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Chapitre 1 Phénoménologie : l’instantané de l’angoisse et sa gestion spontanée.


Il m’a paru possible et utile de représenter, en un modèle unique que j’appellerai " angoisse ", ce qu'il en est des peurs, anxiétés et angoisses de l'enfant (A), telles qu'elles sont plus usuellement différenciées. Cette modélisation intègre des apports de la psychanalyse, du cognitivisme et de la pensée systémique et biologique, sans - me semble-t-il - en trahir la substance. Par ailleurs, elle ouvre d'intéressantes perspectives pour le traitement, intégré lui aussi.

Elle laisse très largement entre parenthèses la question du normal et du pathologique, débat dont l'issue est souvent indécidable et dont les implications dans le processus thérapeutique sont très délicates.

Par exemple, accepter qu’un enfant demeurant trop anxieux, après essais significatifs mais stériles de meilleure adaptation, reçoive de l’instruction à domicile, n’aille pas au camp, ni en classe verte, SANS EN FAIRE TOUTE UNE HISTOIRE : c’est sa normalité à lui du moment ! On doit bien accepter les transgenres de 12 ans, sans avoir le droit d’intervenir (eh oui, voyez la loi !) …pourquoi pas les petits anxieux, eux encore davantage sujets originaux de leur histoire.

 

Les sources externes et internes



L’angoisse, signal-danger, est une réponse de l’être qui perçoit à tort ou à raison ou anticipe la possibilité d’une agression, jusqu’à son .imminence inéluctable : le Réel externe pourrait s’en prendre à son intégrité physique ou psychique ou à ses biens : il risque d’être attaqué, détruit, disqualifié dans des idées ou ses habitudes de vie, insulté, kidnappé, chassé, dépouillé... Quand il y a angoisse de séparation, le noyau central de ce qui se vit, c’est bien cette insécurité du tout petit mammifère qui a perdu le troupeau adulte bienveillant, qui ne sait pas comment survivre et échapper aux prédateurs (S’y ajoutent d’autres vécus : chagrin, vide affectif brutal...)

         
Le danger invoqué peut être objectif, bien perçu par l’intelligence (ceux qui harcèlent à l’école ; vivre avec un père alcoolique...). Cette perception et cette anticipation de l’intelligence peuvent néanmoins être plus ou moins dramatisées par des apports imaginaires, amplifiant le côté sombre du réel ou fantastiques.

         
Ailleurs, le danger invoqué est purement imaginaire (les monstres de la nuit). Le travail de l’imagination peut être premier, autonome, simple (INC - imagination non conflictuelle) (B); mais il peut être aussi un symptôme de l’existence d’un conflit sous-jacent (IC - imagination conflictuelle ; p.ex., angoisse de castration vers 5 -6ans, parce que le petit joue avec ses OG et que c’est interdit... angoisse d’avoir attrapé le SIDA à 14 ans - sans raison objective - en référence à un conflit analogue : « ta pratique sexuelle est prématurée et interdite ; elle offense l’ordre adulte »). Ici l’agresseur, ce n’est pas fondamentalement le Réel externe, mais une voix intérieure qui le menace pour avoir réalisé ou seulement fantasmé un désir vécu comme interdit. « Ceux qui volent comme toi vont en prison »

 

                                

 

Le cœur " instantané " du phénomène



Au moment où elle jaillit et s'éprouve, l'expérience d'angoisse se compose toujours d'un malaise corporel et d'un comportement immédiat, et de façon inconstante mais fréquente, d'idées, de questions et/ou d'images mentales pénibles.

- Le malaise corporel est soit diffus, soit concentré dans un organe-cible. Diffus il s'agit d'une tension désagréable de tout le corps, avec des exacerbations neuro-végétatives variées (palpitations du cœur, lipothymie, étouffement, hyperactivité intestinale, etc. ...). Concentré, il peut s'agir par exemple de maux de ventre, de la décharge incoercible de la vessie, de tics, voire de la mise hors circuit d'un organe locomoteur ou sensoriel. (Rare, conversion hystérique)   

 - Le comportement qui exprime tout de suite l'angoisse est à prédominance d'inhibition ou d'agitation. L’inhibition, on la voit chez certains tout-petits quand on leur pose des questions dérangeantes : ils deviennent des fossiles ! Dans la seconde catégorie, il y a, par exemple, les comportements de qui vive, d’agitation, de fuite ; par ailleurs, des décharges agressives défensives, parfois très violentes, sont-elles encore à ranger dans " l'immédiateté de l'angoisse " ou constituent-elles déjà une adaptation, plus ou moins volontaire, au signal de danger enregistré ?

