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  8.3.2008 et 2009

année 2008


1.  Familles recomposées :Les enfants et leur belle-mère 

http://leligueur.citoyenparent.be/rubrique/zoom-parent-avec-radio-contact/3/

La belles-mèresCamille n'a pas d'enfants mais son compagnon a deux garçons nés d'une première union et pour elle, ce rôle de belle-mère n'est pas facile à vivre au quotidien.
« Comme ce ne sont pas mes enfants, j'ai beaucoup, beaucoup de mal à les accepter, parce que ça veut dire accepter son passé, accepter son ex-compagne... Pour moi, il y a leur papa et eux d'un côté, et moi je suis d'un autre côté. En fait, je ne ressens pas encore vraiment une certaine cohésion et on ne peut pas dire « famille » en tous cas, mais bon, j'espère que ça va s'améliorer.
Ce sont souvent les enfants qui ont du mal à accepter la femme qui partage la vie de leur père, mais dans la plupart des cas, avec le temps  et en adoptant une certaine attitude, la nouvelle compagne du papa parvient à instaurer une relation équilibrée avec les enfants.
Jean-Yves Hayez, pédopsychiatre :
« Si la belle-maman se tient un peu en retrait, si elle n'embête pas trop vite les enfants avec des câlins, mais si elle sait quand même veiller un peu sur leur confort, leur dire un petit mot gentil sans attendre nécessairement tout de suite de la reconnaissance en retour, petit à petit elle va les apprivoiser. »
A ne pas faire en revanche : tenter de se substituer à la maman
« Si une belle-mère peut se dire Mon objectif c'est d'être une grande amie adulte avec ces enfants, qu'ils vont respecter, avec qui il y aura de la communication, une grande amie qui aura quand même de l'autorité, mais je ne serai pas leur mère, ils ont une mère. À l'occasion elle peut même dire ça tout haut, alors ils vont s'ouvrir à elle. »
Et puis il faut que le papa lui-même y mette du sien et partage son affection entre sa compagne et ses enfants.   

année 2009

1.L'éducation : un canal contre la violence
p. 33-34 dans la La Libre Essentielle du 19 au 26 mai 2009 

