gardant pour moi mes doutes sur la profondeur et la durée en efficacité de ce type d’informations rapides se voulant rassurantes.

Je lui propose ensuite quelques pistes de dialogue complémentaires, lorsque l’occasion se présentera :         

1.Inviter Laura à déployer avec plus de détails ce qui la préoccupe, et se montrer empathique - sans plus- face à ce qui sera entendu : « Que pourrait-il se passer si (nous étions contaminés par un des jeunes de la famille)?  Qu’en penserais tu? Comment le vivrais tu? Qu’imagines-tu que nous penserions, nous ? Etc.… ».         
Pour peu que Laura ressente bien le désir et la capacité d’écoute, sans peur, de son interlocuteur, cette invitation pourrait aboutir à ce qu’elle évoque le spectre de la mort. A accueillir avec empathie mais aussi échanger autour de la mort : p ;ex., son inéluctabilité, sa centration assez habituelle et naturelle sur les plus vieux, qui doivent laisser la place à leur descendance, après avoir rempli leur rôle dans la transmission du génome de l’espèce humaine et des acquis psychiques et spirituels qu’ils trouvent précieux ; la réalité de la survie spirituelle : « nous resterions très vivants dans ton cœur si un au-delà existe, et toi dans le nôtre, etc. ». 
Cet échange touche ma collègue qui, spontanément, sort de sa mémoire un souvenir probablement significatif : quand Laura avait 11ans (arrivée de l’adolescence) , pendant plusieurs mois, elle a eu de sérieuses difficultés à s’endormir, sans jamais pouvoir (vouloir ?) expliquer pourquoi. J’exprime l’hypothèse que c’est un âge où les jeunes les plus sensibles sont particulièrement inquiets de cette séparation psychique de l’adolescence qui s’amorce, de la mort à venir de leurs proches et de leur propre solitude dans la nudité vulnérable de leur second accouchement à la vie.

2. Signaler encore plus explicitement le regard bienveillant et empathique que la grand-mère porte sur sa petite fille, sans vouloir rien « rectifier » à ce moment-là : « Tu fais partie du petit peuple des ados sensibles, prévenants, délicats, et je te remercie pour cette sollicitude que tu as pour nous. Et les gens sensibles vont parfois loin dans les questions qu’ils se posent, en imaginant des choses tristes et peu probables que les autres n’imaginent même pas. Si Laura avait bénéficié d’une psychothérapie, son thérapeute aurait pu lui proposer de faire un lien vers ses troubles de l’endormissement à 11 ans, où elle ruminait peut-être déjà ses premières questions existentielles.

3. Dans le cadre des échanges verbaux avec Laura, sa grand-mère peut encore, à l’occasion, aborder d’initiative deux autres thème de réflexion :         
---- Le premier est moins évident qu’il ne paraît : Ce n’est pas le jeune qui contamine ses grands-parents, c’est le corona! Il est peut-être niché dans le corps ou sur les vêtements du jeune,  et c’est bien lui qui agresse, et pas le jeune, qui désire surtout transmettre son affection ! Nous avons alors à assumer que, même prudents, nous ne sommes pas tout-puissants. Notre mortalité veut que nous transportions toujours un peu de mort avec nous et, à l’occasion, elle s’abat sur ceux que nous aimons : de quoi se sentir tristes, mais pas coupables !

---- L’acte d’amour le plus fondamental que Laura peut poser pour ses grands-parents,  c’est de leur montrer qu’elle est heureuse, qu’elle s’épanouit et donc qu’elle a une vie sociale avec des gens de son âge. C’est comme cela, radicalement, que les grands-parents penseront qu’ils ont réussi leur coup procréateur et leur profond désir d’enfant. Ce n’est pas si Laura, en se calfeutrant, essaie de rendre impossible une mort inéluctable, inscrite dans l’ordre de la nature.

 


C. D’autres, surtout les plus âgés, ont vu s’accroître leur angoisse quant à l’ avenir du monde. Les dégâts provoqués par le coronavirus, s’ajoutant à ceux liés à pollution de la planète et au climat, ont fait grandir en eux - parfois dramatiquement - la sensation du no-future et de l’absurdité de leur existence.

 

 Quelques autres atteintes mentales liées au corona.


