En cliquant sur "J'ai compris!", vous acceptez les cookies nécessaires au bon fonctionnement de ce site web.

Une maman m’écrit:

Bonjour,

Je me permets de vous écrire car j’ai lu avec attention votre dossier sur internet. Comme ces parents inquiets, je me pose beaucoup de questions.

Louise, notre fille aînée de 4 ans n’est pas propre le jour. Elle l’est la nuit, et est même capable de se lever et d’aller aux toilettes au milieu de la nuit si elle a besoin, mais le jour, rares sont les journées sans pipi (ou même caca) dans la culotte.

Au cours de sa première année de maternelle, elle fut propre de septembre à février. Je ne peux pas dire qu’il n’y avait pas quelques gouttes dans la culotte, tout de même, mais elle était globalement propre. En mars 2012, son petit frère Julien est née. Trois semaines plus tard, elle refusait d’aller sur le pot/les toilettes, ou y allait, n’y faisait rien, puis dix minutes plus tard, faisait dans sa culotte.

Je ne vous cache pas qu’au début, j’ai probablement très mal géré cela, me fâchant beaucoup (la fatigue liée aux soins du nouveau-né jouait certainement beaucoup). Il y a eu une amélioration au bout de quelques mois (juin 2012), puis elle est partie un week-end prolongé avec ses grands-parents, et ce problème est revenu de plus bel. Depuis, c’est en dents de scie.

Nous avons changé d’approche, essayant de moins nous fâcher (mais de temps en temps, nous "craquons"), parlant beaucoup avec elle, la faisant beaucoup parler. Elle est suivie par une pédopsychiatre depuis octobre dernier, et s’il y a de temps en temps un semblant d’amélioration, les rechutes sont inévitables quelques jours après. Chez elle, elle dit qu'elle veut rester un bébé, qu'elle ne comprend pas pourquoi cela pose un problème à maman. A noël, le "père-noël" lui a même écrit une lettre, en lui disant qu’il ne repasserait peut-être pas l’année prochaine si elle continuait. Pendant 5 jours, elle fut propre, et puis tout redevint comme avant. Elle a maintenant 4 ans et 3 mois. La pédopsy nous conseille toujours de nous fâcher, en tout cas, de lui faire comprendre que nous ne sommes pas contents de ce qui arrive. Elle nous a également conseillé de nous fâcher contre le pipi et le caca avec elle. Nous la rassurons beaucoup sur notre amour, sommes très câlins avec elle, privilégions les activités qu’elle ne peut faire que parce qu’elle est grande et que son frère (qui a maintenant 1 an), ne peut pas faire (cinéma, ski, etc).

Je suis personnellement totalement découragée. Et je n’ai plus du tout envie de me fâcher. Cela fait un an que cela dure et je ne veux pas que cela marque la relation que j’aie avec ma fille. Je veux ne pas tout le temps être suspicieuse, ou résumer nos discussions à cela.

Je ne sais honnêtement plus quoi faire et me demande si les séances avec la pédopsy (presque toutes les semaines jusqu’à décembre et maintenant toutes les 2 ou 3 semaines) servent à quelque chose.

Je vous remercie par avance des conseils que vous pourrez nous apporter.

Bien cordialement.

Je lui réponds: 

Bonjour,

 

Le problème à la base de ce manque de contrôle secondaire (c’est-à-dire survenant après une première période de propreté) me semble ici probablement clair. Votre aînée Louise a été très insécurisée par la venue du petit Julien. Le voyage avec les grands-parents, cela avait comme corollaire de laisser le bébé avec vous ... et elle vous a rappelé à son retour qu’elle aussi voulait toujours être votre bébé. Elle vous le dit même avec des mots qu’elle veut rester votre bébé, c’est à dire revivre avec vous (et son papa sans doute) à une époque où elle était la seule petite reine, sans la menace d’un intrus ... et elle ajoute même qu’elle ne comprends pas que vous puissiez vous fâcher parce qu’elle vous donne un petit signe corporel du fonctionnement typique des bébés

Heureusement, il n’y a pas de régression massive chez elle, mais elle a "choisi" un signe symbolique parfait de l’être-bébé: ne pas contrôler son pipi de jour!

Derrière cela, il y a une demande d’amour et une insécurité sur l’amour que vous lui portez toujours. Toutes les fâcheries et colères que vous avez exprimées n’ont évidemment rien arrangé. En ce inclus la méchante lettre du Père Noël: le monde entier s’allie contre elle!! Je ne partage pas le point de vue de ma collègue qui vous dit de montrer que vous n’êtes pas contents et de vous fâcher sur les pipis et les cacas.

Pourquoi ne pas lui dire que vous avez bien compris qu’elle aurait préféré être votre seule petite fille, super bien aimée, et que c’est pour cela qu’elle se rappelle le temps où elle était bébé et où elle était toute seule? Et c’est bien connu, les bébés ne commandent pas bien à leur pipi ... Pourquoi ne pas lui dire alors que vous allez lui remettre des protections de jour, que vous trouvez ça très chouette et confortable, et que vous allez les lui laisser aussi longtemps qu’elle en a besoin. Le jour où elle se sentira contente, heureuse, tout à fait sûre qu’on l’aime bien, elle décidera elle-même qu’elle peut commander à son pipi et qu’elle n’en a plus besoin. Et alors, on verra bien si ça marche du premier coup ou non ... peu importe que diable!! Qu’elle se sente comprise dans ses besoins, que vous retrouviez le sourire ensemble en ne vous préoccupant plus le moins du monde de ce petit signe régressif, et vous verrez que, en quelques mois, elle aura la force et le désir d’arranger toute seule ce petit problème.