 - Les idées, questions et images conscientes propres à l'expérience anxieuse sont plus inconstantes. Si elles sont présentes, elles consistent en thématiques d'agression et/ou de menace d'agression dirigée vers le sujet et/ou ceux qu'il aime ; ces agressions se déroulent parfois dans un contexte de solitude, de rejet émanant des parents. (Thèmes d'abandon surajoutés)    
Lorsqu'elles sont absentes, on peut supposer que c'est seulement leur représentation consciente qui l'est, et qu'elles se disent quand même et opèrent dans le psychisme inconscient de l'enfant ; souvent elles se déforment et se transforment en passant dans le système conscient.       

Exemple  : Pierre (trois ans) est témoin d'une bagarre entre sa baby-sitter et le fiancé de celle-ci. Les nuits suivantes, il refait pipi au lit et il est réveillé par des cauchemars ; son comportement est plus inhibé que d'habitude ; il se colle à ses parents ; deux jours après, il commence à bégayer.



 L'adaptation (largement) volontaire pour gérer l'expérience d'angoisse.



Pour se sentir moins inconfortable face à cet état pénible ou éviter son occurrence, l'enfant recourt à des comportements adaptatifs qui sont, in fine, sous le contrôle de sa volonté, même si, sur le terrain, ils paraissent parfois très spontanés, voire automatiques ... Ce sont par exemple :

- l'évitement d'une nouvelle confrontation à ce qui est repéré comme danger : conduite assumée comme telle ou dissimulée pour des raisons narcissiques ;

- l'appel à l'aide et le recours à des objets « contraphobiques » ;

- le renoncement à des attitudes qui créent le danger, c'est-à-dire le conformisme à l'attente d'autrui ;

-la dissimulation (mensonge pour ne pas être puni)

-certaines décharges agressives, déjà évoquées. 

  

 A propos du refoulement et de son destin.

     

Le refoulement constitue un autre mécanisme de protection efficace, mais il est automatique, hors du contrôle de la volonté.       

*  Refoulement ( ?) du traumatique :Quelque chose qui ressemble au refoulement freudien fonctionne déjà,  après un premier temps d’impuissance (C),  lorsqu'il s'agit de faire face aux affects intenses, images mentale et idées consécutives à des traumatismes externes : petit à petit, s’il n’existe pas de reminders, le souvenir « disparaît dans les brumes lointaines de la mémoire ….mais est-ce bien de refoulement dont il s’agit, ou de très large extinction du souvenir, avec néanmoins capacité de le réévoquer moyennant effort mental  ?

           
*  Refoulement d’un des pôles du conflit : Le refoulement se met en place également lorsque l'expérience d'angoisse est générée par ce danger interne qu'est le conflit intrapsychique :    

 - Il porte d'abord sur un des pôles du conflit, et indirectement sur les affects idées d'angoisse et de culpabilité les plus « centrales » qui en résultent et sont censées passer à la trappe du même coup.    

Prenons un paradigme, celui d'un enfant au stade œdipien, qui désire dérober quelques secrets et insignes du pouvoir de ses parents et se l'interdit en même temps. Au début, même sans se représenter explicitement ce qu'il désire, il peut pressentir et une tension (envie ... excitation) qui le pousse vers tel objet interdit, et, intriquées, l'angoisse et la culpabilité liées à l'existence de son conflit ... Plus tard, qu'il y ait eu consommation ou non, des images détachées, déformées viendront le hanter, par exemple pendant la nuit : monstres qui lui dérobent ce qu'il a, voire l'arrachent, lui, à ses parents.
Pour échapper à ces agressions récurrentes, l'enfant peut procéder à deux centrations exactement inverses du refoulement :

Beaucoup vont refouler et leur désir (les représentations conscientes de celui-ci, et même sa mise en acte) et du coup, théoriquement les thèmes les plus centraux d'angoisse et de culpabilité qui en résultent : ils se structurent alors dans une ligne névrotique.

