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 8.3. 2005- 2007

Année 2005 

1 Les enfants et le traumatisme dutroux

LAURENCE BERTELS à penser l´impensable, les enfants avaient perdu foi en leurs (re)pères.
Une des conséquences de l´affaire Dutroux est l´accroissement considérable de fausses allégations. 
L´immédiat les inquiète plus. 
Il fallait donc que l´affaire Dutroux éclate dans le pays du «grand saint Nicolas» dont la légende cruelle rappelle ce boucher prêt à loger les petits enfants. «Entrez, entrez,...»
La confrontation à la maltraitance de mineurs réveille toujours des angoisses archaïques et un dossier comme celui qui nous occupe rappelle que la pulsion l´a emporté sur la culture, que la civilisation a raté sa mission.
«L´affaire Dutroux n´est pas une affaire de pédophilie. Si les atrocités commises à l´égard d´enfants nous touchent particulièrement, elles n´ont rien hélas que de très ordinaire», écrit Francis Martens, psychologue, anthropologue, psychanalyste dans «Procès Dutroux. Penser l´émotion», un livre édité par la Communauté française qui réunit l´avis de juristes, psychiatres, philosophes ou sociologues au sujet de cet épisode important de notre histoire. 
Pour Francis Martens, au-delà des événements eux-mêmes, c´est l´impact qu´ils ont eu auprès de notre société, et de ses enfants, qui est considérable et renvoie au chagrin éprouvé par les Belges lors de la mort du roi Baudouin.
Dans les mois qui suivirent la libération de Sabine et de Laetitia, la découverte des corps de Julie, Mélissa, An et Eefje, les pédopsychiatres ont régulièrement été interrogés, principalement pour guider les parents, désorientés face à l´impensable. Huit ans après les faits et deux semaines avant le procès, nous avons cru bon de revoir certains d´entre eux, de donner la parole à d´autres, de mesurer, avec le recul, l´ampleur du traumatisme auprès d´une enfance qui s´est sentie violée dans sa pureté. De ces entretiens, il ressort des grandes lignes comme la puissance maternelle, toujours occultée, en matière d´inceste, la perte de (re)pères si souvent décriée en pleine société matriarcale, l´accroissement considérable de fausses allégations d´abus sexuels et des affaires comme celles du Collège Saint-Pierre ou de la crèche Clovis. 
Craintes cristallisées 
Le psychologue et psychanalyste Francis Martens estime que c´est surtout l´impact de l´affaire Dutroux, au-delà des crimes, qui s´est révélé fâcheux pour les enfants. Cette affaire a cristallisé des craintes qui couvaient déjà dans la société depuis une bonne dizaine d´années. 
L´angoisse ressentie par les enfants était aussi le reflux de celle vécue par les parents à l´heure de grandes questions et de véritable perte de repères au point, après un moment de déception, de s´adresser au Roi, qui règne sans gouverner, pour jouer le rôle de père symbolique: «C´est quoi un homme, une femme, qui nous protège? Sommes-nous tous susceptibles d´être abusés?» 
Farouchement opposé aux livres comme «Mimi, fleur de cactus et son hérisson» ou «Zoé, petite princesse», notre interlocuteur estime que, si le discours alors tenu a permis de dépasser le sentiment de culpabilité fréquemment rencontré chez l´enfant abusé, il a aussi nourri une grande insécurité face à la maigre fiabilité des adultes. 
«Ainsi, même les parents passent à l´acte», ont en effet dû penser nombre de lecteurs. Pour les enfants, il n´était pas rassurant d´être invité à se méfier de tous les inconnus. 
Plus concrètement, l´affaire Dutroux aura considérablement modifié le comportement des professeurs et autres éducateurs, des parents parfois, autant d´adultes n´osant plus la moindre accolade avec leurs enfants. Les institutrices de maternelles n´osent plus accompagner les petits à la toilette. Des bambins entreprenants sont pris pour des pervers.
«C´est encore plus aigu dans nombre d´institutions, nous dit Francis Martens. Par exemple, beaucoup d´infirmes moteurs cérébraux ou de handicapés mentaux ne peuvent pas se prendre en charge. Pour eux, l´heure du bain, des soins corporels était aussi un moment de confidence, attendu et important. Souvent, à présent, elle se réduit à une contrainte hygiéniste.»
Pour notre interlocuteur, le dossier du Collège Saint-Pierre est un exemple criant de l´accroissement de fausses allégations - il parle de 89pc d´accusations non fondées en cas de conflits parentaux - et a mis au jour un phénomène de contagion semblable à celui des XVIe et XVIIe siècle, lors des grands procès de sorcellerie. 
Reste à savoir quelle sera la mise en scène médiatique du procès? La publication des lettres de la petite Sabine, fait considéré comme la continuation du viol par M.Martens, ne laisse rien augurer de bon.
Pour Philippe van Meerbeeck, pédopsychiatre et auteur, entre autres, de «L´infamille ou la perversion du lien» (éd. De Boeck), le procès Dutroux qui va débuter le premier mars ne va probablement pas perturber les adolescents. Pour eux, il s´agit en effet d´une vieille affaire qui ne les concerne plus et l´on peut croire que les assises tant attendues et tellement redoutées ne les marqueront pas plus que le procès Cools.
Ils sont plutôt touchés par l´immédiateté et les images de kamikazes diffusées régulièrement aux informations. Malgré cela, l´affaire Dutroux aura considérablement changé la donne puisqu´elle a cristallisé la croisade antipédophile en cours depuis une dizaine d´années. 
Ce dossier a mis à l´avant-plan le rôle de parents très présents, qui se battent pour retrouver leur enfant. 
«Ils devenaient les parents de tous quand les autres figures emblématiques de l´autorité - justice, police, gendarmerie, pouvoirs politiques - étaient mises sur la sellette. On assistait alors à une image paternelle, patriarcale positive tout comme celle de l´angélisme enfantin opposé au pervers polymorphe décrit par Freud.» 
L´inceste plus féminin
«Côté négatif, souligne le professeur, l´affaire Dutroux aura provoqué une multiplication de fausses allégations en matière d´abus sexuels alors que Dutroux n´est pas un pédophile mais un pervers sadique.
Pendant une centaine d´années, la parole de l´enfant a toujours été mise en doute, considérant qu´il s´agissait du fantasme oedipien présenté par Freud. Depuis Dutroux, la parole de l´enfant est presque toujours prise en considération et ce, en pleine société matriarcale où le père, en cas de séparation, ose à peine assurer la garde de l´enfant le week-end de peur d´être accusé d´attouchements ou autres. Or les fausses allégations ont des conséquences plus graves que le trauma sexuel lui-même car l´enfant s´enfonce dans une spirale mensongère. 
Cet effet pervers est d´autant plus regrettable qu´il surgit dans une société où les femmes ont de plus en plus de pouvoir sur leurs enfants, où l´inceste mère/fils est présent et tabou. On ne parle que des ogres, jamais des sorcières. N´oublions pas que dans toute la littérature, à commencer par le mythe d´Oedipe, l´inceste est féminin.» 
Jouer à Dutroux 
Très présent médiatiquement lors des faits de 1996, Jean-Yves Hayez, pédopsychiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc ne pense pas que les jeunes enfants vont être bouleversés par le procès Dutroux car il n´aura pas le caractère bref et intense d´un traumatisme.
En revanche, on assistera à une grande quantité de stimuli répartis sur un espace de temps relativement long. 
«Les enfants restent naïfs. Pour eux, il s´agit d´une histoire ancienne et le fait que les accusés soient en prison les réconforte. Ceci dit, ils vont certainement entendre des choses dures et impressionnantes. On peut imaginer que certains d´entre eux vont se mettre à jouer à Dutroux dans la cour de récré. Je suggérerais simplement aux parents d´être à l´écoute, de ne pas précéder leurs interrogations mais d´être prêts à y répondre.» 
La mémoire étant aussi la faculté d´oublier, les enfants ne seront finalement pas durablement traumatisés par cette affaire. Ils auront été insécurisés pendant une année à l´idée de faire des mauvaises rencontres et auront été perturbés face à des parents déboussolés. 
Enfin, Jean-Yves Hayez retiendra que les enfants sont mieux informés aujourd´hui et surtout, ont appris à se défendre dans la petite mesure de leurs possibilités. 
 
