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Un papa m’écrit:

Bonjour Professeur,

Je suis tombé sur votre site suite à une recherche ciblée, mon épouse et moi-même étant désemparés face au pipi au lit récurrent de notre fils Gilles, qui vient d'avoir 5 ans.

Gilles est le 2e d'une fratrie de 3 (une sœur de 8 ans et un petit frère de 3 ans), qui commence à être régulièrement propre la nuit.

Gilles est d'un tempérament joyeux et très énergique; il n'aime pas trop aller à l'école mais y travaille de bonne grâce; c'est un garçon sportif qui aime bien se dépenser et qui a une bonne carrure.

Gilles a toujours eu des soucis avec le pipi: de façon diurne, assez tardivement, et même encore de temps en temps à la maison (mais jamais à l’école), et surtout la nuit, malgré une amélioration pendant les dernières vacances d’été. Hélas, depuis la rentrée de septembre, c’est la rechute.

Nous avons tout tenté: le faire aller aux WC après le dîner puis juste avant le coucher à 20 h 00, et le prendre dans nos bras vers 23 h 00 pour lui faire faire pipi aux WC, ce qu’il fait, mais cela ne garantit pas des draps propres le lendemain pour autant.

Nous en sommes maintenant à une phase, qui n’est pas bonne, de punitions mais j’ai le sentiment que cela n’amène à rien. Nous lui avons même tenté l’humiliation en lui remettant une couche une nuit la semaine dernière: il n’en avait rien à faire, il était même content, et il l’a tellement remplie qu’elle a débordé et les draps étaient mouillés!!!

Bref, nous ne savons plus trop quoi faire, sachant que je voudrais éviter qu’à la longue, cela finisse par le marquer psychologiquement et qu’il perde confiance en lui.

Merci d’avance pour votre aide. 

Cordialement.

Je lui réponds:

Cher Monsieur,

Vous avez sans doute lu sur mon site l’article de référence "L'énurésie et sa prise en charge   Vous constaterez qu’il s’inspire d’un état d’esprit fait de patience et d’espérance semée. Relisez-le au besoin. En ce qui concerne Gilles, il n’est même pas certain que l’on puisse parler d’énurésie: 15 à 20 % des enfants de son âge sont encore dans son cas! On ne parle pas d’énurésie avant six ans.

Vous avez hélas bloqué les choses, semé la confusion dans ses idées et augmenté son manque de contrôle de soi (par angoisse et désespoir) en vous fâchant et en l’humiliant.

Il est grand temps de vous reprendre, de vous expliquer avec lui en vous excusant, de lui redonner confiance en lui disant que ça viendra tôt ou tard, d’attendre, et d’en parler le moins possible, notamment devant lui!

Cherchez aussi comment avoir le moins d’inconvénient du lit mouillé (pas de pantalon de pyjama?) Dormir sur alèse et drap éponge? Certains enfants aiment avoir une protection d’adulte (lange – mot à bannir) parce qu’ils se sentent plus au sec et donnent moins d’inconvénients à leurs parents. S’il le souhaite, pourquoi pas? Ce n’est pas en soi un outil d’humiliation, C’est une manière de respecter son immaturité du moment et c’est une fausse croyance de penser qu’il y prend goût (apprenez-lui à le mettre et à l’enlever tout seul).

Sur cette base, je ne vous promets pas que cela s’arrangera en trois mois, mais je vous promets que l’hyper focalisation et les énervements inverses risquent de retarder les choses de trois ans.

Bien à vous.

Le papa me répond:

Bonjour Professeur,

Un grand merci pour votre réponse et d'y avoir pris le temps.

Les choses ne sont pas aussi bloquées que cela, et si nous avons grondé notre fils, nous avons cependant eu peu d'épisodes d'humiliation, fort heureusement.

Nous avons tenté avant-hier une autre stratégie, en lui montrant le soir un petit paquet de linge avec pyjama de rechange et drap + alèse de rechange, en lui disant que s'il avait un accident, il pouvait tout faire tout seul: se changer (ce qu'il faisait déjà) et surtout changer les draps du lit tout seul, et ce, afin de le responsabiliser. Nous lui avons d'ailleurs mis, au lieu de draps, un petit sac de couchage en polaire que sa marraine lui avait offert et qu'il aime bien: facile à changer et séchage rapide!

Il est encore trop tôt pour dire que c'est une réussite, nous le verrons dans les jours qui viennent, mais nous avons dédramatisé la chose avec lui, en lui en parlant seul à seul. Je vous tiendrai bien entendu informé.

Avec mes remerciements.

Je lui réponds:

Cher Monsieur,

Je ne pense toujours pas que nous sommes sur la même longueur d’ondes! Je vous propose: patience souriante à durée indéterminée, espérance, désinvestir le "problème", s’en occuper le moins possible. Je vous dis que, physiologiquement, 15 % des enfants de son âge sont en développement lent dans ce domaine et vous me répondez:

  1. → Stratégie! C’est à dire une manœuvre par laquelle on veut être plus fort que l’autre, le vaincre ... puis trouver encore et encore de nouvelles stratégies si celle-là n’est pas la bonne.
  2. → qui continue à mettre le pipi au lit "au centre" de la dynamique relationnelle, et pas comme un épiphénomène insignifiant.
  3. → avec l’idée qu’un inconfort (la pénibilité du rite imposé) va convaincre votre fils de mieux commander à ses sphincters, ce qu’il ne peut pas.
  4. → en lui imposant une tâche bien trop lourde pour son âge: faire et défaire son lit. Connaissez-vous beaucoup d’enfants de cinq ans à qui c’est demandé? A cet âge-là, c’est la maman qui fait le lit, en y mettant toute sa tendresse!

Bien à vous.

 

 

Mots-clés:

énurésie, énurésie nocturne, énurésie primaire, vasopressine, deuil, limite, estime de soi, énurésie et honte, énurésie et culpabilité, immaturité vésicale, immaturité de l’appareil urinaire, énurésie bio-psycho-sociale, propreté vésicale nocturne