cinéma et des jeux vidéo. Psychologues et pédagogues doutent d’un lien entre images violentes et passage à l’acte, reconnaissant néanmoins la nécessité d’éduquer les jeunes aux médias. On s’en souvient, Kim De Gelder, tueur de Termonde, fut décrit dans les heures suivant le drame grimé à la façon du « Joker », personnage connu de la série Batman. Avant d’être mise en doute quelques jours plus tard par le procureur du roi de Termonde, la rumeur a permis de relancer le débat sur un lien supposé entre violence, cruauté et images fortes. Avant de s’interroger sur la question de savoir si un film, voire, la pratique d’un jeu vidéo peuvent conduire au crime, on peut s’attarder sur le cheminement de la rumeur. Quelques heures après que ne tombe l’information annonçant le 23 janvier dernier les crimes d’un déséquilibré dans une crèche de Termonde, plusieurs dépêches signalent donc que le tueur présumé avait le visage peint en noir et en blanc. En fin de journée, Le Soir affiche sur son site une réaction associant l’assassin au film de Christopher Nolan. L’information est reprise le lendemain par le même journal qui s’interroge : « La tuerie de Termonde commise par un fan du Joker ? » « Un copycat inspiré d’une fiction cinématographique ? », ajoute un journaliste, repris ensuite par la presse écrite, radiophonique et télévisuelle belge et internationale. Dans leurs commentaires, certains insistent alors sur une corrélation évidente entre images violentes et criminalité, relevant que la hausse de celle-ci suit une courbe parallèle à l’augmentation de la violence télévisuelle. On rappelle également d’autres tueries où des assassins ont laissé des notes relevant l’influence qu’avait pu avoir sur leurs gestes des représentations du monde exposées au cinéma ou dans les jeux vidéo. L’AGRESSIVITÉ EST UNE BONNE CHOSE Psychiatre infanto-juvénile et professeur émérite de l’Université de Louvain-la-Neuve, Jean-Yves Hayez n’a pas attendu que le procureur en charge de l’affaire doute de la référence à Batman pour s’étonner de pareilles associations. Avant de poser la question de la violence au cinéma ou dans les jeux, celui-ci rappelle que l’agressivité est une qualité nécessaire chez tout être. « Sans celle-ci, insiste celui-ci, vous ne seriez probablement pas là, devant moi, à me poser vos questions. Chacun naît avec une part de bonté, de sociabilité mais aussi d’agressivité qui lui permet de résister, de se faire respecter et de trouver sa place dans la société. L’agressivité est une force d’expression utile. Tout l’enjeu de l’éducation est de la canaliser et de la transformer en force sociable. Certains jeux vidéo rejoignent les pulsions agressives que nous portons et leur permettent de s’exprimer dans l’imaginaire. C’est plutôt une bonne chose pour autant que cette activité reste mesurée. » Revenant sur les inquiétudes suscitées par certains jeux, l’ancien professeur distingue les jeux « légitimisés » des jeux « non légitimisés ». « Dans le premier cas, le jeu réclame une agressivité conquérante », reprend celui-ci. « Il s’agit pour le joueur de répondre à une menace, de tuer ou de supprimer des personnages hostiles. Le jeu n’est alors qu’une sorte de punching ball grâce auquel l’ado évacue toutes sortes de choses. Il s’amuse et se défoule. » DE L’AGRESSIVITÉ À LA VIOLENCE Par jeux non légitimisés, le psychiatre fait réfé- rence à une série de jeux en vogue où le joueur est amené à détruire ou à tuer gratuitement, par plaisir. Grand Theft Auto 4, succès de l’année 2008, en est l’exemple. Le jeu met en scène un immigré enrôlé par le syndicat du crime pour vendre de la drogue, tuer des policiers et voler des voitures. Le but est ici de se forger une réputation dans le monde du crime, et tous les moyens sont bons pour y arriver. GTA 4 que le critique du New York Times annonça comme une satire culturelle, violente, intelligente, profane, attachante, odieuse, espiègle, riche, profonde et convaincante fut commercialisé avec la mention : interdit aux moins de 18 ans. Alors qu’il n’y a pas menace quant à l’intégrité du personnage ou de son territoire, le joueur est cette fois appelé non plus à réagir avec une « saine agressivité », mais à opter pour la violence. « Je comprends qu’un jeu pareil entraîne méfiance et critiques », reprend le psychiatre. « J’ai écrit que l’on pouvait parler de violence dans ce cas, et non plus d’agressivité, car le joueur tue par plaisir. C’est un pas, mais même dans ce cas, je reste dubitatif quant à une éventuelle influence néfaste sur un adolescent équilibré. La première question à se poser est l’origine de cette envie de violence. Qu’est-ce qui la motive ? Si vous avez un adolescent mal dans sa peau et renfermé sur lui-même, il faut être attentif. Sinon, qui n’a jamais quelque plaisir à se sentir le mauvais ? Quel adolescent des générations précé- dentes n’a jamais fait de mal à une mouche ? Je préfère voir un adolescent se défouler ainsi plutôt qu’en arrachant les pattes d’une grenouille ou en frappant à l’occasion son petit frère. Il faut pouvoir accepter un certain besoin d’explorer la puissance du mal. Le tout, de nouveau, est de le faire de manière modérée. » RESTER VIGILANT Pour le pédopsychiatre, l’adulte doit rester vigilant et veiller à préserver une relation d’échanges et de dialogue avec l’adolescent. « Il y a danger lorsque celui-ci perd confiance en lui et perd l’envie de se construire et de trouver sa place. L’adolescence étant une période de doutes et d’expériences, il faut être attentif à ce que le jeu ne devienne pas un refuge qui lui donne de fausses illusions. L’adulte doit poser un cadre et une hygiène de vie. Si le jeu vidéo vient après le travail scolaire et ne mord pas sur le sommeil, s’il est associé à d’autres jeux, à du sport, etc., on est plutôt en droit d’attendre de ces pratiques des bénéfices telles, je l’ai dit, l’expression de son agressivité, mais aussi celle de ses angoisses. » D’autres citent comme bénéfices les expériences que ces jeux entraînent, la réactivité, la débrouille, la gestion de contacts sociaux ou l’exploration de divers registres identitaires et de rituels initiatiques. L’ÉDUCATION AUX IMAGES Abordant la question de l’éducation aux images, Jean-Yves Hayez la juge nécessaire, tout en ciblant la question. « Je crois que ce type d’éducation est bienvenu, mais il faut savoir de quoi et à qui l’on parle. Je ne pense pas que l’on puisse espérer qu’un adolescent reste sage sur Internet et ne s’aventure pas sur certains sites où les mauvaises rencontres sont possibles. Avec les risques que cela suppose. Et puis, ne vaut-il pas mieux vivre