2. Petits mendiants
 

L'opinion de Jean-Yves HAYEZ, Mis en ligne le 09/03/2005

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Jean-Yves HAYEZ, pédopsychiatre, professeur ordinaire à l'université catholique de Louvain

Pour une partie des enfants mendiants ou associés à la mendicité des adultes, il s'agit de pratiques strictement privées, émanant de familles qui ne voient pas d'autres moyens d'assurer leur survie économique. Néanmoins, pour peu que l'inclusion des enfants y soit répétitive, les dégâts psychologiques sur ceux-ci sont déjà significatifs: d'abord, un manque dramatique de stimulations à des âges très sensibles de la vie et donc un sous-développement probable de l'intelligence; puis, à partir de 3,4 ans, les enfants prennent progressivement conscience du statut particulier de leur famille (pseudo soumission des parents à un arbitraire social méfiant et condescendant)leur estime de soi a bien du mal à se construire positivement! Donc, ils ne se risquent guère à déployer toute leur créativité.

L'image qu'ils se font de la société est centrée sur l'inégalité des pouvoirs et de l'accueil. Enfants, ils en déduisent eux aussi la nécessité de se pseudo soumettre, avec des sentiments d'injustice secrets! Adolescents, il leur arrive de se venger et d'agresser la société qui les exclut d'un vrai accueil. Ils le font souvent sur un mode mineur (vandalisme, petits vols), mais c'est encore eux que nous accuserons d'être délinquants, sans vraiment nous remettre en question!

A l'inverse, d'autres de ces enfants relèvent de pratiques de traite et d'exploitation des êtres humains (vendus..., arrachés à leur famille..., maltraités par celle-ci ou par leurs exploiteurs pour rapporter de l'argent par des moyens divers)ici, ils ne sont jamais respectés comme des êtres humains à par entière.

D'autres dégâts psychologiques viennent alors s'ajouter à ceux que nous venons de citer. Ces enfants ressentent vite et cruellement qu'ils n'ont d'importance pour personne. Ni pour le public, pour qui ils ne sont qu'un objet de méfiance ou d'apitoiement, ni pour leurs exploiteurs, pour qui ils ne sont que de la chair à billets, et parfois même pas pour leur famille, qui les a sacrifiés. Il ne peut rien s'en suivre de bon: d'abord désespoir et angoisse diffuse dissimulés vaille que vaille et, plus tard, une capacité à se blinder moralement et à s'identifier aux fonctionnements délinquants dont ils ont été eux-mêmes l'instrument: et le cycle de se perpétuer...

 

3. Garde alternée (histoire de-) (En Marche, 5 mai 2005) 

Une semaine chez maman, une autre chez papa… 

Jusqu’il y a peu, la formule “classique” en cas de divorce était de confier les enfants à leur maman, le papa ayant la garde un week-end sur deux et la moitié des vacances. Puis, avec la reconnaissance croissante du rôle du père, un certain nombre de couples séparés ou divorcés ont opté pour la garde alternée. Avec ses avantages et ses effets pervers… 

Lire également ci-dessous :

Les psy, extrêmement réticen

Une semaine chez maman, une autre chez papa. Ou alors une demi-semaine chez l’un, une demi-semaine chez l’autre et le week-end à tour de rôle. Les formules sont multiples comme les familles séparées, recomposées, monoparentales… Dans le meilleur des cas, tout se passe bien. Le principal avantage d’une garde alternée harmonieuse est de maintenir une relation constante avec les deux parents et d’éviter à l’enfant le douloureux sentiment de faire de la peine à l’un ou l’autre. En âge d’école primaire et au début du secondaire, les enfants peuvent y trouver leur compte. “J’ai deux maisons, deux chambres. Mon beau-père m’explique les maths, ma mère, le français et mon père les sciences. C’est plutôt cool”, confie, tout sourire, un Benjamin de 11 ans. Marielle, sa maman, confirme l’équilibre ; son ex-mari et elle-même surmontent les inévitables différends dans l’intérêt de leurs enfants : “On peut divorcer d’un homme ou d’une femme que l’on a aimé, mais on reste parent pour toujours”, affirme-t-elle. François, le papa, l’approuve, tout en soulignant que la garde alternée demande à la fois rigueur et souplesse : “Il faut s’adapter aux vrais besoins des enfants. On ne peut pas refuser de changer une date et empêcher ainsi un enfant de participer à un match de football ou d’aller à l’anniversaire d’un copain. Mais il faut aussi respecter suffisamment les règles pour que l’enfant se sente en sécurité et puisse se gérer”. 

“Et mes affaires de gym ?”

Le traditionnel “Et mes affaires de gym, elles sont où ?”, deux secondes avant de partir pour l’école, les enfants en garde alternée le connaissent bien. Forcément, elles sont toujours “à l’autre maison”.

Comme la préparation de la dictée, l’enveloppe avec l’argent pour l’excursion, les papiers qu’il fallait absolument signer… “Certains enfants ne sont jamais en ordre, soupire Mme Danièle, institutrice en 5e. Leurs affaires sont tantôt chez un parent, tantôt chez l’autre, mais rarement où il faut ! Tous les enfants doivent apprendre à avoir de l’ordre et de l’organisation. Ce n’est pas facile à dix ou douze ans. Mais quand on a deux maisons, c’est un casse-tête ! Il appartient aux parents de les accompagner. Certains le font, d’autres non… Et c’est une cause de dispute, parfois devant l’enfant qui se sent alors terriblement coupable. Mais il y aussi des élèves qui ont très bien compris le filon et qui en jouent pour masquer leurs propres oublis ! Ce n’est pas facile”. Pour les ados, c’est même franchement insupportable. A l’âge des copains et des décisions de groupe à la dernière minute, on vit mal le partage. “C’est vraiment trop dur de devoir sans cesse faire ses valises, trimbaler ses cours. Les vêtements des deux côtés, c’est l’horreur”, soupire Hélène. Elle souhaite se fixer chez son papa, “car en ce moment, maman et moi, c’est comme chien et chat”

Problèmes d’argent

Et puis, il y a les cas où cela ne va pas. “Certains parents restent hostiles l’un à l’autre malgré la séparation, constate Jean-Yves Hayez, responsable de l’unité pédopsychiatrique des cliniques universitaires Saint-Luc. Parfois, l’un des parents fait tout pour “gommer” l’existence de l’autre. Parfois, l’un d’eux essaye de pourrir la vie de l’autre par tous les moyens”. Disputes, cris, injures se multiplient et ce sont les enfants qui paient les pots cassés.

Loin de préserver l’équilibre, la garde alternée devient alors un enfer constellé de reproches et de plaintes, notamment financières. En effet, la garde alternée suppose “tout en double”. Cela coûte cher et dépasse les moyens de certaines familles contraintes d’y renoncer, non sans amertume. D’autres la maintiennent, mais en se disputant la moindre dépense et l’enfant se sent une charge, un poids.

La garde alternée exempte en effet du paiement d’une pension alimentaire puisque l’enfant se trouve à part égale chez chaque parent (pour autant que les parents aient un revenu équivalent). Dans ce cas, qui paie quoi ? Un contrat doit normalement le stipuler clairement pour éviter tout problème. La garde alternée “prétexte” existe aussi et elle n’est faite en rien pour rendre les enfants heureux. Certains parents la réclament simplement pour ne pas payer de pension alimentaire. Ces parents-là s’occupent souvent fort peu de l’enfant, le confiant régulièrement à d’autres personnes.

 

Anne-Marie Pirard 

Psychologues et psychiatres estiment que la garde alternée est une solution parmi d’autres, mais ils se montrent réticents, sinon hostiles, à l’ériger en modèle de référence. 

Face à la garde alternée, les réactions des psychologues et des psychiatres sont réservées et même plutôt réticentes. S’agissant des modalités de garde des enfants, Jean-Yves Hayez, responsable de l’unité pédopsychiatrique des cliniques universitaires Saint-Luc, estime qu’ “il s’agit d’une décision délicate, à prendre au cas par cas” (1). Or, légiférer sur le sujet, c’est prendre le risque de faire passer ce mode de garde comme une norme, une référence. Et là, précisément, les psy ne sont pas d’accord.

