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Pathogénie : une description du processus névrotique

 

A - Porteur de ses désirs œdipiens, l'enfant pressent que ceux-ci - ou une partie de ceux-ci - sont conflictuels, c'est-à-dire contraires à ce que veulent d'autres Instances en lui. 

 

 - Souvent, elle concerne d'une part tel ou tel désir ... et de l'autre, ce que les psychanalystes appellent le " Sur-Moi " ; le Sur-Moi, c'est une assignation sociale (ordre ou interdiction) qui a été introjectée (inscrite comme un impératif dans le psychisme), à partir d'expériences relationnelles concrètes. Ce conflit est paradigmatique et nous ne développerons que lui dans la suite de notre raisonnement.

Mais il existe, un peu moins souvent, d'autres types de conflits : par exemple, entre des catégories de désirs eux-mêmes (par exemple " aimer comme un conquérant indomptable, ou être aimé dans la dépendance, comme un gros bébé ! ") ... ou encore, entre des assignations sociales elles-mêmes (ce qui est introjecté à partir de relations vécues avec papa, contre celles vécues avec maman ...ou avec le groupe de pairs).

 

 

B - Alors, quand l'enfant se représente mentalement son désir conflictuel ... qu'il a la velléité de le réaliser ... ou/et qu'il le réalise quand-même vraiment ... il fait, tout de suite après ou après délai, une expérience d'angoisse et il éprouve également un sentiment de culpabilité :

 

malaise physique, idées d'autodépréciation (" Je suis mauvais ") et autres idées annexes (" Je dois me punir ; on va le savoir et me punir ou/et ne plus m'aimer ").

 

C - L'enfant en voie de névrotisation refoule alors, le plus énergiquement qu'il peut, le(s) désir(s) conflictuel(s) qui le gêne(nt) le plus : il ne sait donc plus, consciemment, qu'il avait envie de ... Et du coup. il refoule aussi les idées d'anxiété et de culpabilité qui étaient le plus centralement  à ses envies mentales ou à ses velléités de réaliser son désir interdit.

 

Dans les cas les plus graves, c'est presque tout son dynamisme vital que l'enfant évalue comme mauvais et il en refoule de larges parties, se condamnant de la sorte à une forte passivité ou, tout au plus, à être un exécutant perpétuel et dans l’ombre  du désir des autres. 

 

D - Complémentairement à cette manœuvre, et inconstamment, l'enfant peut régresser

 

et manifester à nouveau des désirs et manières d'être typiques de phases précédentes du développement, et qu'il avait plus ou moins désinvesties au fil du temps : 

Par exemple : demander à nouveau à être aimé comme un bébé ; perdre certains acquis, redevenir dépendant ; sucer à nouveau son pouce, ou se redonner des " joies " sphinctériennes, plutôt qu'oser se masturber, etc.

Par exemple : cultiver à nouveau des affrontements de puissance, comme les immatures affectifs type enfants-rois, plutôt que de se laisser aller à désirer amoureusement sa mère ...

 

E - Le refoulement de ses désirs « auto-interdits » et celui, simultané des idées d'angoisse et de culpabilité liés au conflit, subit par la suite un destin des plus variables.

 

On peut énoncer à ce propos les deux grands principes que voici : 

- S'il est vrai qu'il porte sur deux catégories d'Instances, les désirs et les idées          d'angoisse-culpabilité, le sort ultérieur du refoulement n'est pas ipso facto identique pour chacune de ces deux catégories ; des hiatus sont monnaie courante.

- Le destin du refoulement se situe sur un continuum à un extrême, il réussit totalement ... à l'autre, il échoue largement et, en quelque sorte, doit toujours recommencer son travail. Entre les deux, quelque chose lui échappe de ce qu'il tente de contenir…il apparaît un symptôme comportemental ou psychosomatique inattendu, car ce " retour à la surface " se fait sous forme déguisée : on peut alors parler indifféremment d'un succès mitigé ou d'un demi-échec ...

 

En combinant ces deux constatations-clé, les différentes cases du tableau II donnent une idée des principales catégories combinatoires possibles : 

 

 

Tableau II : Destins du refoulement et catégories de fonctionnement névrotique

 

F - Description des cases du tableau II : les principaux fonctionnements névrotiques résultant du refoulement

 

1°). Dans la case I, le refoulement des désirs œdipiens conflictuels est totalement réussi, et celui des pensées et images d'anxiété et de culpabilité que généraient ces désirs l'est également. Peut-être les désirs refoulés restent-ils bien vivants et opérants, toujours en conflit avec d'autres Voix Intérieures, mais ça se passe dans le psychisme inconscient de l'enfant ... Peut-être aussi, parfois, s'étiolent-ils et meurent-ils au fil du temps, ce qui contribuerait d'ailleurs à expliquer la non-résurgence de l'angoisse et de la culpabilité.