pareille expérience sur le net que dans la réalité ? Par contre, l’éduquer à davantage d’esprit critique et de lucidité est une démarche que je ne peux qu’encourager. » Nécessaire, l’éducation aux médias a pourtant longtemps entraîné une certaine méfiance dans le corps enseignant. « A l’époque de la création du CEM – Conseil de l’Education aux Médias, créé en 1995 – on rencontrait toujours pas mal de professeurs méfiants face aux possibilités —33— LLE_120_doc_64pages.qxd:Layout 1 2/03/09 15:24 Page 33 dossier —34— pédagogiques qu’offraient la maîtrise des nouveaux médias », se souvient Paul de Theux, responsable du service formation de Media Animation. « Beaucoup considéraient les médias comme des outils juste bons à occuper les enfants. Les changements doivent surtout aux initiatives de quelques enseignants motivés et ouverts au changement. » RÉTICENCE À LA NOUVEAUTÉ « La famille, comme l’école, sont des cellules fortes qui se méfient de la nouveauté et de l’inconnu », ajoute l’éducateur. « Il y a vingt-cinq ans, des rumeurs pointaient que les baladeurs pouvaient conduire à l’autisme. Il fut un temps où l’on se méfiait de la radio, et même du théâtre radiodiffusé. Aujourd’hui, c’est l’internet ou les jeux vidéo. Les comportements varient d’une génération à l’autre : je relève qu’aujourd’hui les trentenaires, jeunes parents eux-mêmes adeptes des premières générations de jeux vidéo, sont plus ouverts que la génération qui les a précédés. » Les premières activités touchant à l’éducation aux médias remontent aux années 60 avec l’apparition de stages, de cours et de ciné-clubs s’adressant à un public d’intéressés. Les développements de la télévision dans les années 60 et 70, puis l’apparition de nouvelles technologies de l’information et de la communication (diapositives, photographies, vidéo, enregistreurs, etc.) ont accéléré la réflexion sur la nécessité d’un enseignement, mais celui-ci a d’abord visé à former techniquement les gens à l’utilisation de ces médias plutôt qu’à la critique. La création du Conseil de l’Education aux Médias témoignait au milieu des années 90 d’une volonté institutionnelle de réunir les initiatives développées par les différents réseaux d’enseignement. Ce Conseil a permis de tracer les grandes orientations à suivre et les actions à entreprendre via trois Centres de Ressources en matière d’éducation aux médias dont l’asbl Média Animation est la composante pour l’enseignement libre. « On est passé dans la pratique d’une éducation par les médias à l’éducation aux médias », résume Michel Clarembaux, directeur du Centre Audiovisuel de Liège, le CAV, composante associée à l’enseignement communal, « mais l’un ne va pas sans l’autre. Dans les années 80, je donnais un cours aux futurs instituteurs et régents sur l’utilisation des médias. Quand vous apprenez à un futur professeur ce qu’est un cadre ou une mise en scène, vous l’éduquez à un langage sur l’analyse de ce qu’enferme ce cadre. Le souci d’analyse et de critique s’est ensuite davantage affirmé d’autant que le besoin d’initiation pratique est aujourd’hui moindre car beaucoup connaissent ces outils très jeunes. » NAISSANCE DU CSEM La transformation du CEM en CSEM – Conseil Supérieur de l’Education aux Médias, bientôt opérationnel, est un témoignage supplémentaire de l’attention portée par les pouvoirs publics. « Ce mouvement est une bonne chose », confirme Michel Clarembaux, précisant les deux objectifs majeurs de la nouvelle institution. « Ce pas vise d’une part à dépasser le secteur scolaire. Jusqu’à présent, nos outils s’adressaient aux professeurs et aux étudiants. La nouvelle formule proposera des outils à leur intention, mais aussi au monde associatif. Le second intérêt touche à une volonté de travailler sur l’intergéné- rationnel. L’éducation aux médias ne s’adresse pas uniquement aux étudiants, mais aussi aux parents comme à d’autres strates de la société. Le problème est la mise en place de l’outil car, autrefois, seuls les acteurs du monde de l’enseignement et des medias y participaient. Le nouveau Conseil intégrera des acteurs de secteurs aussi divers que l’aide à la jeunesse, les nouvelles technologies et le monde associatif. Ce n’est pas simple à gérer, mais sortir du ghetto scolaire pour une responsabilisation citoyenne est un pas intéressant. » Ce projet reprendra différentes initiatives mises en place ces dernières années comme « Ouvrir mon quotidien », qui permet aux professeurs de disposer de journaux en classe et de les étudier, « Journalistes en classe », qui envoie des journalistes dans les classes pour expliquer leur métier ou « Ecran large sur tableau noir » et « Films à la fiche », qui éduquent au cinéma. DEVENIR AUTONOME Tout cela suffira-t-il à éviter des drames comme celui de Termonde ? « On ne peut pas le prétendre », reprend Paul de Theux, « mais ces développements s’inscrivent dans une volonté de permettre aux enfants et aux adolescents de devenir autonomes dans leur consommation des médias. Pour ce faire, le meilleur chemin est celui de la confiance, ce qui nous conduit à aborder tous les contenus, même les sites dangereux. Au delà des outils comme les nôtres, la famille a ses obligations : combien d’heures un enfant doit-il rester devant la télévision ? à quelle heure un enfant doit-il aller dormir ? Ces questions restent de l’ordre de la gestion familiale. Il n’y a pas de règle générale, mais le parent doit ici aussi veiller à maintenir la confiance. » « Un enfant n’est pas l’autre », ajoute Jean-Yves Hayez, « et c’est cela le merveilleux. L’adulte est le fruit d’une éducation où tellement de choses interviennent : parents, éducateurs, amis, professeurs, lectures, films, rencontres, etc, mais il y a une part de mystère, une touche personnelle, qui ne dépend que de soi. Dans la grande majorité des cas, l’histoire se construit plutôt bien. Parfois, cela casse. Il est difficile de tout prévoir, mais c’est en tissant et en préservant du lien que l’on se prémunit. » Le psychiatre conclut en rappelant que personne ne pète les plombs d’un coup. La descente est souvent longue. Cet adolescent assassin, de Termonde, a certainement vécu un jour quelque chose. Il y a peut-être très longtemps. Cela n’excuse pas ses gestes criminels, mais si le lien avait été préservé, qui sait si l’on en serait arrivé là. PRATIQUE CAV asbl, rue Beeckman 51 à 4000 Liège tél. 04 232 18 81 – courriel – site www.cavliege.be Média Animation asbl, avenue Rogier 32 à 1030 Bruxelles – tél. 02 242 57 93 – courriel – site www.media-animation.be 3 CAF, La Neuville 1 à 4500 Tihange tél. 085 27 13 60 – courriel caf@skyne


