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  ... repli ...

 Définition :

Perte importante d'énergie vitale, non provoquée par une maladie organique; envahissement concomitant des affects et des idées de l'enfant par une humeur " noire ", pessimiste ; invalidation conséquente de ses comportements, d'une durée d'au moins deux semaines.

On peut nommer ces troubles par les termes : 

- /" Trouble de l'adaptation avec humeur dépressive ", s'ils sont clairement réactionnels à un événement significatif (cf. infra) et s'ils s'atténuent assez rapidement après remédiation à celui-ci. 

- /" Trouble dépressif majeur ", si ce lien est moins net, s'ils présentent des signes cliniques très typiques, et s'ils durent moins d'un an. 

- /" Trouble dysthymique " s'ils durent au moins un an.".

 Etiopathogénie 

A - Opération d'un facteur génétique, avec une intensité très variable d'un enfant à l'autre ; il entraîne : 

- soit l'existence d'un tempérament introverti, morose, hypersensible qui constitue une prédisposition ;

- soit l'existence de phases de dérégulation cérébrale diencéphalique de l'humeur (composante endogène de la dépression). 

B - Qualité de la " confiance de base " dans la vie et dans l’entourage, variable d'un enfant à l’autre. Lorsque celle-ci est forte, l'enfant est très bien protégé contre la désorganisation de son psychisme par les expériences négatives que nous allons décrire en C. Lorsque celle-ci est précaire, nous avons déjà signalé que des expériences relationnelles négatives de longue durée pouvaient être à l'origine de véritables carences affectives d'installation tardive. Des frustrations plus brèves (cf. infra C), elles, peuvent être à l'origine de dépressions. La frontière entre ces deux entités morbides est néanmoins assez floue. 

C - Les expériences négatives. Il en existe deux grandes catégories, en relation réciproque : 

D - Sous le jeu convergent, et d'intensité variable, de A, B et C, perte diffuse d'énergie et envahissement du psychisme par des idées et affects que nous avons résumé jusqu'à présent sous le vocable " humeur noire " : non-amour, abandon, solitude ... non-valeur, sentiment d'infériorité ... tristesse, idées de mort ... 

Secondairement, en termes chronologiques, il peut s'en suivre : 

- vécu (= idées + affects) d'injustice et de colère ;

- vécu d'angoisse : peur d'être agressé parce que seul et non-protégé, peur d'être puni pour la non-valeur imaginée chez soi, voire pour des fautes commises, purement imaginaires ou/et dramatisées ; peur de rester éternellement prisonnier de l'état dépressif du moment ...

 

E. Il en résulte des comportements peu gratifiants, à l'origine de véritables " cercles vicieux " dans l'entourage, mais à l'origine aussi de " cercles vicieux " plus intimes : l'enfant se juge mal, encore plus, à partir de son propre comportement dépressif ... il a peur de rester dépressif toute sa vie ...

  ... suicide zoom ...  

Clinique

 

A - Relation assez souvent décelable avec des expériences vécues comme négatives (pertes ; retraits d'amour, échecs ...) ; hérédité dépressive éventuelle ; histoire de vie compatible avec une certaine précarité de la confiance de base. 

B - Trois fois sur quatre environ, la dépression se présente sous forme d'une " crise ", d'un épisode unique ou répété, qui dure entre quinze jours et quelques mois, et se caractérise par :

 

 -- " Changement " de caractère, d'humeur ...

-- Ne prend plus plaisir à rien ; ne sait plus créer, achever avec plaisir ce qu'il a entrepris exécute tout au plus " mécaniquement " ce qu'on lui demande ... se sent " lourd ", fatigué, sans goûts, sans envies.

-- Idées, affects, productions (dessins) et mimiques tristes ; éventuellement, idées de mort conduites à risque ou clairement auto-agressives, voire T.S. et suicide.

-- Retrait social.

- -Pertes d'acquis ; fléchissement scolaire, voire incapacité de fréquenter l'école ; régressions (par exemple, retour d'énurésie, d’encoprésie) ; incapacité de petites performances quotidiennes acquises jusqu'alors.

-- Souvent : irritabilité, colères inexpliquées, destructions ...

-- (Eventuellement : signes d’anxiété) 

-- Eventuellement, somatisations (par exemple maux de ventre, fatigue) et troubles des conduites psychophysiologiques (anorexie, sommeil ...).

 

C - Une fois sur quatre environ, il existe un état dépressif basal plus chronique, exacerbé de loin en loin par l'impact d'expériences négatives nouvelles.

 

Cet état s'exprime selon deux nuances : 

- Enfant perpétuellement triste avec calfeutrage en famille, angoisse de séparation, crises de désespoir bruyante lors des frustrations affectives ...

- Enfant perpétuellement insatisfait de lui et des autres, grognon, irritable, " râleur ". Son contact avec les autres est difficile, et lui aussi se réfugie dans la solitude. Il peut être velléitaire, et rater ce qu'il entreprend (manque de dynamisme et de confiance en soi). Le diagnostic différentiel avec d'autres entités, comme la névrose d'échec ou la paranoïa, n'est pas toujours très facile.

 Prise en charge : 

 

  ... enfant triste ...

 

A - Via l'entourage et l'ambiance quotidienne de la vie : 

- Réaménager le contexte de vie (sources d'amour et de réussite).

- Tolérance aux signes désagréables dépressifs du moment (éviter le cercle vicieux du rejet).

- Ecouter patiemment sa tristesse, sa mauvaise humeur et les raisons de celles-ci. 

- Ré entraîner " en douce " à vivre, en insistant un peu mais sans faire violence (parler d'espérance ; dire à l'enfant qu'il est important, faire appel à lui ; ne pas laisser dans son coin). 

B. Envers l'enfant directement

 

---- Psychothérapie : écouter le vécu dépressif, le respecter et témoigner éventuellement d'opinions complémentaires (sur la valeur de sa personne, sur son avenir). 

----- Médicamentation (actuellement, on s'adresse d'abord aux inhibiteurs du reuptake de la sérotonine) : cas graves et à composante endogène importante ; c'est un traitement complémentaire et dont l'efficacité est moyenne avant l'adolescence.