 

Ni une norme, ni une référence

Le projet de loi déposé à la Chambre à l’initiative de Mme Onkelinx se présente comme le prolongement naturel de la loi d’avril 1995 qui a instauré l’égalité de l’autorité parentale entre le père et la mère, ce que l’on appelle “l’autorité parentale conjointe”. Cette loi a constitué un véritable progrès, tous les psys sont bien d’accord là-dessus. “C’est un excellent principe qui reconnaît une égale valeur éducative au père et à la mère de l’enfant et l’importance que cet enfant puisse construire son identité en se référant à ce double lignage”, souligne Jean-Yves Hayez. Mais, précise-t-il immédiatement, “la garde alternée est l’une des applications possibles de l’exercice de l’autorité conjointe. Ce n’est pas la seule, ni même la meilleure possible”.

C’est également l’avis de Jocelyne Appelboom, professeur de psychiatreie infanto-juvénile à l’ULB, qui met le doigt sur les difficultés que cette solution peut entraîner pour certains enfants : “Le fait d’obliger les enfants à changer sans cesse de cadre de vie peut poser de sérieux problèmes, particulièrement aux enfants en bas âge. On risque d’augmenter l’insécurisation qui découle du divorce lui-même et d’ajouter des difficultés supplémentaires pour l’enfant”, écrit-elle (2).

 

Trois conditions de réussite

L’avis de l’enfant devrait être prépondérant dans le choix d’une solution harmonieuse après un divorce. Malheureusement, c’est loin d’être toujours le cas. Jean-Yves Hayez en fait pourtant la première des trois conditions indispensables pour que la garde alternée soit une réussite. Il parle de “l’état d’esprit profond et stable de l’enfant face au projet”. Le mot profond a son importance car l’enfant se sent tenu à la loyauté vis-à-vis de chacun de ses parents et craint de dire qu’il préfère vivre ici ou là de peur de faire de la peine à l’un de ses parents. C’est vrai, notamment, pour les adolescents qui, souligne Jean-Yves Hayez, ne sont guère enchantés par ce mode de vie.

Et puis, il y a les tout petits. Comme Jocelyne Appelboom, Jean-Yves Hayez estime qu’au-dessous de 3 ans, ils ont besoin d’une stabilité plus grande. Pour eux, la garde alternée n’est pas une bonne solution. Même Gérard Poussin, professeur de psychologie à l’université Pierre Mendès France, plutôt partisan de la garde alternée, le reconnaît lui aussi. (3).

Deuxième condition pour une alternance réussie : “Les deux parents doivent être aussi intéressés positivement par le projet et décidés d’y coopérer”. Pas question donc de multiplier esclandres et prises de bec lors des départs et des retours !

Enfin, il faut que les conditions matérielles s’y prêtent : une distance géographique trop grande entre les domiciles des deux parents exclut la garde alternée puisqu’elle ne peut garantir la stabilité scolaire et sociale de l’enfant.

Mais si ces trois conditions sont réunies et si les parents s’entendent pour pratiquer la garde avec souplesse, l’alternance peut très bien se passer.

 

(1) Dans un article publié de l’Observatoire social citoyen. Site : http://www.observatoirecitoyen.be/articlephp3?id_article=90

(2) Appelboom J. et Vangyseghem S., in “La Revue médicale de Bruxelles”, 2004, 25-442.

(3) Gérard Poussin, “La résidence alternée est-elle nocive pour les très jeunes enfants ?”, dans la revue “Divorce et Séparation” , n° 1, “La résidence alternée”, Editions Labor, 2004.

 

Année 2006

1 Un petit compte rendu sur ma chaire Francqui; journal Dimanche)

titre de la conférence laissait déjà présager la ré- ponse: oui, l’enfant (le mineur d’âge) est bien un sujet précieux, quelles que soient les maladies qui l’affectent (ainsi Patrick, un autiste de 15 ans à qui le professeur dédie sa conférence) ou le continent où il vit — la mortalité infantile est le fruit de négligences assassines. Mais aujourd’hui, notre culture aurait tendance à faire du petit d’homme un objet de luxe parfaitement programmé et possédé. La leçon inaugurale a commencé de manière très académique. Il s’agissait de dessiner l’évolution du sujet humain depuis sa vie intra-utérine jusqu’au seuil de l’âge adulte. Au fil du temps, c’est bien un sujet qui s’affirme de plus en plus. Cette différenciation radicale éclate dès la fécondation, explique le pédopsychiatre, tout en reconnaissant que ce qui se passe avant la naissance demeure de l’ordre du mystère. Mettre fin volontairement à la vie demeurera donc toujours un geste grave. Quand vient l’âge du “non”, il s’agit déjà de se mettre à distance de l’emprise des autres et de sauver sa liberté. Et à celui de l’adolescence, il faudra bien que le jeune se permette quelques transgressions pour pouvoir grandir “en âge et en sagesse”. Un orateur engagé Jean-Yves Hayez, docteur en psychologie et psychiatre, n’a manifestement pas voulu en rester aux considérations scientifiques. Au fur et à mesure que progressait la conférence, on pouvait sentir derrière ses propos l’homme engagé qu’il est. Le sage également, car cet homme de terrain sait qu’à vouloir trop la perfection, on fait parfois pis que bien. Les humains doivent pouvoir se contenter du “suffisamment bon”, expression que l’orateur affectionne particulièrement. Toute œuvre humaine que l’on voudrait positive est en effet inéluctablement marquée du sceau de l’humain, qui est un mélange de richesses et de manques, de sociabilité et d’égocentrisme. Dans ses propos sur l’éducation actuelle, Jean-Yves Hayez a pu stigmatiser une société démissionnaire – il faut trouver l’équilibre entre surprotéger et considérer déjà comme un adulte –, où l’enfant est “minutieusement programmé”, où même les fœ- tus à risque sont éliminés. De plus en plus, la règle est: un enfant si je veux, quand je veux, comme je veux. Quand il naît, bébé tombe dans un berceau tissé de dollars. Et de parler du tsunami du matérialisme ambiant. Dans ce monde, l’enfant risque bien d’être à la fois consommateur et consommé. “Nous t’avons tout donné. Nous attendrons donc de toi que tu réussisses tout.” Oui, aujourd’hui, l’enfant est roi mais d’un bien étrange royaume. L’on pourrait prendre cet universitaire – qui se veut tout autant vulgarisateur – comme un pessimiste. Loin s’en faut. C’est au nom de sa foi en tout enfant et tout jeune qu’il parle. Les questions en fin de conférence n’ont pas réussi à lui faire dire que la jeunesse était pourrie. “Quand je pense à la jeunesse, je suis optimiste. C’est toujours elle qui a changé le monde.” Les jeunes gardent en effet des idéaux, témoigne-t-il. Mais ils sont souvent seuls devant leur miroir. Il n’y a plus – comme du temps de sa propre enfance – une religion qui leur tend la main. Charles DELHEZ Un cycle de conférences gratuites a lieu tous les lundi de 18h à 20h, jusqu’au 27 mars, à la Faculté de médecine, Place du Palais de Justice, Namur (081/72.44.30 – mme@psy.fundp.ac.be).

2. Les enfants cyber dépendants 

Article paru dans La Dernière Heure du 21/6/2006 sous le titre : La maladie Internet
 
Entre 2 % et 4 % des enfants sont considérés comme cyber-dépendants 

BRUXELLES La cyber-dépendance – lorsqu’Internet devient une véritable obsession – n’est pas l’apanage des adultes. Les enfants, même parmi les plus jeunes, sont eux aussi susceptibles de présenter des troubles de ce type, comme le constate jour après jour le Pr Jean-Yves Hayez, chef du service de psychiatrie infanto-juvénile des Cliniques universitaires Saint-Luc. De fait, “2 à 4 % des jeunes utilisateurs d’Internet sont vraiment cyber-dépendants”. Une proportion apparemment faible, encore qu’une étude a montré qu’en 2004 – la situation a sans doute évolué depuis – “les jeunes âgés entre 12 et 17 ans ont consacré 37 % de leur temps libre à la télévision, à Internet ou encore aux jeux vidéos”. 

L’accès à Internet se justifie, poursuit Jean-Yves Hayez, par un triple objectif : communiquer, s’amuser (jeux, téléchargement de musique…) et s’informer. Quant à savoir s’il faut s’inquiéter de la place que prennent les multimédias dans leurs loisirs, “la réponse est nuancée”. Ainsi, “l’usage est positif jusqu’à une certaine limite d’intensité. Heureusement, la majorité des jeunes ne dépassent jamais ce seuil. Très peu s’enlisent. Globalement, Internet est positif pour la confiance en soi et la construction de l’identité. Les jeunes y trouvent aussi le moyen de satisfaire leur curiosité, de décharger leur surplus d’agressivité ou leurs pulsions sexuelles”. 