Parmi les autres phénomènes interpellants, je souhaite citer :

I. Un surcroît de tensions relationnelles a existé et existe peut-être encore dans toutes ces familles où le confinement, le télétravail et les fermetures scolaires incluaient d’être en permanence les uns sur les autres dans peu d’espace. S’il existait en outre des menaces économiques ou si les parents étaient habituellement assez piètres éducateurs et les enfants jeunes   déjà basiquement exubérants et indisciplinés, ce cocktail a donné lieu à de nombreuses déflagrations, avec une montée en puissance de la maltraitance et de l’abus sexuel. Les recherches contemporaines, prisonnières d’une petite liste standard de troubles, l’ont trop réduit à un accroissement du T D A/ H. On a parfois parlé aussi de troubles opposants /défiants, voire de troubles de la conduite. Une manière assez péjorative et injuste de faire tout retomber sur le dos des seuls enfants.

II. Une des altérations les plus fréquentes, du moins chez les grands enfants et les adolescents, autant liée à la perte des repères, des cadres, des règles organisant la vie qu’à l’effritement des contacts sociaux incarnés, cela a été un vague sentiment de solitude , d’abandon, d’être laissé à la dérive. Perte de motivations,  de créativité, de capacité de travailler et d’étudier. Paresse, irritabilité et évasions interminables dans les jeux vidéo et, au mieux, sur les réseaux sociaux. L’ado se sent peser une tonne et, même si la loi le permet, ne prend même plus son skate pour de bruyants challenges dehors avec ses meilleurs potes. Dans ma clientèle, plusieurs ados habituellement bons élèves, jugés suffisamment responsables pour rester seuls à la maison, ont lentement perdu courage, sont passés à travers les mailles irrégulières de l’école à distance, ont dissimulé les mauvais résultats qui arrivaient quand même, ont bien sûr surconsommé Internet et se sont bruyamment effondrés en juin, sans plus guère d’estime de soi, au moment où l’on faisait le bilan scolaire. De nombreux témoignages vont dans ce sens et démontrent que l’école sans la présence incarnée du maître et des copains, ça ne fonctionne vraiment pas bien. C’est dans le relationnel que l’enfant ou l’adolescent nourrit ses apprentissages.


III. Le groupe des grands adolescents - jeunes adultes est passé et passera peut-être encore par de grands moments de souffrance morale. Il s’est trouvé confiné, désœuvré,  avec un discours social des plus pessimistes sur l’avenir du monde, à l’âge où ces jeunes se sentent appelés - tant de l’intérieur que de l’extérieur - à montrer leur compétence en développant leur projet d’insertion socio-professionnel et celui de s’autonomiser en couple. Ce moment d’entrée dans la vraie vie s’est heurté à une sorte de tornade ce qui a créé chez nombre de ces jeunes un profond désarroi, l’impression de tourner inutilement en rond, le sentiment d’absurdité de la vie. Les quelques protestations festives de déni qui s’en sont suivi ne sont pas les plus préoccupantes de leurs réactions. Chez d’autres, le décrochage motivationnel s’est chronicité.

IV. Il me faut justement dire un mot de toutes ces protestations bruyantes qui ont eu lieu, tant par l’irritabilité et l’opposition en famille qu’en groupe, dans des fêtes, des actes de vandalisme voire des surcroîts de bagarres.
Manière maladroite, souvent, de se démontrer que l’on est toujours fort et de dénier l’existence et la puissance du danger. L’espace me manque pour en dire plus.

V. Comme il me manque aussi pour parler de ces enfants et de ces jeunes qui, eux, se sont sentis mieux à certains moments de cette triste aventure, par exemple parce que la famille confinée reprenait vie, avec enfin davantage de présence des parents.

 

Je pense notamment à la petite Joanna, 4ans, très heureuse parce que les parents étaient à la maison pendant le confinement initial, chouchoutaient davantage et avaient mis la pédale douce sur leurs exigences. Et puis, en mai 2020, il a fallu retourner à l’école maternelle avec la promesse  « Tu vas revoir tes amis ». Mais ça ne s’est pas passé comme prévu : austérité d’une école très hygiéniste ; division des enfants et absence d’amies tant attendues ; même l’ institutrice avait changé, pour des raisons d’organisation et la présence fréquente du masque était bien inquiétante pour Joanna.