2. Termonde : dites à vos enfants que vous les protégez

Après l'assassinat de bébés par Kim De Gelder, les enfants sont des plus inquiets. Comment réagir ? Interview publiée dans le Ligueur des parents

Décodage : Termonde : dites à vos enfants que vous les protégez

Des images d’enfants et d’adultes en pleurs, des peluches, des fleurs, des bougies, quelques mots balbutiés par les uns et les autres sur l’horreur de qui s’est passé et des commentaires de journalistes qui n’en finissent plus de tourner sur eux-mêmes. Et nous, parents, nous sommes là face au petit écran avec nos enfants qui nous interrogent du regard et qui ont peur. Comment les rassurer, leur promettre qu’ils sont en sécurité, que personne ne rentrera dans l’école, le club de sport, la garderie pour leur faire du mal ? 

″Rien qu’à voir sa tête, on voit bien qu’il est méchant!″ ″Faut le tuer! Sur la chaise électrique! Comme ça, il souffrira!″ ″C’est quoi, une puéricultrice ?″ Dans cette cour de récréation, ce lundi, après le carnage de Termonde, les commentaires des jeunes élèves vont bon train. Une question revient, permanente: ″Pourquoi il a fait ça ?″ Et d’aucuns pensent à leur crèche, devenue celle d’un petit frère, d’un voisin… Une crèche de village où l’on entre sans sonner, la porte toujours ouverte. N’est-ce pas dangereux?

