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Une dame m'écrit 

Voici les extraits les plus significatifs de sa lettre: "....A six ans, j’ai été victime d’un religieux pédophile. Nous vivions dans une extrême pauvreté, il apportait un peu d’argent à ma maman et …  se payait en nature… 

Cette expérience et d’autres ensuite m’ont beaucoup influencé. C’est comme si on m’avait enlevé la partie la plus pécieuse de moi-même ;s’ensuivent de nombreux écueils et un mal de vivre perpétuel..."

Je lui réponds

Chère madame, 

D’abord et avant tout, je vous remercie de la confiance que vous me faites en partageant avec moi ce souvenir et cette blessure mal cicatrisée,  toujours douloureux et tellement intimes de votre première enfance.

Quel drame et quel grand Mal (au sens moral du mot) que la pédophilie!

 Pire encore, J’ai toujours pensé que les victimes des prêtres étaient très souvent plus traumatisées que les autres.  En effet, cela trouble très fort la pensée, les repères et les vécus des enfants, le comportement de ces adultes qui s'affichent comme les envoyés de Dieu et les messagers de son amour, et qui agissent comme des diables! Comment avoir encore confiance dans les adultes! En outre, les prêtres sont des gens intelligents qui ont le pouvoir de baratiner intellectuellment et de semer la confusion dans les repères des enfants (" ce que nous faisons, c'est de l'amour...c'est pour ton bien") Enfin, quand vous étiez enfant, ils étaient porteurs d'une grande autorité dans la société et il fallait s'y soumettre (1) 

Et au moins aussi inquiétant, encore plus désespérant, il y a eu l’attitude (le choix ? la soumission ?) de votre maman, qui vous a sacrifié à la survie  matérielle de votre famille. Vous n'êtes hélas pas la seule à qui c’est arrivé, mais comment un enfant peut-il vivre ce s renoncement à la protection la plus basique de l'intégrité corporelles et de la pureté de l'enfance!Même si l'enfant peut avoir des intutions justes sur les conditions matérielles de sa famille, il ne s'en sent nénamoins pas pour autant "l'enfant sacrifié"! Vous n’en parlez pas beaucoup dans votre lettre… mais j’espère que les sentiment d’incompréhension, de tristesse et de colère   que vous avez pu ressentir contre votre maman se sont apaisés! 

Mais la faute n'est pourtant pas principalement dans la faiblesse qu'a eue votre maman. Elle est bien plus dans l'incroyable perversité de cet homme qui a profité de votre pauvreté pour vous faire taire et obtenir la soumission de votre maman.

 Parfois, des victimes se  retournent contre elles-mêmes et se sentent coupables (d’avoir été belles, attirantes pour des déséquilibrés, d'avoir éprouvé de la colère contre le parent non-protecteur…)  C'est le comble, cette auto-agression et j’espère que vous n’en êtes pas passé par là!

Chère madame, permettez-moi d’exprimer l' émotion et la solidarité que je ressens à vous lire. tant mieux si cela peut aider à ce qu votre blessure devienne cicatrice, car aucun enfant  ne mérite cette souffrance!.

 Votre agresseur est-il mort? S'il vit toujours, quel que soit son âge, le temps est peut-être venu de lui faire savoir ce que vous pensez et vivez, par lettre par exemple, avec un double pour sa hiérarchie. Comme beaucoup d'ex-abuseurs, il ne reconnaîtra probablement rien face à vous et invoquera l’excuse lâche de sa vieillesse (2)…  mais au moins, vous lui aurez crié à la face votre colère tellement légitime...et s'il ne reconnaît rien face à vous, peut-être sa conscience lui fera-telle les reproches qu'il mérite.

Je vous souhaite de tout coeur de retrouver ou de maintenir votre confiance en vous et aussi en beaucoup d'êtres humains capables d'être sociables!

Notes

(1) Dans notre livre La pédophilie   écrit avec le Pr de Becker, nous évoquons à plusieurs endroits l'implication de l'Eglsie catholique dans cette question, et ses efforts actuels pour prendre enfin ses responsabilités 

(2) Confrontées tardivement à leurs exactions, la majorité des auteurs continue à se défendre comme de beaux diables. Il m'a toujours paru plus utiles de les confronter "les yeux dans les yeux", face à face, que de porter des affaires sur la place publique, ce qui n'a souvent comme effet que d'ajouter de nouveaux traumatismes aux victimes. Ceci dit, à chacun d'agir comme sa conscinec et son désir de réparation le lui suggère!