 Mais à l 'inverse, une minorité peut refouler les interdictions introjetées (consignes surmoïques) et les mêmes thèmes d'angoisse et de culpabilité que les premiers : l’enfant se structure alors dans la ligne des « conduites agies » (psychopathie, délinquance…) 

 - Par la suite, le refoulement réussit plus ou moins à contenir ce qu'il cherche à contenir, et encore de façon non homogène ! Le destin du refoulement des thèmes originaires d'angoisse et de culpabilité est dissociable de celui du pôle conflictuel que l'enfant avait choisi de refouler. Donc, bien des combinaisons résultantes dans le futur quotidien, sont possibles :   

En ce qui concerne le refoulement des désirs : depuis la réussite totale, typique de certaines névroses d'échec ou d'inhibition de longue durée, en passant par l'expression de « compromis » symptomatiques, jusqu'à l'échec du maintien du refoulement propre à l'hystérie ou à la délinquance névrotique.

Compromis symptomatique ? Le petit Spirou qui veut percer (…) les mystères du corps...et de l’être de la femme va avoir un tic de clignement des yeux pendant trois mois….

En ce qui concerne le refoulement des interdictions introjectées : certains enfants fonctionnent avec une volupté permanente sous le registre des conduites agies ... d'autres ne peuvent pas s'empêcher de de produire des actes transgressifs, mais connaissent néanmoins des moments de culpabilité, d'angoisse et de dépression à leur propos      .



En ce qui concerne le refoulement des thèmes d'angoisse ( et de culpabilité ) : certains enfants semblent être très largement quittes du retour de ceux-ci ... d'autres voient resurgir des idées et images transformées, rationalisées, déformées par rapport aux noyaux les plus originaires; ces idées et images sont rarement « froides » ( comme on le voit par exemple dans les dessins sanglants de certains enfants prépsychotiques ou psychopathiques ) : plus souvent ces productions secondaires se rhabillent d'affects pénibles (ex, les Tocs) ... parfois même, l'enfant n'a plus conscience de l'idée qui l'angoisse ( trop horrible et refoulée une seconde fois, même si elle était déjà le retour déformé d'un refoulé plus primaire? ) et ne vit que les affects ... ailleurs encore, c'est l'envahissement total et permanent par la peur de mal faire, même si l'enfant refoule pourtant de son mieux ses désirs les plus personnels pour se conformer au désir d'autrui.

Je vous invite à prendre connaissance de l’annexe I, qui illustre schématiquement ce raisonnement !

 

Chapitre 2. Guideline pour le traitement  

    

Se donner le temps de comprendre (1) 

        

L'enfant, et encore plus l’ado, identifient assez souvent l'objet - du moins conscient - dont il a peur. J’ai dit par ailleurs que cet objet constituait fréquemment comme un condensé, avec des apports inconscients (D) ; néanmoins, quoi qu'il en soit de ses enracinements inconscients, il est souvent utile d'inviter l'enfant à parler de l'objet conscient de sa peur comme si, provisoirement, il constituait un en-soi détaché.      

On peut l'y inviter avec une insistance amicale, en évitant d'exercer sur lui une nouvelle violence. Assez souvent, s'il a confiance dans son interlocuteur, il en parle spontanément et il suffit d'être disponible pour l'écouter. S'il y procède, il devra être écouté avec bienveillance et invité à bien « déployer » ce morceau de son monde intérieur (E), quoi qu'il raconte : le disqualifier, rire un peu de son imaginaire, le confronte à un nouveau danger, l'humilie et le pousse à se taire : à nous de nous souvenir de son âge et de sa sensibilité et de lui rappeler que d'autres enfants semblables à lui vivent les choses comme lui ( et peut-être bien nous aussi à son âge…..). Gardons-nous aussi de le critiquer trop vite, soi-disant pour le rassurer, en lui disant par exemple : « Tu ne dois pas avoir peur (et voici pourquoi) » Il s'agit d'abord et avant tout qu'il se détende un peu et qu'il explique bien ce qui pourrait lui arriver et ce qui lui fait peur.