Mettre des mots sur des émotions

Adultes comme enfants, nous sommes tous horrifiés, bouleversés, un peu ou beaucoup inquiets suivant notre situation familiale. Nous nous ressentons impuissants face à de tels malheurs, de tels comportements. Que faire? Que dire à nos enfants ?
Certains d’entre eux, spontanément, ont dit leurs émotions et nous ont questionnés: ″J’ai peur. Et pourquoi la police n’a pas arrêté l’homme qui tue les bébés?″ D’autres ne parleront pas sans que nous les invitions, sans doute parce qu’ils ont besoin de savoir que ce qu’ils ont dans la tête nous intéresse. À la maison comme à l’école, aidons-les à dire, à exprimer des sentiments difficiles, ceux qui nous font parfois un peu honte, comme l’effroi, l’inquiétude, la colère, la haine aussi: ″J’ai envie de le tuer…″ Si les plus jeunes ont entendu ce qui s’est passé à Termonde, s’ils n’en parlent pas mais qu’ils nous semblent inquiets, proposons-leur un dessin, une autre manière de sortir ce qu’ils ont sur le cœur. 
Nous pouvons partager avec nos enfants ces sentiments que nous éprouvons tout autant qu’eux sans en rajouter ou se complaire dans le malheur. Inutile, voire même nocif, d’écouter un journal parlé ou télévisé en boucle, de ressasser les mêmes affreuses nouvelles. Vraisemblablement, plus nous voyons les mêmes images et entendons les mêmes informations, plus elles risquent d’impressionner. Ou de provoquer, par exemple, des cauchemars.

Leur dire de ne pas avoir peur

Nous devons donc tout faire pour écouter, entendre le questionnement et y répondre, tant bien que mal, avec les mots qui correspondent à l’âge de l’enfant en face de nous: ″Cet homme est malade, malade dans sa tête. Il est fou !″ À des plus âgés, on peut essayer d’expliquer davantage un aspect de certaines maladies mentales: ″ll ya des gens qui entendent des voix qui n’existent pas. Et ces voix, que personne d’autre n’entend évidemment, leur disent par exemple qu’ils doivent tuer…″
 

Nous devons aussi tenter de rechercher des informations les plus justes possibles pour nous aider à corriger les idées qui s’emballent, ici ou là: ″Non, l’homme n’a pas tué tous les bébés de plusieurs crèches. Il a été arrêté par les policiers″. Aux plus petits, affirmons très clairement: ″Papa et Maman sont toujours là, ils te protègent″. 
À tous, expliquons que le meurtrier est un hors-la-loi, qu’il sera jugé, puni, emprisonné. Ajoutons que ″les tueurs de bébés ne courent pas les villes, il en existe, c’est vrai, mais c’est exceptionnel″.
Les crèches doivent être protégées, bien sûr, mais il nous faut aussi dire à nos enfants qu’une crèche ou une école ne peuvent pas devenir château fort ou bunker. Le danger n’est pas partout, tout le temps, ils peuvent vivre sans crainte de rencontrer un tueur au coin de la rue. Réfléchissons aussi avec eux à comment ils peuvent se défendre, agir au cas où… ″Je sais bien où il faut taper pour me défendre, conclut, rassurée, une Marion de 11 ans, et je courrais plus vite que lui″.

 
Pas de vie sans risque

Petit à petit cependant, il nous faut leur apprendre que le risque zéro n’existe pas, qu’on ne peut jamais tout prévoir, ni malheur ni bonheur. Le risque fait partie de la vie, qu’il enrichit aussi. Garder des enfants sous cloche ne leur permet pas de devenir autonomes et leur confirme, en quelque sorte, que le danger est partout. Comment s’épanouir si on a peur de tout?
  
La tuerie de Termonde mène encore, pour les plus grands des petits, à une discussion sur les valeurs et la peine de mort. Augustin, 8 ans, a commenté à sa manière son inutilité: ″Si on tue celui qui a tué, après quelqu’un d’autre tuera aussi celui qui a tué l’autre et il n’y aura plus personne sur la Terre″.