Ils se permettent aussi ce que le Pr Hayez qualifie de “petites transgressions commodes” : désobéissance aux parents sur les horaires ou les sites fréquentés, petits piratages… Et “selon les sites ou les forums fréquentés, ils sont porteurs de pseudoset de comportements différents qui leur offrent autant de possibilités d’explorer les multiples facettes de leur identité”. 
Aspects positifs, donc, mais facettes négatives, aussi. “Le sentiment de compétence peut se transformer en ivresse de toute-puissance”, poursuit le Pr Jean-Yves Hayez. “L’adolescent devient esclave d’une machine lui procurant tant de jouissances et d’illusions, et le poussant même à expérimenter dans le monde réel l’une ou l’autre stratégie violente dont il s’est déjà repu virtuellement”. Dans le même ordre d’idées, “la sexualité peut se focaliser sur un point particulier et la réduire à sa dimension pornographique ou perverse. Le jeune peut rechercher des connaissances antisociales; d’autres, manquant fondamentalement de confiance en eux, se coupent des liens sociaux et ne fréquentent plus que des cybermondes. Enfin, l’éducation et la critique étant absentes, l’enfant est confronté à trop de savoirs erronés et superficiels.” 

Le rôle des parents est évidemment important. “La durée de fréquentation des multimédias doit être contrôlée et ceci depuis l’âge le plus tendre, c’est-à-dire celui des Gameboys. Ce temps ne doit pas mordre sur les tâches scolaires ou les besoins en sommeil réparateur. Par ailleurs, je ne crois pas en l’efficacité des logiciels de contrôle parental : ils ne sont qu’une illusion de sécurité. Il est plus payant que les parents accompagnent les premiers pas des jeunes sur Internet et protègent les plus sensibles des sites ou jeux estimés traumatisants”. 

 

 4 . Amis ou ennemis ( la lucarne) (déc 2006)
 
Lucarne: Que dressez-vous comme état des lieux à propos des jeunes et des multimédias ? Pr Jean-Yves Hayez: Les jeunes fréquentent de plus en plus les écrans. En 2004, les 12-17 ans belges passaient quasiment la moitié de leur temps libre entre la télévision, internet et les jeux vidéo. Dans cette tranche d’âge, le sport, les activités culturelles (en groupe), les sorties et la lecture arrivent bien après: on “sort”, mais à domicile, devant une machine… La messagerie instantanée d’apparence privée (MSN Messenger) fait-elle aussi un véritable tabac chez les 12-16 ans. Autre particularité: beaucoup ont l’œil sur plusieurs multimédias à la fois; ils surfent sur le net tout en dialoguant avec plusieurs interlocuteurs, en lisant leur courriel, en allant nourrir leur cyber-ours ou chercher vaguement de la documentation scolaire sur Google; en même temps, ils jettent un œil sur la télé, répondent à leur portable ou y surveillent l’arrivée de SMS et autres images… Lucarne: Quels sont, selon vous, les points positifs (acceptables) dans les pratiques des jeunes sur les multimédias ? Pr J-Y. H.: De nombreux points sont positifs, du moins jusqu’à une certaine limite! Je pense à l’usage personnel des multimédias qui permet à beaucoup de faire l’expérience d’une compétence personnelle originale et d’une maîtrise exercée sur le monde matériel, voire relationnel. De cette façon, ils vivent la réussite de projets élaborés seuls ou entre copains. Même si ces expériences comportent des limites et des illusions, elles Les adolescents et les multimédias sont souvent positives pour le sentiment de confiance en soi qu’elles procurent et pour la construction de leur identité. Autre élément à pointer: beaucoup trouvent dans les multimé- dias une occasion de satisfaire cette disposition humaine fondamentale qu’est la curiosité. Ils peuvent le faire sans tabou, ni contrôle : cela aussi, c’est grandir, même si on s’y brûle parfois le bout des ailes ! Lucarne: Que penser des jeux vidéos violents ou encore des conversations sexuelles ou autres sur le net ? Pr J-Y. H.: A l’occasion, les jeunes peuvent éventer dans ces jeux des surplus d’agressivité ou de pulsions sexuelles qui ne peuvent pas diriger sur des objets externes incarnés. Et même si ce sont des représentants de l’ordre établi qui sont massacrés dans tel jeu vidéo, ce n’est jamais qu’un jeu: l’adolescent normal sait bien faire la part des choses entre l’imaginaire et la réalité. Quant aux conversations sexuelles, voire un peu de cybersexe avec une fille de Montréal que ça amuse aussi, c’est déjà se hasarder à dépasser le monde de la sexualité solitaire… Les multimédias permettent bien d’autres petites transgressions commodes, tâtonnements nécessaires à l’affirmation de soi et au grandissement: depuis les sales coups joués à des internautes qu’on n’aime pas ou encore jusqu’à l’expertise théorique acquise en matière de cannabis… Les multimédias et surtout Internet, permettent encore aux jeunes de découvrir et d’explorer différentes facettes de ce patchwork qu’est “l’identité”. Selon les sites et interlocuteurs du moment, les voici porteurs de “pseudo”, d’une carte d’identité et de manières d’être bien différentes. Ils apprennent à s’assumer dans leurs dimensions intérieures et être plus tolérants pour celle des autres ; ils gagnent en confiance en eux et se choisissent petit à petit une identité dominante. Lucarne: Que cherchent les jeunes dans les multimédias ? D’abord et avant tout, à communiquer: avec leurs copains, avec le monde entier. Ils vivent en réseau. Parce qu’ils adorent être en relation. Ces communications peuvent être profondes ou passionnées, il est donc injuste (et typique d’une rivalité intergéné- rationnelle) de les réduire à des “chitchats” superficiels. On a dit parfois d’Internet qu’il constituait le plus grand groupe de self help du monde, immense réservoir communicationnel où, entre gens connus ou inconnus, s’exercent de profondes entraides, solidarités et fonctions thérapeutiques informelles. Lucarne: Beaucoup cherchent aussi simplement à s’y distraire… Pr J-Y. H.: Oui, ce sont des distractions vécues seules ou partagées (on en parle à la récré, on est à deux ou trois devant l’écran, on échange des fichiers, on se plonge dans un jeu multiplayers…). Distractions plutôt stimulantes pour l’esprit, même si l’on ne bouge pas beaucoup. Nous faisons souvent reproche à nos jeunes de passer trop de temps à ces distractions cocoon et sans doute n’avons-nous pas complètement tort. Mais par ailleurs, les rues de nos villes sont-elles encore si sûres pour y jouer ? Et les distractions organisées (sports, stages) ne sont pas toujours bon marché et aussi «distrayantes» qu’elles ne l’annoncent. Lucarne: Tout n’est pourtant pas rose: quels sont les risques des multimédias et les franches destructions ? Pr J-Y. H.: Le revers de la médaille (les piè- ges des multimédias) est d’abord de s’y empêtrer: de devenir cyberdépendant. Même si cette nouvelle forme de dépendance frappe surtout les jeunes au-delà de 20 ans, principalement les gens sans liens, ni bonheur relationnel, elle n’épargne pas une petite partie des mineurs d’âge: ceux chez qui les parents n’ont pas été assez vigilants pour amener progressivement une autodiscipline dans l’usage des multimédias. La cyberdépendance peut consister en un surf diffus et interminable sur les diverses fonctions d’Internet, ou avoir un objet très précis (le chatt, les jeux vidéo, la pornographie, la fabrication de logiciels et l’amélioration sans fin de l’ordinateur, le téléchargement obsessionnel de musique et de vidéos, etc.). Plus globalement, tous les autres points positifs que nous venons d’évoquer sont susceptibles de se muer en points négatifs, en raison des avatars de la construction de la personnalité de l’ado ou en fonction de circonstances externes très variées. Ainsi à force de plonger dans le monde virtuel, le sentiment de compétence peut se transformer en ivresse de toutepuissance. Un état qui coupe le jeune des autres, le rend esclave d’une machine procurant tant de jouissances et d’illusions, et le pousse même à expérimenter dans le monde réel, l’une ou l’autre stratégie violente ou sexuelle dont il s’est déjà repu virtuellement, principalement pour le plaisir de se sentir invincible : inutile de rappeler que ce dernier passage à l’acte, rare, menace surtout les jeunes dont l’équilibre psychique préalable était déjà problématique. Des dérives peuvent également se produire sur le plan de la sexualité. Sur le plan social, les transgressions dont tout jeune est amateur peuvent le pousser à chercher des connaissances de plus en plus antisociales et à les mettre en pratique sur le web ou dans le monde incarné (création ou renforcement d’une structure délinquante). La fréquentation en solitaire des multimédias peut couper les jeunes des liens sociaux incarnés, ce qui convient très bien à certains peu sûrs d’eux; ils se contentent de fréquenter des mondes où l’autre n’est présent qu’indirectement et où ils ont la maîtrise de l’anonymat et du débranchement. Le danger est également de ne plus pouvoir se débrancher: même quand le média n’est pas là concrètement en face d’eux, il est toujours occupé à agir dans leur tête, où continuent à passer presque sans fin les images, les sons, les expériences médiatiques qui les ont le plus excités. Alors, bonjour les dégâts scolaires et ceux en sociabilité! Enfin, s’il se construit chez certains jeunes trop de savoirs erronés ou superficiels, parce que l’intergénérationnel et l’éducation à la critique scientifique ne jouent plus, nous n’avons qu’à nous en prendre à nos dé- missions d’adultes ! Lucarne: Que faire face à ces nouvelles pratiques des jeunes ? Pr J-Y. H.: Tous les adultes devraient s’intéresser aux multimédias et y connaître au moins un petit quelque chose, évitant ainsi de leur conférer la dimension d’un monde réservé aux moins de 20 ans. Côté parents, nous avons à rester des éducateurs actifs, tant dans le champ de la gestion des médias que dans celui des idées qu’ils suscitent. Lucarne: Concrètement ? Pr J-Y. H.: Cela signifie qu’il est primordial d’installer précocement, dès 9-10 ans, une bonne discipline quant aux durées consacrées aux multimédias. Durées qui peuvent augmenter au fur et à mesure que l’enfant grandit, mais les parents doivent garder un vrai contrôle dessus, aussi longtemps qu’ils ne sont pas sûrs que le jeune y arrive seul: la multimédia dépendance, et plus strictement la cyberdépendance, est vraiment une grande misère, rebelle à améliorer, équivalente aux autres toxico-dépendances. Lucarne: Un exemple? Pr J-Y. H.: On peut admettre qu’un enfant de 10 ans puisse consacrer 2h par jour aux multimé- dias, tous appareils confondus, à certaines conditions : avoir fini et bien fini ses tâches scolaires ; aller au lit à une heure raisonnable (sans écran allumé dans sa chambre!); ne pas échapper par médias interposés à des services matériels à rendre en famille ni à de saines distractions familiales ou sociales, pour peu qu’elles soient concrètement accessibles. Dans le même ordre d’idées, si une famille en a les moyens financiers, elle peut acheter deux ou trois ordinateurs et les installer dans une pièce commune conviviale, plutôt que de régler sournoisement la question des durées en obligeant les utilisateurs potentiels mineurs d’âge à se bagarrer et à “s’arranger” autour de l’unique appareil de la maison: à ce jeu-là, ce sont trop souvent les plus forts qui gagnent… Lucarne: Dialoguer beaucoup avec les enfants et les adolescents … Pr J-Y. H.: Oui, sur la place des médias dans nos vies et dans les sociétés ; sur les intérêts et les risques liés à leur utilisation; sur les idées et les images qu’on y capte et sur les valeurs ; sur la pornographie, le Bien, le Mal. Je préfère mille fois ces discussions, pas toujours suivies d’obéissance, que la croyance en la vertu des filtres ou des seules interdictions proférées de haut. Une des idées-clé de ce dialogue est la suivante: ce qui se pratique sur Internet et dans les autres multimédias, c’est susceptible d’être aussi bien, “neutre”, ou mal que ce qui se pratique dans la vie incarnée; et dans la famille, on attend de chacun, adultes et jeunes, qu’ils soient plutôt des gens “bien”, même si, pour y arriver, ils doivent parfois se battre … avec eux-mêmes. [Propos recueillis par XL]