 

Quelques interventions de bon sens (2)

         
En interaction avec l’écoute, face à des symptômes d’angoisse encore mineure, bien des « petites » interventions, sont possibles, à adapter au cas par cas selon les circonstances et l’intuition créatrice de chacun. Elles visent à ce que l’enfant se distancie de sa peur, soit en en diminuant l’intensité, soit parce qu’il osera s’en approcher plus efficacement :

         
a). Miser sur la « raison », l’intelligence concrète du réel, l’objectivité qui invitent à être plus lucide et donc plus raisonnable.  Proposer une part d’information correctrice ; processus interactif où on l’invite à bien réfléchir « Qu’en sais-tu déjà ? Qu’en penses-tu ? « Réfléchis, y a-t-il des loups en Belgique ? Dans les maisons ? Attaquent-ils l’homme ? »          »       
Autre exemple : « Que se passerait-il pour toi si ta maman avait vraiment un accident ? (N.B. Dans une situation monoparentale). Et si elle mourait ? (Affronter l’angoisse abyssale de l’enfant à ce propos, et frayer avec lui des chemins de survie pour lui) »    


a’). Accroître la capacité d’adaptation, son sentiment de puissance et d’efficacité « dans le réel »      .
 « Face à ce type de danger qui te fait peur, comment peux-tu te défendre plus personnellement...sans tout de suite appeler papa-maman ? » (Courir... se cacher... combattre...) Eventuellement, jeu de rôles hic et nunc qui anticipe l’affrontement à l’agresseur. ..suggestion émanant du psy….

         
b). Pour les plus grands : parler de ce qu’est l’imagination, la meilleure et la pire des choses, elle nous donne des fantaisies agréables, mais aussi des fleurs vénéneuses, qui n’existent pas réellement.     

b’). Utiliser l’imagination positive : « Contre-histoire » préparée en séance et qu’il peut se raconter dès que pointe l’imagination-poison ; Pistolet -laser (en plastic...) sur la table de chevet ; formule magique secrète spécialement transmise par le thérapeute (on joue sur le transfert positif) ; Boîte à peurs, etc.…
 
c). Adapter le réel (diminuer la « force » du danger) : porte de la chambre ouverte, lumière ; tournée d’inspection faite chaque soir avec un parent « derrière les coins » ; conversations avec l’instituteur qui terrorise, avec un parent et l’enfant ; création par le parent d’un petit rite nocturne « Si tu restes gentiment dans ton lit, je viendrai deux fois, trois fois..., toutes les 10 minutes ».  

d). Essayer de créer une motivation vers un changement (plus ou moins échelonné) en faisant référence à la fierté, la joie d’être plus fort (attention à l’incitation « être plus grand ! », ou encore, en utilisant le transfert positif envers le thérapeute « Tu m’apporteras... un petit tableau rempli. Tu me raconteras ».   
Il y a aussi la valorisation de l’effort par les parents, voire une belle récompense finale.


Angoisses plus chroniques et envahissantes et interventions structurées.
  
       


Exemples : Phobie scolaire déjà installée ; refus de découcher chez un grand enfant ; Hyperanxiété infantile (enfant perpétuellement stressé) ; Tocs importants ; évitements précis post-traumatiques ; etc.

         
Après s’être donné le temps de comprendre, même dans ces cas, l’on peut encore recourir à la liste d’interventions de bon sens qui viennent d’être évoquées.

 Si cela ne donne rien, et même parfois d’emblée, on essayera l’une des interventions plus structurées qui suivent.         .
Il est possible, mais pas certain, qu’elles vont mobiliser l’état anxieux de l’enfant. Inutile de s’obstiner si rien ne se passe après 3…6 mois. J’y reviendrai plus tard. Il y a donc là comme un paradoxe :        
- Nous allons demander à l’enfant (et à sa famille) de s’y engager à fond.
- Mais dans notre for intérieur, sans le déclarer à nos clients, nous savons que ce sont des paris, des essais dont le résultat n’est pas garanti. Nous verrons bien quoi dire à un certain moment si ça stagne, sans nous enliser dans la perpétuation de ce qui s’avérait et resterait stérile !