---- Si le refoulement portait sur un large secteur du dynamisme vital, l'enfant ne prend plus guère d'initiatives, et devient la copie conforme de ce qu'il croit qu'exige son Sur-Moi, çad ses assignations sociales intériorisées. Par ailleurs, il ne connaît guère d'angoisses - du moins celles liées à ses désirs refoulés - ni de culpabilité : ce qu'il pense et fait a l'air " ego syntone ", assumé par lui et non générateur d'autodépréciation. On désigne parfois ce fonctionnement sous le vocable névrose de caractère

 ----  Le refoulement peut également être plus ciblé, et avoir pour conséquence une inhibition dans un domaine précis: l'enfant se sent incapable de faire la chose attendue par autrui (voire même voulue par lui ... mais cette " volonté personnelle " est comme théorique lointaine, dés-affectée). 

Par exemple, enfants qui refoulent leur agressivité et se montrent incapables de se battre, même quand ils sont menacés ... enfants qui refoulent leur désir de savoir, et se montrent passifs et comme incapables face à la matière scolaire ... plus tard dans la vie, inhibitions de la capacité sexuelle (impuissance, éjaculation précoce ou frigidité), etc. 

N.B. Paradoxalement, la perception par l'enfant de ses inhibitions - analysées comme telles ou non - et des incapacités qui en résultent, ne le laisse pas toujours indifférent même si, d'une certaine manière, il les a programmées lui-même parce qu'il les ressentait comme " le moindre mal ". Elles peuvent être à l'origine d'une auto-dévalorisation ... et même d'angoisses nouvelles, générées par son intelligence ou/et son imagination, parce qu'il pense qu'on va lui en reprocher l'existence !

 

2°). Dans la case II, malgré que l'enfant refoule puissamment tous les désirs qu'il ressent conflictuels, il est quand même habité occasionnellement, voire envahi, d'idées d'angoisse et de culpabilité liées au conflit et qui, elles, n'ont pas pu rester refoulées.

Les idées anxieuses qui reviennent à la surface sont rarement très clairement l'expression du conflit central refoulé ; bien souvent, il existe des " déformations " dans la thématique anxieuse : les " rejetons anxieux " qui effraient l'enfant ont l'air bien lointains par rapport à ses idées anxieuses les plus centrales. 

Par exemple : phobie d'un animal, qui n'a apparemment rien à voir avec l'agressivité conflictuelle, ou avec le désir incestueux bien refoulé. 

Pour la culpabilité, les déformations possibles sont moins évidentes ; l'enfant se sent bel et bien coupable pour des velléités de comportement, voire de pensées en rapport avec ses désirs jugés maudits (1), mais ici la culpabilité vécue est cruelle, disproportionnée à l'acte commis : il imagine qu'il pourrait aller en prison pour l'ombre d'une pensée impertinente ... qui vise celui avec qui il est en rivalité ! ... ou pour avoir regardé son sexe d'un peu près ...

Les fonctionnements névrotiques ici concernés seront appelée, selon les cas : névrose d'angoisse  (angoisses diffuses, fréquentes, irrationnelles) ; névrose phobique (focalisation de l'angoisse, intense, sur un thème précis).

 

3°). Nous parlerons ensuite de la case IV, car la III est d'occurrence bien improbable :

 ---- Lorsque le désir œdipien d'abord censuré reste bien vivant dans le psychisme inconscient de l'enfant, celui-ci, peut rester intéressé à le réaliser quand-même. Cédant partiellement à la pression qu'il ressent, il va donner suite à son désir, mais sous une forme involontairement travestie, pas évidente à décoder, sinon en spéculant sur son symbolisme. Il n'en tire d'ailleurs qu'un plaisir mitigé : en quelque sorte, il a fait un " compromis névrotique " ... avec lui-même.

Cette réexpression, travestie du désir peut se faire dans les rêves et les productions imaginaires conscientes (fantasmes, dessins, jeux ...). Par exemple, un personnage y réalise des exploits, mais (très) loin de l'objet réellement désiré ... au terme de complications parfois très ardues ... avec coexistence de thématiques anxieuses et de culpabilité. 

