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Incontinence secondaire post-traumatique

 

Damien (presque quatre ans) refait pipi au lit depuis trois mois, après quelques mois d'acquisition de la propreté nocturne. Je reçois deux fois la maman seule. En résumé, j'y apprends que:

  1. L’histoire de sa vie semble des plus normales. Son développement affectif est d’excellente qualité et d’ailleurs, il n’est que très peu affecté par la réapparition de son incontinence, à propos de laquelle les parents ne font pas non plus beaucoup d’histoires. Le pédiatre a fait un examen organique « normal » et la miction diurne est bien contrôlée.

    2. Une première hypothèse de bon sens, c’est qu’il s’agit d’une de ces petites fluctuations développementales mystérieuses dans l’acquisition du contrôle sphinctérien, et que la propreté nocturne reviendra bientôt toute seule comme elle est partie. Pas impossible, mais quand même, il y avait eu quatre mois de bon contrôle - dont Damien était assez fier- suivi d’une incontinence quotidienne depuis quatre mois, comme si « quelque chose » en Damien l’empêchait de faire correctement fonctionner son sphincter vésicale.
    3.Cela étant, c’est une invitation à faire une exploration plus relationnelle, plus affective : l’enfant aurait -il pu être impressionné... agressé par un événement précis, ou par un changement inquiétant dans l’ambiance de vie il y a environ quatre mois?  Aux parents à se transformer en détectives bienveillants, en faisant appel à leurs souvenirs. Ils peuvent aussi essayer de faire parler l’enfant mais, celui-ci est bien petit, avec une mémoire des événements encore bien fragile, infiltré par l’imaginaire!
    A la seconde rencontre, la maman me confirme que la tentative de dialogue avec Damien n’a rien donné. Elle n’est pas enceinte, pas de bébé qui se profile à l’horizon... pas de déménagement... le couple parental s’entend bien…pas de deuil…pas de changement dans l’ambiance de vie à la maison,
    mais... :

4.Depuis à peu près l’ époque du retour de l’incontinence, Damien ne veut plus mettre les pieds chez une gardienne chez qui il séjournait parfois en journée. Les fois où elle vient le garder à domicile, il s’est d'abord montré insécurisé par sa présence mais surtout ; il refuse bruyamment que son fils Félix (neuf ans) l'accompagne. Depuis toujours, Félix se montrait jaloux de Damien et il avait déjà fallu le rappeler à l'ordre parce qu'il avait chipé un jouet du petit.

Il devient donc plausible d’ imaginer une agression verbale, une menace plus forte et non-spécifique de la part de Félix, voir une agression plus spécifique portant sur le zizi de Damien :moqueries, menace de le prendre…voire geste brutal. Félix a déjà chipé un jouet matériel, il a pu aussi s’en prendre au grand jouet symbolique !

Mais ça date de quelques mois, la relation avec la gardienne est devenue plus distante et la maman se refuse à aller remuer le passé auprès de celle-ci!

  1. Un petit enfant de l’ âge de Damien peut manifester son angoisse traumatique, même face à une agression non-spécifique, de façon somatisée, entre autres dans la zone génitale de son corps. Cette réaction est encore plus probable si l’agression a été spécifique.

Une compréhension plus fine des mécanismes psychiques à l’œuvre n’est d’ailleurs pas si simple. Les psychanalystes invoquaient les hypothèses -paradoxales- d’une vérification anxieuse et d’une régression « localisée ». Vérification anxieuse que ça fonctionne toujours bien, en observant que le pipi continue à être produit. Régression ? Perte de compétence, retour à un état de dépendance des parents qui, eux, vont pouvoir protéger la partie du corps en question. On émet aussi l’hypothèse que, pendant la nuit, davantage d’images et de souvenirs angoissants « passent » dans le psychisme et que, faire pipi, c’est un acte de défense agressif, comme si on jetait du napalm dessus.


  1. Quoiqu’il en soit, les choses rentrent souvent toute seules dans l’ordre si la source traumatique disparaît. Pour accélérer un peu le mouvement, j'ai donc réfléchi avec la maman à de petites interventions dans le quotidien vis-à-vis de Damien et de son corps de garçon, ainsi qu'à de petites histoires à lui raconter le soir ...
  • Continuer à gérer l’incontinence nocturne de façon très sobre, en parlant d’espoir « Bientôt, tu vas de nouveau bien commander à ton zizi ».

 

  • Attitudes quotidiennes? Le complimenter à l'occasion sur son beau zizi; lui demander ce qu'il sait des zizis et de leur devenir; après quoi, en accueillant ce qui se dirait éventuellement d'irrationnel, l'assurer que son zizi est en bonne santé et fait partie de son corps et de lui, et ceci de façon intangible ; et il va grandir et devenir grand et fort comme celui de son papa : « Le zizi, il est là pour toujours…papa et maman sont là pout te protéger si quelqu’un voulait lui faire un bobo…ton zizi, c’est à toi, personne ne peut t’obliger à le montrer. Sauf parfois madame à l’école pour t’aider à faire pipi, ou papa ou maman ou le docteur » 

 

 C’est bien sûr du savoir simplifié, comme je m’en suis expliqué dans l’article:

 Les tout-petits, l’école maternelle et le covid -19..       

Je fais donc l’impasse, sciemment, sur l’existence des transgenres aussi bien que sur les jeux sexuels consentis, où on désire le montrer, avec consentement réciproque, à quelqu’un du même groupe d’âge : Damien me semble trop jeune pour le troubler avec toutes ces complications !

  • Histoires du soir? Progressivement, en surveillant la réceptivité de Damien et en s'y adaptant, mettre en scène un grand garçon (voire une grande peluche, par ex, un grand tigre) qui s'amuse à faire peur aux petits en leur racontant des bêtises ... jusqu'à mettre en scène : "Tu as un vilain zizi et je vais venir le prendre". Attaquer et mettre à distance ce grand, celui de l’histoire, et veiller à ce que le petit puisse y contribuer. Le petit? celui de l'histoire et pas Damien ; Damien est seulement invité, s’il est d’accord, à prendre le rôle de ce petit dans des jeux de rôles ...

Les parents s'y sont attelés et la propreté nocturne s'est réinstallée en une semaine. Le deuxième jour, Damien a raconté qu'un petit garçon à l'école lui avait dit "Ton zizi est vilain". Il n'a jamais mis Félix directement en cause, mais ...