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Un papa m’écrit: 

 

Il y a deux jours,  le papa d’un des condisciples de mon fils  m’explique qu’entre les deux enfants cela ne se passe plus bien (dispute, chamailleries…) Et il ajoute que son fils vient de lui dire que deux mois auparavant, une fois, mon fils se serait livré à des attouchements sur le sien… et de surcroît en présence  du petit frère (5 ans) de l’ami.

Lorsque j’ai demandé pourquoi son fils s’était laissé faire (ce qui m’étonne vu l’assertivité et le caractère de cet enfant), la réponse fut qu’il a accepté car cela était une sorte initiation pour pouvoir intégrer le groupe d’enfants à l’école. De plus ce qui l'aurait traumatisé provenait aussi que cet enfant, selon son père, en était  encore à croire que les cigognes s’occupent de faire les bébés…

Quand il est parti, j’ai laissé planer le doute car je voulais d'abord parler à mon fils…mais malgré mon insistance et mes encouragements, celui-ci m’a assuré à plusieurs reprises qu’il ne s’est strictement rien passé. Ma femme, sa maman, qui le connaît et qui sait quand il ment le croit aussi. Le problème, selon lui, c’est que son condisciple est rejeté et se venge.

Si je vous écris c’est pour avoir un avis extérieur sur la prochaine étape :

Dois-je rentrer dedans avec l’aide d’un avocat pour calomnie (mon premier sentiment de protection filiale) ?

Dois-je en parler aux autres parents ? En effet, qui dit rites initiations sexuels pour un groupe dit que les autres le font aussi !

Dois-je rencontrer les parents du condisciple et leur dire qu’on ne les croit pas ? Quelle sera leur réaction ? Leur fils invente des choses pareilles, impossible pour eux….Ne risque-t-on pas l’escalade où toute publicité sera néfaste pour beaucoup de monde... ? 

Je lui réponds:

Monsieur, 

A vous lire, voici l’hypothèse la plus plausible pour moi : 

- Un jeu sexuel isolé a probablement eu lieu entre les deux garçons. Plus probablement qu’une pure invention émanant de l’autre enfant. Jeu banal où tous deux étaient consentants, le copain de votre fils étant éventuellement plus  suiveur-passif dans cette circonstance. Dans de tels jeux, la dimension « initiation, rite d’entrée » est courante. Il n’est pas rare non plus qu’un petit soit présent et que cela n’arrête pas les deux lurons principaux. (Je vous renvoie à mon livre « La sexualité des enfants » publié chez Odile Jacob) 

 

Deux mois après, le « copain » se sert de ce souvenir pour se venger et votre fils secrètement terrorisé par l’ampleur de tout ça, n’avouera jamais, même sous la torture …Il fonctionne en cela comme la majorité des personnes qu’on accuse de choses sexuelles déplacées. Peut-être a-t-il eu l’intuition – à tort ? - que vous seriez déçu et fâché s’il reconnaissait les faits, même dans le cadre d’un jeu ! 

Que faire ? L’idéal est de désescalade (vous pouvez montrer ce document à l’autre papa) pour éviter de traumatiser et de culpabiliser indûment les deux enfants. 

Désescalade ? Dire à votre fils : « Je ne suis pas convaincu que ça n’a pas eu lieu,  mais je me refuse de te « cuisiner » davantage. Si un jour tu avais envie d’une exploration sexuelle, arrange-toi pour que celui (ou celle) à qui tu le proposes soit d’accord à mille pour cent, qu’il soit à peu près de ton âge et pour qu’il n’y ait pas de petit dans les parages. » 

Dire à son condisciple, en miroir : « Je ne suis pas convaincu que ça ait eu lieu et surtout, si ça a eu lieu, que tu étais une pauvre victime. Si un jour quelqu’un de ton âge te fait une proposition sexuelle et que c’est non dans ta tête, arrange-toi pour dire clairement et fortement « Non » et si ça ne marche pas, viens te plaindre tout de suite. »

 

En espérant que ceci puisse vous aider, cordialement.