Elle peut se faire également à travers certaines pensées de l'enfant, certains de ses comportements, des dysfonctions somatiques, des troubles apparemment cognitifs et instrumentaux : l'expression " symptômes névrotiques ", dans son acceptation stricte, renvoie à tous ces comportements et dysfonctions, de présentation le plus souvent incongrue, dont on pense qu'ils montrent quelque chose des désirs de l'enfant, mais bien déguisés, et qui ne sont pas reconnus par celui-ci comme volontairement programmés. « je ne l’ai pas fait exprès », dit-il sincèrement, « Et je ne sais pas pourquoi » 

Par exemple : certains types d'énurésie (surtout secondaire), ou d'encoprésie, ou de tics ... 

Ces symptômes expriment quelque chose du désir censuré, mais sont en même temps chargés d'angoisse, de culpabilité et de punition : les contraires sont en eux. 

Une "conversion" somatique qui paralyse un membre, par exemple, ça " dit " l'usage agressif ou érotique que l'on pourrait faire de ce membre, mais en même temps, quelle négation ! Quelle charge d'angoisse et de punition n'y est-elle pas portée aussi !

 ----  Le retour d'angoisses et de culpabilité a lieu lors de la production du symptôme, mais déborde largement celui-ci. Les idées anxieuses qui refont surface sont souvent déformées par rapport aux idées centrales liées au conflit. Elles se manifestent en partie à elles toutes seules, isolément, comme dissociées des moments de réalisation du désir : angoisses d'endormissement ; évitements de la vie sociale ; culpabilité et impression d'être mauvais pour mille peccadilles. Chez l'enfant, les névroses qui s'en suivent sont souvent atypiques par rapport aux grandes vignettes décrites en pathologie adulte. La névrose obsessionnelle (2) prend place ici également.

 

4°). Dans la case VI, le désir œdipien conflictuel ne parvient pas à être refoulé. Il s'exprime donc clairement (3), en direction de son objet premier. Presque par définition cependant, puisqu'il y a conflictualité, l'enfant ne programme pas paisiblement la réalisation en retour de ce désir : soit il cède à une impulsion violente, en un passage à l'acte plus ou moins irrésistible qu'il se reprochera par la suite ... soit il cède au terme d'une longue lutte intérieure : il se représente d'abord vaguement la chose interdite, essaie d'y résister, commence à y céder " dans sa tête " avec déjà angoisse et culpabilité, puis finit par perdre son combat intérieur ...

Impulsion violente ou non, il se condamne à connaître l'angoisse et la culpabilité, soit au moment même où il se représente ou réalise son désir, soit en décalage ( par exemple, la nuit, dans des cauchemars ). Les idées anxieuses, surtout elles, sont souvent transformées par rapport au conflit central ( par exemple, " un voleur va venir me kidnapper ..."). 

Le non-refoulement du désir revêt lui-même bien des nuances : 

- Parfois, c'est seulement dans le rêve ou la fantasmatisation que le désir se dit clairement casser la figure à son père ou à des personnages autoritaires ... faire l'amour avec un(e) adulte ...

- Dans la vie quotidienne aussi, occasionnellement, certains enfants ne peuvent pas s'empêcher de réaliser un désir que leurs assignations sociales estiment mauvais, et qu'ils " se feront payer " par la suite ( jeu sexuel ... affrontement d'un parent ... laisser aller d'une tendance incestueuse ... séduction outrancière, pour emballer l'adulte et l'avoir sous la main ).

Lorsque ce phénomène, quantitativement, prend des proportions abondantes, avec beaucoup de moments dissociés de culpabilité et d'angoisse, on se trouve dans le registre de l’hystérie.

Lorsque l'acte que constitue la réalisation du désir est clairement antisocial, souvent à fréquence espacé, on parle de délinquance névrotique. 

 

5°) Les différentes cases du tableau II ne constituent cependant que des pôles théoriques, destinés à faciliter notre réflexion. Sur le terrain, les fonctionnements sont parfois plus intermédiaires.

 

6° - En outre, l'enfant qui se perçoit dysfonctionner peut assez souvent se déprimer (insatisfaction de soi et peur du retrait de l'amour des autres) : une vague de symptômes dépressifs se superpose aux signes névrotiques. Lorsque ce vécu dépressif est abondant et de longue durée, le CFTMEA R-2000 parlera de : 2.5 : dépression névrotique.