(3) Il est essentiel, ici, de vérifier si l’enfant est suffisamment intéressé personnellement par l’idée d’un travail de réflexion/expérimentation, qui pourrait aboutir à un mieux-être…mais ce mieux-être passe par un travail, et connote la perte de l’état d’équilibre boiteux actuel, avec ses bénéfices secondaires….prendre un peu de temps pour lui rappeler que son engagement est libre, en quoi il consiste et qu’il doit essayer d’être clair à ce propos….on doit souvent accepter que ce résultat du travail d’analyse de l’offre et de la demande est imparfait, et qu’il faudra réexaminer sa motivation personnelle en cours de route, mais « imparfait » ne veut pas dire nul !!!

Liste non-exhaustive d’interventions possibles      

(5). - Des séances mère (parent)- enfant, centrées sur l’évocation de l’histoire précoce de l’enfant, voire sur des moments significatifs difficiles dans l’histoire de vie parentale, surtout si l’angoisse de l’enfant semble en lien avec des traumatismes non parlés (cf. l’article « Catherine ne dort toujours pas seule ». Lien :  Catherine-ne-dort-toujours-pas-seule ».   

(6). - L’engagement de l’enfant dans une thérapie individuelle :

P.ex., EMDR s’il existe une relation probable avec des agressions traumatiques ;

  1. ex, thérapie d’inspiration psychanalytique si l’objet phobogène reste bizarre, disproportionné avec des inhibitions inattendues (« feuilles blanches du dernier examen…Tocs (cf. Le chapitre « les lourds tocs de Luc» dans le livre Psychothérapies d’enfants et d’adolescents, JY Hayez, PUF, 2104) ;
  2. ex., thérapie cognitive- béhavioriste si l’on envisage un objectif comportemental précis) ...

 

(7). - L’intervention cognitiviste «  type Hayez » :  indiquée encas de stress diffus ou de Tocs bien installés, elle vise une amélioration comportementale modérée.
 Elle s’est montrée efficace si le thérapeute y croit... et le client aussi... et donc s’ils l’appliquent avec énergie au moins quelques semaines (essais énergiques à la maison et réévaluations serrées en séance)

- Admettre une modélisation de Soi comme porteuse d’un équipement anormalement anxieux.                    .
- Repérer une compulsion précise et gênante : par exemple, vérification plusieurs fois de la fermeture des portes le soir.             
- Payer d’abord un « tribut » à son « Moi anxieux » (« Je décide d’aller fermer soigneusement la porte, et puis je décide de Refaire UNE vérification »).
- Ensuite refuser toute discussion interne qui va s’en suivre entre le Moi anxieux et le Moi raisonnable, qui voudrait argumenter...
- Hurler dans sa tête contre son propre Moi anxieux « Va te faire... tu me pourris la vie » …l’agresser, l’insulter…

- S’obliger à développer un scénario agréable, mais lentement, en le rêvant (pas seulement se donner un titre !) : une expérience de vie, un rêve de vacances, l’évocation d’un bon film, d’une bonne série, d’un bon jeu vidéo (mais lentement, en se le racontant de À à Z). On peut même évoquer, parmi d’autres, l’intérêt d’une rêverie érotique (pour les plus de…ans ; érotique, pas porno !) …surtout faire revivre lentement ce qu’on a choisi, en réinsultant au passage le Moi anxieux s’il se repointe…jusqu’à ce qu’on soit passé à autre chose ou qu’on s’endorme

- Noter par écrit ce qui se passe pour le thérapeute. NB Le jeune peut travailler sur 2,3 cibles à la fois.)    

-( 8) Médication dans les cas chronicisés/lourds et dans les crises de panique : Lors de Tocs (et de stress lourd chronicisé ??)) ISRS à haute dose,puis, si inefficaces, essai avec Anafranil (attention aux effets secondaires des tricycliques)…lors d’insomnies durables avec composante anxio-dépressive chez l’ado : Atarax…Trazodone..melatonine

 

Résultats.



