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Etre grands-parents en ce début du XXIe siécle, cela recouvre une réalité humaine très diversifiée, parfois bien complexe, et qui a fort évolué au cours des siècles. Il fut une époque où, petits-enfants et grands-parents vivaient ensemble, les uns à la garde des autres. Ceci surtout dans les régions rurales mais aussi dans les villes où les familles pouvaient regrouper trois ou quatre générations sous l'autorité du patriarche. Ces modèles simples n'ont pas disparu sur la planète terre et même pas complètement chez nous, dans les pays dits industrialisés.

Une grande diversité des situations !


En Europe occidentale, notre époque est caractérisée par la promotion de " valeurs " nouvelles, au centre desquelles il y a : le droit à l'épanouissement de chacun en référence à son projet personnel, l'authenticité, la quête de soi. Il s'en suit une organisation très plurielle de la société. Il y a donc une très grande diversité de situations dans lesquelles on va se retrouver ou fonctionner comme grand-parent. (1)

 

1 - D'abord en terme d'âges: 



il y a des grands-parents de 45/5O ans et donc encore dans la vie active et professionnelle. D'autres sont retraités, mais on peut l'être à 52 ans ... Vient un moment, comme une charnière, où les grands-parents sont souvent appelés à s'occuper de leurs propres parents, les arrières-grands-parents, en plus de leurs enfants et petits-enfants. Ils sont pivots de quatre générations avec des responsabilités professionnelles ou sociales qui restent importantes.
Pour d'autres, c'est plus clairement lié à ce que l'on appelle habituellement le troisième âge, autour de 65 ans :
cessation de la vie professionnelle rémunérée; intégrité des facultés intellectuelles et affectives; réalisation de nombreuses activités familiales ou/et sociales via le bénévolat; une certaine limitation matérielle de l'énergie physique.
Et l'on peut encore devenir grands-parents ( ou le rester ) bien plus tard dans la vie.



2 - Au point de vue géographique, 



il y a beaucoup de variations dans les centaines de mètres, kilomètres, dizaines ou milliers de kilomètres qui séparent la maison des grands-parents de celle des enfants, avec ou sans les petits-enfants. De temps en temps, trois générations habitent encore sous le même toit.



3 - Les séparations et les recompositions familiales



... même au troisième âge! Et les grands-parents sont parfois appelés à garder des liens anciens mais à en créer de nouveaux. Ceci requiert une grande exigence d'adaptation.



4 - Mais le plus essentiel c'est que les grands-parents occidentaux n'ont plus une mission sociale fixe



dédiée au gardiennage et à l'initiation des enfants. D'ailleurs, ils n'en ont pas la disponibilité temporelle totale pour le faire s'ils sont eux-même encore dans la vie active. Le type et les objectifs des relations qu'ils vont avoir avec les parents et les petits-enfants sont réglés chaque fois au cas par cas, par négociation " locale ".
Il est en effet évident que les relations ne peuvent rester identiques avec des jeunes enfants, des adolescents, des jeunes mariés ou des adultes accomplis. Il faut changer la manière de se considérer réciproquement même si la base, dans des conditions normales, c'est toujours l'amour que l'on a les uns pour les autres.

Qu'est-ce qui contribue à l'épanouissement des uns et des autres?

 

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1. - Reconnaître la large indépendance que demandent les jeunes parents.

 

Admettre, dans son for intérieur, qu'ils ont la capacité d'être compétents même si, au début, ils doivent encore " faire leurs expériences ". Accepter, pas seulement de l'extérieur mais de l'intérieur, qu'ils aient pris leur envol. En quittant la maison, ils souhaitent que leur départ soit reconnu avec confiance. Et pourtant, ils ne vont pas arrêter de revenir avec toutes sortes de besoins. Le défi pour ceux qui sont devenus grands-parents c'est d'être accueillants à ces besoins plus ou moins déclarés, à ces " marques " temporaires ( ... ou non ), mais sans le faire lourdement sentir! Et pourtant, en sachant faire respecter que les grands-parents ne sont pas non plus taillables et corvéables à merci : eux aussi ont leurs limites ( fatigue ) et leurs désirs ( vie de couple qui a toujours ses droits, etc! ).



2- Etre disponible aux besoins des parents.

 

Soutien humain, écoute, encouragement d'ami(e) à ami(e). Les grands-parents n'ont plus d'ordre à donner mais leur parole est toujours précieuse si elle est soutenante. Souligner ce que les parents font de bien notamment dans l'éducation des petits- enfants.