Depuis le retour à l’école, elle semble donc aller plus mal. Dès le deuxième jour, elle pleurniche « Pas école...pas école ». Elle s’y laisse pourtant conduire mais, au dire de son institutrice, elle passe la journée tristement, passivement, demandant plusieurs fois où est telle ou telle amie (mise dans l’autre groupe). Après l’école, à la première petite frustration, elle éclate en sanglots, puis crie, ne se laisse pas approcher. Plusieurs fois, elle commence par abîmer de la nourriture. Finalement, après 30 minutes de désespoir, elle se laisse quand même apprivoiser et se calme sur les genoux. Pas moyen de communiquer avec elle sur ce qu’elle peut bien vivre et penser!  

  

 

Pour d’autres enfants,  l’on a eu davantage besoin de leurs compétences au quotidien : d’autres encore appréciaient l’écoulement du temps quelque peu ralenti, par rapport au stress infernal des jours ordinaires. Il semble que les enfants et adolescents placés en institution résidentielle se soient mieux sentis parce que leurs éducateurs étaient davantage présents et qu’on les laissait en paix, dans leur territoire de vie, à l’abri des allers-retours incessants pour visiter leurs familles séparées ou pour participer à d’importantes réunions sociales. Et il y a aussi tous ceux qui , pendant les confinements, ont pu échapper au harcèlement scolaire, aux échecs répétés, à la disqualification par les maîtres. Etc… 

VI. De tous ces troubles - et de ces quelques améliorations- restera-t-il des atteintes plus permanentes ? L’avenir nous le montrera. J’ai peur pour ma part :  
- Des conséquences différées des traumatismes précoces qu’on a fait subir à bien des tout-petits.    
- Du décrochage scolaire de certains ados déjà en difficulté d’apprentissage, et du décrochage social de certains jeunes adultes.       
- De l’installation d’addictions, principalement aux écrans ou au consoles.
- Et il me semble qu’il y a encore, dans l’ambiance de vie des jeunes, du plus mystérieux sur lequel je ne peux que spéculer :  
Par exemple, les mêmes jeunes qui défilaient il y a deux ans pour l’écologie font aujourd’hui des fêtes avec binge-drinking dans les parcs, en laissant derrière eux des tonnes de déchets.      
Et l’agressivité, le droit de vie et de mort que se donnent certains jeunes n’est-il pas encore monté d’un cran, après qu’ils aient passé cent ans de solitude, en déclarant vaguement un état de danger, avec l’effondrement de bien des repères et le Père social aux abonnés absents. Le nombre de meurtres ou d’agressions physique graves émanant de mineurs en France en 2020 ne pourrait-il pas en être un indicateur ?

 Leçons à tirer et propositions pour l’avenir.

        
En allant du presqu’utopique au réalisable…réalisable, pas tout à fait quoiqu’il en coûte, mais en y mettant quand même le prix en argent, en créativité et en mobilisation des habitudes ! 

Le presqu’utopique.


- Accepter qu’existe et que nous guide dans la tourmente un vrai Père social - individu ou petit groupe - que ses opposants politiques, de distingués philosophes ou des journalistes en quête d’audience ne s’ingénieraient pas à saboter à longueur de temps.     
Ce Père social, ce n’est pas un Dieu qui prétendrait tout savoir et pouvoir tout imposer…    
C’est un humain comme nous, qui s’engage à faire face du mieux qu’il peut à l’adversité. Il peut douter ou ne pas savoir et le déclarer, mais il reste présent, au milieu de nous , force qui rassemble nos forces et nous donne un espoir raisonnable, comme chaque fois que des espèces vivantes ont été menacées et ont pu s’adapter, grâce au courage et à la solidarité de tous.


- Mettre fin aux batailles d’experts, ne cherchant chacun qu’à briller à travers les médias. N’autoriser qu’un petit groupe porte- parole scientifique, qui veille à la qualité et à la cohérence des informations, délégué par le Père social sans être son homme-lige.  

