Une maman m'écrit :
Notre fils de treize ans, Aurélien, est un enfant provocateur et impulsif et ceci, depuis l'école maternelle. Depuis la première primaire, nous sommes confrontés à des problèmes ( avertissements, retenues, remarques ... ) Aurélien est sous Concerta depuis un an ; auparavant il prenait de la Ritaline mais avec des effets secondaires ( mal au ventre, insomnies, plus d'appétit ) Néanmoins, tout n'est pas négatif chez lui, il est bon élève dans une école secondaire de petite taille. Hélas, ni lui ... ni nous ne recevons aucune attention pour ses notes, mais seulement des remarques négatives pour son comportement qui nous désole.
Nous venons d'être informés d'un fait nouveau par le biais du cahier de correspondance :
« Aurélien a encore beaucoup de mal à comprendre ce qui lui arrive. Une jeune fille de la classe se trouve très mal à l'aise face à lui, je vous laisse en rediscuter avec lui. De nouveau aujourd'hui, nous lui faisons comprendre les choses à faire et à ne pas faire, à dire et à ne pas dire. Nous reverrons Aurélien avant les vacances pour refaire un point, mais cette situation devient ambiguë. »
Vérification faite, il est accusé par une élève de sa classe de lui avoir touché les seins et les fesses. Il a été menacé à la sortie de l'école par le père de l'élève afin de ne plus recommencer ; dans le cas contraire il promet qu'une plainte sera déposée. La mère passe tous les soirs en voiture devant l'arrêt du bus et observe notre fils.
L'accusation est grave et Aurélien nie tout. Devons-nous accepter cet état de fait ? Devons-nous défendre notre fils ?? Devons-nous demander une confrontation avec cette élève ? Aurélien étant un élève perturbateur, il n'a pas pu se justifier ou s'expliquer, étant étiqueté comme n'étant pas crédible.
Ce jour, il a été convoqué deux minutes chez le directeur : soit il prend la porte soit il change de comportement ( Aurélien était déjà en sursis, il avait un contrat à respecter à compter du 3/11/2010 : ne pas insulter, ne pas se moquer, ne pas prendre la parole sans être autorisé à le faire )
Nous avons parlé avec Aurélien, ce qui l'ennuie beaucoup c'est que tous les professeurs de sa classe soient informés de ce fait et qu'il passe pour un enfant mal élevé, mal éduqué.
Est-il en train de payer cher une accumulation de remarques ???
Malgré le suivi par un pédopsychiatre, nous n'avons pas ressenti d'évolution dans le comportement de notre fils.
Nous sommes dans le désarroi total. Que faire ??? A quand une amélioration de son comportement aussi bien l'école qu'à la maison ??
Cordialement.
Je lui réponds
Chère Madame,
A vous lire, je fais le pari qu'Aurélien, que vous présentez comme un jeune adolescent impulsif et provocant, a bien touché les seins et les fesses de sa condisciple.
Est-ce grave ? Bah, ramenons les choses à leur juste proportion ! Vu de loin, ce geste précis me fait plutôt sourire : au moins êtes-vous en droit de penser qu'il s'oriente hétérosexuellement avec des gens de son âge ... c'est déjà un souci en moins pour des parents !
Les réactions sociales ont-elles été inadéquates par rapport à ce geste ? Je n'en suis pas si sûr non plus : si la jeune fille concernée n'était pas consentante, elle avait le choix entre gifler Aurélien, ameuter des copains pour qu'ils s'en chargent à sa place, ou en parler en famille. Ce qu'elle a fait, et son père est alors venu remonter les bretelles d'Aurélien : quel vrai père n'aurait pas « le sang chaud » à propos de sa fille de treize ans ? Et la mère poursuivra pendant quelques jours encore une mission de surveillance, avant que sa vigilance ne s'effrite ? Quant au mot que vous avez reçu à propos de l'incident précis, je trouve qu'il reste nuancé.
Pour le reste et au-delà, vous me faites part d'un problème beaucoup plus vaste, qui est celui de l'acceptation difficile, dans une école secondaire, d'un jeune adolescent impulsif et provocateur ... mais ayant aussi, j'imagine, de réelles qualités humaines et bon élève de surcroît !
Si son impulsivité est liée à un TDAH lui-même lié à la maturation du cerveau, les progrès sont toujours lents et vous savez mieux que moi que ces enfants et ces jeunes demandent beaucoup de patience, beaucoup de valorisation de leurs dimensions positives, des exigences sociales adaptées à leurs capacités de concentration limitées, et quand même l'une ou l'autre sanction à l'occasion. Je vous invite d'ailleurs à aller lire sur mon site ce que j'ai écrit sur ces questions. (dossiers thématiques/hyperactivité)
Il semble que l'école ne met pas complètement ces dispositions d'esprit en pratique, mais hélas, je me sens tout à fait impuissant, d'ici, à dialoguer avec l'école quant à la gestion quotidienne d'Aurélien !
Essayez de ne jamais transformer la relation avec lui en une réduction à ses attitudes dysfonctionnelles, et à conserver en vous, et en lui, une vraie confiance sur sa valeur d'être humain.
Bien amicalement.
Mots clé Sexualité des adolescents, sexualité saine, sexualité normale, seins, hyperkinésie, hyperactivité ; impulsivité sexuelle, TDA/H.