I. (9) A un pôle favorable, la situation s’améliore significativement. Attention alors à l’effritement des efforts, à la baisse de vigilance, aux « mauvaises » habitudes qui reviennent insidieusement.

 Veillons bien à « renforcer » le bon résultat : intérêt et valorisation par le thérapeute ; intérêt des parents ; récompense pour le travail accompli...

II.(10) Mais ce peut être le statu quo, pire l’aggravation de la manifestation anxieuse parce que l’enfant se sent menacé par le chemin qu’on lui propose de suivre !

Il nous faut pouvoir l’accepter et ne pas vivre (ni présenter) cette acceptation comme un échec ! « Tu n’es pas encore prêt maintenant. On verra bien si ça arrive un jour ». 

  1. Simplement peut-on veiller à mettre en place quelques aménagements qui luttent contre les bénéfices secondaires et qui facilitent la vie des parents :

Par exemple :  si l’enfant reste à la maison suite à une phobie scolaire : pas de certificats médicaux long stay ; pas d’écran à la maison pendant que les autres sont à l’école !         
Par exemple : un lit ou un matelas d’appoint dans la chambre des parents, et pas une place dans le grand lit…

Par exemple (…et je sais que c’est une redite…bis repetita placet….),  accepter qu’un enfant demeurant trop anxieux reçoive de l’instruction à domicile, n’aille pas au camp, ni en classe verte, SANS EN FAIRE TOUTE UN HISTOIRE : c’est sa normalité à lui du moment…on doit bien accepter les transgenres de 12 ans, sans avoir le droit d’intervenir ‘eh oui, voyez la loi !) …pourquoi pas les petits anxieux, sujets originaux de leur histoire  
Par exemple : si les Tocs ne changent pas, malgré thérapies, médications... je ne sais pas !! S’obliger à parler la moitié de la séance d’autre chose que des TOC s

 

Les accompagnants de la prise en charge centrale.



( 11) Dans la dynamique des échanges, trois centrations plus générales sont très importantes. Je les appelle « les accompagnants de la prise en charge centrale ».

I. Ne pas réduire l’enfant à son « Moi -anxieux », aussi bien dans les séances (s’intéresser à autre chose...), qu’en examinant comment il est « nommé -positionné- étiqueté » en famille (cf. infra). 

II. S’occuper de reconnaître et de mettre en valeur, souligner les moments où il s’affirme d’une façon ou d’une autre et notamment où il se différencie, s’oppose, dit « non » en séance (« Waas...j’aime bien quand tu dis « non »). Travailler ce thème avec les parents ; les y sensibiliser.  

Lisez à ce sujet le deuxième paragraphe « Ils ont dit qu’ils allaient m’enlever » de l’article « Quand le monde agresse l’enfant » Vous y verrez que, dans une thérapie post-trauma, je n’ai pas d’autre choix que renforcer l’assertivité d’Arthur (10 ans). Lien Quand-le-monde-agresse-l-enfant


III. Avec les parents, être particulièrement attentifs à :


- Existe -t-il des composantes anormalement anxiogènes dans leurs attitudes éducatives (consignes trop nombreuses, menaçantes, culpabilisantes...) ?
- Degré de sérénité ou d’insécurité dans l’histoire et dans le présent familial.
- Leur vécu personnel et la manière dont ils expriment leur propres angoisses (modélisation).
- Comment « nomment-ils », « positionnent-ils » l’angoisse de l’enfant...discrètement ou en la mettant au centre du monde (« Manuel, il est terriblement anxieux »), en interagissant sobrement ou incessamment avec le symptôme ——Cette étiquette peut apparaître à l’enfant comme un morceau de son identité —— la lui faire oublier!

- Comment réagissent-ils à une demande... une manifestation anxieuse : chercher avec eux au cas par cas l’accompagnement le plus porteur. En tout cas, s’énerver est contre-productif...se soumettre complètement à l’enfant peut l’être aussi...une récompense au bout du chemin peut être un incitant juste.       

- À la maison (et à l’école) valorise -t-on les moments où l’enfant s’affirme, en le faisant sobrement, sans en remettre (« oh, enfin, tu deviens une grande fille ! »). En particulier, accepte-t-on qu’il dise Non et qu’alors il obtienne ce qu’il demande, au moins de temps en temps.        