Soutien financier et matériel. Parfois bien utile, au moins au démarrage.

Dépannages informels ou structurés pour la garde des enfants sans faire du oui un oui pesant. Et en disant Non à l'occasion : les grands-parents ont droit aussi au respect de leur vie personnelle.



3. - Les parents décident largement de la relation petits-enfants, grands-parents.

 


Il faut reconnaître l'autorité des parents. Décident-ils toujours de toutes les règles? Vive la souplesse! Pas de soumission puérile aux règlements des parents. Mais ce serait inquiétant d'être systématiquement en opposition avec eux et il y aurait lieu de s'interroger sur la compétence et le droit à l'autonomie que les grands-parents reconnaissent aux parents.



4. - Et, en cas de dysfonctionnement, le devoir de parler. 



Même si les grands-parents ne sont pas les éducateurs de première ligne, ils sont concernés par le bonheur et le devenir de leurs petits-enfants. C'est même une responsabilité de faire remarquer aux parents, avec diplomatie et délicatesse, que l'on constate l'un ou l'autre dysfonctionnement: un enfant déprimé ... Se taire est une lâcheté.

 

FONCTIONS PLUS ORDINAIRES DES GRANDS-PARENTS.


Dans des conditions normales de santé, la naissance du premier petit-enfant  (2) provoque non seulement chez les parents, mais aussi chez les grands- parents, comme une rupture intense de digues à travers lesquelles passe une joie très chaude: triomphe de la vie, suite de la lignée, preuve de bonne santé physique, émerveillement ... mais, en même temps, ce petit-enfant rappelle que la vie est précaire, il pousse ses grands-parents vers la vieillesse. Et donc peut être cause d'une pointe de tristesse, couplée à une pointe de jalousie envers la maman qui l'a mis au monde.
Au fur et à mesure que cet enfant - puis ses éventuels - frères, soeurs et cousins, cousines arrivent et grandissent, les grands-parents continuent toujours à occuper un peu ou beaucoup les fonctions positives que nous allons énumérer. Elles sont peut-être traditionnelles dans leur définition, mais très susceptibles d'être mises au goût du jour dans leur forme (3).

 

1. - Des fonctions de maternage. 



En effet, que font-ils avec leurs petits-enfants d'autre que sourire, applaudir et s'émerveiller? Ils ont plus de temps, ils peuvent s'arrêter et les regarder sans rien faire, ils jouent avec eux, ils écoutent quand les petits-enfants racontent. Grâce aux grands-parents, les petits-enfants se sentent comme des êtres uniques et importants.
Les grands-parents leur manifestent de la tendresse, leur font leurs plats préférés ( crêpes au chocolat, par exemple, à moins que ce ne soit chocolat à la crêpe ).
Ils sont indulgents, parfois même à l'excès: rien n'est jamais vraiment grave dans les bêtises que font les petits-enfants; ils cèdent vite à leurs demandes; ils ne veulent pas toujours voir leurs défauts ni même parfois les maladies, même graves. Ils sont médiateurs, conciliateurs, réconciliateurs ... Il arrive que les grands-parents soient encore le seul lien, transitoirement, entre la famille et les adolescents. Ils sont des confidents, des consolateurs. Leur devoir est d'ailleurs d'aller vers l'enfant qui donne des signes de difficulté. Et il n'est pas nécessaire qu'ils racontent systématiquement à l'extérieur tous les petits et moyens secrets qu'ils ont entendus.
Même sans rien faire, les grands-parents sont une sécurité pour les petits-enfants. En cas de décès des parents, ils sont là.



2. - Aux grands-parents incombe la transmission de la trame généalogique. 



Ils racontent l'histoire de famille, celle de toutes les générations, en particulier l'histoire des parents des petits-enfants. C'est l'occasion de découvrir des vieux jouets, livres ... C'est très important pour que les enfants se constituent un solide sentiment d'identité, pour qu'ils aient l'impression d'être portés par une histoire.
Mais n'oublions pas que le jeune est le résultat de deux courants généalogiques de deux traditions. Il faudra qu'il sache des choses sur sa ligne paternelle mais aussi maternelle. C'est dommage lorsque l'un des couples grands-parentaux cherche à capter davantage l'enfant. Celui-ci doit pouvoir circuler entre les deux générations de grands- parents.
Les grandes réunions familiales, au moment des fêtes, ont une grande valeur symbolique au delà du plaisir que peuvent avoir les frères et soeurs, les cousins, les cousines à se retrouver. Alors l'enfant se sent faire partie d'un groupe cohérent qui a une identité, une histoire, une culture.

