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Une maman m’écrit:

Bonjour,

Je me permets de vous écrire sans avoir la certitude que votre mail existe toujours mais qui ne tente rien n'a rien...

Mon garçon de 6 ans souffre d énurésie diurne et nocturne...

Maxime a été propre pour son entrée en première maternelle. A ce moment-là, nous l'encouragions à aller régulièrement aux toilettes. A l'école tout se passait bien (en petite section, les enfants vont aux toilettes de façon systématique accompagnés des adultes de l’école). Il a été propre la nuit en fin d'année scolaire.

En deuxième maternelle, nous parents, étions moins derrière lui pour l'inciter à aller aux toilettes et l'école également car les enfants allaient aux toilettes lorsqu'ils le souhaitaient ... Je recouperais donc mon petit Maxime le soir systématiquement mouillé ou avec un pantalon de rechange.

A la même époque, Maxime a eu un petit frère et un mois après la naissance de Gaspard, il s'est remis à faire pipi la nuit, nous avons donc remis des couches calottes.

Aujourd'hui il est en troisième maternelle et je le récupère quotidiennement mouillé. Je lui ai dit à plusieurs reprises "Maxime, je peux comprendre que tu ne sentes pas ton pipi arriver mais une fois que tu es mouillé je pense que tu le sens et j'aimerais vraiment que tu ailles te changer" (il a un change dans son sac d’école). J'ai l'impression qu'il s'en moque complètement.

A la maison, c'est pareil, si on ne lui dit pas d'aller se changer il reste mouillé...

Ce qui a le don de nous énerver moi et son papa.

On a consulté une psychologue qui nous a conseillé de le laisser gérer son affaire "de pipi". (Le laisser se changer seul, porter le linge à la machine...) Chose que nous avons faite mais aucune amélioration.

Elle nous a rassurés en nous disant qu'elle n'avait pas vu d'angoisse chez Maxime, ni de jalousie envers son petit frère. Que c'était un enfant qui se sentait en sécurité.

Le suivi est actuellement terminé.

A l'école, au niveau des apprentissages, Maxime est plutôt bon voire un peu en avance. Par contre c'est régulier qu'il y ait des problèmes de comportements (il embête ses camarades, ou leur parle mal, tape, pousse).

A la maison, je dirai qu'il y a des périodes... Un coup il va être très gentil, nous aider au quotidien, nous écouter et un coup il va dire non à tout et nous pousser à bout.

Lorsqu'on lui demande d'aller faire pipi, il nous dit toujours non. Nous sommes à chaque fois obligés d'insister voire de le porter pour qu'il y aille.

Il se change 2, 3,4 fois par jour et tout cela m'épuise (psychologiquement et au quotidien pour la corvée de linge).Je ne sais plus comment faire. Je sens que je perds patience ainsi que le papa. Je le gronde et je culpabilise de la gronder mais j'ai l'impression qu'il se moque complètement de nous.

J'ai presque honte lorsque je vais le chercher à l'école. J'ai peur du regard des autres. Je suis désespérée lorsque je vois qu'il est encore mouillé (j'en pleure). Je suis ravie lorsque je vois qu'il n'y a pas eu d'accident et je le félicite. Il en est très heureux lui aussi.

Je me dis que c'est de ma faute et qu'il y a sans doute quelque chose que j'ai mal fait.

J'ai peur de l'entrée en première primaire où il va se retrouver dans la "cour des grands"...

Que faire pour l'aider?

Je vous remercie d'avoir pris de votre temps pour lire ce mail.

J'espère que vous pourrez me répondre.

Merci à vous.

Je lui réponds:

Compliqué cette situation! Je réfléchis ... Aidez-moi en répondant aux questions que voici: comment Maxime s'entend-t-il avec son petit frère Gaspard?

Que connaît-il du corps des filles et des garçons? Comment vit-il son zizi?

Vos attitudes à son papa et à vous sont-elles suffisamment constantes dans la durée ... résumez les moi.

A-t-il facilement des copains? Font-ils des commentaires sur son énurésie?

Le pédiatre est-il sûr qu'il n'y a pas de problème organique?

La maman me répond:

Bonjour,

Je vous remercie de cette réponse rapide.

Maxime s'entend plutôt bien avec son frère, il est plutôt protecteur. Il s'agace de temps en temps lorsque son frère veut lui prendre ses jouets mais rien de plus.

Par rapport au corps fille garçon, il sait que les garçons ont un zizi et pas les filles. Sinon il ne parle pas trop de son zizi.

Nos attitudes par rapport à son énurésie ne sont pas constantes non. La psychologue nous avait conseillé de "lâcher " et de le laisser gérer, se changer seul etc... nous l'avons fait plusieurs semaines (peut-être pas suffisamment) mais pas d'amélioration.

Nous essayons de ne pas le gronder mais j'avoue que des fois on peut lui dire des choses comme "oh non Maxime, tu as encore fait pipi dans ton pantalon tu exagères", "pourquoi tu n'as pas été aux toilettes?". C'est également arrivé que je pleure devant lui complètement désespérée en lui expliquant que je m'inquiétais pour lui.

Donc non, nous ne sommes pas constants... en fait nous avons du mal à savoir quelle attitude adopter... actuellement nous le laissons gérer et avons fait un "pacte" avec lui: on ne lui parle plus de pipi, par contre lui, doit aller se changer lorsqu'il est mouillé (mais il peut rester dans un pantalon mouillé des heures ce qui irrite son zizi...)