- Discipliner les médias ; empêcher le sensationnalisme chaotique et défaitiste; exiger que les infos contiennent aussi une bonne part de positif.[7]

Quelles recherches scientifiques promouvoir ?


Dans ce champ de la santé mentale, arrêter de subsidier ces recherches multicentriques contemporaines qui se limitent à nous démontrer, à grands coups de questionnaires inévitablement superficiels et de statistiques ultra-compliquées, que :« 17% des 5-7ans en famille monoparentale ont souffert d’hyperactivité en France, contre seulement 13% de la même tranche d’âge en famille unie en Grèce »…quatre professeurs d’université et quelques doctorants s’ingéniant à décortiquer ces lumineuses avancées.

 La recherche dont je rêve ?  Une grande enquête nationale, si pas européenne, qui recense localement dans les familles, les écoles ou les institutions, les initiatives concrètes qui ont aidé à faire face à l’adversité ou à exploiter les ressources toujours vivantes… Synthétiser les résultats, sans perdre leur sel concret, les discuter et les diffuser à large échelle.

 

. Quelques réaménagements à l’intention des tout-petits. 

 

 

 

Et s’il avait tué maman, quand je reviendrai de l’école ?

 

Une part importante de la réponse à leurs besoins émane la qualité de la fonction parentale[8] à même de créer une ambiance positive à la maison, avec du plaisir, de la créativité, mais aussi un ordre, des bonnes règles et des rites. On peut donc poursuivre des actions de sensibilisation autour de la parentalité.

Là où ce n’est pas possible, souvent en bonne partie à cause de conditions socio-économiques défavorables, on peut miser - imparfaitement mais bon!- sur la qualité des milieux d’accueil et des écoles maternelles. Même lorsque le confinement ferme presque toutes les institutions, on a le devoir moral de prévoir quelques exceptions, et de veiller à ce que ces tout-petits en danger puissent continuer à être accueillis une bonne partie du temps dans des lieux récréatifs de qualité.

C’est mieux que de constater passivement que le taux de maltraitance et d’abus sexuels a augmenté. Et, tant qu’à faire, on pourrait demander à de grands adolescents et à de jeunes adultes bénévoles ou volontaires - dont j’ai dit tantôt qu’ils se sentaient souvent en perdition - de participer aux animations de ces tout-petits.

Les tout-petits doivent aussi se sentir évoluer en paix, sans être inondés par des sources d’angoisse qu’ils ne comprennent jamais que très partiellement. Pour y contribuer, il faut penser à ne pas les laisser de façon sauvage devant la TV ni devant les conversations entre adultes où l’on ne fait pas attention à eux.

 L’école maternelle doit rester un nid familier et accueillant, où l’on réside avec plaisir, où l’on donne et reçoit, avec la maîtresse et avec le groupe, beaucoup de câlins, contacts corporels, consolations et autres main dans la main dont le tout-petit a bien besoin. Ce ne sera jamais là - avec des adultes maintenant vaccinés - qu’un risque infime à côté de la promiscuité de tant de fêtes familiales, réunions d’ados et autres bals d’Halloween.

Nous pouvons encore inviter les tout-petits à être à l’occasion des acteurs de la vie sociale, avec déjà un peu de compétence contre le coronavirus.

Lors d’un traumatisme, au-delà du dialogue, il est important d’aider la victime à se sentir davantage puissante pour mieux contrer l’agresseur présent et à venir, voire, plus simplement, pour accélérer le retour du bien-être.    
Cet objectif s’applique déjà aux tout-petits :

Par exemple, lors du confinement du printemps 2020, certains ont fait des beaux dessins pour les soignants : c’était déjà une création active !

           
On peut leur demander aussi de collaborer aux gestes barrières qui sont à la portée de leurs capacités et qui empêchent le méchant corona d’attaquer les autres : se laver les mains, maintenir une distance sociale face aux adultes non-membres de leur foyer... C’est pratiquement tout ce qu’on peut attendre d’eux. Attention à deux écueils :          
- Faire de cette attente une obsession, répétée 20 fois par jour.
- Gronder le tout-petit qui n’y penserait pas. Il s’agit plutôt de l’aider gentiment et patiemment à s’en souvenir, et de féliciter à l’occasion ceux qui y pensent spontanément     .