 


3.- La dimension d'initiation. 



Même si, actuellement, les jeunes ont accès à bien d'autres sources d'information que celles qu'ont connues leurs grands-parents, l'expérience de ceux-ci dans différents domaines reste précieuse. Ce sont parfois des domaines très concrets: cuisiner, bricoler, travailler la terre, se débrouiller avec les choses ... Mais ce sont aussi des domaines spirituels: les grands-parents ont une longue expérience de vie, une connaissance des gens et des rites sociaux: les petits-enfants les regardent " faire "; ils posent parfois des questions et les grands-parents racontent pourquoi et comment. On dit parfois que le papa est un " expert inaccessible " tandis que le grand-père ou la grand-mère sont des experts accessibles parce qu'ils ont l'indulgence et le temps. Ce sont des fonctions importantes pour accroître les compétences et le sentiment de sécurité de l'enfant.



4. - Finalement, les grands-parents éduquent-ils? 

 

 

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Tout ce qui précède le démontre à l'envi. Mais on dit parfois qu'ils sont incapables de mettre des règles et de se faire obéir. C'est parfois un peu vrai, mais surtout lorsqu'ils ne reçoivent les enfants que très occasionnellement, pour faire la fête avec eux.
Mais lorsque la vie veut qu'ils prennent des responsabilités plus fortes, comme le gardiennage quotidien ou même irrégulier, ils collaborent plus spontanément à la fonction d'autorité, et souvent en bonne concertation avec les parents. C'est alors que les petits-enfants constatent que leur grand- mère, quand elle le veut vraiment, elle peut avoir une sacrée autorité!

 

AU-DELA DE L'ORDINAIRE.


Certains grands-parents très proches géographiquement et spirituellement, sont amenés à intervenir dans des cas difficiles et à apporter coopération et soutien aux petits-enfants et à leurs parents.

Par exemple:

- les alliances,les solidarités et coopérations autour d'un enfant en difficulté ( prise en charge en commun d'un enfant hyper-kinétique ou d'un petit autiste );
- remplacement d'un parent défaillant tout en gardant un lien avec le parent en difficulté; parent dépressif, parent trop jeune ( 17-18 ans);
- remplacement de parent(s) décédé(s);
- " coup de main " de crise si les parents se séparent.

 

LES GRANDS-PARENTS PEUVENT ETRE SOURCE DE DIFFICULTES

 

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- Lorsqu'ils n'acceptent pas la compétence ni l'autorité des parents.
Par exemple en déclarant, un sourire sardonique mal dissimulé : " Chez nous il a mangé de tout ... ". Que fait la Maman dans ce genre de situation? Elle en veut à l'enfant parce qu'elle se sent trahie par lui et elle s'énerve. Alors l'enfant se met encore plus dans les bras de sa Mamy si gentille. Le résultat: il y a une souffrance dans le lien parents/grands-parents mais aussi chez l'enfant, qui ne peut l'exprimer, mais se rend compte qu'il blesse sa Maman. Cependant il ne changera pas d'attitude vis-à-vis d'elle, au contraire, et la grand-mère continuera à soi-disant triompher. Celui qui paie les frais c'est l'enfant. C'est son épanouissement qui est mis en cause.

- Lorsqu'ils veulent posséder l'enfant.
On essaie de le prendre aux parents. On le cajole. On l'achète par des cadeaux. Et l'on crée un problème similaire au premier cas car l'enfant va du côté du plus offrant. Mais il se sent coupable et devine qu'il y a quelque chose de trouble dans tout cela. Cet enfant ne restera pas fidèle à ses grands-parents. Les enfants qui gardent des liens profonds avec leurs grands-parents sont ceux qui ont été respectés et qui ont vu leurs parents respectés.

- Lorsqu'ils font des différences injustes entre les enfants.
Autre chose que des petites différences qui font partie de la vie. Mais n'avoir d'yeux que pour l'aîné, la seule fille, celui qui réussit le mieux à l'école, comme c'est blessant pour tous les autres et pour leurs parents. Les grands-parents sont invités à être justes. Une nouvelle fois, l'enfant préféré paiera la note car il se sentira coupable de s'être laissé acheter et d'amener tant de souffrances autour de lui!