Par rapport aux copains, j'ai l'impression qu'il en a oui. Mais de ce que j'ai pu observer, il a tendance à vouloir être le "chef ". D'ailleurs ses enseignants me l'ont également dit. Maxime veut toujours être rangé le premier devant tout le monde, il veut toujours finir son travail le premier. Son maître actuel lui donne des fiches en + à faire car il finit avant les autres.

Je lui ai demandé si ses copains s'étaient déjà moqués de lui, il m'a dit que non...

C'est donc le médecin traitant qui suit les enfants. J'ai un nouveau rdv jeudi avec lui pour en reparler et pourquoi ne pas programmer une échographie ou autre examen pour vérifier la normalité de son appareil urinaire.

Merci encore à vous.

Je lui réponds:

Chère Madame,

Je vous avoue que, malgré ma longue expérience, j’ai du mal à comprendre pourquoi persiste cette double énurésie de Maxime ...

Voyez d’abord avec votre médecin traitant s’il ne détecte pas une cause organique (ne fût-ce que ce qu’on appelle l’excitabilité vésicale, qui peut être améliorée par un médicament)

Et sinon? Je suis persuadé que la naissance de son petit frère y a été pour quelque chose, même si aujourd’hui, ils ont l’air de bien s’entendre (sauf quand le petit veut lui prendre un jouet ... or pour les petits garçons, leur zizi, c’est un beau jouet ... dites donc à l’occasion à Maxime, lors d’un bain, que son zizi est beau, grand et en bonne santé ... qu’il sera toujours plus grand que celui de son petit frère, parce qu’il est l’aîné ... dites-lui aussi que son zizi est en bonne santé, même si, pour le moment, il a du mal à arrêter le pipi ... et qu’un jour son zizi sera aussi grand et aussi fort que celui de son papa → il faut à tout prix rétablir l’espérance que cela s’arrêtera un jour!) Je pense aussi qu’on a voulu l’autonomiser trop vite, en deuxième année maternelle, et qu’il aurait encore fallu l’accompagner aux toilettes, mais bon, trop tard ...

Après ça, il a pris une "mauvaise habitude" immature, peut-être vaguement teintée d’opposition ("Moi, je suis comme ça, point ...")

Alors, comment l’accompagner? (à part lui faire passer par petites touches les messages ci-dessus sur le zizi)

Franchement, je n’ai pas de "truc" très sûr à vous proposer ... Je vous suggère seulement quelques idées:

GENERALITES

  • Importance que les attitudes des proches soient convergentes; que l’enfant ne voie jamais qu’il provoque des disputes chez ses parents autour de son problème.
  • Importance de la stabilité des attitudes (partez avec l’idée d’un an).
  • Eventuellement, associer l’école à la même politique!
  • Continuer à semer l’espérance: "Ca va certainement s’arranger (pour le diurne) dans six, douze, dix-huit mois ... Pour le nocturne, c’est plus imprécisable: c’est parfois la puberté (mais inutile d’évoquer à haute voix un délai aussi long)"
  • Relativiser le problème, c’est à dire faire de la gestion mentale pour que vous pensiez à autre chose ... Maxime a bien d’autres qualités (et défauts) et c’est à cela qu’il faut penser 95% du temps: LE PIPI NE DOIT PAS ETRE LE CENTRE DU MONDE, SA MANIERE A LUI D’OCCUPER BEAUCOUP DE PLACE DANS LES PENSEES DE LA FAMILLE.

IDEES PLUS PRECISES

  1. L’ambiance que vous décrivez me paraît structurante: Sans crier, sans vous énerver ni casser son image de soi, montrer quand-même que vous n’êtes pas indifférents, que ça vous préoccupe un peu (pour lui) et que vous êtes même triste à l’occasion → Bonne attitude de base, sans en remettre!

  2. Ne pas lui demander une autonomie impossible pour lui pour le moment et donc:
    • ... exiger (sans cris!) (Mais en l’y amenant éventuellement fermement) qu’il se présente à la toilette quatre fois par jour et qu’il y reste nonante secondes "pour voir si le pipi va venir" → après il peut partir sans histoires ... si le pipi n’est pas venu, ne pas le (ni vous) désespérer "Bah, il viendra une prochaine fois";
    • ... sans courir derrière lui tout le temps, changer son pantalon mouillé une ou deux fois par jour sans commentaire. Plus, à mon sens, vous ne devez pas, car il doit savoir que "Ça coûte trop cher."
  1. Bien semer l’espérance "Tu sais, mon chéri, ça s’arrêtera bientôt, quand ton zizi sera encore un peu plus musclé et quand tu seras assez grand pour y penser très fort".

    (Et peut-être, sans faire pression là autour, lui ajouter que "Quand ça sera arrêté, on sera tellement contents pour toi qu’on t’offrira tout un week-end à Disneyland.")

  2. Par contre, aujourd’hui, les fois où il est propre, ne pas en remettre en joie et félicitations; lui dire sobrement "Tant mieux pour toi; tu verras un jour ce sera comme ça tout le temps."

Bon, voilà quelques idées dont je ne suis pas complètement sûr. J’aimerais donc que vous continuiez à me tenir au courant et à échanger avec moi!

Cordialement.

 

 

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