 

5. Stacy, Nathalie en de bescherming (in Nederlands)(07-05-2006)

ovele vragen bij de dood van Stacy en Nathalie

Op de Pont des Bayards, vlakbij de plaats waar de lichamen van Stacy (7) en Nathalie (10) werden gevonden, brengen eindeloos veel inwoners hulde aan de twee meisjes. De mensen stellen zich veel vragen. Konden we dit verhinderen? Hoe is het mogelijk dat de man die ze nu weer hebben aangehouden, vrijkwam zonder toezicht of begeleiding? Iemand legt een bloem bij de knuffels, hij vindt dat de ouders niet zo laat met hun kinderen in het café hadden mogen blijven. "Dat mag je niet zeggen", reageert een ander. "Het kan ieder van ons overkomen. Ik heb die dag ook gefeest tot twee uur 's morgens". De vraag is: hoe voorkom je dat zoiets nog ooit gebeurt?

Alice Bernard 

Professor Jean-Yves Hayez (UCL) volgt problematiek al sinds Julie en MelissaHoe moeten we onze kinderen beschermen?

De dood van Stacy en Nathalie werpt heel wat vragen op. Wat moet er gebeuren met pedofielen? En vooral, hoe moeten we onze kinderen beschermen? Een gesprek met kinderpsychiater Jean-Yves Hayez. 

Vanwaar komt pedofilie? Kunnen pedofielen genezen?

Jean-Yves Hayez. Je kan moeilijk alle pedofielen over dezelfde kam scheren. Een groot deel is onvolwassen, voelt zich slecht in zijn vel en kan niet zonder emotioneel of seksueel genot. Je kan het bijna vergelijken met alcoholverslaving. Dat type pedofiel koestert de illusie dat kinderen hem graag zien, hem niet afwijzen, hij gelooft zelfs dat hij "dezelfde leeftijd" als een kind heeft. Voor dat soort pedofiel is een kind als een fles alcohol. Elk moment van plezier met een kind creëert een soort afhankelijkheid. Deze vorm van pedofilie komt het meeste voor en heeft ook het meeste kans om positief te evolueren. Als men die pedofielen in de gevangenis tenminste een intensieve behandeling geeft en als men, bij hun vrijlating, een verdere opvolging garandeert. En als men hen op een niet stigmatiserende manier verder sociaal begeleidt. Er zijn dus veel als'en, veel voorwaarden.

Andere pedofielen, maar die komen minder voor, lijden aan persoonlijkheidsstoornissen. Die hebben niks te maken met gebeurtenissen in hun leven of met onvolwassenheid. Deze mensen zijn een permanent potentieel gevaar. Een psychopaat bijvoorbeeld wil op een geobsedeerde manier de wet uitdagen, bewijzen dat hij er boven staat. Dat kan leiden tot het aanranden of het in elkaar slaan van mensen. Een seksuele pervert is dan weer geobsedeerd door seks. Hij is niet op zoek naar een relatie waarin beide partners op gelijke hoogte staan. Van dat type pedofiel kan je nooit zeggen dat hij genezen is, zelfs niet na intensieve therapie. Het risico dat hij hervalt, is zeer groot. Zelfs als hij zelf denkt veranderd te zijn, blijft hij een wandelende tijdbom: je weet nooit of en wanneer hij ontploft. Dat is echt een probleem voor de maatschappij.

Geen rozen zonder doornen, zo is de wereld en een kind moet dat weten. De ouders moeten een kind leren voorzichtig te zijn en zich te doen respecteren. Foto: het feest Saint-Léonard in kleur in Luik in 2005. (Foto Solidair, Antonio Gomez Garcia)

- Klik op de foto om ze te vergroten -


 

Hoe kan je het risico op hervallen inperken?

Jean-Yves Hayez. De meeste landen maken niet genoeg middelen vrij. Het kost te veel en het resultaat is niet gegarandeerd. In Canada staat men het verst. Voor de grote seksuele delinquenten bestaat een groot aanbod van psychologische therapieën, die ze in de cel al kunnen beginnen. De therapeut is ook niet gebonden aan beroepsgeheim: hij kan elementen verklappen, die de beslissing over vrijlating of verdere opsluiting kunnen beïnvloeden. Bij ons heeft het Waalse Gewest enkele initiatieven genomen, maar die zijn lang niet voldoende en ook niet gecoördineerd. Men zal daar wellicht nog enkele maatregelen of wetsvoorstellen aan toevoegen, en misschien wat geld vrijmaken, maar er is geen sprake van een echte maatschappelijke keuze.