 

RUPTURE ENTRE PARENTS ET GRANDS-PARENTS.


La rupture est souvent le point d'orgue de toute une vie de relations conflictuelles. Résultat : les grands-parents sont privés de contacts positifs avec les parents, de voir comment la famille de ceux-ci évolue; ils n'ont plus la joie de faire la fête avec leurs petits-enfants. Et la réciproque est vraie même si certains parents font semblant de n'y attacher aucune importance.
Il est rare que ces situations éclatent " de rien " lorsque les parents sont déjà bien installés. La porte claquée est le résultat de relations difficiles depuis toujours. C'est le geste de ceux qui ne se sentent pas reconnus, appréciés. Et qui, au contraire, ont l'impression d'être niés dans ce qu'ils sont. Mais les grands-parents peuvent se sentir niés aussi. Les ruptures sont souvent immensément douloureuses.
Trois réactions sont possibles :

- la soumission :
" C'est comme cela et je vais dépenser mon argent pour oublier. "
- le bras de fer :
la loi garantit un droit de visite aux grands-parents et ceux-ci peuvent s'adresser au juge de la jeunesse, pour le faire respecter. Mais même si celui-ci accorde le jour de visite mensuel tant espéré, rien n'est arrangé dans le fond des coeurs de chacun : l'enfant est obligé de circuler entre des mondes qui continuent à se détester et quoiqu'il fasse, il se sent traître et anxieux.
Pourtant, s'il n'existait que ces deux choix, exiger de voir reconnaître ses droits est " un peu moins pire " que la soumission. Car la soumission c'est montrer aux enfants que leurs parents sont tout-puissants. S'il n'y a pas moyen de faire autrement que procéder par voie judiciaire, il faut accepter de ne voir ses petits-enfants que deux ou trois fois par an. Ne pas les mettre chaque semaine dans du conflit car ce sont les plus faibles qui font les frais de la situation.

- une position d'humilité et de souplesse.
Il faut que quelqu'un, le plus sage, enterre la hache de guerre. La sagesse c'est d'essayer de se parler, peut-être de demander pardon pour des injustices qu'on aurait commises. Renouer des relations positives. Quand on y parvient, quel splendide message de vie - celui du pardon et de la réconciliation - transmis aux petits-enfants ! 

QUAND LE COUPLE DES PARENTS SE SEPARE. 


A quelques exceptions près, les grands-parents soufflent à l'unisson du parent qui est leur enfant. Ils l'accueillent mais parfois en profitent pour mettre le grappin dessus par une reprise de possession. C'est surtout le cas lorsqu'ils n'avaient jamais vraiment accepté l'autonomie du parent en question même lorsqu'il était en couple, et des grands-parents possessifs en profitent pour infantiliser à nouveau une maman jeune, sous prétexte qu'elle est un peu déprimée, en la recueillant à domicile et en mettant beaucoup d'huile sur le feu contre " l'ex ".
Ceci ne veut pas dire qu'il ne faut pas aider: dans un moment aussi difficile, le parent a bien besoin de pouvoir souffler, d'être écouté, parfois même d'être soutenu financièrement ou matériellement.
Mais il faudrait pouvoir le faire sans dolorisme, sans envenimer et en cherchant avec lui des solutions de vie où il retrouvera petit-à-petit son autonomie.
Bien sûr, comme les grands-parents souffrent souvent de voir souffrir le parent - leur enfant! - il ne leur est pas toujours facile d'écouter dans la discrétion, sans en remettre: ils sont tout naturellement hypersensibles quant aux manquements de " l'ex ", et un peu aveugles sur ceux du parent qui vient pleurer dans leurs bras.
Mieux vaut pourtant qu'ils restent nuancés, et ceci, surtout quand ils se mettent à penser aux intérêts profonds des petits-enfants.
L'intérêt de ceux-ci est rarement superposable à ceux des adultes, qui doivent pouvoir exprimer leur déception et leur agressivité ... mais, si possible, pas devant les enfants! Dans le contexte de la séparation, les enfants sont insécurisés. Ils se sentent coupables car fréquemment il y a eu des bagarres à propos de leurs bêtises et de leur éducation.

Ils n'entendent pas souvent dire du bien du parent absent. Un garçon qui entend dire beaucoup de mal de son père, et donc de la masculinité dont il est issu, aura des sentiments d'infériorité. On a constaté que des garçons intelligents ne pouvaient réussir leurs études. Une des raisons en est qu'ils avaient entendu dire tout le temps du mal de leur père, " ce bon à rien ". Le fils d'un bon à rien ne se sent pas d'une très grande valeur.

