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Une maman m'écrit



Bonjour Monsieur !

J'ai depuis deux-trois semaines des soucis d'insomnie chez Jules, notre fils de sept ans, qui doit faire face il est vrai à beaucoup de tensions intrafamiliales : un frère de treize ans et une sœur de seize, adolescents, avec des conflits fréquents et bruyants, des parents « speedés », parfois un peu trop nerveux etc. ...
Jules est un enfant très sensible et intelligent. Il me parle de peur d'araignée, de petits bruits dans sa chambre, etc. ... alors qu'avant, il s'endormait très rapidement, aujourd'hui, il se relève X fois, exige que l'on reste à ses côtés et a peur de s'endormir. Je ne voudrais pas entrer dans une spirale d'angoisse de sommeil et de fatigue, comment faire pour lui faire retrouver sa sérénité ?
Il ne se plaint de rien, travaille bien en classe et est un garçon éveillé, apprécié.
Avez-vous une suggestion ?
Mille mercis d'avance



Je lui réponds: 



Chère Madame,

Je ne pense pas que les tensions familiales dont vous parlez puissent rendre compte de la montée d'angoisse de votre petit garçon au moment de l'endormissement. Elles pourraient être à l'origine d'un endormissement difficile et d'un sommeil agité, certes, mais pas avec ces thématiques anxieuses imaginaires et qui ont l'air de devenir invalidantes.
Celles-ci - que nous appelons petites phobies d'endormissement - sont typiques chez les enfants par ailleurs sensibles, et apparaissent entre six et neuf, dix ans. Elles sont liées à des petits « conflits » qui se déroulent dans le monde inconscient de l'enfant et sur lesquels il n'a aucune prise directe. Ce sont des expressions très détournées de ces conflits. Un exemple (tout à fait au hasard !) : un enfant qui grandit peut avoir de nouveaux désirs : s'affirmer face à son père, utiliser des gros mots, en avoir vraiment marre d'un frère ou d'une sœur, voler les secrets de ses parents, s'ouvrir à la sexualité, etc. ... Il peut avoir peur de ces nouveaux désirs, qu'il ne maîtrise pas bien ... il peut même s'en sentir coupable et chercher à les refouler vaille que vaille dans son monde inconscient. Mais voilà, ils sont bien là, ils grenouillent au plus profond de lui et il s'en punit en s'inventant des fantasmagories anxieuses : le petit bruit fait par le bandit qui pourrait bien venir le kidnapper (à cause de toutes ses mauvaises pensées, via lesquelles il pourrait bien se vivre comme bandit, mais ça il ne le sait pas !)

Que faire alors ?

A. Si ces phobies restent d'intensité modérée et sont transitoires ( c'est ce qui se passe la majorité des fois, ça se dégonfle en deux, trois mois, parce que l'enfant continue de grandir, et donc ... à moins peur de lui-même )
Gérer la situation à la maison en étant attentifs à deux choses :

- Reconnaître et saluer au passage qu'il grandit, qu'il devient davantage « petit homme » avec des opinions, des projets, des affirmations de soi intéressantes, même si elles sont parfois nouvelles et dérangeantes ( pas toujours évident, avec le petit dernier, qui est parfois vécu comme le petit poussin consolateur, et qu'on a du mal à écouter à table parce qu'il ne dit rien de vraiment intéressant ... )
- A propos du moment du coucher même, se montrer patient, tolérant ... l'écouter ... lui dire que les peurs imaginaires ça arrive à d'autres enfants et que ça passe ... lui demander ce qui l'aiderait à avoir moins peur pour le moment ( lampe allumée, porte ouverte, petite arme-jouet sur sa table de nuit, maman qui remonte une fois après trente minutes pour confirmer que tout va bien, etc. ... ) Et en même temps, ne pas lui donner trop de bénéfices secondaires, ne pas faire de ce problème le centre du monde : il est grand, il doit donc aussi s'accrocher tout seul et faire face à son angoisse, même si on sait que ce n'est pas très gai : c'est ça aussi, vivre !

B. Si la phobie s'intensifie significativement ou/et dure de façon gênante plus de deux, trois mois : consulter un bon psychothérapeute d'enfants, en lui montrant ce document.

Bien cordialement,