 

En wat zou die keuze dan moeten zijn?Jean-Yves Hayez. Als burger vind ik dat iemand die een kind heeft gedood, na het seksueel misbruikt te hebben, een levenslange gevangenisstraf verdient. Het is een "Amerikaanse" redenering, dat week ik, maar het is de enige manier om recidives te voorkomen.

Mensen die kinderen verkrachten zonder ze te vermoorden, verdienen zware gevangenisstraffen, waarvan drievierde of viervijfde niet samendrukbaar moeten blijven, die moeten ze uitzitten. Tijdens hun verblijf in de cel moeten ze ook een degelijke behandeling krijgen. Als dat in hun tijd gebeurd was, had men kunnen voorkomen dat kerels als Dutroux en Derochette zijn hervallen. Als pedofielen vrijkomen, moet de overheid drie maatregelen combineren: de psychotherapie verder zetten, eisen dat de pedofiel zich sociaal integreert (bijvoorbeeld door werk) om isolatie te vermijden en serieuze politieopvolging garanderen, onaangekondigde huisbezoeken incluis. 

Wat kunnen de ouders doen? Hoe kunnen ze hun kinderen leren hoe ze op een pedofiel moeten reageren?

Jean-Yves Hayez. Je kan ze op veel gevaren voorbereiden. De ouders kunnen ten eerste hun kind op weg helpen om zich te socialiseren, om open te staan voor het geheel van de maatschappij. Rozen zonder doornen bestaan natuurlijk niet, een kind moet dat weten. Het doel is dat het rust kent, helder denkt. Dat is een uitdaging, een pad zonder enig risico bestaat er niet. Sommige (heel zeldzame) risico's zijn totaal niet te voorzien. Toen Fourniret Elisabeth Brichet ontvoerde, had hij in zijn wagen zijn vrouw en een baby bij zich, ze vroegen het meisje of ze hen bij een dokter kon brengen. Om het even welk kind zou in die val getrapt zijn.

Men kan kinderen ook aanleren om risico's te mijden. Daarbij ga je het beste uit van hun spontane ideeën. Tijdens een van de Bla-bla-programma's van de RTBF vroeg ik vijf kinderen wat ze zouden doen als iemand hen zou aanvallen. Ze hadden daar allemaal ideeën over. Je moet ze dan aanmoedigen, bijvoorbeeld in een rollenspel, om in groep te spelen, geen afgelegen plekken op te zoeken. Ze worden dan heel snel voorzichtiger en oplettender.

Een kind kan ook leren om neen te zeggen, om zich beter te verdedigen. Hoe vaak per week gebeurt het dat een kind thuis neen kan zeggen, zonder dat het direct een 'koningskind' wordt genoemd? In de duizenden voorvallen in het dagelijks leven kan een kind zich voorbereiden om zich te doen respecteren.

En waarom zouden we hen ook niet bepaalde basistechnieken van zelfverdediging aanleren? 

Vindt u dit een taak voor de school?

Jean-Yves Hayez. We verwachten vandaag al te veel van de school. Ik zie dat veeleer gebeuren op een woensdagnamiddag, bijvoorbeeld in een jeugdhuis. Dat is een opdracht voor de ouders en voor de maatschappij. De waakzaamheid van de ouders is van het grootste belang. Ieder moet zijn verantwoordelijkheid nemen, goed nadenken telkens wanneer hij/zij een kind alleen laat weggaan. 

Meer en meer gezinnen hebben het sociaal-economisch moeilijk. Speelt dit hier ook een rol?

Jean-Yves Hayez. We leven in een maatschappij waarin de beschikbaarheid van de ouders en hun aanwezigheid bij de kinderen, zowel kwalitatief als kwantitatief, vermindert. Een consumptiemaatschappij die het individualisme promoot. Volwassenen bekommeren zich minder en minder om de zwakkeren. We moeten deze zorgzaamheid tegenover de zwaksten in de maatschappij, onder wie ook de kinderen, terug 