- (Plus techniquement : examiner avec les parents, en les faisant bien réfléchir, s’il a existé des traumatismes, éventuellement précoces, dans la vie de l’enfant.
Le cas échéant, ce peut être l’occasion de faire quelques séances Parents-enfant pour en parler et parler de leurs possibles conséquences (cf. le cas Catherine, déjà évoqué). 

Deux situations particulières.

I. Les phobies scolaires à l’état débutant.  


L’angoisse donne parfois lieu à des crises spectaculaires d’agitation, plus ou moins hystérisées. De très loin en très loin, les autistes ou les psychotiques peuvent également vivre des crises, dangereuses celles-ci (« raptus anxieux »). Toutefois, dans le quotidien d’un pédopsychiatre, les seules urgences préoccupantes dans ma carrière ont été les phobies scolaires en démarrage.  
Elles devraient bénéficier d’une intervention rapide et intense (deux, trois séances par semaine en coopération avec l’école, donc de préférence dans un centre). Ce n’est pas qu’elles requièrent une méthodologie particulière : on peut s’appuyer tout à fait sur les &I et II.

 Mais dans ce cadre, il faut faire tout ce qui est possible pour réintégrer très rapidement l’enfant à l’école, moyennant quelques aménagements concrets qui résultent de ce que l’on a compris. Nous devons nous dire intérieurement que nous allons essayer, mais pas nécessairement réussir : nous verrons bien après un mois d’effort, où il faudra peut-être se résigner à un séjour plus indéterminé à la maison (avec de l’instructions reçue à domiile) ... voire à l’hôpital.
Et de cette idée de pari, mieux vaut ne rien en dire à la famille !

Rappelons aussi que mettre en avant l’idée que l’école est obligatoire est un abus de pouvoir intellectuel sur l’enfant et sa famille. Ce n’est pas l’école qui est obligatoire, mais l’instruction. Et à condition qu’une vraie maladie ne l’empêche pas, et l’angoisse pourrait bien en être une !

 II. Les phobies intenses des tout-petits et des enfants d’âge préscolaire.


Phobie pour un type précis d’aliments (par ex. solides) ; phobie de la visite médicale : phobie d’être changé ; phobie d’aller sur le pot ; crise de panique face à des bruits soudains hors du quotidien, etc...
Voir sur mon site l’échange interactif et courriel « Angoisse : paniques chez les bébés : ». Lien

Angoisse-paniques-chez-les-bebes

A l’origine d’un changement de comportement souvent brusque du tout-petit, exprimant une peur panique, on découvre le plus souvent le fait traumatique (le plus souvent isolé) qui lui a procuré une peur intense :       Il a fait une fausse déglutition... On lui a présenté tel nouvel aliment beaucoup trop chaud, inquiétant, ou au moment où ses dents lui faisaient très mal... Tel médecin inconnu s’est énervé sur lui en salle d’urgences... Parfois le parent doit faire appel à des souvenirs plus lointains, en imaginant ce qui peut être traumatique pour le bébé : par exemple, au moment d’un change, un bébé d’un an découvre par hasard son propre jet d’urine qui monte dans les airs puis retombe sur lui, et il en a très peur...

La profondeur du vécu traumatique qui suit peut-être transitoire mais aussi très forte et se chronicisant : le bébé reste confusément porteur d’une angoisse de mort, d’anéantissement, lié à ce qui est pour lui une agression intense et brutale, et il ne peut pas élaborer des mots, des pensées, des images cohérentes là autour.

Et par la suite, les parents amplifient encore le traumatisme par leurs mille ruses pour qu’il redevienne conforme et dont il n’est pas dupe !     

Guideline général :

         
- Lui faire oublier ce qui s’est passé ; prendre du temps pour cela (un an ?). C’est parfois tout à fait possible (p. ex.au niveau alimentaire... en acceptant qu’il n’aille plus sur le pot un certain temps...). Parfois, il faut un peu ou moyennement ruser (le changer discrètement, vite fait bien fait, sans lui montrer qu’on le change... faire appel à un nouveau médecin qu’il ne connaît pas, qui vient à la maison, discrètement, en civil, quand c’est indispensable). Rarement, il est impossible qu’il n’y ait pas de loin en loin une réévocation du traumatisme : tant pis, il faut la gérer vite et bien, sans discussion interminable, mais cela fait perdre du temps à la cicatrisation.

