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 5.1.INTRODUCTION

 A - Vers trois ans, chez les enfants en bonne santé mentale, des pulsions et des désirs d'amour s'expriment fortement ; nous leur donnerons la qualification " oedipiens ". Ils coexistent avec les pulsions et désirs agressifs décrits précédemment ou se mélangent à eux ( intrication ). Il en résulte que : 

- un des parents, souvent celui du sexe opposé, est l'objet principal d'un mélange de pulsions ou de désirs amour-domination ... amour conquérant où l'enfant cherche à être le petit " roi de cœur " ou la petite " reine de cœur " de celle ou de celui qu'il chérit ;

 - l'autre parent, qui apparaît, lui, comme le rival, le gêneur du parfait amour se trouve souvent cible d'agressivité et incitant à la compétition. Néanmoins, à certains moments, il est tout aussi aimé que le premier : pulsions et désirs sont susceptibles d'aller et venir, sans rigidité. Il ne faut pas céder aux simplismes ; si l'enfant est souvent amoureux du parent du sexe opposé et en rivalité avec celui de son propre sexe, d'autres combinaisons sont possibles, sans que ce soit ipso facto anormal ;

- à d'autres moments, chaque parent ( ou le couple parental ), est perçu comme le détenteur de la puissance, de la maîtrise sur la vie, entre autres grâce à des pouvoirs secrets acquis au fil du temps. Alors, c'est à nouveau surtout l'agressivité qui s'exprime, de façon violente ou rusée, pour les diviser ou/et leur dérober leurs secrets et leur puissance ; 

- frères et soeurs éventuels sont investis, eux aussi, par l'amour ou/et l'agressivité : rivalité, jalousie, admiration, recherche de parentage, " simples " exutoires pour l'agressivité plus ou moins ludique, ou pour satisfaire la curiosité sur les grandes questions de la vie, etc. ... ; 

 

Simba et Nala, dans

 

- l'enfant s'aime lui-même : narcissisme secondaire, " sexué " : joie d'avoir un corps avec ses caractéristiques physiques, ainsi que des qualités morales ; exhibition de soi ; capacité de se faire du bien ; foi dans ses ressources propres ; capacité de prendre du plaisir en soi ( souvent sexuel-génital ), etc. ... 

Pour accepter la dimension la plus fondamentale de l'interdit, sans renoncer pour autant à ses désirs, l'enfant va essayer de sublimer le mode d'expression de ceux-ci, en s'identifiant pour ce faire à beaucoup des comportements de ses deux parents et surtout du rival homo-sexué ( il adopte un style de vie en partie analogue ; il privilégie l'expression de la tendresse plutôt que ses demandes de corps à corps sexuel ; il réalise des performances socialement acceptables, plutôt que de donner des coups de pied à son parent, etc.).  

Il va aussi renoncer - parfois péniblement - à la possession totale du parent aimé, via la répression consciente ou le refoulement d'une partie de ses désirs et via leur déplacement dans le monde social, avec des enfants de son âge.

B. L'attitude des parents est fondamentale pour que s'effectue cette progression. Il s'agit pour eux de savoir manier les contraires : 

 - Accueil de ce " mouvement de la vie " ..., dans son principe et, plus concrètement, dans certainede ses formes ( tendresse, jusqu'à un certain degré de sensualité ... affirmations agressives de soi, même " fortes " ... un certain degré de rivalité, etc. ...) 

- Reconnaissance de la valeur de l'enfant : son corps sexué et ses qualités. 

- Acceptation de la croissance de celui-ci : il " vit " de plus en plus et les parents, eux, déclinent tout doucement. De temps en temps, les chemins se croisent : il est donc souhaitable de reconnaître que l'enfant est parfois plus compétent, plus fort que ses parents. 

- Interdiction de ce " petit quelque chose en plus " qui voudrait- la possession totale de l'être aimé et/ou l'activité sexuelle avec lui ; l'élimination du rival ;  ou/et la toute-puissance face à ce qui est supposé être le pouvoir des parents. 

- Renvoi de l'enfant :  dans sa génération en ce qui concerne le partenariat amoureux et sexuel ;  à lui-même en ce qui concerne la compétence : " Tu as des ressources en toi ".- invitation aux sublimations et à l'identification. 