J’ai déjà évoqué par ailleurs l’intérêt à stimuler la puissance positive de l’imaginaire.

Enfin, je désire attirer votre attention sur la question de la communication verbale avec les tout-petits.

Je ne la décrirai néanmoins pas ici, car je l’ai fait en détails dans l’article :

Covid -19, les tout-petits et leurs angoisses,   pages 7 à 9.



Ils n'ont rien compris...et ils ont tout compris !

 Quelques réaménagements à l’intention des plus âgés.

---Procéder à la recherche -enquête signalée à l’alinéa II, et appliquer créativement les initiatives qui y sont recensées.

---Appliquer sur un mode adapté les recommandations faites pour les tout-petits, notamment dans le champ de la communication, qui est une co-construction du savoir avec les plus âgés aussi.
Mettre en place un coaching scolaire pas loin d’être personnalisé, en période de confinement ou de fermeture d’écoles. Un « coach », le même dans la durée, pourrait prendre en charge un petit groupe de 4 élèves : un enseignant, actif ou retraité, et au besoin des étudiants (au métier d’enseignants), voire de jeunes adultes ou de grands ados bénévoles (cfr.supra). Il créerait une bonne relation avec son petit groupe, le rencontrerait 2, 3 fois par semaine, ensemble ou chaque élève, en vidéo ou en visite domiciliaire (autre exception au confinement). L’objectif, c’est le soutien cognitif, mais aussi motivationnel et humain.

---Nous montrer sensibles à la vulnérabilité des grands adolescents et des jeunes adultes : attention portée à la manière dont nous leur parlons du monde de demain; appel fait à eux pour des tâches concrètes et bénévoles ; rencontres de paroles organisées, etc…. sans omettre le champ spécifique d’une meilleure prise en compte de de leurs besoins matériels : le lunch à un euro voulu par l’Elysée, c’est intéressant aussi !

---Et pour finir, revoici un rêve demi-utopique, qui ferait passer la solidarité aux plus vulnérables avant le gain d’argent. Une heure quotidienne d’antenne T V, programmée éventuellement simultanément sur plusieurs grandes chaînes. Entre 16 et 17 heures, par exemple, en répartissant les destinataires sur les jours de la semaine : les enfants, les ados, les jeunes adultes, les parents, les seniors. Ce serait pour partager des vécus, construire du savoir, commenter des initiatives positives et aussi rire chanter, s’amuser, histoire de montrer que nous sommes vivants ensemble dans l’épreuve. Et avec de bons réalisateurs, ce peut être très attractif, comme la T V sait l’être quand elle le veut !

Notes

[1] Jean-Yves Hayez, psychiatre infanto-juvénile, docteur en psychologie, professeur émérite à la Faculté de médecine de l’Université catholique de Louvain (Belgique)

[2] Dans ce texte, sans autre spécification, les termes enfants, jeunes et mineurs sont synonymes.

[3] Texte largement inspiré du chapitre J.-Y. Hayez, les corona-angoisses des tout-petits, 13-35 in Le corps confiné. Et après : quels enseignements ?, sous la dir. de L. Branchard, O. Moyano, S. Pinchon et M. Rodriguez. Paris: In Press, 2021

[4]  Protecting the psychological health of children through effective communication about COVID-19,   Louise Dalton, Elisabeth Rapa Alan Stein; The Lancet, 31 mars 2020 

[5] L’eau de Javel ? Ici, Gaspard lorgne du côté de chez Trump qui, à l’époque, n’était pas loin de conseiller de se soigner aux détergents liquides…Quant à la chloroquine, ne réveillons pas le fantôme du bon professeur Raoult…

[6] Extrait du chapitre J-Y Hayez, E Thill, les adolescents anxieux face au coronavirus,49-71 in Le corps confiné. Et après : quels enseignements ?, sous la dir. de L. Branchard, O. Moyano, S. Pinchon et M. Rodriguez. Paris: In Press, 2021 

[7] En toute modestie, il me semble que la Belgique mérite un meilleur bulletin à propos de ces utopies que certains grands voisins….

[8] Elle est partagée par d’autres éducateurs du quotidien, comme l’équipe de l’école maternell es éducateurs du quotidien, comme l’équipe de l’école maternelle.