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année 2007 

1. Ordi et échec scolaire ( La libre essentielle)
L’ordinateur est installé sur le bureau dans « la salle TV ». Le dî- ner terminé et les restes de dessert vite engloutis, Alexandre, 13 ans – bientôt 14 – retourne chatter sur MSN alors que ses deux jeunes frères, Guillaume et Nicolas, regardent un DVD de Bob, l’Eponge. Dimanche en famille. « Les jours d’école, je chatte environ une heure par jour : après mes devoirs et avant le souper. Si j’ai trop de devoirs, alors je ne vais pas sur MSN. Le week-end, je chatte le samedi entre 14 et 15h, et puis en fin de soirée. Et quand il n’y a rien d’autre à faire et que les copains ne sont pas là », nous explique Alexandre. Alexandre aime les chevaux, veut devenir militaire et rêve d’avoir son permis de conduire à 16 ans. « Le week-end dernier, j’ai acheté une webcam : mon parrain habite au Canada et je me ré- jouis qu’on puisse se voir lui et moi, la prochaine fois que l’on se croise sur MSN », poursuit l’adolescent. L’idée de l’ordinateur familial dans la salon où l’on regarde la télévision vient de ses parents, histoire qu’Alexandre ne soit pas complètement livré à lui-même quand il surfe sur internet bien qu’il lui arrive souvent de disposer de la pièce en solo. « Quand nous avons eu l’ordinateur, nous voulions qu’il soit pour toute la famille », explique Ariane, sa maman. « Quand Alex a commencé à chatter, je me suis un peu renseignée, on a installé un filtre sur l’ordinateur et je lui ai donné quelques consignes : rester discret sur son adresse, son numéro de téléphone, être prudent avec les gens qu’il ne connaît pas du tout et qui voudraient discuter avec lui, ne pas s’inscrire sur un site sans notre permission, ce genre de choses… D’un point de vue technique, je ne pouvais rien lui conseiller vu qu’il s’y connaît mieux que moi : c’est lui qui m’a montré comment créer une adresse MSN ! » Le monde d’internet, aussi vaste soit-il, se compose pour Alex comme pour nombre d’adolescents d’un univers aux dimensions de son cercle d’amis et des ses envies : activité n°1, chatter; n°2, rêver de son prochain cadeau d’anniversaire sur EBay; n°3, jouer en ligne; et n°4, chercher des infos et des images pour les présentations scolaires. « J’adore chatter avec mes amis. C’est un moment particulier de la journée où j’oublie tout. J’ouvre ma session et je vois tous mes contacts qui s’affichent. C’est vraiment le bonheur de voir tous les gens que je connais. C’est comme une grande réunion, on est tous ensemble et c’est très sympa », explique Alexandre. « Je pense qu’internet est une invention globalement positive » commente Ariane, sa maman. « Mais il faut faire attention, c’est une porte ouverte sur le monde, ce qui est fantastique mais évidemment le mauvais peut également rentrer… Nous avons installé un filtre sur l’ordinateur qui doit, normalement, refuser l’accès à l’ouverture de sites pornographiques. En même temps, je ne me fais pas trop d’illusions, et j’imagine qu’Alex a déjà dû voir certaines choses. Maintenant, on essaie aussi de fonctionner sur la confiance, c’est une illusion de vouloir tout contrô- ler. On essaie de discuter et de parler avec nos enfants en espérant que cela les aide à distinguer ce qui est bien de ce qui ne l’est pas. Et puis, il y a un âge pour tout : quand Alexandre me demande un ordinateur avec internet dans sa chambre, ce qui n’est pas encore d’actualité, je me pose plus la question de ses devoirs que de la pornographie : aura-t-il la maturité de bien gérer son temps entre le travail scolaire et les amis, une fois internet installé dans sa chambre ? » 50 millions de jeunes européens en ligne En juin dernier, le projet européen Mediappro (www.mediappro.org) publiait les résultats d’une vaste enquête sur l’usage que font les jeunes des médias numé- riques (internet, GSM, jeux vidéo). 900 jeunes – entre 12 et 18 ans – de pas moins de 9 pays européens (dont la Belgique) et du Québec ont été questionnés sur leurs pratiques des nouvelles technologies lors d’entretiens. Thierry De Smedt, professeur responsable de l’Unité de Communication de l’UCL, a participé à cette recherche et nous livre ses remarques. « La relation des jeunes aux nouveaux médias est très différente de celle vécue par les parents ou présentée à la télévision. Ces dernières insistent sur la pornographie, la violence et la pédophilie quand les jeunes parlent de communication et de plaisir », explique Thierry De Smedt. « Tout d’abord, les jeunes restent très attachés à ces technologies. Elles tiennent une place énorme dans leur vie : 90% des jeunes interrogés utilisent internet et leur GSM pour communiquer. Ils entretiennent et renforcent leurs amitiés via le chat, conversent avec leur tribu dans leur propre langage, créent des blogs où ils se présentent au regard des autres, échangent des informations techniques par exemple sur les virus, et tiennent beaucoup à la Netiquette – NDLR : ensemble des règles de conduite et de politesse à adopter dans les mé- dias de communication mis à disposition sur le net – », précise le chercheur. Communiquer et vivre en réseau. Être ensemble. Discuter sans fin avec ses amis. Voilà de quoi est fait d’abord l’internet des jeunes. Il serait injuste de réduire cette communication à un bavardage superficiel et léger; elle peut, au contraire, s’avérer profonde et porteuse de réflexions existentielles, si chères aux  bon endroit. Leur rôle serait plutôt d’éduquer à la curiosité, d’engager les jeunes à aller au-delà de ce qu’ils connaissent déjà d’internet. Car le risque, selon moi, c’est de voir un jeune tourner en rond sur la toile, de rester confiné dans son petit monde au lieu de partir à la découverte et à la rencontre des autres. Plus les parents sont utilisateurs d’internet, plus leurs enfants dialoguent avec eux sur ce sujet. Les jeunes restent très critiques sur le fait que leurs parents jugent internet souvent sans rien y connaître. Il y a un manque de partenariat flagrant des adultes dans cette matière, or les adolescents sont demandeurs. Que ce soit à la maison ou à l’école, les adultes accusent un gros retard. Malheureusement, les parents ou les éducateurs semblent trop peu nombreux à transmettre leurs savoirs et à éduquer à une curiosité critique dans le domaine des nouvelles technologie », conclut le professeur en communication. Entre les devoirs et les chats Cassandra a 14 ans. Elle aime s’occuper de son petit frère, jouer au foot et… chatter sur internet ! La porte de sa chambre, tout en haut de la maison, donne sur le petit palier où trône l’ordinateur de la famille. Pas dans sa chambre… Mais presque ! « J’utilise internet depuis que je suis en 5e primaire », nous explique-telle en se déconnectant de MSN pour être disponible à notre petite interview. « Au début, je jouais sur le site de l’émission pour enfants de TF1, www.tfou.fr et puis on a installé MSN et j’ai commencé à chatter avec mes cousins qui y étaient aussi », explique Cassandra. « Quand je suis en vacances, dès que j’ai mangé, je vais sur MSN. S’il y a du monde, ça peut durer toute la soirée ! Même si on se voit la journée à l’école, sur internet, on discute d’une autre manière. J’adore quand plusieurs personnes me parlent en même temps parce que je me sens appréciée et c’est cool », précise Cassandra, un grand sourire aux lèvres. Depuis 2 ans, Cassandra tient un blog où elle présente des photos de ses amis, de sa famille. « J’ai surtout mis des photos de personnes que j’aime », nous explique l’adolescente. « Parfois, sur mon blog, je reçois des commentaires pas sympas et s’il y a trois petits points à la fin, ça veut dire que c’est quelqu’un de proche : évidemment ça ne fait pas plaisir mais heureusement, il y a tous les autres commentaires. » Sa maman, Florence, apprécie elle aussi de chatter, de temps à autres, mais pas tous les soirs après le dîner… « Cassandra a commencé à utiliser internet à LA LIBRE ESSENTIELLE 2 2 DOSSIER l’école pour faire des recherches pour ses présentations. Nous nous sommes dits que ce serait nécessaire d’avoir un ordinateur à la maison. Une fois internet et surtout MSN installés, ma fille a commencé à y passer beaucoup de temps. Il a fallu réglementer l’utilisation de l’ordinateur : maintenant, elle peut surfer le mercredi et les weekends. En semaine, c’est uniquement quand elle a terminé ses devoirs. Parfois, je vais sur sa session pour vérifier ses contacts. Elle sait que je passe de temps en temps », explique la maman. « Si je trouve que Cassandra passe un peu trop de temps sur l’ordinateur et surtout écrit de plus en plus phonétiquement, j’y vois aussi des aspects positifs : depuis qu’elle a son blog et qu’elle chatte avec ses amis, je la sens plus sûre d’elle, cela lui donne confiance. Et puis, on utilise souvent l’ordinateur ensemble, je l’aide pour l’école et elle m’aide pour envoyer des mails et faire des demandes d’informations par exemple pour les vacances », nous explique Florence. Rester attentif aux besoins de son enfant Jean-Yves Hayez est psychiatre infanto-juvénile et directeur de l’unité de pédo-psychiatrie des Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles. Depuis plusieurs années, son service développe un groupe de réflexion intitulé Cyberrecherche qui se penche sur la question des rapports des jeunes et des multimédias. Il s’est particulièrement intéressé aux conduites de dépendances d’adolescents à l’égard des nouvelles technologies. « Je pense qu’il faut nuancer et dédramatiser l’usage que font les jeunes d’internet. Nombre de parents viennent me voir parce qu’ils s’inquiètent de la consommation abondante de multimédia que fait leur progéniture. Comme pour le cannabis, une petite minorité seulement passera à une vraie dépendance. Mais les parents ont raison de rester vigilants. Car une consommation abondante peut être le signal que la vie réelle n’est plus très attractive, qu’il manque de dialogue au sein de la famille ou encore le signe de difficultés scolaires », explique le spécialiste. « Il est évident qu’un adolescent découragé à l’école trouvera facilement refuge sur son ordinateur. Les parents s’inquiètent du temps qu’il passe sur internet et non du fait que leur enfant soit malheureux à l’école et remplisse le vide par son ordinateur... Par ailleurs, dans la vie actuelle, tout le monde est fatigué et bien souvent, savoir son grand garçon au calme devant son ordi est plus rassurant que de le voir traîner dehors, alors on ne voit pas le temps passer et on laisse faire sans accompagner. Internet devient pour le jeune un moyen de rêver. Ce n’est pas mauvais en soi si, par ailleurs, il y a d’autres choses à faire, des projets, de la vie avec sa famille et ses amis… Internet c’est comme les pâtisseries, c’est très agréable mais il ne faut pas en abuser ! », conclut Jean-Yves Hayez. FRANÇOISE RAES - PHOTOS JULIE GRÉadolescents. « Je pense que du côté des adultes, la vigilance n’est pas toujours portée au
 
2. Acquittement de 2 meurtriers impulsifs( Institut international des droits de l'enfants)
 
Le double acquittement de David Bouchat et de Sébastien Léonard

Editorial du Pr Jean-Yves Hayez, Psychiatre infanto juvénile, responsable de l’Unité de pédopsychiatrie aux cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles).

J’éprouve un profond malaise face à ce verdict que vient de rendre la cour d’assises de Bruxelles-capitale ; Sébastien, l’ami de David, avait tué le pédophile qui abusa longuement de son ami durant l’enfance de celui-ci, et malgré de nombreux appels à l’aide non entendus ; l’épouse du pédophile y passa aussi et leur maison fut incendiée, dans le décours d’une discussion «  d’explication » qui tourna mal, sans qu’il se fût agi d’un projet d’assassinat.