 

7° - Paradoxalement, certains signes et symptômes névrotiques, s'ils mécontentent l'entourage, donnent cependant à l'enfant l'impression qu'il est plus fort que tous, ou qu'il attire sur lui l'attention de l'adulte aimé, même si c'est au titre d' " enfant raté ". Alors il ne travaille plus guère mentalement pour modifier ses idées ... mais en même temps, il a l'impression d'obtenir un résultat interdit malgré qu'il s'est efforcé de censurer ses désirs œdipiens : cercle vicieux infernal, souvent générateur d'encore plus d'angoisse et de culpabilité. 

 

8° - Des événements déclenchants peuvent provoquer le dépassement d'expressivité clinique ou/et l'exacerbation de la symptomatologie névrotique. Ce sont des événements où l'enfant a eu l'occasion, fortuite ou voulue par lui, de réaliser son désir conflictuel (par exemple, un jeu sexuel). Ce sont aussi des événements qu'il interprète erronément comme des preuves de la puissance mauvaise qu'il aurait en lui (par exemple, la mort accidentelle d'un frère rival). Ce sont encore des événements qu'il interprète, à un moment donné de sa vie, comme des signes d'une punition qu'il aurait méritée ( par exemple, le fait d'être déjà énurétique - suite à une immaturité organique - finit par être " lu " par l'enfant comme preuve de punition ) : tout ceci fait gronder davantage la Voix Intérieure des assignations sociales interdictrices, ou/et leur donne plus de poids.

Mais l'inverse est vrai également : des événements positifs (réussir quelque chose ... plaire) peuvent finir par rassurer l'enfant sur la valeur de ses désirs. Complémentairement, au fur et à mesure du grandissement, beaucoup d'enfants - mais, hélas, pas les plus névrosés- mettent spontanément de l'ordre dans leurs idées, et relativisent donc la " valeur réelle " des assignations sociales introjectées plus tôt dans leur enfance. 

 

Signes cliniques d'un fonctionnement névrotique

 

Pris isolément, chacun des indicateurs que nous allons énumérer pourrait avoir une autre signification qu'exprimer un mécanisme névrotique. La probabilité d'existence de celui-ci est d'autant plus forte qu'il y a sommation et articulations logiques entre les indicateurs.

 

A - Signes qu'un désir œdipien, même vécu comme conflictuel, ne se laisse pas refouler ou ne  le reste pas 

 

1°). Ces signes sont inconstants, en voici quelques exemples : 

2°). Plus que l'acte lui-même, c'est l'ambiance de celui-ci qui est indicatrice de névrose : 

D'ailleurs, il n'est pas si rare que ce désir se réalise en secret ( activité sexuelle ... acte antisocial, etc. ).

B - Les signes régressifs 

 

Ils sont inconstants : par exemple, se coller à un parent comme un bébé incompétent et geignard, contester bruyamment et perpétuellement. Et ceci, toujours dans une ambiance d'insatisfaction de soi, qui donne aux comportements une allure désordonnée, avec alternance (par exemple, moment régressif ... puis l'enfant redevient plus sage, " écrase ", vient demander pardon ... puis nouvelle irruption de désirs ...)

 

C - L'angoisse

 

1°). Sauf dans ce que nous avons appelé les " névroses de caractère ", l'angoisse est un indicateur systématique de la névrose.

Elle surgit un peu avant, pendant et après que l'enfant ne réalise ce qu’il croit être interdit : alors la thématique anxieuse concerne directement la rétorsion pour l’acte interdit - difficile, d'ailleurs, de dissocier angoisse et culpabilité -, et elle est souvent disproportionnée à la gravité - parfois purement imaginaire - de l'acte.

2°). Mais elle peut surgir aussi à des moments décalés, sous forme de " rejetons transformés " où, à première vue, les thèmes n'ont rien à voir avec les conflits les plus centraux : Par exemple :

 

D - La culpabilité (largement) irrationnelle 

 

 Est visée ici l'existence d'une culpabilité irrationnelle : toute culpabilité n'est pas ipso facto névrotique ! Est névrotique, celle que l'on vit à propos du simple fait de désirer, de penser " autrement " ... ou à propos d'actes involontaires ... ou d'actes qui n'ont dérangé que les assignations sociales du sujet, sans qu'il y ait eu transgression des grandes Lois humaines qui interdisent meurtre et inceste.