Tout en sachant qu'il y a des situations difficiles, dans la moyenne des cas, les grands- parents gagneraient en faisant preuve de discrétion.

En aidant les parents séparés à se tourner vers l'avenir même s'il y a lieu de procéder.
En écoutant l'enfant, en le laissant parler de l'autre parent voire de son sentiment de culpabilité. Position d'écoute si précieuse. Aide attentive pour que l'enfant ait toujours un contact positif et avec son père et avec sa mère (4) Et savoir accepter que l'enfant se taise s'il a des choses trop intimes qu'il garde pour lui, notamment à propos de ses visites à " l'autre " parent.

Se posera parfois ultérieurement l'accueil d'un nouvel enfant, de beaux enfants à partir d'une famille reconstituée. Il faudra savoir les accepter même si on n'a pas pour chacun la même préférence spontanée. Nous sommes invités a un devoir de justice et d'accueil. 

LES ARRIERE-GRANDS-PARENTS

 

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Certains sont encore en bonne forme intellectuelle, physique ... en plein milieu d'un troisième âge rayonnant. Ils sont toujours heureux d'avoir des relations avec les aînés des petits-enfants. Mais pour beaucoup arrive progressivement le quatrième âge, celui de la fatigue, du besoin de repos, des pertes répétées de mémoire et d'autres facultés. Et vient le temps de la maladie, de la mort.

C'est un devoir d'entretenir une reconnaissance filiale intergénérationnelle. Et les petites visites d'amitié qui leur font bien plaisir sont à demander à tous, même aux ados. C'est sans importance si, pendant ce temps, ceux-ci regardent la télévision. Ils restent une présence amicale, de part et d'autres.

Les arrière-grands-parents devront accepter que souvent ils ne représentent plus autant en intensité affective. Ils deviennent plus lointains pour leurs arrière-petits-enfants. Leur satisfaction devrait être de pouvoir se dire " mission accomplie. "


UNE HISTOIRE EN GUISE DE CONCLUSION


C'est l'histoire du petit garçon qui est bossu et ne le sait pas:

Quand j'étais petit, mes parents m'adoraient et surtout ma grand-mère. J'étais déjà comme je suis, naturellement, mais, moi, je ne le savais pas. La bosse, c'est traître: ça vous vient par derrière, on ne la voit pas. Chez les paysans,il n'y a pas d'armoire à glace. On se voit dans les yeux de sa mère et, naturellement, on s'y voit beau.
Et puis,un jour, un voisin qui était très gentil m'a dit: " Oh, le joli petit bossu! " J'ai demandé à ma grand-mère: " Qu'est-ce que c'est un bossu? " Alors elle m'a chanté une vieille chanson: " Les petits bossus sont des petits anges qui cachent leurs ailes sous leur pardessus. Voilà le secret des petits bossus. "
Moi, jusqu'à dix ans,je l'ai cru. Je croyais que les ailes me pousseraient. Et souvent ma grand-mère me chantait la chanson qui était beaucoup plus longue que ça.
Seulement, les grands-mères c'est comme les mimosas: c'est doux et c'est frais mais c'est fragile. Un matin, elle n'était plus là.
Une bosse et une grand-mère cela va très bien. On peut chanter. Mais un petit bossu qui a perdu sa grand-mère c'est un bossu tout court.
Marcel Pagnol.

NOTES


(1). Dans ce texte nous appellerons " parents ", les enfants des grands-parents; indifféremment " enfants " ou " petits-enfants ", leurs petits-enfants et " arrière-grands-parents ", leurs parents.

(2). Celle des suivants aussi, bien évidemment, mais le tout premier ... amène souvent avec lui un choc émotionnel positif unique ...

(3). Toutes les grands-mères ne sont plus ridées et tournant à la cuillère de bois dans leurs confitures; certaines sont de jeunes PDG et vont au fast-food avec leurs petits-enfants eux-même branchés, mais c'est toujours la même joie à les voir se régaler.

(4). Ceci est une règle de conduite générale. Il existe quelques cas, bien sûr, où " l'autre parent " a vraiment démérité vis-à-vis des enfants, voire les néglige et ne veut plus les voir. Mais il faut toujours être des plus prudents avant d'affirmer qu'il en est ainsi : si l'on se trompe ... c'est à l'enfant que l'on nuit ...