- S’habituer à ne pas parler devant lui de son problème ; ne jamais l’étiqueter comme « l’enfant qui ne mange pas... qui a peur des docteurs... etc. ». Lui faire oublier cette famille de signifiants.

 En ce sens, la très éventuelle consultation chez le (pédo) psy pourrait être contre-productive !!! Donc, la préparer avec les parents ; se limiter à eux ou alors présenter le psy comme un ami des parents à qui on va dire bonjour ; le pédopsy peut s’intéresser à l’enfant et parler avec lui en présence des parents sans évoquer directement son problème.  
- Après pas mal de temps (un an ... 18mois) revenir en douce avec l’idée d’un progrès nouveau à faire pour devenir grand (« C’est intéressant d’aller voir comment papa... ou le grand frère, fait caca sur le pot... »). (Mais pas avant un an... 18 mois). Donc viser de petits progrès échelonnés. Pas toujours totalement productifs : certains vont rester d’éternels petits mangeurs !!

 

ANNEXE I Présentation schématique du refoulement et de son destin

 

Le refoulement est un mode de fonctionnement très commun de notre psychisme, qui vise à effacer la représentation consciente d'idées et d'images désagréables. Du coup, l'affect pénible qui y est lié pourrait bien se dissoudre. En voici quelques exemples, appliqués aux représentations mentales anxieuses :

1° le vécu post-traumatique

Dans

Dans ce schéma, j’appelle « assignations d’interdiction » les consignes familiales et sociales que l’enfant a introjetées et qui s’opposent à ce qu’ils réalisent son désir, sous peine de sanctions angoissantes. C’est à la fois le Sur-moi des psychanalystes, avec sa dimension de « permis-défendu » un peu puéril, mais aussi d’autres interdictions intérieures, plus mûres, plus élaborées, issues elles aussi de l’extérieur ou de la propre conscience morale de l’enfant.

Les IAC, ce sont les premiers vécus d’angoisse, les plus centraux, les plus impitoyables : la castration, la mort, l’abandon…l’imagination anxieuse la plus primitive ne fait pas dans la dentelle ! S’y mélange quasi automatiquement un vécu de culpabilité et de tristesse (mauvaise estime de soi ; peur de perde l’amour)

Dans un second temps, plusieurs issues névrotiques sont possibles :

Ex issue 1 : hyperconformisme, passivité, névrose d’échec

Ex issue 2 : phobie

Ex issue 3 : Tocs, conversions hystériques, actes manqués, névroses atypiques de l’

 

 

 

 

 

 

 

 

 2° ; Exemple inverse ; enfants présentant des conduites agies (troubles de la personnalité tout-puissants, ou désirs sexuels déviants tout-puissants (perversion sexuelle)

 

 

 

 

 

 

 NOTES

(A) Dans ce texte, sans spécification, les termes « enfant » ou « jeune » désignent l’ensemble des mineurs d’âge

(B) Imagination parfois débordante en référence à l’équipement cérébral (génétique de l’anxiété), à la modélisation par un entourage lui-même anxieux, et à l’existence d’images traumatiques plus ou moins refoulées, toujours susceptible d’être réaspirées vers le haut, vers la représentation consciente

(C)   L'émergence fréquente du syndrome de stress post-traumatique témoigne précisément de l'impuissance momentanée à contenir ce qui est le plus pénible : il se produit des reviviscences, d'abord incoercibles, puis mieux maîtrisées, d'abord fidèles à l'événement puis déformées, d'abord nouvelles et pures agressions du sujet, puis « dans les bons cas », retournées en leur contraire. 

(D) Le voleur derrière le rideau, ce serait bien lui, l’enfant en âge œdipien, qui a l’envie tellement culpabilisée, de voler les secrets et la puissance de ses parents

(E) Déployer le contenu : la composition concrète, ce qu’il perçoit intérieurement, ce qu’il vit, les éventuelles questions « là-autour »