 Signes : 

E - Signes du refoulement des désirs 

 

1°) Case I du tableau II :

2°) Case II du tableau II : Enfant conformiste, toujours désireux de satisfaire l'autre, mais ayant l'impression de ne pas en faire assez, de toujours rater ce qu'on lui demande ou/et d'être mauvais ... envahi alors par l'angoisse et la culpabilité, et autour de ses " fautes ", à des moments décalés. 

 

3°)  Case I ou II du Tableau II : Inhibitions plus sectorisées : inattendues, juste au moment de produire une performance ( l'enfant, regardé par autrui, ne peut pas ... l'enfant, en classe, ne sait plus faire part de la leçon connaît, ou en fait une reproduction ratée, vide de sens ...), plus chroniques ( incapacité à mémoriser tel comportement ... incapacité à assimiler un mécanisme d'apprentissage ... à retenir une information riche de sens ...) ou répétitives (incapacité à réussir la rencontre avec l'autre ; incapacité sexuelle ...). 

 

4°) Entre la case II (beaucoup) et la case VI (un peu) : Enfant perpétuellement velléitaire : essaie indéfiniment de montrer sa bonne volonté, sa compétence, la justesse de ses opinions mais " à côté de la plaque " ou/et incapable de persévérer ou/et provoque une catastrophe, dont on peut spéculer qu'elle est la conséquence de l'angoisse extrême qu'il s'est fait revivre et de la montée de sa culpabilité ( avec quand même une " pointe " de réalisation de désir : par exemple, abîmer les outils de son père en essayant de bricoler ) : ici, on parle parfois de " névrose d'échec ". 

 

F - Signes d'un retour travesti des désirs refoulés 

 

Pour rappel, cette expression comme masquée des désirs refoulés est un des signes les plus typiques de la névrose. Elle s'accompagne souvent et immédiatement d'une charge d'angoisse et de culpabilité qui est " accrochée au ...", " condensée sur " les mêmes signes. Ces signes peuvent être de trois grands types : 

 

1°). Dysfonctions somatiques

 

Par exemple :

- énurésie, surtout si elle est secondaire ;

Ceci ne veut pas dire que toutes les énurésies ont pour signification de constituer des symptômes névrotiques !

On peut raisonner de même pour les exemples qui suivent :

- encoprésie ;

- tics, moteurs ou/et vocaux, isolés ou multiples, à schéma simple ou complexe ;

- conversions somatiques : atteintes essentiellement de l'appareil locomoteur ou sensoriel, avec une localisation fonctionnelle plutôt qu'anatomique, et un symbolisme sur lequel est aisé de spéculer ... Paralysie plus souvent qu'hyperfonctionnement (agitation ; algies ; espèces de tics) ...

Elles sont souvent significatives d'un fonctionnement hystérique  ... MAIS seulement 10 à 20 % des enfants à structure hystérique ont des symptômes de conversion, qui s'ajoutent aux autres signes. 

 

2°). Bizarreries du comportement quotidien

 

Par exemple : 

- Nombres " d'actes manques ", oublis, maladresses, qu'il est impossible de répertorier de façon détaillée.

- Obsessions et compulsions. Les obsessions (0) sont des pensées, des images ou/et des impulsions mentales pressantes et parasites ; certaines d'entre-elles expriment de façon à peine détournée le désir interdit (par exemple, penser à une chose obscène) ; pour d'autres, c'est plus lointain (par exemple, répéter longuement les tables de multiplication). Les compulsions (C) sont, soit des réponses - mentales ou agies - qui veulent conjurer les obsessions, soit des actes que le sujet se sent contraint de remplir selon des règles tyranniques (par exemple, certains rituels).

Beaucoup de ces 0 et C sont secrètes ; quelques-unes sont visibles (rituels), voire engagent toute la famille (par exemple, vérification obligée de quelque chose chez un parent ...). Parmi les obsessions, il faut ranger les doutes et scrupules, les questions métaphysiques indéfiniment ruminées sans réponse rassurante. 

Même raisonnement qu'à propos de l'énurésie : la présence d'obsessions et de compulsions ne signifie pas ipso facto que l'enfant souffre d'une névrose (ici, obsessionnelle). Parfois, ce sont des mécanismes cognitifs qui tentent vaille que vaille de conjurer des angoisses non-névrotiques.

Dans les deux alternatives, on peut faire l'hypothèse qu'existe une prédisposition cérébrale. 