  1. Si existe cette attitude nuancée ... et pour peu que l'enfant la lise bien, que ses prédispositions le lui permettent et que l'usage qu'il fait de sa liberté le confirme : 

- l'enfant est confiant en soi ; confiant ( et aimant ) sa " valeur sexuée " ; créatif ; 

- aimant toujours le parent qui est son premier choix ... mais sur un mode plus tendre, plus filial ; 

- réconcilié avec l'autre et s'étant assez bien identifié à lui ; 

- ayant sublimé une bonne partie de ses pulsions et désirs les plus directs ( en accord avec lui-même ... et pour les beaux yeux de ses parents ) ;- ayant déplacé ses pulsions et désirs les plus directs dans sa génération. 

- il n'en est pas pour autant devenu un mouton : sur fond de ce qui précède, il existe quand même une capacité de négociation ( pour faire plier parents et aînés ) et même, des moments plus irrationnels d'affirmation de soi pour le fun, contre toute attente.

 C. A la préadolescence, cette stabilité est remise en question : nouvelles montées de pulsions et de désirs, oedipiens et plus archaïques ; angoisses et dépression du jeune qui se sent changer, et ne se maîtrise plus ; maladresses des parents : fond de relations plus agressif aux parents, entrecoupé de flashs de grand amour. Nous y reviendrons dans l'article  Troubles lies à la préadolescence  

 

 TROUBLES AFFECTIFS, SANS ALTERATION IMPORTANTE DU SENS DE LA REALITE

 

 Troubles centralement liés à l'existence et à l'intensité des pulsions et désirs oedipiens (27)

 

A - En direction du (des) parent(s) objet(s) d'amour : excès de possessivité, d'exclusivité tyrannique ou/et de sensualité, voire d'érotisme.

Chez quelques-uns, la majorité du temps, la partie " amoureuse " de ces pulsions et désirs intriqués à l'agressivité reste secrète et ils ne montrent que leur volonté de domination, entrecoupée de loin en loin par une flamme amoureuse.

Enfin, l'enfant peut vivre des dépressions typiques lorsqu'il se sent moins préféré. 

B - En direction de l'autre parent, vécu comme rival : colères, mots très durs, rejet ostensible ; tentatives de division de l'intimité des parents ( appeler toujours le même pour des difficultés d'endormissement interminables ). 

C - Vis-à-vis de la fratrie : 

- Jalousie, déclinée sous différentes formes : plaintive, désespérée, accaparant l'attention du parent de façon plus ou moins ostensible, ou agressive, dans les mots (" Je voudrais qu'il meure "), ou dans les actes. 

- Domination tyrannique, émanant le plus souvent des aînés. 

- Les puînés peuvent être envieux des prérogatives des aînés, de façon parfois très obsédante et intrusive du territoire de ces aînés. 

D - Découverte de son soi-sexué et surinvestissement narcissique et/ou auto-érotique de celui-ci : parfois, certaines explorations ou/et préoccupations sexuelles inquiètent les parents, par exemple, la masturbation ( lorsqu'elle est plutôt compulsive et ostensible, elle signe souvent l'angoisse de l'enfant quant à l'intégrité des parties sexuées de son corps ).

 

Prise en charge de ces enfants  : 

 

- Encourager leurs parents à adopter les attitudes décrites dans le paragraphe d'introduction . 

- Ecouter ces enfants, avec leur mode d'expression propre ( histoires, jeux, dessins ) : cette écoute les rassure sur la " valeur ", sur la " dimension humaine " de leurs désirs ; leur montrer le hiatus qui existe entre " désirer " et " réaliser tous ses désirs ".

 

Premiers signes d'une névrose

 

  Chez d'autres enfants, la réalisation des pulsions et désirs oedipiens persiste, mais coexiste avec angoisse, dépression et culpabilité : ces enfants ont introjeté les interdictions menaçantes d'autrui à leur sujet, et vivent un conflit intrapsychique auquel ils ne trouvent d'abord pas d'issue satisfaisante : ils protestent donc de l'existence de leurs pulsions - par exemple, un tel cherche à diviser le couple parental, à accaparer l'un et à rejeter l'autre ... un autre agresse vicieusement un puîné ... - mais, juste, après, ces enfants sont inquiets, se sentent méchants, ont besoin de vérifier qu'on les aime toujours, ce qui peut créer de véritables cercles vicieux.

Progressivement, certains de ces enfants gagneront en maturité, et d'autres passeront par la " solution " de la névrose. nous en parlons en détails dans l'article 

NEVROSE OU TROUBLES NEVROTIQUES CHEZ L'ENFANT ET LE PREADOLESCENT 

 

Lors de cette étape du développement, il existe bien d'autres sources d'angoisse que ces premiers conflits infra-psychiques.