Émotions exprimées, questions posées, réponses ébauchées… ne dépassons pas les demandes de nos enfants. Certains tourneront plus facilement la page, d’autres voudront peut-être connaître la suite de cette tragique histoire.  
À nous alors à suivre, avec eux, les informations données (Lire aussi notre page 19 du cahier Actu jeunes qui décrypte le rôle des médias à propos de ce terrible fait divers).

Enfin, dans les cours de récréation des plus jeunes, un nouveau "méchant" risque d’apparaître et les institutrices entendront leurs élèves jouer "au tueur de bébés". Une manière pour les gosses de vaincre angoisses ou inquiétudes.
Thérèse Jeunejean

 

3. atteintes aux droits de l'enfant en Belgique.Droits de l'enfant.
Etat des lieux sur la convention internationale des droits de l'enfant après 20 ans.
Article publié dans le JEF DE SEPTEMBRE OCTOBRE 2009.

Les atteintes aux droits de l’enfant en Belgique Bernard De Vos, un Délégué général aux droits de l’enfant très impliqué La convention i n t e r n a t i o n a l e des droits de l’enfant plaide pour que toute société prenne en considé- ration « l’intérêt supérieur » des enfants (article 3.1) mais ce n’est pas toujours évident dans les faits … Comparé à d’autres pays en termes de respect des droits de l’enfant, la Belgique obtient une cote plutôt positive : on n’y emprisonne pas les mineurs pour leurs opinions politiques ; on n’y exploite pas les enfants dans des travaux indignes ; l’accès à l’instruction y est garanti pour tous par la loi. Autrement dit : la société belge respecte les droits de l’enfant. Tout n’est pas rose pour autant : ces dernières années par exemple, le culte de la performance et du résultat ont engendré un système éducatif où nombre d’enfants vivent des sentiments d’échec et d’infériorité parce qu’ils doivent devenir productifs au-delà du raisonnable… Qu’en est-il aujourd’hui du droit au repos, au rêve, à la libre récréation (art 31) ? Ne pourrions-nous pas abandonner nos systèmes &,19#(!(!@ % 9,*'% +-"-% +-&,*- rager la réalisation de soi, sans bulletin à la clé ? Pour les adolescents aussi, c’est compliqué : trop souvent, les médias parlent des adolescents turbulents comme des pires dangers de 45% -5(!,-M% N4 % 4+ % )*54!"+-(% 3+% violents, bagarreurs, indésirables. Résultat : on multiplie les places en centre fermé. Quand parle-t-on de leur créativité, de leurs talents, de leur capacité à faire changer le monde par leurs idées nouvelles ? Les enfants porteurs d’un handicap ont aussi attiré notre attention, notamment en termes d’accès aux ressources matérielles de la société. Il revient à chacun de veiller à la qualité de leur vie sociale pour éviter qu’ils ne vivent reclus (art 23). Comme tous les enfants, ils ont le droit d’exprimer leurs besoins, leurs projets, leurs opinions sur leurs 3',!( % 9#&!")*+ $% +(% *'(,*($% le droit d’être entendus (art .12). Les centres fermés pour illégaux Mais l’atteinte la plus inacceptable aux droits de l’enfant en Belgique (art 22) : c’est le sort réservé aux étrangers illégaux cherchant refuge dans notre pays. Selon Jean-Yves Hayez, « l’agression contre les enfants est multiforme : on laisse sciemment leur famille dans la précarité et l’insé- curité. (…) On les incite indirectement à la haine en les traitant comme des sous-hommes. » Alors pour que tous les enfants aient les mêmes droits en Belgique, il faut que chacun se retrousse les manches pour les soutenir et les défendre, mais surtout, pour permettre à chaque enfant de s’épanouir en tant que membre de la société à part entière. Priscilla De Radigues Pour en lire plus sur le travail du Délégué général aux droits de l’enfant et du jeune : www.cfwb.be/ dgde/ D’après Jean-Yves Hayez, psychiatre infanto-juvénile, docteur en psychologie, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain. www.jeanyveshayez.net Témoignages Art. 31 : « Tu as le droit de te reposer et d’avoir des loisirs, de participer à des activités culturelles et artistiques. » C’est sûr, tous les enfants ont des vacances en Belgique… mais tous ne PARTENT pas en vacances ! C’est mon cas alors, pour moi, la plaine, c’est mes vacances ! C’est pour ça q