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Un papa m’écrit

Bonjour,


J'ai lu sur internet vos différentes réflexions sur l'insomnie des enfants.
Nous avons une petite fille, Emma, qui aura bientôt 20 mois. 
Depuis sa naissance les nuits sont compliquées (du moins pour nous) Toute petite des réveils nombreux et une certaine "peur" à s'endormir. Pourtant la grossesse et l'accouchement se sont bien passés, tout en douceur.
Les difficultés de sommeil persistent à ce jour. Nous cherchons donc ... est ce dû au fait que nous faisons du cododo, même si elle est dans son petit lit… ... est ce que ce sont les dents ... ?


Ce que j'observe c'est :


- qu'elle met beaucoup de temps à d'endormir, ma femme l'accompagne dans cette phase avec un rituel, lecture ...
- elle dort généralement bien de 21h00 à 23h00, 23h30, heure à laquelle nous nous couchons, probablement la dérangeons nous en nous couchant (bien que cette règle ne se vérifie  pas à chaque fois)
- et puis des réveils nombreux en pleine nuit, avec des pleurs et des colères. La seule solution que nous ayons trouvé est d'allumer, de l'inciter à vraiment se réveiller, du coup elle joue ou regarde des livres un temps puis, nous lui demandons d'éteindre la lampe et de venir se coucher, ce qu'elle fait sans difficulté mais ensuite la phase d'endormissement devient compliquée 

- la journée tout se passe très bien 

- chez sa gardienne elle dort sans aucun problème dans son lit parapluie ...
 
Le temps passe et nous ne trouvons pas vraiment de solutions. La fatigue s'installe ... etc. 
Je voulais avoir votre retour compte tenu des ces éléments contextuels.
Je pense très prochainement changer des choses :


- installer notre lit dans l'autre chambre, ça évitera de la déranger
- l'accompagner pour qu'elle grandisse dans son environnement ... est ce que ce sera suffisant ? 
Merci par avance pour votre retour. Cordialement. J. 

Je lui réponds :

 

         ATTENTION ! Ces propositions ne doivent pas s’appliquer comme une recette universelle : elles ne sont (souvent) efficaces que pour ces enfants qui  sont trop bien avec ces bons nounours que sont leurs parents, qui s’éveillent la nuit sans angoisses importantes, parce qu’ils ne savent pas gérer leur sommeil et ont donc tout de suite envie de passer du temps encore et encore avec leurs gentils papa et maman … sans se rendre compte du contexte (besoin de sommeil des adultes).


Les enfants anxieux, eux, ceux qui sont réveillés par des cauchemars ou chez qui s’installent dès l’éveil de fortes imaginations anxieuses, ces enfants-ci ont besoin d’être brièvement rassurés (par un tendre appel de voix…par une présence de brève durée qui fait un petit massage à leur chevet … et néanmoins sans en faire trop et surtout pas en les emmenant finir leur nuit dans la chambre des parents !)

 

 

Bonjour,

 

L’hypothèse la plus plausible qui me vient en vous lisant est qu’Emma est « trop bien » en votre compagnie (et vous avec elle, jusqu’au tendre cododo) et qu’il s’agit en outre probablement d’une enfant très sensible au bruit, et notamment aux petits bruits de la nuit émanant de ses parents : alors elle s’éveille et a envie de vivre du relationnel avec eux. A noter que même sans invoquer cette sensibilité, nombre d’enfants entre 15 et 30 mois sont particulièrement toniques et s’éveillent tôt, prêts à l’action[1].

Le challenge, ici, est de l’amener à se gérer toute seule et avec discrétion : si possible se calmer et faire le vide en soi pour faire revenir le sommeil ; ou au pire, jouer paisiblement et tout seul si l’on est éveillé, de préférence en restant au lit !!)

Dans mon expérience, cette situation d’autonomie se crée 9 x / 10 toute seule en une à deux semaines, avec un sommeil de meilleure qualité, aux conditions suivantes (assez dures … pour les parents, je l’avoue !) : 

- Parler à l’enfant : expliquer à Emma que vous allez désormais lui demander de dormir seule dans le local qui est déjà (ou s’avèrera être au plus tôt) sa chambre - son petit domaine à elle -  parce qu’elle devient grande, que ce sera plus calme pour elle et pour vous et que vous avez aussi besoin de dormir. Ajoutez que vous serez à côté d’elle, que vous penserez à elle mais que vous ne viendrez pas, même si elle pleure ou tempête ! (discours qu’il faudra répéter sans doute trois, quatre jours au moment du rituel de l’endormissement, sans vous laisser impressionner par ses éventuelles protestations) 

- Consacrer au rituel du premier endormissement le même temps que d’habitude, ni plus ni moins.

Au moment de partir, confirmer verbalement : « Maintenant c’est l’heure du dodo. Nous sommes dans notre chambre, mais nous ne viendrons pas et ne te répondrons pas parce que chacun doit faire dodo chez soi ».

Partir tranquillement, sans vous retourner. Fermer la porte. Eventuellement, si Emma semble un peu insécurisée, laisser une veilleuse avec une minuterie qui l’éteint après une heure. 

- Soutenir une passe qui sera probablement difficile pour Emma par une cure de Sedinal ( somnifère doux à base de plantes ) Lui donner la dose moyenne pour son âge puis, après la troisième semaine, supprimer deux gouttes chaque nuit.

Si elle vous rappelle, voire pleure parce qu’elle ne sait pas s’endormir, ou alors si elle se réveille la nuit et manifeste ses émotions pour vous faire revenir, tenir bon, ne lui donner absolument aucun signe, aucun, aucun, même si, la première fois, elle pleure deux … trois heures et met vos nerfs à bout. Achetez des boules Quiets et serrez-vous très fort la main, papa et maman, pour tenir bon … 

- Résultat garanti pour 95/100 des enfants. Si après deux semaines, la situation n’a pas progressé ou s’est aggravée, alors que vous n’avez jamais donné aucun signe, vous pouvez me recontacter.

 

Amicalement.

 

Mo

 

 

                                                       

 

 

 

[1] Cfr le dessin animé le Roi Lion, avec Simba bondissant aux premières lueurs de l’aube.