 

Ainsi, il y a les angoisses que l'on peut appeler " cognitives ", liées à un exercice juste ou erroné de l'intelligence ou/et au libre jeu de l'imagination : nous en parlons en détails dans le dossier thématique consacré à l'angoisse. En leur nom :

 

A - Certains petits enfants ne sont pas prêts à affronter la situation scolaire, soit qu'ils l'imaginent peuplée d'affreux dangers, soit qu'ils imaginent l'oubli par maman, l'anéantissement des liens familiaux ... pendant leur séjour à l'école : leur angoisse de séparation s'exprime par leurs pleurs et accrochage au parent accompagnateur, et par leur inhibition et leur chagrin persistant en classe. Elle ne s'arrange pas toujours en quelques jours, loin de là, et devrait constituer un signal d'alarme pour tous si elle persiste (28). 

B - Il existe également beaucoup d'angoisses à propos du corps et de son fonctionnement, entre autres, autour de la différence des sexes et du fonctionnement de la sexualité ( relations sexuelles, mode de sortie des bébés, etc. ...). La curiosité et l'intelligence travaillent beaucoup ce propos, mais se trompent régulièrement et sont à l'origine de confusions inquiétantes. Les angoisses qui se génèrent alors spontanément se mélangent, en une résultante unique, aux éventuelles angoisses liées aux premiers conflits intrapsychiques ( par exemple - pour les enfants des deux sexes - crainte d'anomalie de l'organe génital, parce que la différence des sexes n'est pas bien connue et maîtrisée, et  suite à la culpabilité masturbatoire ...) : il peut s'en suivre des vérifications anxieuses, elles-mêmes réprimées par l'entourage.

 

 

TROUBLES COGNITIFS ET INSTRUMENTAUX

 

Nous allons procéder maintenant à une réflexion plus détaillée à leur sujet, car nous sommes à une phase du développement et une bonne partie d'entre eux éclatent au grand jour. 

I. Définitions 

----  Troubles cognitifs, ( ou intellectuels, ou de l’intelligence ou troubles des fonctions cognitives ) : altérations de l'équipement ou/et du rendement de l'intelligence de l'enfant, en référence à ce qui en est attendu pour son âge biologique. 

Ces altérations se mesurent psychométriquement, via des tests intellectuels ( WISC ; K-ABC, etc. ) et s'évaluent cliniquement, en observant le travail des fonctions les plus centrales de l'intelligence : créativité ; capacité à solutionner des problèmes nouveaux ; raisonnement ; capacité à procéder à une démarche d'induction ( généralisations ; découvertes de " lois " qui régissent les choses ...), et, réciproquement, capacité déductive ( c'est-à-dire application adéquate des lois au Réel concret ...) ; progressivement, capacité de manier les concepts et les abstractions, etc. ...

 

----  Troubles instrumentaux  (29) ( ou des fonctions instrumentales ) : altérations de l'équipement ou/et du rendement des fonctions instrumentales de l'enfant, en référence à ce qui est attendu pour son âge biologique. 

Par fonctions instrumentales, nous entendons celles qui " instrumentent " l'intelligence, qui sont à son service : 

  Les troubles instrumentaux 

A - Répertoriage nosographique

 

 Dans le langage clinique quotidien les troubles instrumentaux sont souvent cités au titre de " symptômes " observés cliniquement, voire tout simplement d'items repérés par les tests psychométriques. Alors, on décrit :

 ---- Parfois, les plus élémentaires d'entre eux, avec des dénominations guère standardisées, relevant de systèmes de classifications très variés et de logiques internes peu consistantes : 

Par exemple

- Troubles de la latéralisation ( surtout les latéralités " croisés ", oeil-main-pied )
- Troubles du rythme ( capacité de reproduire des rythmes sonores )

- Troubles de la reconnaissance gauche-droite ( sur soi ou sur autrui )

- Troubles de l'orientation spatiale, temporelle

- Troubles de la coordination visuo-motrice

- Troubles de l'attention, de la mémoire à court ou à long terme, etc, etc. ...

 ---- Parfois, des fonctions " résultantes ", réalisant l'intégration de plusieurs de ces fonctions élémentaires mais toujours sans unanimité, ni cohérence de classification. 

Par exemple, troubles du langage, dysphasies ; dyscalculies ; débilité motrice, instabilité psychomotrice, etc, etc. ...

 ---- La CFTMEA R-2000 propose une catégorie " Troubles spécifiques du développement et des fonctions instrumentales " qui inclut : troubles de la parole et du langage ( avec des sous-rubriques ) ; troubles cognitifs et des acquisitions scolaires ( avec des sous-rubriques comme la dyslexie et les dyscalculies ) et troubles psychomoteurs. 