Les avocats, et même en partie l’avocat général, ont plaidé la force irrésistible : consécutive aux traumatismes de l’enfance pour David, et suite à l ‘émotion du moment pour Sébastien. Le jury les a suivis.
Pourtant, dans mon métier de psychiatre, je n’ai été confronté que très rarement à de véritables impulsions irrésistibles : chez quelques psychotiques, chez des personnes sensibles lors d’expériences de très grandes frayeur, ou encore lors de crises de rage de durée très brève, face à des provocations humiliantes qui «  réveillaient » elles-mêmes un album de photos intérieur fort chargé de traumatismes et d’humiliations : c’est de ce dernier contexte qu’on se rapproche le plus ici, mais la crise de rage, sans lucidité ni liberté intérieures suffisantes, est vécue par la victime directe et est très brève….je ne connais pas de force irrésistible qui dure une demi-heure, par exemple, sans possibilité de se reprendre.
J’ai donc l’impression que le verdict de Bruxelles place la société civile belge au sommet d’un toboggan très glissant. En toute bonne justice, ne devrait-on pas acquitter dès maintenant tous les crimes et délits dits passionnels, puisque la passion égare la lucidité et le contrôle de soi ? Et n’incite-t-on pas tant et tant d’ ex- victimes, qui en ont gros sur le cœur et d’avoir été abusées, et de ne jamais avoir été écoutées par leur famille ou par les institutions, à se livrer elles aussi à de dangereuses confrontations sauvages ?
Alors, faisons de la bonne prévention, que diable ! La souffrance de David, partagée par son ami, c’est celle de tous ces enfants maltraités physiquement, psychologiquement ou/et sexuellement, et que l’on n’a jamais voulu écouter. Aujourd’hui encore, il arrive qu’on s’aveugle chez nous, et nous les côtoyons encore par centaines ! Ceux qui gardent tout pour eux, par désespoir ! Ceux à la petite voix desquels la Justice et d’autres institutions ne donnent jamais d’écho, parce qu’ils sont trop petits ou que « C’est la parole de l’adulte contre celle de l’enfant, n’est ce pas ? » Ceux que l’on oblige à retourner en visite chez leur parent séparé, très probablement abuseur mais innocenté par le pénal, en collant de surcroît à l’autre parent l’étiquette d’aliénant s’il essaie de protéger l’enfant.
J’ai toujours pensé que, pour lutter contre la chronification de la maltraitance et ses effets dévastateurs lointains, il fallait s’y prendre autrement. Arrêter de miser à 100% sur l’efficacité des institutions officielles, quelles qu’elles soient ! Certes, on doit continuer à encourager les enfants à s’ouvrir de leurs souffrances à des personnes – amis ou adultes- en qui ils ont confiance. Mais en même temps et peut-être même avant de mettre en route les machineries officielles, ne devrait-on pas créer autour d ‘eux des « petits tissus sociaux de proximité » (famille élargie, tel voisin, tel professionnel proche…) ? Ces petits groupes s’engageraient avec solidarité et durablement pour un enfant maltraité, la petite Cindy qu’ils connaissent bien…, pour veiller et  protéger .Ils se confronteraient courageusement à la source la plus active de la maltraitance pour dire « Stop ; ça ne peut pas continuer ainsi ; reprenez-vous ; nous voudrions vous aider à fonctionner mieux… »
Cette solidarité sociale informelle n’empêcherait certainement pas les plus psychopathes et les plus pervers de sévir, mais rendrait déjà de grands services dans nombre d’autres cas.

L'éditorial ne reflète pas forcément l'avis de la Direction et de l'équipe IDE.

  

 

 

 


3. Rilatine et tda/h ( entrées libres)

Et vous, qu'en dites-vous? „ Jean-Yves HAYEZ, pédopsychiatre aux cliniques universitaires St-Luc: "Je suis d'accord avec ce constat d'une prescription abusive de Rilatine. Sur 50 enfants réputés hyperactifs, il n'y en a pas plus de 10 chez qui l'on diagnostique une immaturité dans le développement du cerveau, et qui seront donc véritablement sensibles à la Rilatine. Dans ce cas, c'est un excellent médicament, qui a un effet sur la concentration. À côté de ces enfants-là, d'autres se verront prescrire de la Rilatine sans que cela soit justifié: des enfants simplement très anxieux, tout le temps sur le qui-vive; d'autres qui ne sont pas éduqués convenablement, chez qui la fonction parentale fait défaut et qui sont alors désobéissants, capricieux; mais aussi, de jeunes adolescents ayant de légers troubles de l'attention, pour des raisons existentielles, qui ne sont pas du tout inté- ressés par l'école et qui s'évadent alors psychiquement. Ces derniers ne seront malheureusement pas beaucoup plus motivés si on leur fait passer des tests d'attention! De ce fait, on taxe leur problème de réel trouble de l'attention, et la Rilatine devient la solution qui arrange tout le monde! Les parents espèrent ainsi voir leur ado repartir sur la bonne voie… Cela peut en effet les aider, mais ne résoudra pas le vrai problème sous-jacent. Par contre, ce médicament ne provoque vraisemblablement pas beaucoup d'effets secondaires, si ce n'est un petit ralentissement de la croissance, et je conteste cette idée d'accoutumance. Il peut aider un enfant s'il est vraiment indiqué. Dans le cas contraire, il n'est pas mauvais, mais on passe alors à côté de la vraie problématique. Quant à la question de savoir s'il s'agit d'une maladie, je pense que c'est le cas de ceux qui sont atteints d'immaturité cérébrale, avec retard dans les fonctions cérébrales, car cela invalide l'enfant. Mais cela ne représente pas 2% de la population. C'est le cas également pour les hyperanxieux… Mais pour les enfants «mal élevés», il s'agit bien sûr davantage d'un problème d'éducation!". „Anne-Marie DECOCK, infirmière au centre PMS libre Tournai 2 (pour les écoles fondamentales): "Dans le cadre de notre travail en centre PMS, nous sommes interpellés de diverses manières par rapport aux comportements d'enfants qualifiés à mon avis trop rapidement d'«hyperactifs». Les PMS ont l'avantage de pouvoir observer les enfants en divers endroits, cela nous permet de constater qu'ils ne se comportent pas de la même façon selon le lieu où ils se trouvent. Ceci étant dit, on constate que tous les enfants qui bougent beaucoup n'ont pas toujours un déficit d'attention! Je rencontre régulièrement des parents qui ne savent pas comment s'occuper de leurs enfants. Le fait qu'ils ne leur donnent pas de cadre, de règles peut aussi entrainer ce type de comportements difficiles. La majorité des parents s'adressent d'abord à un médecin. Certains d'entre eux restent très prudents quant à la prescription de Rilatine, alors que d'autres la prescrivent systématiquement. Finalement, les cas de trouble avéré de l'attention et de la concentration avec hyperactivité sont assez rares. Nous nous occupons d'environ 6.500 élèves du fondamental, et parmi les enfants qui apparaissent comme hyperactifs, un tout petit nombre aurait vraiment besoin d'être aidé par le biais de la Rilatine. Les enfants ont, selon moi, surtout besoin de repères fixes. Bien sûr, il est plus facile pour les ts d'administrer un médicament que de s'inscrire dans un suivi thérapeutique; cela rassure tout le monde, même les enseignants qui encouragent parfois les parents à consulter pour obtenir une prescription médicamenteuse. Je suis par ailleurs d'accord avec le fait que l'hyperactivité serait davantage le signe d'un mal-être, d'une souffrance que d'une maladie". „ 1. Psychiatres orientés par la psychodynamique et la psychanalyse. 01/04/2006 ALTERNANCE À 14 ANS? En France, le chômage s'explique en partie par l'inadaptation de l'offre de formation à la demande du travail. Tel est le constat de Claude ALLEGRE, professeur à l'université de Paris VII. Il interroge la pertinence de l'objectif censé conduire 80% d'une classe d'âge au niveau du bac, notamment en créant un bac professionnel. Selon lui, cette stratégie n'a pas apporté les résultats escomptés. Par ailleurs, "Les voies technologiques et surtout professionnelles sont dévalorisées et l'on y accède rarement par choix", dit-il. Il propose qu'en conservant le principe de la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, on permette aux élèves qui le désirent une formation en alternance à partir de 14 ans. Il prône ainsi le retour à l'enseignement professionnel intégré, qui associerait l'éducation nationale et le monde de l'entreprise en utilisant l'alternance pour les élèves, mais aussi la formation périodique des enseignants au sein des entreprises. Et ce, toujours avec la rémunération des stages comme condition essentielle de réussite. Et vous, qu'en dites-vous? „Jacques VANDENSCHRICK, directeur du SeRDEP (Service recherche et développement pédagogique du SeGEC): "Un cadre d'alternance plus généralisé, dès 14 ans, dans une perspective de préparation adéquate à des métiers concrets et en manque de main d'oeuvre? L'idée est séduisante. Imaginer sa réalisation chez nous impose d'être lucide sur plusieurs réalités propres à notre communauté: la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans (et non 16, comme au pays de M. ALLEGRE), la relative incertitude quant à la pérennité de ces offres d'emploi ciblées et ouvertes à l'alternance, la faible popularité du conce