- Certaines " habitudes nerveuses " : masturbation compulsive ... trichotillomanie, etc. ... 

 

3°). Atteintes du fonctionnement intellectuel 

 

Nous avons déjà dit que le fonctionnement névrotique pouvait entraîner l'inhibition de l'acquisition ou du fonctionnement de mécanismes d'apprentissages, ou celle de l'utilisation d'informations chargées de sens.

Il peut entraîner aussi des incongruités inattendues dans l'acquisition ou la restitution du savoir ou/et des mécanismes d'apprentissage : " fautes " et habitudes bizarres, chargés de symbolisme et dont l'expression est plus irrégulière que lorsqu'il y a lacune cognitive ou instrumentale (par exemple, enfant qui " oublie " parfois de mettre des "s" ... ce qui, dans sa subjectivité à lui, a un fort rapport avec la signification affective du pluriel dans la fratrie ...). 

 

G - L'enfant est assez souvent déprimé

 

parce qu'il perçoit son comportement dysfonctionnel et/ou l'irritation de son entourage et parce qu'il se représente mentalement comme un raté ou/et un méchant, menacé de perte d'amour et de rétorsions diverses. 

 

H - Il est rare que la réaction de l'entourage soit neutre

 

. Assez souvent : incohérence dans la prise en charge des symptômes ; mélange de dévalorisation (" Tu es moins performant que les autres ") et d'hyper investissement (" Je dois beaucoup m'occuper de toi ... tu es le handicapé de la famille "). 

 

 Regroupement des signes en quelques grands syndromes névrotiques 

 

Les plus fréquents de ceux-ci sont plus atypiques que les quatre formes paradigmatiques décrites en psychiatrie adulte dans les pays francophones. Les mécanismes qui y opèrent concernent les cases I, II et la case IV du tableau II. 

 Le traitement 

 

A - Pour l'enfant 

 

Pour l'essentiel, à travers l'attention et l'écoute qui lui sont prodiguées, il s'agit de montrer à l'enfant que les grands désirs dont il est porteur, et qu'il finit par dire ou/et montrer dans ses productions, font bien partie de l'ordre humain : s'il voulait gérer sa vie et ses relations comme il le désire, il resterait bien un petit humain, unique, digne d'amour et d'estime.

Quant à ce qui est interdit, il l'a excessivement compris tout seul et il en exagère plutôt la portée : il s'agit donc parfois de l'aidera relativiser les interdictions qu'il se donne, et aussi de l'aider à trouver des voies socialement acceptables par lesquelles ses désirs peuvent se réaliser ... ;

 

 

B - Pour les parents 

 

Parfois une guidance parentale suffit  améliorer ces paramètres. Plus rarement, et pour peu qu'il l'accepte, un parent peut bénéficier d'une psychothérapie individuelle personnelle. Certaines questions peuvent également se discuter lors de psychothérapies familiales 

 

 NOTES 

 

1.   Ce rapport est intuitif, obscur, puisque le plus clair du désir est refoulé ... mais l'enfant en devine quand même quelque chose. 

2.   Ce n’est plus la mode aujourd’hui de parle de névrose obsessionnelle…on parle de TOCs, en en faisant des phénomènes purement cérébraux…Voire ! sans nier une possibles sensibilité cérébrale, on y trouve toujours la signification de compromis face à un conflit interne…quand on veut bien se donner la peine de chercher. 

3.   Clairement ? Parfois, il s'agit d'une manifestation très directe d'agressivité, d'amour ou/et de sexualité. Parfois, comme nous l'avons signalé en étudiant l'immaturité, la forme est plus détournée mais ici, l'enfant fait usage de son intelligence pour mieux " emballer " l'autre. Par exemple, il abuse de son statut de malade pour avoir toute l'attention ... Ce n'est pas la même chose que le travestissement du désir (case IV), où l'enfant cherche d'abord et avant tout à s'échapper à soi-même, en donnant à son désir une forme peu lisible, souvent symbolique ... 

4.   Souvent mais pas toujours : les plus intelligents et les plus forts d'entre eux peuvent ne pas se laisser déborder par leurs désirs, et travailler à donner à la réalisation de ceux-ci une forme intelligente, subtile, détournée : par exemple, " pièges " tendus à l'autre par leur volonté de domination, comme on le voit chez les adultes ... On le voit chez certaines jeunes anorexiques précoces qui " minent ", avec pseudo-indifférence, le chemin de celui qui veut les aider.