B - Catégories de fonctionnement psychique dans lesquelles s'inscrivent les troubles  instrumentaux

 

 1) Le trouble peut sembler exister à l'état isolé ; les fonctions les plus centrales de l'intelligence sont bien en place ; la personnalité n'est guère affectée par le trouble.

C'est peu fréquent ! C'est surtout le cas en début de perception du trouble par l'enfant et par son entourage ; ensuite, s'il s'agissait seulement d'une relative lenteur d'évolution de l'équipement, tout peut encore rentrer dans l'ordre. Par contre, si le déficit perdure, on bascule souvent vers la catégorie suivante :

2) La problématique devient mixte, instrumentale et affective ert ici aussi, 2 sous-groupes

 -- L'être psychique de l'enfant, cognitif et affectif connaît depuis longtemps un retard ou une dysharmonie diffuse de développement : 

Par exemple, graves dysphasies couplées à des personnalités anxieuses, peu performantes, solitaires : tableau d'ensemble de dysharmonie évolutive.

Psychoses, incluant souvent de sérieux troubles instrumentaux ( langage, parole, retard psychomoteur...). 

-- enfants où l'affectivité est incluse, mais moins massivement perturbée. En voici trois applications cliniques:

 

 Application 1: Les dyslexies : elles sont de type surtout linguistique ( déchiffrage laborieux des lettres, des phonèmes ), ou perceptif ( compréhension laborieuse du sens de l'écrit ). 

La difficulté de lecture est souvent couplée à de la dysorthographie, et parfois à des troubles phonologiques voire même à des troubles du langage parlé portant sur la lexique, la syntaxe. L'évolution peut être très chronique, les progrès se réalisent lentement, et demandent de l'enfant beaucoup de motivation positive et de persévérance.

 

Application 2: Les troubles du langage. On y trouve une gradation, du plus bénin ou plus sévère depuis : 

 

Application 3: L'hyperactivité de l'enfant (TDAH) (30)

 Nous vous renvoyons au dossier thématique           

  Hyperactivité; TDA/H; tics; habitudes nerveuses; mouvements stéréotypés de l'enfant et de l'adolescent 

 

... limites chute en sky ...

 

C - Prise en charge - Quelques principes

 

  1. Certains troubles instrumentaux légers s'améliorent seuls ; ils bénéficient essentiellement d'une ambiance de vie positive, encourageante.

On peut donc recommander aux parents d'attendre, de maintenir l'espérance chez l'enfant, d'éviter d'étiqueter le problème : qu'ils entraînent l'enfant légèrement, mine de rien, et en acceptant que la performance ne vienne pas tout de suite !

 2. Tous les troubles s'aggravent dans un contexte de tension, que celle-ci soit aspécifique ou qu'elle porte plus centralement sur l'existence du trouble lui-même.

Donc faire tout ce qu'on peut pour que l'ambiance de vie soit sereine, et pour que le handicap momentané de l'enfant soit relativisé.

 3. Aucune rééducation ne profite à un enfant ( qui reste ) non-motivé ou contre motivé. Donc rééducation ( logopédie, psychomotricité, etc. ...) si :

 

- un trouble évalué d'intensité faible ne s'améliore pas " spontanément " chez l'enfant jeune ( avant l'âge scolaire ) et correctement encouragé par ses parents ; 

- l'enfant est intéressé ; 

- il y a des résultats au fil du temps : importance d'une réévaluation régulière ; la stagnation devrait amener un changement de méthode ou une suspension de la prise en charge, après évaluation de sa signification.

 

'4.Lorsque la problématique est grave et chronique, les rééducateurs témoignent souvent de trésors d'ingéniosité ( par exemple, avec des enfants très dysphasiques, recours à des programmes-ordinateurs qui stimulent le désir de communication, etc. ).

 NOTES

27   R-2000 : 4. 1. Manifestations réactionnelles. 

28   CFTMEA R-2000 : 7. 4. Troubles de l'angoisse de séparation. 

29   Les neurologues, neuropédiatres et une partie des psychologues cognitivistes et comportementalistes parlent actuellement plus volontiers de « troubles neuropsychologiques ». Les frontières de ce concept sont assez floues. II recouvre les fonctions instrumentales dans notre acception, mais avec une certaine extension vers les fonctions fines de l'intelligence ... approximativement, ce sont les troubles qui entravent les apprentissages scolaires, sans être vraiment causés par un déficit central de l'intelligence. 

30   DSM : Attention deficit disorder with hyperactivity ; CFTMEA R-2000 : 7. 00 Hyperkinésie avec trouble de l'attention.